Cette semaine aura été le théâtre d’une bien mauvaise tragi-comédie antique. Dans un geste gaullien et profondément démocratique, Georges Papandréou a annoncé la tenue d’un référendum sur le énième plan d’austérité grec. Mais après bien des tergiversations, il a été scandaleusement annulé.
Vaudeville post démocratique
Oui, Georges Papandréou avait raison de vouloir consulter ses concitoyens. Ce n’est pas parce que les dirigeants européens étaient parvenus à un accord la semaine dernière que le peuple grec n’avait pas son mot à dire. Lors du processus d’indépendance de l’Algérie, le Général de Gaulle n’avait cessé de consulter les Français étape par étape. Etant donné la sévérité des plans d’austérité demandés pour rester dans l’euro, il était plus que légitime que les Grecs s’expriment.
Hier soir, il a obtenu la confiance du Parlement. On devrait assister à la formation d’un gouvernement d’union nationale mais si son destin semble très incertain, il a plaidé contre des élections législatives anticipées. Ce faisant, les dirigeants européens ne prendraient aucun risque puisque le principal parti d’opposition est lui aussi favorable au maintien dans la monnaie unique européenne. Seul le Parti Communiste, qui dispose de 21 sièges à l’Assemblée y est opposé.
Le côté obscur de cette Europe
Cette énième crise grecque aura été l’occasion de faire à nouveau apparaître le visage hideux de cette construction européenne. Comme je l’ai écrit plusieurs fois, cette Europe est non seulement profondément antisociale mais elle est aussi profondément anti-démocratique. Nous avons donc entendu de nombreux commentateurs (à ce sujet, je vous conseille le très bon papier de David Desgouilles) ou de dirigeants critiquer le choix pourtant démocratique d’un référendum.
Bref, cette Union Européenne n’a que faire de l’opinion des peuples et de la démocratie. C’est pour cela qu’elle a obtenu le retrait de ce référendum qui mettait à risque la monnaie unique (signe, en passant, de la fragilité de cette construction aussi baroque qu’artificielle). Et malgré tout, rien n’est réglé. Angela Merkel a souligné qu’il y a quasiment personne au sein du G20 pour investir au sein du FESF. L’annonce des 1000 milliards d’euros repose pour l’instant sur du vent.
Il est aussi risible de voir certains chroniqueurs ou politiques promettre un cataclysme économique si la Grèce quittait l’euro : récession, baisse du pouvoir d’achat, défaut sur la dette… Mais ce discours tient de moins en moins car c’est très exactement ce que nous vivons depuis 18 mois maintenant que les créanciers privés ont accepté un défaut de 50%. Pire, aujourd’hui, la Grèce a les inconvénients de la sortie sans les avantages (la relance de la croissance par la dévaluation).
Cette semaine va encore alourdir le passif de cette Europe autoritaire qui refuse la démocratie, impose la régression sociale et qui ne parvient même pas à stabiliser la situation, comme le montre l’envolée des taux italiens, qui menace à nouveau l’ensemble de l’édifice.
Le papier de D Desgouilles est un petit chef d'oeuvre: merci de l'info.
RépondreSupprimerLa droite grecque s'est ralliée à l'UE et à ses plans de régression économique et sociale. La situation politique est bloquée en Grèce comme dans tous les pays de l'UE, l'oligarchie européiste tient bon malgré tout! Que faire?
RépondreSupprimerNous sommes d'accord, la Grèce est la partie visible de l'iceberg €uroland, et donc nous n'avons encore rien vu sur cette crise. Les médias reconnaissent désormais 2 groupes de pays parmi les 27 de l'UE, ceux qui composent la zone euro et les autres comme la Grande-Bretagne. Du coup je ne comprends pas la stratégie de ceux qui déclarent bruyamment la nécessité d'une intégration fédéraliste pour plus de cohérence vis à vis de notre monnaie unique. Intégration des pays de l'€uroland seulement je suppose ? rien n'est clairement explicité à ce sujet :-). Et dans ce cas faut il comprendre que la Grande-Bretagne par exemple serait mise sur la touche ? Si quelqu'un peut m'éclairer ...
