Coup de semonce la semaine dernière : non seulement nous devrions perdre notre AAA, mais en plus, nous sommes sans doute rentrés en récession au 4ème trimestre. Le signe de l’échec patent de la politique du gouvernement et de l’impasse européenne dans laquelle nous sommes.
Une répétition des années 1930
Ce n’est pourtant pas faute d’appels à éviter les erreurs du passé. Très tôt, Paul Krugman avait averti Barack Obama en invoquant les « cinquante Hoover », les cinquante gouverneurs qui taillaient dans les dépenses, compensant en partie le plan de soutien fédéral. Mais en Europe, malgré de nombreux économistes qui nous avertissent des dangers des politiques déflationnistes, les dirigeants politiques continuent à aller dans le mur, en klaxonnant.
Les politiques actuelles sont totalement absurdes. Certes, la situation financière des Etats est difficile, mais elle est aussi largement la conséquence de choix fiscaux aberrants, de la crise de 2008, provoquée par les excès de la finance, et de la privatisation de la création de la monnaie. Et les cures d’austérité actuelles accentuent le mal en cassant la croissance, augmentant le poids relatif de la dette, comme le souligne très justement Morad El Hattab dans son dernier livre.
En route vers la récession
Les dernières nouvelles économiques ne sont guère réjouissantes. Notre pays devrait donc connaître une récession entre la fin de cette année et le début de la prochaine. Et les nouvelles d’Europe ne sont guère meilleures, tous les pays de la zone euro semblant sombrer en même temps. La Grèce traverse la récession la plus profonde de son histoire puisque 2012 sera la 4ème année de recul de son PIB et l’immobilier y traverse également une crise très grave.
On constate également que la situation se détériore en Irlande. Bref, ces pays, comme le Portugal, démontrent bien que l’austérité sauvage ne mène qu’à la dépression. Pourtant, tous les pays européens semblent vouloir suivre le même chemin délétère, qui mène vers toujours plus de chômage et un pouvoir d’achat en berne. Pour conserver l’euro, les dirigeants européens semblent prêts au suicide économique. Et pendant ce temps, la rémunération des patrons grimpe de 17%...
Des alternatives existent !
Bien sûr, les grands partis font mine d’avoir compris la situation. François Bayrou propose d’« acheter français ». François Hollande reprend cette idée et évoque même une renégociation du traité européen. Laurent Wauquiez évoque le protectionnisme. Mais quel crédit donner à ces partis qui ont toujours su surfer sur les idées alternatives pendant les campagnes électorales avant de se couler dans le moule de la pensée unique une fois parvenus au pouvoir.
Les alternatives existent mais elles ne seront pas portées par le PS, l’UMP ou le Modem. Nous devons sortir de l’euro pour retrouver une politique monétaire adaptée à notre économie, mettre en place un protectionnisme intelligent comme l’a rappelé Nicolas Dupont-Aignan en déplacement vendredi dernier. Et nous devons reprendre le contrôle de la monnaie, comme le souligne un papier paru dans Libération, pour reprendre le contrôle de la création monétaire.
Bien sûr, le PS et le Modem vont faire mine de proposer une alternative à la politique délétère menée par le gouvernement, et ce dernier va essayer de faire croire qu’une seule politique est possible. Mais ce n’est pas vrai. Il y a des issues. Mais ils les refusent.
"Bêtement" ou monstrueusement? Heureusement que les Français sont des idéalistes, sinon, ils s'inquiéteraient. Que va-t-il se passer, extermination des pauvres, des riches, des derniers arrivés? Je persiste à croire qu'une Marine Le Pen forte dès 2012 est une nécessité pour que nous ayons un discours alternatif audible face à l'horreur européenne qui s'avance.
RépondreSupprimerPlutôt s'exciter un peu contre les immigrés pendant cinq ans que d'avoir des pays en voie de destruction.
L'INSEE considère que le ralentissement économique est du à l'épargne excessive. Mais on ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif, c'est à dire que si les salaires sont insuffisants, si la confiance dans l'avenir et dans un "ascenseur social" disparait, si les entreprises estiment qu'elles n'auront pas assez de débouchés, personne n'investira et les banques n'auront pas de demande pour les crédits qu'elles seraient prêtes à distribuer ... tout cela engageant un cycle néfaste de récession .
RépondreSupprimerLorsque le privé a peur, c'est au "public" d'engager, par ses commandes au privé, le cycle vertueux de la croissance, laquelle peut tout à fait être une croissance " écologique " (privilégiant les économies d'énergie et de matières premières). Mais on nous dit "l'Etat n'a pas d'argent!" ... c'est ce contre quoi je m'insurge car, outre la répartition fiscale, si l'Etat n'a pas d'argent c'est bien qu'il s'est interdit lui-même d'en créer (loi de 73, article 104 de Maastricht, article 123 de Lisbonne), en laissant au banques commerciales (majoritairement privées) non seulement le droit de créer de la monnaie privée mais aussi en leur donnant l'exclusivité totale de toute création monétaire.
