Cette semaine, le nombre de chômeurs a atteint un plus haut depuis 1999. Pourtant, le gouvernement n’a que la réduction des déficits en tête. Pas une mesure n’est prise pour lutter contre le cancer de notre société qu’avait si bien dénoncé Philippe Séguin il y a près de vingt ans.
Une nouvelle aussi sinistre que prévisible
Ce sera une nouvelle ligne à porter au passif de Nicolas Sarkozy. Jamais le nombre de chômeurs n’avait été aussi élevé depuis plus de dix ans. Pire, le nombre de 2,8 millions de sans emplois n’est que la partie émergée de l’iceberg. En effet, y compris officiellement, nous savons qu’il y a en réalité bien plus de 4 millions de personnes en recherche d’emploi en France, soit environ 15% de la population. Un Français sur six ne peut pas travailler faute d’activité.
Pire, ces chiffres ne sont que des moyennes qui camouflent une partie de cette horrible réalité. Plus de 20% des jeunes (et sans doute 30% si on considère le chiffre élargi) ne trouvent pas d’activité, un bien mauvais tour que joue notre société à ses forces vives, pour qui l’entrée sur le marché du travail est extrêmement difficile. Pire, comme le rappelle souvent Nicolas Dupont-Aignan, ce taux de chômage dépasse 40% pour les jeunes hommes dans les quartiers.
Malheureusement, une telle évolution était prévisible. Faisant de l’euro une fin en soi, les dirigeants européens appliquent des politiques délétères d’austérité pour essayer de sauver cette construction baroque et artificielle, comme il y a vingt ans, le gouvernement socialiste défendait son franc cher, quitte à envoyer un million de Français au chômage dans l’opération. Pire, en France, nous ne sommes qu’au début de ce cycle mortifère de plans d’austérité.
A la source de tous nos maux
Pourtant, de nombreux hommes politiques, rejoints par de plus en plus d’économistes ont compris que cette voie est une impasse. Le cas de la Grèce nous montre bien les ravages de ces politiques d’austérité dont il est pourtant évident qu’elles ne peuvent pas marcher. Le saccage des services publics ne provoquera pas la moindre croissance. Il va la détruire et alourdir encore le poids d’une dette, qui ne va pas baisser entre temps, comme le souligne Morad El Hattab.
Il y a un peu plus de deux ans, Paul Krugman critiquait les politiques d’austérité qui commençaient à se mettre en place en évoquant la politique du président Hoover de 1929 à 1932. Malheureusement, il a eu raison. Ce dont nos économies ont besoin, c’est de relancer la croissance pour relancer la création d’emplois, en ayant des monnaies adaptées aux réalités nationales, une industrie protégée et une finance remise au service de l’intérêt général.
Car le chômage est bien le premier des maux de nos sociétés. Comment permettre l’intégration des citoyens sans emploi ? Comment financer notre protection sociale avec autant de personnes au chômage ? Comment espérer réduire l’insécurité et la violence si une part croissante de la population ne peut pas trouver de travail pour s’intégrer ? Même si le chômage n’explique, ni ne justifie pas tout, il est un facteur structurant du malaise de notre société.
Oui, Philippe Séguin avait raison de dénoncer le « Munich social » de nos dirigeants politiques il y a près de vingt ans. Le problème est que son discours n’a pas pris une ride et s’applique malheureusement toujours aussi bien à la situation actuelle.
"ce taux de chômage dépasse 40% pour les jeunes hommes dans les quartiers."
RépondreSupprimerSi vous pouviez éviter cette expression "dans les quartiers" qui a remplacé "les banlieues" (tout aussi impropre) et avant elle "les cités" (un peu plus connoté), ça me ferait plaisir ! Dites carrément, les jeunes hommes, souvent d'origine étrangère, habitant les quartiers pourris des banlieues mal famées, puisque c'est d'eux qu'on parle.
Ceci dit, mon fils a enchaîné près de 2 ans de chômage (et quelques petits boulots) avant de trouver son job bien que diplômé (bac+4), possédant nom et prénom bien français et venant d'un quartier pavillonnaire d'une banlieue agréable...
Rajoutez que les jeunes (de tout horizon) qui trouvent du travail sont souvent plus près du SMIC que du salaire de nos députés et ministres et donc n'arrivent pas à se loger puisque les loyers sont trop chers et que leur chance d'avoir un logement social est infime (il y a toujours plus pauvre et plus urgent à loger qu'eux tant qu'ils habitent chez papa-maman).
Oui, la situation devient plus que préoccupante...
je pense que la croissance ne créera pas d'emploi en nombre suffisant je l'ai déjà explicité sur ce blog ; il faut rémunérer et repartir les gains de productivité et trouver d'autres formes de revenu que le "travail" et "l'emploi" de masse ; la croissance a l'infini a vécu je rappelle encore une fois que nous n'avons qu'une seule terre et qu'elle ne suffit déjà plus
RépondreSupprimer@ Claribelle
RépondreSupprimerJe suis d'accord sur la seconde partie : la situation est très préoccupante pour les jeunes. Une société doit véhiculer de l'espoir, l'assurance que l'on pourra progresser en travaillant. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, à part pour une petite minorité.