RépondreSupprimerTrès bon compte-rendu de la situation, comme d'habitude.
RépondreSupprimerOn peut se demander à quelles conséquences ce jusqu'au-boutisme va mener la Grèce, et quelle issue politique ce pays trouvera pour s'en sortir.
Sur notre nouveau blog, l'Espoir, une analyse de la situation allemande des années 30-33, certes dans un contexte très différent, mais très ressemblant d'un point de vue économique.
http://lespoir.jimdo.com
Je sais pas si le cas de la Grande Bretagne est le plus simple...
RépondreSupprimerMais dans le principe de la construction Européenne, le passage des pays à l'€uro est la norme, le but. Ceux qui ni sont pas encore sont en 'attente' de réunir les critères. C'est pourquoi rien n'est prévue pour la sortie d'un pays seulement de l'€uro.
Force est de constater que tout cela est aujourd'hui totalement obsolète.
Et bien-sur le but 'caché' de la monnaie unique était d'aller vers un certain fédéralisme. Mais tout a été fait a l'envers (sans doute une certaine façon de forcer la main) mais aussi certainement a cause du duo Chirac-Schroeder qui n'a rien fait pour que ça avance dans ce sens.
Bref, maintenant, il est trop tard, le bateau prend l'eau de toutes parts et on écope à la petite cuillère...
Le fédéralisme est sans doute une bonne solution si il est bien fait, mais il est impossible car les peuples n'en veulent pas, ils n'ont plus confiance dans ce 'machin'. Et la seule solution de sortie du bazar actuel semble être le retour a une union de pays avec une monnaie commune.
Personnellement j'aurais préférer le fédéralisme, mais ça aurait du être 'vendu' aux peuples bien plutôt et progressivement, avant de parler de monnaie unique... et sur le (très) long terme, j'ose espérer que ça se fera, c'est l'évolution logique et naturelle...
Je pense que la Grèce a terriblement perdu en crédibilité (encore) avec ce volte-face pas très gaullien...
RépondreSupprimerLes fédéralistes n'ont pas de stratégie, ce sont simplement des girondins, des malades mentaux, des fanatiques d ela haine d ela France. Leur Europe ne marche pas, plutôt que d'y renoncer, ils foncent et mettent simplement en avant leur grand rêve. On aurait beau leur expliquer que c'est devenu ridicule, que l'Allemagne est souverainiste, rien n'y fait. C'est un peu le même délire que les latins qui voient de l'Islam partout, un simple conformisme avec leur mentalité profonde. Ces gens sont prêts à beaucoup pour se débarrasser de la République, de la France ou de la civilisation latine, je n'ai toujours pas compris alors que je suis moi-même girondin. Ma région s'est beaucoup battue contre les Parigoths mais de là à être fanatiquement anti-français...
RépondreSupprimerLe «côté obscur» a aussi sa composante franco-française:
RépondreSupprimerLE PS RÉCLAME UNE ENQUÊTE PARLEMENTAIRE SUR LES «FAUTES ET LES ERREMENTS» AYANT CONDUIT AU SCANDALE DE DEXIA.
CHRISTIAN NOYER, DE LA BANQUE DE FRANCE (BdF), LA SUCCURSALE DE LA BANQUE CENTRALE EUROPÉENNE (BCE), A T-IL CONVENABLEMENT RENDU COMPTE DE LA SITUATION DU SYTÈME BANCAIRE?
EST-IL BIEN SÉRIEUX DE LUI CONFIER LE CONTRÔLE DE LA MISE EN APPLICATION DE LA «PRIORITÉ ABSOLUE» DU GOUVERNEMENT DE RENFORCER LES FONDS PROPRES DES BANQUES, SUITE AU PLAN D'OCTOBRE, ALORS QU'IL S'EST FAIT LE SPÉCIALISTE DE NIER CE BESOIN?
