Cela fait maintenant deux ans que l’on évoque la fin de la monnaie unique européenne. D’une part, on peut estimer que ce énième sommet de la dernière chance sera emporté comme les autres par les craintes des marchés, précipitant sa chute. Mais le passé incite à la prudence.
Les raisons de le penser
Tout d’abord, le plan décidé vendredi dernier ne résout pas grand chose à la crise que traverse la zone euro. Il n’y a pas d’augmentation significative des moyens destinés à refinancer les Etats auxquels les marchés ne voudraient plus financer, ce qui est sans doute le facteur le plus probable de déclenchement de la crise terminale de la monnaie unique. En outre, faire l’Europe de l’austérité risque surtout de faire basculer le continent dans une profonde récession économique.
D’ailleurs, les marchés ne sont pas optimistes, comme l’illustre la correction d’hier de la Bourse. Moody’s a annoncé que ce énième plan ne changeait rien à son jugement de la zone euro, contredisant les annonces comme toujours exagérées, pour ne pas dire ridicules, du président de la République. Du coup, on peut légitimement se demander si la zone euro n’est pas simplement incapable de sortir de la crise depuis cet été, ce qui pourrait mener rapidement à une crise terminale.
Les raisons d’en douter
Pourtant, il ne faut pas oublier que la correction des marchés vient après une très forte hausse puisque le CAC 40 avait progressé de plus de 10% la semaine du 28 novembre. En outre, même si les taux auxquels l’Espagne et l’Italie se refinancent sont punitifs, la limite du tenable n’est pas encore passée, la BCE les maintenant autour du plafond admissible. Plus globalement, les interventions coordonnées des banques centrales ont redonné une bouffée d’oxygène aux banques.
En outre, malgré des rumeurs sur la préparation de plans de sortie de l’euro, les dirigeants européens défendent fermement leur créature et semblent prêts à tout pour la sauver, comme l’illustrent les choix des nouveaux dirigeants, les plans d’austérité ou l’acceptation d’une tutelle budgétaire. Bref, aucun signe de retournement de veste, d’autant plus que les échéances électorales approchent et qu’ils préfèrent sans doute les aborder en pouvant affirmer avoir sauvé l’euro…
Une fin certaine, à une échéance incertaine
Ce jugement ne change rien au fait que la monnaie unique est condamnée à disparaître car plus le temps passe et plus ses disfonctionnements abîment les économies européennes et finiront par contraindre un pays à en sortir, un jour ou l’autre. Même si on ne peut pas exclure le scénario d’une fin rapide, du fait d’une panique des marchés par exemple, je crois que ce scénario n’est pas le plus probable. Je crois malheureusement qu’il faudra passer par un lent pourrissement.
Cela fait maintenant plus de 18 mois que je crois que « le supplice de l’euro va durer ». Malheureusement, pour l’instant j’ai eu raison (tout en ayant eu tort sur d’autres pronostics) et je ne crois toujours pas à un effondrement rapide. Même si je comprends les raisonnements inverses (après tout, nous ne sommes pas passés très loin de la crise terminale cet été), je crois que les forces de rappel restent fortes. L’agonie de la monnaie unique pourrait se prolonger quelques années…
Veillons à ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Cette créature monétaire qui fait du mal à nos économies et à nos emplois a la peau épaisse. Elle a prouvé depuis près de deux ans qu’elle a le cuir épais. Sa fin ne sera sans doute pas rapide et paisible, malheureusement.
@LP
RépondreSupprimerAucun signe de retournement de veste ? Il ne faut pas sous-estimer les MM. Bayrou, Hollande et Sarkozy une fois dos au mur.
L'histoire s'accélère ces derniers mois et je crois que les 3 opportunistes en question sauront "prendre acte du décès de l'euro" le moment venu lorsqu'ils n'auront plus le choix avec de préférence un référendum qui leur permettra de sauver la face.
Le revirement de M. Bayrou sur le "made in France" même sans fondements, est un premier pas significatif pour s'aligner sur un programme proche de celui proposé par DLR. Sait on jamais ?
