Pendant que la plus grande confusion règne en Grèce avec d’innombrables changements de scénarios, le Portugal souffre. The Economist a consacré un papier sur sa situation, guère reluisante depuis que le pays a décidé de se conformer aux commandements européens.
La grande régression sociale à Lisbonne
En effet, la situation du pays semble prendre la même direction que celle de la Grèce. Alors que Lisbonne avait réussi à sortir de la récession en 2010 avec une croissance d’un peu plus de 1%, le plan d’accompagnement du plan d’aide de 78 milliards d’euros aux créanciers du pays se paie cher d’un point de vue croissance, comme à Athènes. Le pays est retombé en récession puisque le PIB devrait reculer de 2% cette année et encore 3% l’année prochaine.
The Economist cite un syndicaliste qui avance une baisse cumulée de 27% du traitement des fonctionnaires, du fait de la baisse des traitements de base et de la suppression des bonus de Noël. Les Portugais semblent devoir affronter la même paupérisation accélérée que la Grèce. Et le problème est que cette austérité sauvage met en danger la réalisation du plan lui même car la baisse du PIB augmente le poids relatif de la dette et complique sérieusement l’équilibre des comptes publics.
L’impasse européenne
Quand on pense que les opposants à la sortie de la monnaie unique affirment péremptoirement que le retour aux monnaies nationales provoquerait une baisse du pouvoir d’achat ! Mais ce sont leurs cocktails indigestes qui provoquent une baisse sans précédent de la richesse des peuples européens. Bien sûr, une dévaluation renchérirait le prix des produits importés. Mais ici, leurs plans imbéciles réduisent l’ensemble du pouvoir d’achat dans des proportions beaucoup plus importante.
Bien sûr, les pays du Sud de l’Europe ne se révoltent pas encore contre cette Europe qui les torture car elle les a longtemps aidés. Mais, ainsi, elle montre un visage de plus en plus monstrueux et nul doute que les peuples finiront par comprendre qu’il y a une autre voie possible. Georges Papandréou semblait très justement vouloir demander à son peuple de s’exprimer sur le sujet mais une immense incertitude règne aujourd’hui sur ce qui va se passer en Grèce.
Mais qu’ont-ils fait à l’Europe ? Au départ, c’était une belle idée, généreuse, ouverte. Aujourd’hui, c’est un monstre sans la moindre humanité, prêt à appauvrir les peuples pour défendre une monnaie qui devait pourtant permettre davantage de prospérité. La monnaie est un moyen, pas une fin.
Pas du tout d'accord, au départ l'Europe était une idée monstrueuse, girondine. Il s'agissait de se débarrasser de la latinité, l'égalité et la liberté, d 1789, par arrimage à l'Allemagne. Il suffisait alors de sortir à ces idiots de Français, le discours habituel, genre "Fraternité des peuples" et le tour était joué.
RépondreSupprimerNous sommes bien dans un monde girondin, étouffement de la vie, enrichissement par la rente, soumission aux élites, résignation. Seule, la bêtise des Républicains a permis cette monstruosité et les voilà, maintenant, réduits à commenter notre propre asservissement.
"Bien sûr, les pays du Sud de l’Europe ne se révoltent pas encore contre cette Europe qui les torture car elle les a longtemps aidés."
RépondreSupprimerL'euro est une drogue dure : la monnaie surévaluée n'"aide" pas : elle intoxique. Elle avilit les importations et gonfle les dettes, d'où une période d'euphorie. En même temps elle détruit l'économie productive, l'emploi et l'esprit industriel : le pays s'appauvrit sans même s'en apercevoir, morphinisé à grandes rasades d'endettement. Et le jour ou les capitaux ne rentrent plus, la dépression s'installe, révèle et accélère encore l'appauvrissement. Mais, en effet, le peuple ne comprend pas tout de suite comment cette drogue si agréable à ses débuts produit ces effets différés désastreux. D'où l'espoir de remonter la pente par une nouvelle surdose d'assistance, plutôt que d'affronter la cure de désintoxication. Cela se comprend, car la sortie de l'euro coûtera très cher à court terme. Il faudra renoncer aux importations bon marché et se retrousser les manches pour reconstruire ce que l'euro a détruit. Les eurocrates n'ont pas tort sur ce point. Ce qu'ils oublient de préciser c'est que la fuite en avant dans la toxicomanie a déjà coûté et coûtera infiniment plus cher.
