Difficile pour l’hebdomadaire libéral de ne pas réagir durement contre les projets de hausses d’impôts pour les plus riches, tant par conviction idéologique que souci de sa cible de lecteurs. Mais l’exposé du journal de référence des élites globalisées est à double tranchant.
« La chasse aux riches »
Il faut voir la une du journal pour le croire : une chasse à courre menée par Barack Obama et un ministre britannique, à cheval, suivi de chiens, à la poursuite de riches courant avec leur argent sous le titre de « La chasse aux riches ». Le journal liste les nombreuses initiatives qui visent à augmenter les impôts des plus fortunés, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou en France et dénonce l’attitude politicienne des gouvernements, qui en feraient un symbole politique.
The Economist critique notamment l’instauration d’une nouvelle tranche d’imposition sur le revenu, à 50%, en Grande-Bretagne, mise en place par le gouvernement Brown, et que David Cameron n’a pas souhaitée supprimer à un moment où il demande au pays de gros efforts pour réduire les déficits. Mais il est également vent debout contre les propositions de Barack Obama de supprimer les réductions fiscales de Georges Bush et d’introduire une sorte de plancher d’imposition pour limiter les déductions fiscales, qui ne sont pas moins développées de l’autre côté de l’Atlantique que chez nous.
L’hebdomadaire libéral développe tous les arguments classiques pour contester cette vague d’imposition. Les personnes les plus riches sont plus mobiles. Ce qui est vrai, même s’il oublie que les emplois (notamment les services aux entreprises) ne le sont pas forcément. Un avocat d’affaire aura moins d’opportunités professionnelles à Riga qu’à Londres. En outre, la vie fait que l’on peut souhaiter ne pas déraciner sa famille en quête du taux d’imposition le plus faible.
De l’eau au moulin de ses opposants
The Economist développe ses arguments dans un dossier de trois pages, mais au final, il donne beaucoup plus de munitions à ses adversaires qu’il n’étaye sa prise de position. Le journal pose trois questions intéressantes : quelle part de l’impôt est acquittée par les plus riches ? Comment a évolué le fardeau (sic) de l’impôt ? Et comment les riches vont réagir à une telle hausse de l’imposition ? Il veut démontrer que ces hausses seraient contreproductives pour la croissance.
Il commence par souligner que les 10% les plus riches paient 28% des impôts en France, 31% en Allemagne, 39% en Grande-Bretagne et 45% aux Etats-Unis, naturellement plus que leur part des revenus. Les écarts s’expliquent par la plus grande disparité des revenus dans les pays anglo-saxons. Mais juste après, il montre que les taux d’imposition marginaux (encore à 70 et 83% aux Etats-Unis et en Grande Bretagne dans les années 1970), se sont effondrés.
De même, il démontre que les plus riches ont profité de manière très largement disproportionnée de la croissance (le 1% le plus riche en Grande-Bretagne est passé de 5.9 à 14.6% des revenus de 1976 à 2007, le 1% le plus riche aux Etats-Unis a « capturé » 58% de la croissance économique sur la même période) et que la croissance de leur imposition n’a clairement pas suivi la croissance de leurs revenus. Bref, mis bout à bout, voilà de l’eau au moulin pour les partisans d’une telle mesure.
En outre, il reste très évasif sur l’impact sur la croissance, s’en tenant à évoquer des études non étayées. En outre, l’hebdomadaire oublie complètement que les ménages les plus riches épargnent beaucoup plus que les moins riches. Du coup, autant une hausse des impôts des plus pauvres se répercute directement sur la croissance, autant ce n’est pas forcément le cas quand on augmente l’impôt des plus riches. Bref, sa démonstration n’est pas convaincante du tout.
"Chasse à courre", SVP... J'sais pas pourquoi, mais certaines fautes d'orthographe continuent à me heurter. Désolé...
RépondreSupprimerSinon sur le fond et avant d'avoir lu l'étude de Landais/Piketty je croyais encore qu'il persistait une certaine progressivité de l'impôt en France, même si j'imaginais bien que seuls les plus fortunés avaient recours à "l'optimisation fiscale".