Ceci étant dit, la transformation du grand mécano de l'euro comme monnaie unique prendra plusieurs années, il faudra que chaque pays concerné s'auto-détermine.
Je pense que votre diagnostic est juste, pour une raison simple: tous les partis de gouvernement, depuis 20 ans, croient dur comme fer à l'idéologie de l'euro. Pour la défendre, ils pratiquent la même politique malgré les protestations, sont prêts à se soumettre à la tutelle de Bruxelles, et surtout ils ont, tous, foulé au pied le vote des Français en 2005. En tant que gaulliste, j'espère qu'un dirigeant responsable et patriote émergera au sein des partis traditionnels. Emmanuel Todd pense que ce sera Hollande, mais je n'y crois guère: cet homme des synthèses et des compromis n'a aucune vision pour son pays ou pour l'Europe. Au final donc, comme vous le dites le supplice de l'euro va durer et le problème est que pour le sauver on va créer peu à peu des institutions de plus en plus fédérales, dans une sorte de fuite en avant vers toujours plus d'intégration. Si je devais avoir un pronostic, ce serait le suivant: sauf à imposer une dictature technocratique, il faudra bien à un moment ou à un autre consulter le peuple sur le grand "bond en avant fédéral" (comme le disent les européistes, sans même voir qu'ils reprennent le vocabulaire maoiste). A ce moment là, après des années d'austérité, de récession, de chômage, d'euro trop cher, je pense que l'Europe sera massivement rejetée partout. Cela sonnera forcément le signal du démantèlement de l'euro.
RépondreSupprimerSuite: cette tribune publiée sur le site du Monde (http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/12/13/ue-de-la-crise-a-la-relance-de-l-integration_1617778_3232.html) confirme ce que vous dites. L'idéologie de l'euro est extrêmement puissante, et il s'agit bien d'une idéologie totalitaire, au sens où même ce qui devrait la disqualifier est interprété comme un signe positif. Ainsi, ce texte associe un vocabulaire clairement marxiste (nous sommes "au milieu du gué", le paradis fédéral nous attend de l'autre côté) et hégélien (la crise actuelle est une "ruse de l'histoire" qui va imposer le fédéralisme). Or, ce vocabulaire est typique de nos élites politiques et intellectuelles. La crise actuelle de l'euro leur paraît un moyen d'imposer encore plus d'Europe. Autant dire qu'il faudra aller très loin dans le désespoir des peuples et la dépression économique pour que nos dirigeants prennent conscience de leur erreur.
RépondreSupprimerHier soir le 20H de France2 (mouarf) a consacré un 'sujet' à la fin de l'€uro, à la sauce "quelle serait les conséquences d'un retour au francs".. c'etait bien sur pitoyable de bêtise, du véritable bourrage de crane plein d'ineptie, sans la moindre réflexion totalement à la gloire de l'€uro...
RépondreSupprimerPas très surprenant, mais ca donne une idée du parcours qu'il reste a parcourir...
Pour envisager le pire en cas d'abandon de l'€uro, ils sont fort (a grand coup d'idées fausse, de bêtise et de mauvaise fois), mais pour voir les bonnes choses ou les danger de rester à l'€uro, y a plus personne (mode autruche à 200%).
M. Delors avait raconté à ses collègues que n’importe quelle crise serait une « crise bénéfique », qu’elle permettrait à l’Union européenne de vaincre la résistance au fédéralisme fiscal et d’accumuler ainsi de nouveaux pouvoirs. Le but de l’union économique et monétaire était un but politique et non pas économique, et c’est pourquoi les objections des économistes pouvaient heureusement être passées par pertes et profits. Une fois que le monnaie unique existerait, les États membres de l’Union européenne abandonneraient leur souveraineté nationale pour lui permettre de fonctionner sur la durée. Elle conduirait ainsi inéluctablement au rêve de Jean Monnet d’un véritable État fédéral européen.
