Ce week-end, Bruno Le Maire a parlé de « guerre contre les marchés financiers » et Jean-Pierre Jouyet annoncé « une révolte des citoyens contre la dictature des marchés ». Pourtant, ce vocabulaire de révolutionnaire camoufle une soumission à ces mêmes marchés qu’ils dénoncent.
La révolte en carton
Bruno Le Maire est un ministre paradoxal. Nul doute qu’il soit un véritable serviteur de l’Etat, avec les bons aspects de son côté ancienne école. Il a plusieurs fois dénoncé le sort des agriculteurs, variables d’ajustement de marchés agricoles devenus fous à cause de la libéralisation et de l’irruption des fonds financiers. Aujourd’hui encore, son constat est assez juste quand il parle de « guerre contre les marchés financiers ». Mais il l’a seulement fait pour attaquer François Hollande.
En effet, la dialectique du ministre est bien paradoxale et difficilement compréhensible puisque pour mener la guerre contre les marchés, il faudrait tout faire pour garder le fameux AAA, et donc in fine, se soumettre aux fourches caudines des agences de notation, baisser les dépenses qu’elles souhaitent voir diminuer, augmenter les impôts qu’elles souhaitent voir augmenter, privatiser ce qu’elles souhaitent et déréglementer les parties de notre économie qu’elles jugent nécessaires.
Bref, le discours du ministre ne tient pas debout puisque son moyen de faire la guerre contre les marchés consiste très précisément à faire tout ce qu’ils souhaitent. Le pire est qu’il ne se rend sans doute même pas du paradoxe de sa position. De même, dans un moment de lucidité, Jean-Pierre Jouyet, débauché de gauche de la pseudo ouverture de Nicolas Sarkozy a annoncé une « révolte des citoyens contre la dictature des marchés », qu’il aura pourtant servi depuis de longues années.
Comment battre les marchés
Car il y a pourtant d’innombrables moyens de faire la guerre contre les marchés mais aucun ne semble pouvoir s’en saisir. La première arme, utilisée massivement par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et le Japon, consiste à monétiser la dette, comme le recommande Jean-Luc Schaffhauser dans une excellente série de trois billets parus sur Atlantico et dénonçant l’attitude de l’Allemagne. En effet, une telle décision permettrait de mettre une fin (certes provisoire et incomplète) à la crise actuelle.
L’autre moyen de faire la guerre contre les marchés financiers consisterait à réinstaurer des frontières aux mouvements de capitaux et à mettre en place une Taxe sur les Transactions Financières, la TTF ou taxe Tobin. Il faut noter que la fin de la liberté de circulation des capitaux est un préalable indispensable à leur taxation car sinon, il leur suffira de se déplacer vers des cieux fiscaux plus cléments, et notamment tous les « parasites fiscaux », contre lesquels rien n’a été fait.
En effet, c’est bien cette liberté de circulation qui donne le pouvoir aux marchés financiers. C’est parce que les banques peuvent déplacer comme bon leur semble l’argent qu’elles gèrent que les Etats sont soumis au diktat des marchés. C’est en contrôlant leur circulation qu’il sera possible pour les dirigeants politiques de reprendre la main sur la finance. Et ceci sera le prélude à une réorganisation majeure du secteur financier, pour le remettre au service de la collectivité et pas de lui-même.
Oui, Bruno Le Maire et Jean-Pierre Jouyet ont raison de dénoncer la tyrannie des marchés et de vouloir leur mener la guerre. Mais les solutions qu’ils proposent (comme celles du Parti Socialiste) consistent bizarrement à se soumettre encore davantage à leur tutelle.
Avant de se révolter contre les "marchés" ( quel numéro de téléphone ?) , il faudrait se révolter contre ces ayathollahs de la pensée financière unique.
RépondreSupprimerCOMMENT ?
Certainement pas grâce à la pantomine des élections présidentielles qui va distraire le "citoyen" ,pour combien de temps ?
la Grèce et l'Italie ,sauvés par les "experts"
vont peut-être nous offrir un avant-goût
les Le Maire et Jouyet sont complétement en phase avec le sarkosysme qui consiste a laisser croire et faire son contraire . Mais il est exact comme le dit JGPOUZET qu'il est difficile a cerner ce qu'est le "marché" financier ; n'en faisons pas nous même (citoyen) parti ?
RépondreSupprimerMonétiser la dette, hummmm
RépondreSupprimerPlutôt que de redénominer (je crois que c'est le terme) en nouveau franc et monétiser, pourquoi ne pas décréter la faillite directement et repartir sur de nouvelles bases avec un budget en équilibre dans la monnaie que vous voudrez, ce n'est pas le plus important à mon avis.
Comme il semble que pour voter aux prochaines élections, un électeur qui se voudrait responsable doive se plonger dans les comptes de la nation, DLR a-t-il établit une ébauche de budget pour 2013 ?
