Les bourdes et dérapages de Marine Le Pen

Beaucoup pensent que Marine Le Pen pourrait accéder au second tour de la présidentielle de 2012. Mais si cette option est naturellement possible étant donné le bilan de Nicolas Sarkozy, cette campagne pourrait aussi faire apparaître toutes les limites de la présidente du FN.

Une présidentielle, ce n’est pas une élection interne

Marine Le Pen a très bien réussi son lancement médiatique en début d’année. La plupart des médias ont sagement reproduit l’histoire qu’elle souhaitait voir passer, à savoir qu’elle serait plus modérée que le Front National, qui serait devenu plus respectable, un parti républicain et non pas extrémiste. De manière étonnante, de nombreux médias de gauche ont véhiculé cette histoire sans jamais remettre en question la sincérité de la nouvelle présidente du FN.

Mais depuis quelques mois, la belle machine semble se gripper. Pourtant, le contexte est idéal pour Marine Le Pen, bien meilleur encore qu’en 2002, quand son père avait réussi à atteindre le second tour des élections présidentielles. La crise économique est beaucoup plus grave, les dirigeants européens semblent incapables de trouver une solution à la grave crise qui secoue notre continent depuis trois ans. Bref, elle devrait être à 25% au bas mot dans les sondages.

Pourtant, les sondages sont plutôt à la baisse, même s’ils restent élevés, autour de 15%. Marine Le Pen n’a pas réussi à casser le plafond de verre car les Français ne semblent pas avoir gobé l’histoire du nouveau Front National. Mais en plus, les carences de la nouvelle présidente ont été plusieurs fois exposées : une incapacité notoire à débattre des questions économiques et des bourdes à répétition et certaines propositions bien peu républicaines.

Bourdes et dérapages

La semaine dernière, je faisais un papier sur l’admiration que Marine Le Pen déclarait avoir, « dans une certaine mesure » pour Vladimir Poutine. Mais elle ne s’est pas contentée de ce dérapage ces derniers jours. Nous avons eu droit à un véritable festival qui augure bien mal de la campagne présidentielle pour elle. Tout d’abord, elle a fait de Pascal Lamy, président de l’OMC, le directeur de cabinet de Martine Aubry, démontrant un amateurisme confondant.

Plus grave, elle a tenu des propos bien peu républicains sur la bi nationalité. En effet, elle a soutenu que qu’elle pourrait être maintenu uniquement avec les pays européens. Cette déclaration révèle les incohérences de la pensée mariniste. Car quel républicain sincère pourrait faire une distinction entre les bi nationaux en fonction de leur pays d’origine ou accolerait dans son programme les problèmes de qualité des recrues de l’armée et le nombre de musulmans ?

Et tout ceci ne fait que confirmer l’extrémisme de ce parti, comme l’avait souligné le blog Plume de Presse, avec la photo de Marine Le Pen toute souriante entre de jeunes nazillons. Le Front National de Marine Le Pen ressemble comme deux gouttes d’eau au Front National de son père, comme l’illustrait la polémique nauséabonde lancée par les leaders frontistes sur les horreurs commises en Norvège cet été. Et que dire de la critique du prénom de la fille du président ?

Bref, quand on met tous les éléments bout à bout, Marine Le Pen apparaît pour ce qu’elle est, la présidente d’un parti d’extrême droite, certes assez souvent habile et dotée d’un solide aplomb. Mais elle n’en reste pas moins une politicienne extrémiste et donc, infréquentable.