Comme je l'ai déjà écrit plusieurs fois ici, une création monétaire ne "coûte" rien et n'est pas inflationniste lorsque les capacités de production (main d'oeuvre, outillage, friches, etc) sont loin d'être "au taquet" (actuellement les capacités de production sont en moyenne utilisées à 70%),et qu'il reste des besoins collectifs non satisfaits.
Par contre, et il faut en tenir compte, les "fuites" (déficit du commerce extérieur) finissent par accumuler la dette publique et la dette privée; l'équilibre des échanges extérieurs est d'une importance capitale.
D'accord avec A-J Holbecq. Il suffirait cependant de peu de choses pour déserrer la contrainte sur les déficits publics. Si la banque centrale s'engageait à financer les déficits publics en cas de besoin, la sécurité reviendrait et les bons du trésor redeviendraient la valeur-refuge qu'ils n'auraient jamais dû cesser d'être. Du coup le financement par la banque centrale n'aurait pas besoin d'être systématique.
RépondreSupprimerEn revanche le rééquilibrage du commerce extérieur est impératif, par dépréciation du franc et taxation des importations (sans doute une super taxe Tobin), car la relance économique produira mécaniquement des déficits commerciaux si l'on n'instaure pas des pare-feux préalables.
@ Jardidi
RépondreSupprimer"s'exciter un peu contre les immigrés" est malheureusement moins anodin que vous semblez le croire. D'abord parce qu'ils sont à 99 % profondément intégrés dans notre société, quoiqu'en disent les chasseurs de bouc-émissaires, et que s'"exciter" contre eux, c'est déchirer en profondeur le tissus social. Une nation se détruit quand elle persécute ses propres enfants - aujourd'hui les immigrés sont nos collègues, amis, conjoints, cousins, voisins... Et au delà des énoncés prudents du programme du FN, nombre de ses partisans auraient tôt fait d'en tirer les véritables conséquences.
Ensuite, l'option "chasse aux immigrés" évincerait la politique d'indépendance économique et de rétablissement de l'emploi. Car sa logique est toute autre : il s'agit d'orienter le ressentiment vers une partie de nos compatriotes au lieu de traiter les causes de la crise économique et sociale, qui sont bien le sous-emploi, l'assistanat et le déclin des services publics (police, justice, éducation). Les "immigrés" en sont les victimes, en rien les "causes".
Voilà pourquoi je ne croirai pas au discours "républicain" du FN tant que cette bombe antinationale figurera dans son programme.
@J Halpern
RépondreSupprimerje ne sais d’où vous sortez le chiffre de 99% d'immigrés bien intégré s'ils l’étaient ils seraient invisibles ; la population musulmane ne veut ni s’intégrer ni s'assimiler et elle le dit clairement ; ne pas l'entendre c'est avoir des boule quies dans les oreilles . Ce discours victimaire devient insupportable . La charia est totalement incompatible avec les lois de la Republique
Quelle importance aurait ce AAA si nous avions la possibilité de monétiser nos seuls besoins de trésorerie ? Quasiment aucun, car nous n'aurions quasiment aucun intérêt à payer.
RépondreSupprimerEn effet, entre 1995 et 2008, le solde des déficits primaires des APU, en euros constants, est de 6,5 Md€, c’est-à-dire d’une petite monétisation de moins de 500 millions d’euros par an (soit 4 jours d’intérêts de la dette publique actuelle)... peanuts!
Si on intègre 2009 et 2010, c'est un peu plus chaud: sur ces deux années nos besoins cumulés auraient été de 188 Md€... mais c'est moins que les dépôts en livrets A
Reste les besoins "privés" correspondants aux soldes des balances des transactions. Elles ne sont déficitaires que depuis 2005 et le cumul ne représente guère plus de 200 Md€ fin 2011 ; rien de tragique encore pour le moment, mais il faut réagir!
@red2
RépondreSupprimerLe pb des relances actuelles c'est qu'elles sont faites en régime de libre concurrence mondialisée. En clair ça revient à relancer pour le voisin qui fait de la rigueur. (l'Allemagne en Europe, la Chine à l'échelle mondiale)
Pour une relance qui engendre enfin un cercle vertueux de croissance auto entretenue il faudrait un minimum de protectionnisme qui permette une augmentation de la demande. Tant qu'on ne le décide pas tout cela ne mènera qu'en une augmentation inutile des déficits et une augmentation du trésor de guerre et des excédents chinois...