RépondreSupprimerA M. P. Lamy
RépondreSupprimer"Rêve de Jean Monnet" ? Faut-il encore y croire, ou faire semblant d'y croire, alors que nous savons aujourd'hui de source certaine par des documents états-uniens que cete "europe" est le résulat des pressions des USA et de sa CIA, que le lancement de la CEE est le fait d'un discours "soufflé" à R Schumann par les mêmes USA.
L'euro n'est rien, c'est un outil, entre autres, pour vassaliser les états-nation d'Europe, la France en premier lieu.
Se tromper de cible, est se garantir l'échec.
Oui mais cela va toujours dans le sens du federalisme ; egalement : http://www.express.be/business/fr/economy/pourquoi-sembarrasser-avec-la-seule-veritable-relique-barbare-la-democratie-quand-le-bon-vieux-fascisme-peut-suffire/157836.htm
RépondreSupprimerUn document confidentiel émis par le Président du Conseil Européen, Herman Van Rompuy, à l’adresse des dirigeants européens, propose que la Commission Européenne s’arroge des pouvoirs exceptionnels pour obliger à la mise en place de mesures dans les pays en détresse pour garantir la stabilité de la zone euro, par exemple pour leur imposer des mesures d’austérité. Les pays en question pourraient encourir des sanctions politiques, comme la privation de leur droit de vote dans l’UE. Selon ce texte, donc, les fonctions gouvernementales des pays comme la Grèce, l’Irlande ou le Portugal, pourraient être partiellement confisquées par l’UE, en quelque sorte.
Pierre-Henri de Menthon pointe notamment le fait que les Français les plus riches réalisent des retraits et que cela se passe « loin des caméras, à l’abri des bureaux cossus des banquiers privés, ceux qui gèrent le patrimoine des grandes fortunes ! »
RépondreSupprimerDans la vidéo ci-dessous, il est précisé :
« Chez Pictet et Lombard Odier, deux grandes banques privées de Genève, les ouvertures de comptes par les Français se multiplient, des dizaines de millions d'euros affluent tous les jours. »
http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=_oEWxIkVA7o#!
Nous sommes embarqués dans un grand bateau appelé "ZONE EURO".
Or, que voyons-nous ?
Nous voyons les passagers les plus riches qui sont en train d'entasser leurs richesses dans des canots de sauvetage.
Nous voyons les passagers les plus riches qui sont en train de fuir le bateau "ZONE EURO", pour aller mettre leurs richesses dans les banques privées suisses : la banque Pictet, la banque Lombard Odier, etc.
Nous voyons les passagers les plus riches qui s'éloignent du bateau "ZONE EURO", et qui mettent à l'abri leur épargne en-dehors de la zone euro.
C'est un signe qui ne trompe pas.
C'est un signe qui montre que le bateau "ZONE EURO" est en train de couler.
@ Santufayan
RépondreSupprimerJe n'ai pas l'impression. Le débat sur le fait d'acheter français est très superficiel et démontre à mon sens le contraire, à savoir une crispation sur le fond qui est vaguement camouflé par des mots contradictoires.
@ Julien M
A mon sens, les grands partis ne changeront pas d'opinion. Ils sont trop liés à l'euro. Il faudra attendre qu'un pays qui n'en pourra plus le quittera. Je ne crois pas à un grand bond fédéral, que l'Allemagne refuse clairement (et on la comprend).
@ Alain34
C'est pitoyable. Un article du Figaro aujourd'hui également.
@ Patrice
Je ne crois pas à une évolution fédérale forte. L'Allemagne bloquera.
@ BA
Merci pour l'info.
@Patrice Lamy
RépondreSupprimerMarie-France Garaud cite Jacques Kosciusko-Morizet, qui avait travaillé avec elle sur les accords de Maastricht en 1991. « Ce n’est pas parce qu’on supprime les panneaux indicateurs sur les routes qu’elles cessent de nous conduire là où elles vont », aurait dit l’ancien ambassadeur du Général, à propos de la suppression in fine du terme « à vocation fédérale » initialement prévu dans le Traité.
