mardi 17 janvier 2012

AAA ou le triple échec de Nicolas Sarkozy


Vendredi soir, Standard & Poor’s a annoncé la dégradation de la note de la France et d’autres pays européens. Par delà ce jugement à contretemps et le placement réussi de 8,59 milliards d’euros de bons du trésor, il signe un triple échec pour l’action du gouvernement et du président.

Un échec de communication

Comme le rapporte Le Parisien, le président avait pourtant fait de la conservation du précieux sésame des agences de notation un élément clé de son bilan, allant même jusqu’à dire « si on perd le AAA, on est mort ». Comme souvent, Nicolas Sarkozy a trop parlé, sans se soucier des conséquences à long terme. Bien sûr, le gouvernement et ses soutiens, comme Alain Minc, ont beau jeu de parler d’injustice en soulignant que l’objectif de déficit pour 2011 est plus qu’atteint.

Mais il est proprement sidérant de voir le premier ministre François Fillon riposter à François Hollande en lui proposant de faire noter son programme par les agences de notation. Comment un ancien séguiniste peut proposer à un candidat à l’élection présidentielle de passer son programme sous de telles fourches caudines ? Même Alain Madelin n’avait pas osé une telle perversion de la démocratie qui revient à placer la politique sous les ordres des marchés !

Un échec de plus au bilan

La lecture du jugement de l’agence montre que le problème est ailleurs. Il est double. Tout d’abord, les perspectives de croissance se sont fortement dégradées, ce qui pose bien entendu le problème de la solvabilité de la France. Ce n’est pas la même chose de rembourser une même dette avec 2% de croissance par an ou avec 1% ou moins. Pour le coup, le jugement de Standard & Poor’s n’est pas injuste et correspond à un véritable changement de circonstances.

L’autre point mis en avant est que, contrairement aux fables racontées à l’occasion de chaque sommet européen, la stabilité de la zone euro est toute sauf acquise. Les négociations sur la restructuration de la dette grecque sont au point mort et la France est caution de 159 milliards d’euros dans le FESF. Il n’est donc pas injuste d’en prendre compte. Enfin, les leçons de rigueur de Nicolas Sarkozy sont à relativiser par le rapport sévère que la Cour des Comptes avait émis début 2010.

Un échec dans les solutions

Mais ce qui est très intéressant ici, c’est surtout de constater à quel point le président n’a aucune véritable solution. Comme le soulignent les agences, une austérité sauvage n’est pas la solution, car, en dégradant l’économie, elle annule quasiment tout l’effet des plans de hausses d’impôt ou de coupes de dépenses, comme on le voit bien en Grèce, en Espagne ou au Portugal. C’est pourquoi l’objectif d’équilibre budgétaire en 2016 de François Bayrou est totalement suicidaire.

La solution, comme l’a bien expliqué Paul Krugman, consiste à lever en partie la contrainte budgétaire, pour ne pas casser la croissance, contrairement à ce qui est fait en Europe, en monétisant. En effet, la France serait protégée de l’avis des agences (voir même potentiellement mieux notée), si elle pouvait monétiser en partie sa dette (en revenant sur la loi de 1973 et l’article 123 du traité de Lisbonne). Paradoxalement, les investisseurs n’auraient plus à craindre un défaut…

Comme souvent, l’artificier de l’Elysée se prend les pieds dans ses annonces. Il a beaucoup joué sur la notation de la France, et une agence vient de faire de lui le premier président à perdre notre AAA. Une nouvelle pièce au dossier de son bilan calamiteux.

12 commentaires:

  1. j'ose croire qu'en parallèle à un accord de rigueur budgétaire au niveau européen, sarko va négocier une monétisation de la dette, les 2 allant de pair me semble-t-il.
    sinon la dette deviendra ingérable.
    en plus ça ferait baisser l'euro ce qui serait une bonne chose pour nos exportations.
    si les teutons refusent, ce serait incompréhensible, à moins qu'il soient dans une logique totalement égoiste où ils tirent leur épingle du jeu sur le dos des autres.
    qu'en pensez-vous ?

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  2. La note du FESF vient aussi d'être dégradée, sauf erreur de ma part...
    Sancelrien

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  3. il n'y a pas UNE note mais DES notes ; quelles sont les notes des agences de notation ?

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  4. François Fillon a d'autant plus vite oublié son "séguinisme" que son mentor s'est couché devant l'oligarchie depuis près de 20 ans. C'est pourquoi elle lui a d'autant plus rendu hommage il y a 1 an lors de sa mort.
    Après sa semi-victoire contre le traité de Maastricht en 1992 Philippe Seguin avait fondé le Rassemblement pour une Autre Politique (le R.A.P.) qu'il a liquidé sans scrupules après la victoire de Jacques Chirac en 1995 non pas pour un poste de Premier Ministre mais pour un simple poste honorifique de Président de l'Assemblée Nationale. Je suis bien placé pour en parler parce que j'ai fait parti du RAP après avoir soutenu François Mitterrand pour, ne t'en déplaise, sa stature d'Homme d'Etat. A ce propos je t'invite à lire le livre d'un ancien conseiller de Mitterrand intitulé "le Lys et la Rose" ou Mitterrand et le Comte de Paris 1986-1996.
    Les gaullistes sont oublieux du caractère monarchique de la Vè République ce qu'ils ont détruit par la quinquennat.

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  5. J'aurai du dire les pseudo-gaullistes!

