La semaine dernière, François Hollande s’est opposé au traité européen, publiant dans le Monde une tribune expliquant sa position. Nicolas Sarkozy, lui, a enfourché le débat sur la désindustrialisation en défendant la production française. Deux postures qui sont des impostures.
La posture alter-européenne de François Hollande
Il faut absolument lire la tribune du candidat socialiste dans le Monde. Elle sera une pièce à conviction importante de ses reniements s’il vient à être élu. Le constat que fait le candidat socialiste sur le dernier traité européen n’est pas inintéressant. Il souligne les failles de cet accord, qui apparaissent plus béantes tous les jours. Il dénonce son caractère « punitif » et « la généralisation de l’austérité », un constat que je partage volontiers, comme je l’écrivais pas plus tard qu’hier.
Il souligne que rien ne sera possible sans croissance et dénonce même le caractère anti-démocratique du plus grand rôle qui serait donné à la Cour Européenne de Justice. Le candidat socialiste propose donc d’utiliser les moyens de la Banque centrale européenne, « dans le respect de son indépendance ». Voilà une déclaration digne d’un hiérarque soviétique. La BCE ne veut pas intervenir. Les traités l’interdisent mais il faudrait le faire, tout en respectant son indépendance !
Bien évidemment, François Hollande évoque les « euro obligations », ce sésame magique qui résoudrait tous nos problèmes. Mais non seulement cette mise en commun des dettes souveraines n’arrangerait rien à la situation et créerait de nouveaux problèmes insolubles de gestion de ces dettes, comme l’a provoqué la mise en commun de nos monnaies, mais une telle proposition est totalement inacceptable en Allemagne car elle consiste à demander une caution de 4000 milliards d’euros à Berlin.
La posture protectionniste de Nicolas Sarkozy
Mais le Parti Socialiste n’a pas l’exclusivité de l’audace politicienne. Nicolas Sarkozy, sans doute le champion dans le domaine, a osé faire un déplacement sur le thème du « produire en France ». Il faut vraiment être sans gène pour s’exhiber de la sorte, après Gandrange et devant la minceur de son bilan dans le domaine. De manière anecdotique, pour essayer de contrer politiquement ses adversaires, il parle de « produire » en France et non « d’acheter français »...
Nicolas Sarkozy dit qu’il aime l’industrie. Mais qu’a-t-il fait depuis 5 ans ? Il a laissé Renault délocaliser massivement sa production sans broncher malgré les 15% de l’Etat au capital. Car paradoxalement, PSA conserve encore 40% de sa production dans l’hexagone quand l’ancienne Régie est tombée à seulement 25% (et encore, en ne prenant pas en compte Dacia). L’entreprise dans laquelle l’Etat a des parts a bien plus délocalisé que Peugeot et Citroën !
Nicolas Sarkozy est aussi le président qui aura vu une envolée spectaculaire de notre déficit commercial, qui bat tous les records et illustre bien la désindustrialisation massive des dernières années. Bref, son bilan est calamiteux sur ce sujet. Bien sûr, il y a quelques idéologues néolibéraux obtus et coupés de la réalité pour vanter cette « destruction créatrice » froide et inhumaine, sans se soucier des conséquences humaines en matière de chômage.
Bref, les deux principaux candidats à la présidentielle continuent leur numéro d’intox communicante. Le président sortant aura plus de mal car il a un lourd passif que nul ne pourra ignorer. Ce sera bien le principal avantage de François Hollande.
Ces individus ont tous les culots mais pourquoi se gêner tant que cela marche ; dans ma famille certains qui ont voté Sarkozy en 2007 vont voter Hollande et me regardent avec les yeux rond quand je dis que c'est bonnet blanc blanc bonnet j'ai peur d'avoir encore 5 ans d'umps ; mais courage ne fuyons pas !