Il y a de l'eau dans le gaz en Hongrie :
RépondreSupprimerhttp://www.presseurop.eu/fr/content/news-brief/1305641-le-fmi-et-l-ue-claquent-la-porte
Olaf
Je ne dis pas que "s'exciter contre les immigrés" est anodin mais la régression sociale que nous prépare les européistes est infiniment plus grave. Les pauvres n'ont pas les moyens d'attendre que les républicains se réveillent.
RépondreSupprimer@J Halpern
RépondreSupprimer" déserrer la contrainte sur les déficits publics " est possible mais sans doute pas tant que nous ne pourrons pas éviter de comptabiliser les intérêts de la dette.
Quand au remboursement de cette dette, même si des calculs théoriques montrent que c'est possible, je pense qu'en fait ca ne l'est pas. Quel que soit le délai il est impossible de rembourser la dette; tout cela va se terminer à coup d'inflation, de grosse monétisation ou de défaut (ou des trois ensemble, ce sera plus facile).
@ Jardidi
RépondreSupprimer"la régression sociale que nous prépare les européistes est infiniment plus grave" ? Possible... Mais nous risquons hélas d'avoir l'un ET l'autre, la régression sociale ET le racisme. Cette question est un baril de poudre ; une fois que les passions se déchaînent là-dessus tout le reste passe au second plan - ce qui ménage au passage l'opportunité aux politiciens de poursuivre leurs accommodements avec la finance.
Le programme du FN est encore loin d'une doctrine républicaine stabilisée, ses alliances avec la "droite républicaine" le tireraient plutôt du côté du racisme que de la République, et les propos de ses partisans sont beaucoup moins rassurants que la "patte de velours" de Marine Le Pen...
Sur le lien d'Olaf
RépondreSupprimer" http://www.presseurop.eu/fr/content/news-brief/1305641-le-fmi-et-l-ue-claquent-la-porte "
C'est typique de nos oligarchies actuelle cette obsession de banque centrale indépendante...
Les europeistes sont des monétaristes maladifs !
Teo Neo
RépondreSupprimerLe principe d'indépendance de la BC est une réponse excessive à l'histoire de gouvernements qui ont abusé du pouvoir monétaire. Il me semble que Lordon fait des débuts de proposition pour avoir un pouvoir monétaire géré par les politiques élus.
On pourrait imaginer que le parlement vote les décisions de crédit à l'état par la BC...
Olaf
Il serait bon en effet que la création monétaire par l'Etat soit bien encadré. Mais l'essentiel est que la banque centrale ne soit plus confisquée par les intérêts capitalistes qui veulent logiquement que l'argent soit rare mais qu'il soit tourné vers le plein emploi.
RépondreSupprimerLundi 19 décembre 2011 :
RépondreSupprimerLa BCE pointe des risques accrus pour la stabilité financière.
La Banque centrale européenne (BCE) a averti lundi que les risques pesant sur la stabilité financière de la zone euro avaient considérablement augmenté au second semestre, alimentés principalement par les craintes de contagion de la crise de la dette et par des tensions sur le marché interbancaire.
Dans son rapport bi-annuel sur la stabilité financière, la BCE estime que dans le pire des cas, le monde pourrait retomber en récession, affaiblissant davantage des banques déjà fragiles.
"La crise du risque souverain et son interaction avec le secteur bancaire a empiré, dans le contexte de perspectives de croissance macroéconomiques affaiblies", lit-on dans ce rapport.
"Au final, la transmission des tensions entre souverains, entre les banques, et entre ces deux derniers s'est intensifiée pour prendre les proportions d'une crise systémique sans précédent depuis la faillite de Lehman Brothers il y a trois ans."
http://www.lesechos.fr/investisseurs/actualites-boursieres/reuters_00410079-la-bce-pointe-des-risques-accrus-pour-la-stabilite-financiere-265259.php
@ Jardidi
RépondreSupprimerUn, ce discours ne sera audible que par un quart de la population au mieux, ce qui est quand même dommage. Il faut qu'il soit audible par une majorité, et il faut donc qu'il soit porté par d'autres. La pensée unique ne souhaite rien d'autre que MLP vampirise le discours alternatif pour qu'il reste dans les marges de notre vie politique.
" S'exciter sur les immigrés" : c'est un bon résumé de ce que fait le FN. Et ils ne sont pour rien dans notre situation.
Les français (notamment les pauvres) ont besoin que les alternatifs arrivent au pouvoir. Avec MLP, ils resteront dans l'opposition.
@ A-J H
Complètement d'accord. Il faut que je travaille sur le 100% money pendant les vacances.
@ J Halpern
D'accord également.