En tout cas ne nous cachons pas la difficulté politique de la transition : c'est une véritable reconstruction qu'il faudra mettre en œuvre, et les bénéfices ne se ressentirons qu'après quelques temps...
@J.Halperm
RépondreSupprimerExcellent, et en plus quasi poétique ...
Puis-je ré-utiliser quelques points de votre commentaires ?
Cdlt, JPL
Ce referendum annulé est plutot une bonne nouvelle pour les "alternatifs" francais.
RépondreSupprimerUne sortie de la grece de la zone euro en janvier aurait été suivi par une phase de transition delicate pour ce pays, et j'imagine sans peine ce que les medias et nos amis PS-UMP en aurait fait ("regardez ce qui arrive quand on sort de l'euro").
Il suffit de repenser a l'Islande en 2008, qu'on decrivait comme au fond du trou, avec comme seul espoir une entrée dans l'euro.
Quand va t on arrêter de commenter ce qui aurait du être fait ; l’économie est très loin d’être une science exacte un jour l'eau boue a -25 °c et lendemain a +150 ; alors allons de l'avant et pour ce faire quoi de mieux que de demander l'avis au peuple !
RépondreSupprimerL'avis du peuple ne compte pas en ploutocratie...
RépondreSupprimerRefusons de payer les intérêts de la dette et taxons ce qu'il reste aux rentiers. Qu'ils rendent ce qu'ils ont empoché grâce à cette dette odieuse.
Sortons de l'euro pour retrouver de la compétitivité et les ajustements possibles que nous donne notre souveraineté monétaire. Mais non à la planche à billet incontrôlée qui appauvrit tout le monde.
@ JPL
RépondreSupprimerMerci, et bien sûr.
@ Tous
Le passage de la résignation à la révolte est toujours improbable et brutal. un jour la Tunisie donnait 95% à ben Ali, et le lendemain elle le chassait par une révolte générale. Les révolutions ne sont jamais certaines et arrivent toujours par surprise. Il s'agit seulement d'être assez nombreux et au clair dans nos projets pour être utile quand cela se produira.
La Grèce est en bien plus mauvaise position pour sortir de l'Euro que l'Argentine qui a des ressources naturelles bien plus importantes sur un grand territoire :
RépondreSupprimer"50 millions de bovins, quasiment cent fois plus qu’en Grèce et dont la viande est exportée. Le pays produit aussi du maïs (dix fois plus qu’en Grèce), du blé et du riz (six fois plus). Le cheptel ovin (50% de plus) permet de produire des textiles de qualité qui ont trouvé des débouchés en Europe.
Certes, la population en Argentine est quatre fois plus importante qu’en Grèce. Mais elle ne consomme que deux fois plus d’énergie alors qu’elle en produit huit fois plus."
http://www.slate.fr/story/45857/grece-retour-drachme-euro
La ressource de la Grèce c'est le tourisme, mais en période de vaches maigres sur l'ensemble des pays d'où proviennent ses touristes, ça risque de ne pas rapporter beaucoup. Le budget vacances étant le premier à souffrir pour les particuliers en baisse de pouvoir d'achat.
Il y aurait l'énergie solaire, mais ça demande du temps et des investissements.
Olaf
L'Argentine est revenue à sa monnaie
L'Argentine est revenue à sa monnaie dans un contexte où ses exportations étaient très demandées.
RépondreSupprimerOlaf
Sinon, avec la baisse des taux de Mario Banque, c'est bien l'Allemagne qui va finir par claquer la porte de l'Euro et devra dans ce cas relancer sa consommation intérieure.