Dans cette émission "Mots croisés" animée par Yves Calvi du 05/12/2011 accessible sur YouTube*, elle (MFG) explique qu'il ne fallait pas provoquer inutilement ceux, nombreux, qui s'opposaient alors au fédéralisme.
(*) http://www.youtube.com/watch?v=SfpWZG2HtZc
Bernard Guetta que je viens à nouveau d'entendre au 7-9 de France Inter, nous vend chaque matin l'europe fédérale qui ne dit pas son nom. C'est assez surprenant étant donné sa proximité passée avec Emmanuel Todd mais sauf les imbéciles ne changent jamais d'avis dit le proverbe.
RépondreSupprimerLui, ne pronostique pas une sortie de l'euro et encore moins la fin de l'euro, bien au contraire puisqu'il milite de manière feutrée, sans écart de langage pour l'intégration fédérale qui était inscrite dans la génétique des premiers traités européens.
Ce matin donc, il a noté qu'Angela Merkel avait rejoint la position de nos champions nationaux MM. Sarkozy et Hollande en exprimant son exigence sur le retour de la croissance dans l'UE, en plus de ses positions sur la discipline budgétaire.
Ne faudrait il pas porter la contradiction plus régulièrement chez France Inter ? sur l'avenir de l'euro par exemple ? Laurent Pinsolle devrait s'y inviter qu'en pensez vous :-).
France Inter me sert de purge matinale ;après avoir fulminé contre Guetta Cohen le pseudo rigolo de service et la mère ouai ouai je me sens mieux pour la journée ; mais je ne manque pas le jeu des mille Francs
RépondreSupprimerBha moi le fédéralisme j’étais pour jusqu’à il n'y a pas bien longtemps. Mais maintenant, a mon avis il est trop tard.
RépondreSupprimerLe fédéralisme forcé ne marchera pas, a moins de transformer l'Europe en €URSS... exit la démocratie.
Pour info : http://blog.lefigaro.fr/dugua/2011/11/obama-croit-il-encore-quon-pui.html
RépondreSupprimerVue les positions extrêmement libérales de Pierre-Yves Dugua, on peut, je pense, prendre cet article comme une bonne nouvelle.
Mercredi 14 décembre 2011 :
RépondreSupprimerL'Italie lève 3 milliards d'euros de titres à cinq ans à un taux record.
Le Trésor italien a levé mercredi 3 milliards d'euros d'obligations à cinq ans, soit le maximum prévu, à des taux d'intérêt qui ont atteint un nouveau record.
Les taux ont en effet progressé à 6,47 %, contre 6,29 % lors de la dernière opération similaire le 14 novembre, atteignant un nouveau record depuis la création de la zone euro.
http://www.lepoint.fr/economie/l-italie-leve-3-milliards-d-euros-a-un-taux-record-14-12-2011-1407226_28.php
Conclusion :
Plus les jours passent, plus l’Italie emprunte à des taux de plus en plus exorbitants.
Plus les jours passent, plus l’Italie se surendette.
Plus les jours passent, plus l’Italie se rapproche du défaut de paiement.
Mercredi 14 décembre 2011 :
RépondreSupprimerUSA : Bernanke se dit "très inquiet" de la crise européenne (sénateur).
Le président de la Banque centrale américaine (Fed) Ben Bernanke s'est dit mercredi "très inquiet" de la crise européenne au cours d'un entretien avec des sénateurs républicains, selon le sénateur républicain de l'Utah Orrin Hatch.
"Il est très inquiet", a indiqué M. Hatch à la presse à l'issue de cette rencontre. "Il a dit que si les Européens ne s'en sortaient pas, cela nous affecterait".
"L'effondrement de la région nous serait préjudiciable", a-t-il ajouté.
Les principales Bourses européennes ont plongé mercredi après une succession de mauvaises nouvelles pour la zone euro, couronnées par une déclaration sans concessions de la part de la chancelière Angela Merkel qui a prédit "des années" de crise et des "revers".
http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/afp_00408689-usa-bernanke-se-dit-tres-inquiet-de-la-crise-europeen-senateur-263285.php