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  6. Natixis ( http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=61893 ):
    " Le Quantitative Easing par la liquidité des banques (inefficace), le Quantitative Easing par la liquidité des ménages (efficace)
    RECHERCHE ECONOMIQUE
    Rédacteur :
    Patrick ARTUS
    On observe aujourd’hui des signes multiples de reprise cyclique de l’économie américaine : consommation, emploi, commandes de biens durables, permis de construire, perspectives de production, confiance des ménages… Nous pensons que, au point de départ de cette reprise, il y a l’injection de liquidités dans les comptes des ménages américains par le QE2, qui déclenche la désépargne des ménages.
    A l’inverse, lorsque le Quantitative Easing se résume à injecter des liquidités dans les comptes des banques (ce qu’on voit aussi aux Etats-Unis, dans la zone euro, au Royaume-Uni, au Japon), aucun effet sur l’économie n’apparait en l’absence de demande de crédit.
    Ce serait donc la liquidité des ménages qui serait l’instrument efficace de la politique monétaire en situation déflationniste."

    Il n'y aura de toute façon jamais , dans aucun pays, de remboursement substantiel de la dette publique, même si "techniquement" c'est possible par monétisation de 100 Md€/an affectés au paiement des intérêts et au remboursement d'une partie du capital.

    Alors effectivement, comme le propose Natixis, il faut relancer la consommation par la monétisation, surtout compte tenu des taux de chômage actuels.

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  7. @ A-J H

    Merci pour ce point

    @ Cording

    Philippe Séguin a entretenu la flamme du gaullisme. Un grand service à mes yeux (je lui dois ma construction idéologique il y a 20 ans). Bien sûr, certains de ces choix peuvent paraître contestables, mais je crois qu'il a fécondé l'avenir, comme le font les grands hommes.

    Sur Mitterrand, si je veux bien admettre qu'il respectait certaines traditions, le reste de son bilan est tellement calamiteux à mes yeux.

    @ Patrice,

    En effet, il y a trois notes qui comptent : S&P, Moody's et Fitch.

    @ Sancelrien

    C'est juste

    @ Anonyme

    Nicolas Sarkozy n'obtient généralement pas grand chose de l'Allemagne et Berlin ne veut pas monétiser car cela reviendrait à "récompenser" les plus laxistes. Au pire, Berlin pourrait accepter un peu de monétisation, mais contre plus de rigueur budgétaire...

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    1. A écouter (quelques minutes) Zemmour http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=9oBAPGQr5TI

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  8. Le risque caché : si la Grèce sort de l’euro, c’est l’Allemagne qui explose en premier !

    Le débat fait rage chez les économistes allemands. La Bundesbank, qui possède 465 milliards d’euros de créances sur l’Eurosystème, est de plus en plus exposée à l'éclatement de la zone euro.

    http://www.atlantico.fr/decryptage/risque-sortie-grece-euro-explosion-bundesbank-dette-allemande-eurosysteme-philippe-herlin-269086.html

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  9. cela aitait normale avec un charlot comme le president

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  10. Vendredi 20 janvier 2012 :

    Portugal : taux des obligations à 2 ans : 15,271 %.
    Portugal : taux des obligations à 5 ans : 18,350 %.
    Portugal : taux des obligations à 10 ans : 14,617 %.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GSPT10YR:IND

    Le Portugal traverse "un moment réellement critique."

    Le Premier ministre portugais a admis vendredi que son pays, sous assistance financière, traversait "un moment réellement critique", espérant toutefois qu'il pourrait enregistrer en 2012 un excédent commercial alors qu'il mise sur les exportations pour relancer son économie.
    "Nous traversons un moment critique, qui entraîne un climat d'instabilité et d'insécurité sur l'avenir de l'Europe et par conséquent du Portugal", a dit Pedro Passos Coelho lors d'un débat au parlement.
    Le Premier ministre a évoqué en particulier des "nouvelles problématiques" venues "de Grèce ou d'une agence de notation".
    L'agence américaine Standard and Poor's a dégradé récemment la note de neuf pays européens, ramenant celle du Portugal au niveau des investissements spéculatifs, une décision jugée "infondée" par le gouvernement portugais.

    (Dépêche AFP)

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  11. - Au début, les bisounours disaient : "Ne vous inquiétez pas. La Grèce pourra rembourser toute sa dette."

    - Ensuite, les bisounours ont dit : "Ne vous inquiétez pas. La Grèce pourra rembourser PRESQUE toute sa dette."

    - Ensuite, les bisounours ont dit : "Ne vous inquiétez pas. La Grèce pourra rembourser une grande partie de sa dette. Les banques et les assureurs européens ne subiront qu'une petite décote de seulement 21 %."

    Les dirigeants de la zone euro se sont mis d'accord le 21 juillet sur un deuxième plan d'aide à la Grèce d'un montant total de 109 milliards d'euros. Le secteur privé, détenteur d'obligations souveraines grecques, sera mis à contribution à hauteur de 37 milliards d'euros. L'accord prévoit que les banques et assureurs européens subiront une décote de 21 % sur la dette grecque qu'ils détiennent.

    http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2011/07/28/97002-20110728FILWWW00455-grece-les-banques-proposent-15mds-d.php

    - Ensuite, les bisounours ont dit : "Ne vous inquiétez pas. Les banques et les assureurs européens ne subiront qu'une décote de 40 %."

    - Ensuite, les bisounours ont dit : "Ne vous inquiétez pas. Les banques et les assureurs européens ne subiront qu'une décote de 50 %."

    - Aujourd'hui, les bisounours ne savent pas de combien sera la décote.

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