RépondreSupprimerOlaf
Concernant GP, il semble que sa politique n'a pas été très avisée :
RépondreSupprimerhttp://www.liberation.fr/monde/01012369301-ce-referendum-est-une-fuite-en-avant
Olaf
Oui Halpern, commentaire intéressant qu'il conviendrait de présenter sous forme d'un argumentaire politique pour voir si, l'euphorie de l'intégration passée il y a des convergences sur
RépondreSupprimerl'embellie et si le poids de l'endettement des pays de l'euro-zone raccourcit la période de prospérité des nouveaux entrants.
Ce serait intéressant de démonter le mécanisme.
GAIA
Vendredi 4 novembre 2011 :
RépondreSupprimerItalie : taux des obligations à 10 ans : 6,370 %. Record historique battu.
Les investisseurs internationaux n'ont plus aucune confiance dans la capacité de l'Italie à rembourser ses dettes.
Le graphique des taux de l'Italie montre que le quatrième domino va bientôt tomber.
Après la Grèce, après l'Irlande, après le Portugal, c'est maintenant le domino italien qui va tomber.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GBTPGR10:IND
BA
RépondreSupprimerLe prochain com de BA le compulsif de bloomberg, en dinglish "la fleur de montagne", c'est la France sans le 3A, puis sous tutelle FMI et Bundestag. Mais on le savait déjà.
Oplaf
@ Olaf,
RépondreSupprimerJustement, l'Argentine n'est pas revenu à sa monnaie à un moment où les matières premières étaient demandées. La hausse du prix des MP date du milieu des années 2000 et a dévalué le peso en 2002, à un moment où les prix étaient faibles. Pourtant, dès 2003, le PIB rebondi de 8%...
En outre, n'oublions pas que la Grèce bénéficierait d'un énorme boom du tourisme. Imaginons que la Grèce dévalue de 50%. Les étrangers voient le pouvoir d'achat augmenter de 100% et dépensent plus et il y a plus de monde. L'effet serait énorme. Sans compter l'impact industriel.
@ J Halpern,
Pour moi, c'était les fonds structurels. Bien sûr, l'euro cher est une calamité pour les pays du Sud.
"la Grèce bénéficierait d'un énorme boom du tourisme."
RépondreSupprimerJe n'y crois pas un seul instant, le tourisme va s’effondrer en Grèce et ailleurs, c'est déjà le cas, mis à part Paris avec les clients chinois parmi d'autres.
Je ne suis pas contre un retour aux monnaies nationales et voler de ses propres ailes, encore faut il avoir des ailes.
La Grèce n'a que le tourisme qui ne fonctionne que hors crise, la France a plus d'atouts, le tourisme, l'agriculture et des résidus d'industrie et de services.
Sortir de l'avion euro sans ailes ou parachute, c'est le crash assuré pour les grecs si la Russie ou la Chine ne leur servent pas de béquille quelques temps. On ne réforme pas une économie comme celle de la Grèce d'un coup de menton.
Olaf
Sinon, la boite allemande où je bosse, gros global player, met le paquet sur les exportations vers les pays émergents, investissements massifs. Le patron est un des dirigeants de la chambre de commerce allemande et proche d'Angela Merkel.
RépondreSupprimerMes infos allemandes montrent une réorientation vers les émergents comme la Russie, l'Asie et le Brésil.
Autant l'Allemagne est faible sur le plan géopolitique, autant elle s'adapte sur le plan économique et industriel.
Olaf
Il est sûr que la situation de la Grèce serait compliquée même en sortant de l'euro, mais au moins, elle serait indépendante et maîtresse de ses décisions : c'est déjà énorme.
RépondreSupprimerLe tourisme ne s'effondre pas partout : la France va connaître une bonne année, l'Espagne une année exceptionnelle...
Sinon, très bel article sur le Portugal, un beau pays très injustement traité. Je vous conseille, Monsieur Pinsolle, de lire également "El País", qui a un traitement très intéressant de la crise, et pas seulement en Espagne. Son article d'aujourd'hui sur le Portugal : http://internacional.elpais.com/internacional/2011/11/03/actualidad/1320352184_662460.html
Olaf : cependant, il ne faut pas se leurrer, globalement, l'Allemagne est déficitaire dans son commerce avec la plupart des pays émergents, dont la Chine. L'immense majorité de l'excédent commercial allemand se fait avec l'Europe.
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