@ P. Lamy
Je partage le point de J Halpern. Ce n'est peut-être pas 99%, mais largement plus de 90%.
@ Red 2
D'accord
@ Olaf
Merci pour l'info.
Très bonne idée que le vote par le parlement des crédits de la BCE : cela créerait de la transparence et de la responsabilité.
Je ne sais toujours pas de quel chapeau nous sortons ce 99% ou meme 90 % ; ce que je sais c'est que nous avons fermé la cocotte minute et bloqué la soupape . Une certaine goche bobo a délibérément choisi d'accepter les comportements sectaires en faisant passer ceux qui les dénoncent pour des racistes peut être pour des raisons électoralistes en abandonnant les ouvriers et les classes moyennes qui sont des gens qui risquent de penser un peu donc de mal voter avec les sectaires pas de problème . Donc je le répète si nous ne prenons pas ce problème en main par peur d’être taxé de racisme (terme galvaudé par les biens pensants) d'autre le ferons ; ne laissons pas le FN gagner les élections sur ce sujet juste par révérence aux bisounours
RépondreSupprimer@Laurent
RépondreSupprimerEn plus des docs que tu as surement (Fisher, Allais, Gomez, moi) , je te suggère cet article de Sylvie Diatkine
« La monnaie à l’abri des prêts » : le plan de I. Fisher (1935) à l’origine des propositions
de « narrow banking »
http://www.univ-orleans.fr/deg/GDRecomofi/Activ/diatkine_birmingham.pdf
Pour les nostalgique du FRANC ( non je ne suis pas en plus royaliste)
RépondreSupprimerhttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b7700452p
Le franc à cheval, ordonné le 5 décembre 1360, marque le retour à la bonne monnaie. Il est fabriqué suite à l'impôt spécial levé pour payer la rançon du roi, suite à la paix de Brétigny du 8 mai 1360. Jean II devait verser une rançon de 3 millions d'écus d'or pour être libre (franc). C'est la première monnaie exprimée en franc, elle équivaut à une livre tournois. Jean II ne pouvant régler la totalité de la rançon, il se constituera prisonnier en janvier 1364 et mourra captif le 8 avril suivant.
Bon diagnostic, qui aurait pu être plus sévère envers le système bancaire. Par contre du coté des alternatives à part le "sortir de l'euro", "le protectionnisme" et "vive Nicolas
RépondreSupprimerDupont-Aignan" c'est maigre. De plus il n'y a pas que NDA qui propose des solutions radicales pour sortir du cadre (NDA le souhaite t-il ?),au hazard : le Front de Gauche, les restes du NPA, un peu de CHe aussi. De toutes façons le néo-libéralisme se tire les dernières cartouches en son sien ... risque d'implosion imminent.
Un peu en dehors du sujet, mais conclusion de Quatremer au sujet du nouveau traité:
RépondreSupprimer//La première mouture du traité, préparée par les services de la Commission et du Conseil des ministres, a été envoyée aux États membres vendredi. Il prévoit de durcir la discipline budgétaire en introduisant dans les législations nationales (sous la surveillance de la Cour de justice européenne) les contraintes du Pacte de stabilité et de croissance (un déficit budgétaire ne pouvant excéder 3 % du PIB) et obligeant les États à réduire de 5 % par an la partie de leur dette excédant 60 % du PIB. Les États qui seront en déficit excessif seront placés sous tutelle de la Commission et de l’Eurogroupe. Les programmes de levées de dettes, déficit excessif ou non, devront aussi être soumis à Bruxelles. Les sanctions financières ne pourront être bloquées que par une majorité qualifiée d’États membres. Enfin, la convergence économique y compris sous forme de coopérations renforcées (notamment dans le domaine fiscal) sera renforcée.
L’innovation majeure de ce traité est de faire sauter le verrou de l’unanimité : il entrera en vigueur dès que neuf États de la zone euro l’auront ratifié et s’appliquera uniquement à ceux qui l’auront ratifié (sauf en ce qui concerne les sommets bisannuels de la zone euro qui auront lieu quoiqu'il advienne).//
Ouh là là, qu'est-ce que les articles sont orientés à droite ici... Les titres mêmes sont tels qu'on devine que seuls les gens déjà d'accord avec les opinions émises restent sur le site (ie: aucune influence sur un individu hésitant).
RépondreSupprimerBon, je signale quand même la récente lecture d'un livre de de Gaulle - mais en le voyant plutôt sous un angle historique.
http://www.mapiledelivres.org/dotclear/index.php?post/2011/12/21/Vers-l-arm%C3%A9e-de-m%C3%A9tier%2C-de-Charles-de-Gaulle
(eh sinon la photo de Laurent est très bien, et j'espère que l'année 2011 te fut fructueuse).