@ Patrice
Pas d'accord. Je crois qu'il est parfaitement possible de revenir au plein emploi en répartissant également différemment les gains de richesse. Concernant la planète, je suis d'accord, mais je crois que l'on peut croître dans épuiser ses ressources. Il faut seulement leur donner un prix adapté à leur préservation.
"je crois que l'on peut croître dans épuiser ses ressources"
RépondreSupprimerMais cela veut peut-être dire épuiser les actionnaires d'où la nécessité de revenir à une agriculture planifiée, notamment pour la préparer sérieusement à sortir de l'ère du pétrole et limiter les nuisibles (Monsanto et compagnie). Ce serait un programme politique fort d'autant plus payant que ce sont généralement les urbains qui sont sensibles à ces questions, peut-être parce qu'ils représentent la majorité des consommateurs finaux (et des électeurs aussi entre autre).
Pour info, petite vidéo de 4 minutes sur l'épuisement des sols agricoles :
http://www.dailymotion.com/video/xm72f8_vie-et-mort-des-sols-par-lydia-et-claude-bourguignon-micro-biologistes-des-sols-mdd-tv-acariens-coll_tech?
"je crois que l'on peut croître dans épuiser ses ressources. Il faut seulement leur donner un prix adapté à leur préservation."
RépondreSupprimerMouai... si on raisonne au niveau de la planète, dans le meilleur des mondes où la répartition se ferait de façon équitable, où les uns n'exploiteraient pas les autres, ne pilleraient pas les autres, avec la population mondiale actuelle et le retard de beaucoup sur quelques uns (le monde occidental dans lequel on vit), ça voudrait dire revoir très sérieusement à la baisse notre mode de vie.
A noter que les Etats Unis n'ont pas renoncé a la politique de relance malgré l'endettement et actuellement ils voient leur chomage reculer.
RépondreSupprimerD'accord avec Claribelle pour l'expression "Les quartiers". Cette imprécision signifie quelque chose en elle-même. Pour le Chômage, il me semble qu'il s'agit d'une conséquence. Le vieillissement expliquerait en partie son acceptation mais la cause essentielle est la politique menée par le PS, l'UMP se contentant de suivre. Malakine nous avait indiqué un interview de Jacques Delors montrant que celui-ci anticipait ou acceptait pleinement les conséquences sociales de sa politique. La monstruosité des girondins est une bonne partie du problème, notre indifférence à l'autre, représente l'autre partie. Si aujourd'hui, les enfants des classes moyennes commencent à être touchés, c'est peut-être assez récent et je suppose que les rejetons de la classe dirigeante sont casés par leurs parents. Nous arrivons alors au nouveau problème, notre passivité, notre incapacité à organiser des choses ensemble.
RépondreSupprimerLes classes moyennes n'ont pas à oublier l'indifférence totale qu'elles avaient à l'égard des classes populaires lorsque cela allait bien pour elles. Sarkozy a été élu sur le rejet des "assistés".
Vous avez raison de parler du chomage, notamment pour les jeunes.
RépondreSupprimerLaurent, puis-je vous demander votre avis sur une petite idée. Ne peut-on pas demander (obligé) une société qui se dit francaise à faire la majorité de ses investissements dans l'hexagone. On ne peut pas continuer à offrir notre cadre juridique avantageux, nos places de cotation financière, notre crédit impôt recherche (le meilleur du monde) etc... à une multinationale qui ne veut plus faire d'investissements en France sous le prétexte que la croissance ne serait plus ici. En voila un beau processus auto-réalisateur. Et si Peugeot décide de devenir une société brésilienne, coté sur la Bovespa, moi je ne suis pas choqué et je lui dit good luck pour négocier avec Dilma Roussef.
Cet article est bienvenu et je crois qu'il est grand temps de considérer l'emploi comme une fin en soi et non plus un sous-produit de la restauration de la croissance. Je ne partage pas le pessimisme de certains intervenants sur l'épuisement des ressources mais la croissance à elle seule ne rétablira l'emploi que péniblement : en gros, il faut 2% de croissance pour seulement le maintenir, alors que nous devons l'augmenter considérablement (3 ou 4 millions d'emplois supplémentaires) et surtout rapidement pour créer un électrochoc et sortir de la culture de l'assistanat.
RépondreSupprimerLe point de départ devrait être de constater que tout emploi créé soulage la collectivité de l'entretien d'un chômeur : ce coût devrait donc être sorti du calcul des cotisations sociales, patronales comme salariales. Nous devons cesser de subventionner le chômage, et subventionner l'emploi. J'ai écrit un papier à ce sujet (http://bloc-notesdejoelhalpern.hautetfort.com/archive/2011/10/09/le-plein-emploi-point-aveugle-de-2012.html).