Le passage au "100% monnaie" (Fisher, Allais, Gomez, etc) permets d'une pierre trois coups:
RépondreSupprimer- désarmer les marchés monétaires
- geler environ 2/3 de la dette publique (et donc éviter de devoir emprunter chaque année les intérêts de # 1100 Md€ ou MdF)
- permettre l'équivalent d'une recette fiscale annuelle supplémentaire d'environ 50 milliards d'euros
Qu'attends donc DLR? ;)
Lien résumé 100%M sur mon nom...
Et que penser de cette information pour le moins surprenante : http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/dupont-aignan-des-etats-unis-d-102462
RépondreSupprimerEmprunt à 5 ans :
RépondreSupprimerJeudi 1er septembre 2011, la France a lancé un emprunt à 5 ans. La France a dû payer un taux d'intérêt de 1,93 %.
Quand l'Allemagne lance un emprunt à 5 ans, elle doit payer un taux d'intérêt de 0,9 %.
Et l'Italie ?
Lundi 14 novembre 2011, l'Italie a lancé un emprunt à 5 ans. L'Italie a dû payer un taux d'intérêt de ... 6,29 % !
Conclusion :
Les investisseurs internationaux n'ont plus aucune confiance dans la capacité de l'Italie à rembourser ses dettes.
L'Italie emprunte à des taux d’intérêt de plus en plus exorbitants.
L'Italie va bientôt demander l'aide du FMI et de l'Union Européenne.
http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20111114trib000663882/le-cout-de-financement-de-l-italie-s-envole.html
@Cricri : Comme on dit : "il n'y a que les imbéciles qui changent pas d'avis"... et au passage, ils sont remonté loin là !
RépondreSupprimerPlus sérieusement, l'idée d'une Europe Unis n'est pas mauvaise en soit, tout dépend comment et ce qu'on en fait.
Personnellement, je suis (étais) pour une Europe Fédérale et démocratique. Avec gouvernement, politique, armée, monnaie, etc etc...
Et je pense qu'a long terme c'est la seule issue. Mais pour cela, il faut préparer le terrain, l'esprit des gens a cela, expliquer, etc etc... bref, tout le contraire de ce qui a était fait depuis les années 90 avec la construction de cette Europe qui place le peuple entre les mains des financiers leur ôtant progressivement tout pouvoir démocratique.
Résultat, aujourd'hui les peuples pressurés ne veulent plus de cette Europe, et a raison vu que ça ne fonctionne pas.
Donc, retour arrière, chacun reprend sa souveraineté, sa monnaie, en essayant que tout n'explose pas complétement, en restant quand même regroupé au sein d'un "marché commun" a essayer de reconstruire un avenir commun...
Démocratie ?
RépondreSupprimerA pu !
Le mot doit maintenant quitter nos dictionnaires du français d'usage courant pour les listes de notions oubliées et répertoriées dans de vieux ouvrages d'histoire.
A pu !
@ JGPouzet
RépondreSupprimerVous pouvez cliquer sur le lien "réorganisation majeure de la finance" : vous y trouverez des propositions concrètes.
@ Noeuddechaise
Je crois qu'il vaut mieux éviter les désordres de la faillite, qui feraient forcément souffrir les citoyens, et en premier lieu les plus faibles.
Bonne idée sur le budget. Il y a l'outil de Piketty et Landais qui doit permettre de faire des simulations. C'est un bon objectif à se donner même s'il n'est pas sûr que nous pourrons le faire.
@ André-Jacques
Je n'oublie pas, mais je manque de temps pour en finaliser l'étude même si a priori, l'idée me semble bonne.
@ Cricri
Cela devient totalement ridicule. Vous ne connaitriez pas le cousin du voisin de sa professeur de français qui semble se souvenir qu'il aurait écrit une rédaction en 4ème où il disait aimer l'Europe plus que tout ? C'est vraiment n'importe quoi. Que je sache, il n'a pas écrit cela. On met bout à bout des pseudo informations (je note qu'il n'y a aucune preuve formelle, scan...) pour essayer de dire absolument n'importe quoi.
NDA a été choisi comme secrétaire au fédération du RPR en 1997 par Philippe Séguin, il a voté contre Maastricht, il s'est battu contre tous les traités inacceptables qui ont été signés depuis 20 ans. Il est monté en première ligne contre le TCE. Bref, tout son parcours montre une cohérence bien rare dans le monde politique.
Je pense que mon dernier billet est à propos:
RépondreSupprimerMario Draghi & Goldman Sachs: Obstacles juridiques ou hypocrisie des politiques?
J'ai aussi retravaillé et amendé le précedent (12 pages), que j'avais déjà signalé ici:
Le gouverneur de la Banque de France a t-il convenablement rendu compte de la fragilité du système bancaire?
J'étais personnellement défavorable à la répression comme au dirigisme comme au : j' étais pour la malice...et puisque les banquiers se disaient libéralistes, il fallait les laisser faire faillite librement...même si pour cela, il fallait régulièrement diviser les grandes banques par deux ou trois : au lieu de compter un brillant directeur, le pays en comptera deux ou trois...et en plus, le paysage administratif se trouvera-t-il nettoyé : on voit bien que la sur-puissance des grandes banques était surtout une puissance de corruption des édiles...professionnalisés à seule fin de pouvoir être éloignés de l'électeur et corrompus aisément.
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