Alors que le gouvernement français déployait en 2009 des mesures exceptionnelles, y compris de renflouement pour sauver les banques en, prenant ainsi le relais des interventions d'urgence de la BCE pour soutenir les banques, Christian Noyer déclarait
«Les banques n'ont absolument pas besoin de fonds propres, ni d'être recapitalisées»
Il est sans doute, depuis, le principal instigateur et défenseur, du moins visible, dans la fonction publique française, de la thèse selon laquelle, puisque les banques universelles françaises ont bien résisté à la crise, c'est la preuve que le modèle est le bon.
Récemment, Christian Noyer a réaffirmé ce modèle, utilisant deux arguments particulièrement spécieux.
Une rétrospective historique dans Julien S.
Le referendum de GP est une palinodie tentant de sauvegarder les fortunes grecques, dont Papandréou.
RépondreSupprimerOlaf
Laurent, vous êtes trop gentil.
RépondreSupprimerJe pense, qu'au G20, il y a quelqu'un qui a tapé du poing sur la table. Si je résume cette semaine :
- les bonnes intentions de la Grèce sont terminées,
- L'Italie est mise sous tutelle,
- La France adopte en extrême urgence des mesures de rigueur (hormis un déplacement du président, je ne vois pas de raisons particulières d'avancer le conseil des ministres de 2 jours, surtout pour augmenter la TVA !!!! ; va-t-on interrompre le vote du budget 2012 pour faire passer un plf rectificatif sur 2011 ???)
Comme Mme. Rousseff a gentiment décliné une entrée au FESF, le véritable patron c'est qui : Obama, Hu Jintao ou les deux ???
Pinsolle va être contant, notre nouveau banquier centrale de Goldman Sachs Mario Draghi, à baissé le taux directeur de 1.5 à 1.25.
RépondreSupprimerFinalement les traders vont pouvoir avoir leurs soirées putes et cocaines avec l'argent des épargnants.
C'est beau le Gaulisme frelaté.
Nous pouvons aussi voir le bon coté de cette pantalonnade ou rien n'est réglé la sortie de la Grèce de l'ue sur le cours terme poserait de gros problèmes a celle ci les européismes auraient donc beau jeu de s'en servir ; cyniquement le retrait nous sert ?
RépondreSupprimerou non ?
Nous voyons ici clairement une chose : les masques tombent et unis dans la même scélératesse et le même opprobre les minables aux affaires partout en Europe montrent que leur système antidémocratique et esclavagiste est à pied d’œuvre. Sont concernés l'UMP, le PS et les Verts, à l'étranger, les partis homologues ou similaires, tous traîtres à la démocratie, tous vendus aux traitants des banques et des multinationales. Ces gens vont devoir rendre des comptes et ce ne sera nullement une heure de gloire pour eux quand ce sera le cas.
RépondreSupprimerSi une de ces formations remporte la présidentielle de 2012, une révolution, violente et sanglante s'ensuivra.
Les Peuples en on assez de ces régimes corrompus.
@ A et GR
RépondreSupprimerEn effet, les masques tombent. Mais je ne crois pas à une révolution violente, plutôt à une révolution par les urnes, comme en 1958. Reste à savoir si nous devrons attendre 2017 pour cela.
@ Julien S
Merci pour ce rappel
@ Jardidi
Pas faux
@ Alain34
Le fédéralisme n'est pas la solution car il faut des monnaies différentes pour des monnaies différentes. Le fédéralisme ne règlerait que des problèmes de trésorerie, pas ceux de création de richesse.
@ Cording
Tout cela finira par s'effondrer
@ Santufayan
Les fédéralistes ne souhaitent que faire avancer leur agenda qui est une pierre philosophale qui permettrait de tout résoudre. Ils sont coupés de la réalité.