RépondreSupprimerN'oublions pas le "produire français" de Bayrou, les positions protectionnistes de Wauquiez, la sortie de Estrosi sur le traité de Maastricht, source de tous nos problèmes... voir même la déclaration de Mélenchon affirmant que Chevènement avait raison ! C'est formidable de voir toute la classe politique faire la campagne des républicains. Ils croient refaire le coup de la campagne de 2007 ou de 1995 en étant élu sur un discours souverainiste et réformateur pour appliquer la politique eurolibérale. Ils oublient juste que nous serons en 2012, après la crise des subprimes, celle de l'euro, et en pleine récession. Le proverbe "on a les politiques que l'on mérite" n'aura jamais été aussi faux.
RépondreSupprimerPendant la Révolution Culturelle chinoise, cela s'appelait "agiter le drapeau rouge pour combattre le drapeau rouge". La première vertu de l'européisme pour ces gens là a toujours été de permettre d'abandonner les promesses électorales "pour sauver l'Europe". Le seul et unique engagement qui vaille serait celui d'accomplir unilatéralement ce que l'"Europe" ne fera pas.
RépondreSupprimer"Produire français" ? Très bien mais alors il nous faut un taux de change réaliste et certaines mesures de protection. Décidons-le et nous pourrons produire français. Monétiser la dette publique ? Fort bien mais que se soit une mesure immédiate de la Banque de France, pas une supplique à l'Allemagne. Relancer la production et l'emploi ? Quel plan de relance, et avec quelles protections commerciales et financières pour la France. Si cette politique fait des émules en Europe, il sera toujours temps de la coordonner.
Dans la série : la fin du Monde en 2012, lire Krugman : La Chine va-t-elle s'effondrer? http://www.rtbf.be/info/chroniques/chronique_la-chine-va-t-elle-s-effondrer-paul-krugman?id=7268593&chroniqueurId=5032403
RépondreSupprimerje me pose la question nous trouvons des chemises fabriqué en France de qualité ( par exemple dzhary de chez Coillard )vendu en supermarché ( intermarche) a moins de 20 euros comment font ils ?
RépondreSupprimerSur la Chine comme le dit Krugman il est difficile de savoir ce qui s'y passe réellement ; qu'en est il de leur armement 80 ou 3000 tètes nucléaires ? Le reste a l'avenant
@ Tous
RépondreSupprimerJe partage vos points. C'est assez incroyable. Je crois que la deuxième phase de la campagne, quand les temps de parole seront équilibrés, pourrait être très intéressante.
@ J Halpern
Merci pour le lien. Il faut que je lise.
http://blogs.telegraph.co.uk/finance/ambroseevans-pritchard/100013558/you-are-all-wrong-printing-money-can-halt-europes-crisis/
RépondreSupprimerOlaf
@Patrice Lamy
RépondreSupprimerD'accord. Hélas, trois fois hélas les évènements progressent comme je l'avais supposé : les européistes de service des Modem, UMP et PS reprennent à leur compte les propositions protectionnistes des souverainistes. Du moins en apparence. Car, je suis d'accord avec LP, leurs déclarations à l'emporte pièce sont contradictoires par rapport à la politique européenne qu'il soutiennent par ailleurs.
Mais cette stratégie astucieuse a de forte chance de réussir : comment l'électeur lambda va t-il distinguer le vrai du faux ? Il ne comprendra pas en quoi NDA, partisan du made in France se démarque de Niolas Sarkozy ardent défenseur du produire français.
Ce que je veux dire, c'est que ce débat pointu demande une attention et une disponibilité au delà des capacités de l'électeur moyen (la grande masse des électeurs).
Au final je suis OK avec Patrice Lamy : ce sera l'UMPS pour 5 années supplémentaires jusqu'en 2017 !
avez vous lu :
RépondreSupprimerNDA "en voie de lepénisation" : il veut donner la parole au peuple !
http://www.wikistrike.com/article-quand-nicolas-dupont-aignan-un-excite-dangereux-pour-la-democratie-video-75055515.html
quand nous entendons les intervenantes cela fait peur !
Voir aussi Caroline Derrien et ses amalgames douteux dans les Echos
RépondreSupprimerhttp://www.lesechos.fr/economie-politique/politique/actu/0201805046306-nicolas-dupont-aignan-candidat-a-99-265963.php