La Palestine avance, Israël recule

Le 31 octobre 2011 restera une date à marquer d’une pierre blanche avec l’admission comme membre à part entière de la Palestine par l’UNESCO par le vote de 107 membres, l’abstention de 52 et l’opposition de seulement 14. Même si l’entrée aux Nations Unies reste bloquée, il s’agit d’une belle victoire.

Une reconnaissance légitime

Il est aujourd’hui grand temps d’accorder à la Palestine son statut d’Etat, même si Israël la prive d’autonomie d’innombrables manières. Parce qu’Israël est un Etat reconnu, il est totalement normal que la Palestine accède au même statut. En outre, les Palestiniens ont déjà été extrêmement patients, C’est pourquoi Mahmoud Abbas a décidé de passer à la vitesse supérieure cette année en demandant sa reconnaissance par l’ONU à la fin de l’été à la surprise générale.

Les Etats-Unis et Israël espéraient dissuader l’autorité palestinienne de présenter une telle demande mais devant leur manque évident de bonne volonté, Mahmoud Abbas a préféré aller au clash. La question sera étudiée prochainement, sans guère de suspens car il est bien évident que les Etats-Unis utiliseront leur droit de veto pour empêcher la Palestine d’accéder au statut d’Etat, ce qui pourrait poser de nombreux problèmes à Israël en lui accordant des droits internationaux.

Le conflit ne s’arrange pas

Dans un geste aussi mesquin qu’irrespectueux des relations internationales, Israël et les Etats-Unis ont donc décidé de retirer leur soutien budgétaire à l’UNESCO, la privant de plus de 20% de son budget. Pire, Israël a annoncé en représailles la construction de 2000 nouveaux logements dans une colonie dans la partie palestinienne de Jérusalem, une attitude absolument inacceptable qui n’est malheureusement jamais sanctionnée par la communauté internationale.

La construction de colonies dans les territoires palestiniens est un geste aussi condamnable qu’injustifiable. En agissant de la sorte, Israël humilie et démantèle la Palestine et se comporte comme un occupant sans foi ni loi, dans une logique de guerre. Mais il est tout autant scandaleux que la communauté internationale, la France en tête, ne sanctionne pas très durement une telle attitude qui ne mène absolument à rien, qui prolonge le conflit. Nous devrions envisager des sanctions très dures.

Des diplomaties européennes…

De manière intéressante, le vote de l’UNESCO démontre par l’absurde qu’il est illusoire de construire une diplomatie européenne puisqu’il n’y a que des diplomaties nationales qui peuvent être extrêmement différentes. En effet, sur cette question, les Etats européens se sont profondément divisés puisque certains pays se sont opposés à l’adhésion de la Palestine (Berlin), d’autres se sont abstenus (Londres, Rome) et d’autres l’ont soutenue (Paris, Madrid).

Pour une fois, le gouvernement actuel a honoré la parole de la France en soutenant l’accession légitime de la Palestine dans le collège des nations. Mais de telles différences démontrent que nous n’avons pas la même vision du monde et que construire une diplomatie commune reviendrait à créer un robinet d’eau tiède qui serait miné par de graves divergences d’opinion. Cela n’aboutirait qu’à d’immenses frustrations et une diplomatie tiède et sans portée.

Malgré tout, merci à notre diplomatie d’avoir apporté son soutien à l’accession de la Palestine au statut d’Etat. Pour une fois, la voix de la France est restée indépendante et n’a pas cherché à plaire à l’Allemagne ou aux Etats-Unis, comme trop souvent depuis quatre ans et demi.