La crise oblige à augmenter les recettes comme à diminuer les dépenses. Mais les mesures en ce sens ne seront pas tolérées sans une fiscalité équitable ; l'équité ce n'est pas de céder au chantage des plus riches...
Si en plus d'être riches, les "nantis" se montrent intelligents ils comprendront que leur intérêt n'est peut-être pas non plus de pousser le "peuple" au désespoir.
PMF
'En outre, la vie fait que l’on peut souhaiter ne pas déraciner sa famille en quête du taux d’imposition le plus faible.'
RépondreSupprimerPour avoir travaillé dans ce milieu, je vous garanti qu'il n'est pas besoin de déménager pour pouvoir bénéficier de rentrées finicières en France, en p`rovenance d'un autre pays, où elles sont imposées. les accord interdisant la double imposition étant légion, rien d'impossible à cela.
Par contre, il est vrai que le coût de maintien de ces structures le rend prohibitif pour nous, l'économie que nous en retirerions ne couvrirait pas les frais. Mais quand on paye beaucoup d'impôts.......
La question est: plutôt que de taxer les riches, qui ont fait leur fortune sur les paiements de dividendes et autres salasires mirobolants votés par les actionnaires, ne devrait-on pas empecher les entreprises de se livrer à des pratiques fiscales et salariales plus que douteuses? M'est avis qu'avant de taxer l'avocat qui bosse 80 heures par semaine pour gagner certes 10.000€/mois, il vaudrait mieux taxer les profits non équitablement redistribués (autrement dit les dividendes, mais aussi les reserves constituées pour les retraites dorées et autres prébandes), et les très haut salaires de forme quasi confiscatoire (80% au dela du million/an ne me paraissent pas délirants).
Par ailleurs, cessons de retirer les entreprises du patrimoine au titre de 'l'outil de travail' (cas Bettencourt par ex), ce qui exhonère les fortunes entrepreneuriales de taxation. Tant que l'activité est maintenue, point d'impôt sur la valeur patrimoniale de vos actions..... Combien récupèrerait-on chaque année ainsi? Les plus grosse fortunes françaises sont toutes des familles qui possèdent des entreprises, et leur fortune en provient directement. Autant je comprend qu'on rémunère le risque entrepreneurial, autant je ne comprend pas que les employés et ceux qui participent de la création de valeur ne soient pas rémunérés de forme plus équitable. Car enfin qui seraient-ils si demain plus personne ne voulait travailler pour eux?
Le patron de Dexia s’appelle Pierre Mariani : c’est un proche de Nicolas Sarkozy.
RépondreSupprimerEn 2010, Pierre Mariani a gagné 1 809 411 euros.
http://www.lesechos.fr/diaporamas/voir_diaporama.php?id_diap=DIAP290411932_114660
A propos de Pierre Mariani, voici un extrait de Wikipedia :
Le successeur d’Axel Miller, Pierre Mariani, un proche de Nicolas Sarkozy, s’est octroyé un salaire fixe en hausse de 30 % par rapport à Axel Miller.
Le conseil d’administration de Dexia a accepté «à l’unanimité» le 13 novembre 2008 de porter à un million d’euros le salaire annuel du directeur général et de fixer à 2,25 millions d’euros son bonus maximum. Axel Miller ne touchait «que» 825 000 euros de fixe, et son bonus était plafonné à 1,8 million d’euros.
C’est le comité des rémunérations, composé notamment de Denis Kessler, ex-numéro 2 du Medef, et d’Augustin de Romanet, directeur général de la Caisse des dépôts, qui a fait ses propositions.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Dexia#Salaire_de_Pierre_Mariani
@ PMF
RépondreSupprimerMerci pour le commentaire. Très juste.
@ Kama
Des points très justes : il faut la même imposition sur les revenus du capital et du travail. Et il faut supprimer au maximum les niches fiscales qui distordent la
@l'anonyme du premier commentaire.
RépondreSupprimerVous êtes vraiment sur qu'il ya une faute d'orthographe ?