J'ajoute que d'un point de vue électoral cette question est au cœur des préoccupation et totalement ignorée par les partis aux affaires. Même le FN est très réservé là-dessus et se contente de détourner la question contre les salariés étrangers. C'est le point sensible de son programme, et il serait bon de le souligner un peu plus.
@ J Halpern,
RépondreSupprimerSuggestion très intéressante.
@ Noeuddechaise
A nous de créer un cadre économique et juridique qui poussera les entreprises à investir en France, un cadre donc forcément protectionniste.
@ Jardidi
Il y a chez certains "socialistes" une indifférence révoltante à la souffrance sociale.
@ TeoNeo
Très juste
@ Alain34
Pas d'accord. Il n'y a pas besoin de grande coopération internationale. Aux pays de chacun mettre en place un cadre économique qui favorise l'économie des ressources naturelles. La mise en place d'une taxe carbone qui augmenterait petit à petit pousserait ainsi tous les industriels à être plus économe.
@ Ovide
C'est juste.
Les élites françaises sont en train de nous trahir...comme en 1940, et nous on reste là sans rien dire. Notre pays et tous les pays d'europe du sud (en dehors de la zone deutsch mark) vont être placé sous tutelle de l'allemagne qui controlera leur budjet à travers des "commissaires" européens. La relation entre vichy et maastrischt devient de plus en plus evidente! Il suffit d'ouvrir les yeux et d'arreter de se mettre la tête dans le sable.
RépondreSupprimerPauvre pays, nous sommes condamné à la deflation, au chomage et a l'emigration. ET surtout, nous ne sommes plus un peuple libre.Nos deputés arrogants ne servent plus a rien, ils ne controleront même pas le budjet et l'impôt... juste pour memoire, c'est pour ça que les deputés du tiers etats se sont reunis en 1789 et se sont declarés assemblée nationale.
@ J Halpern : Oui, il vaudrait mieux 'subventionner l'emploi que le chômage. Mais c'est facile a dire, moins a faire. Des emplois, ça ne se crée pas comme ça. Il y a une masse de paramètres qui rentre en compte, comme le cout du travail (salaires, charges), la souplesse (droit du travail), le risque (gréves, prud'hommes) et surtout le besoin et l'adéquation entre les formations, diplômes et postes a pourvoir et enfin, reconsidérer (y compris financièrement) les travaux 'manuels'.
RépondreSupprimerCela demande aussi des matières premières.
Pour relancer l'emploi, il faudrait un plan à long terme, garantissant un minimum de stabilité et de fortes incitations aux industriels à investir. Et aussi et surtout des projets d'importance suffisante pour générer des emplois.
Créer des emplois, c'est aussi créer des infrastructures (usines, transports, etc) qui ont un impacts environnemental et d'aménagement du territoire non négligeable...
Et plus que tout, il faut donner envie aux entrepreneurs de se lancer !
Pour l'instant je n'ai pas vu un seul programme politique qui propose quoi que ce soit de concret sur tout cela, hors, pour moi, la politique c'est cela avant tout.
@LP : Oui, mais je parlait de long terme et de monde des bisounours.
Oui, nous, on doit tout mettre en œuvre pour économiser les ressources, de toutes façons, on a pas le choix. C'est presque 'facile' vu le niveau d’équipement qui est le notre. Mais les pays émergents et ceux qui doivent encore émerger (que bien souvent on a pillé dans le passé...), ils vont faire quoi?
Quand on parle de croissance, on parle de quoi? toujours plus d'habitants ? de logement ? de routes ? de trains? d’aéroports ? d'usines ? de centrales électriques ? d'écoles ? d’hôpitaux ? de taux de possession d’écran plats ? etc etc ???? quoi on en dise, un jour ou l'autre ce genre de croissance ne sera plus possible.
Alors oui, a chaque pays a mettre en place un cadre économique... mais a ce petit jeux, je ne suis pas certain que les pays comme le notre qui n'ont pas beaucoup de matières premières s'en sortent avec une croissance permanente.
On est dans un espace fini, avec des ressources fini et l'homme a besoins d'un espace vital et de certaines conditions pour vivre, ça, on ne peut rien y faire ! C'est une donnée invariable que l'on ne contrôle pas.
@Alain 34
RépondreSupprimerLisez au moins le lien de J. Halpern avant de juger son post. Il allait pas tout expliquer ici dans un commentaire.
Bonjour,
RépondreSupprimerLe plein emploi à permis les plus grandes avancées sociales dans le droit du travail. Le plein chômage c'est le contraire les grands et petits patrons pressurent les salariés imposent des réductions de salaires sinon délocalisation etc...
Le chômage de masse est une aubaine pour le patronat, finies les grèves dans les usines, d'ailleurs qui fait encore grève dans le privé ? Les ouvriers dont l'usine va fermer et les fonctionnaires. Plus de revendications salariales, merci les 35h qui ont amenés l'annualisation du temps de travail et le gel des salaires.