De notre côté de l’Atlantique, les pays de la zone euro s’enfoncent dans la récession en suivant des plans d’austérité sans issue. De l’autre, la croissance semble s’accélérer comme le montre le niveau des créations d’emplois. Une nouvelle illustration des erreurs de politique économique de l’Europe.
Les difficultés passent l’Atlantique
Au printemps, aux Etats-Unis, la crainte était que le pays rentre à nouveau en récession alors que l’Europe pavoisait avec les bons chiffres de croissance du premier trimestre, malgré les hoquets de la crise de la zone euro. Finalement, ce n’est pas arrivé. Après de longs mois de stagnation de l’emploi, le moteur économique du pays semble repartir avec une création de deux cent mille emplois en décembre, et un taux de chômage retombé à « seulement » 8.5%.
Bien sûr, il ne s’agit pas ici de dire que les Etats-Unis sont un modèle en tout, loin de là. La baisse du taux de chômage doit en partie au fait qu’une partie des demandeurs d’emplois renoncent tout simplement à chercher un travail. En outre, le modèle étasunien a d’immenses limites et cette reprise ne résoudra rien aux problèmes de fond de ce pays. En outre, plane toujours le risque de coupes budgétaires massives si les démocrates et les républicains ne s’entendent pas.
Reprise économique outre-Atlantique
En revanche, si les politiques arrivent à être raisonnables, il y a des chances que les Etats-Unis reprennent le chemin de la croissance pour quelques temps. Tout d’abord, la productivité est en forte de croissance, de plus de 2% par an. Et paradoxalement, comme je le soulignais il y a plus de deux ans, la violence de la crise passée fait que cela favorise la reprise après coup. En effet, le marché automobile s’est tellement effondré que le rebond est quasiment mécanique.
En effet, étant encore loin de son pic de 2007, il a encore du potentiel de croissance. Mieux, le marché immobilier semble avoir touché son point bas, ce qui devrait créer des réserves de croissance pour les années à venir. Enfin, la Fed est fermement décidé à soutenir l’activité (ce qui fait partie de son mandat) et le gouvernement n’a pas hésité à recourir aux déficits pour relancer la croissance. Bref, il y a une forte conjonction de faits pour soutenir l’économie étasunienne.
L’impasse européenne
De l’autre côté de l’Atlantique, comme le montre la dernière note de Patrick Artus pour Natixis, la zone euro s’enfonce dans la dépression. Il y a un an, la croissance devait accélérer en 2012. Au final, ce sera sans doute l’année de la rechute. Bien sûr, on prévoit un rebond en 2013, mais il est à peu près aussi crédible que le rebond qui était envisagé il y a un an pour 2012… Et la crise sans fin de la zone euro pénalise fortement la croissance en imposant des plans d’austérité.
En effet, comment imaginer la moindre reprise dans une zone où l’austérité s’impose partout avec des hausses d’impôt et des coupes de dépenses publiques qui cassent une croissance qui était déjà faible ? Et la BCE réserve ses aides au seul secteur bancaire. Et paradoxalement, le fait que les marchés européens automobiles et immobiliers aient beaucoup mieux résisté qu’aux Etats-Unis (à part en Espagne), laisse moins de réserve de croissance pour les années à venir.
Bref, comme le souligne depuis longtemps Joseph Stiglitz, les pays européens s’enferment dans des politiques qui ne mènent qu’à la dépression économique. Nous allons dans le mur, beaucoup l’annoncent depuis des années, mais les dirigeants européens continuent, pour sauver l’euro.
Ces divergences ne mènent a rien dans un cas comme dans l'autre si d'un coté le marché doit s’être effondré pour qu'il y ai rebond ou une croissance atone permanente de l'autre qui gagne in fine ?
RépondreSupprimerQue pensez vous des propos d'Olivier Delamarche sur BFM TV du 27/12/2011
http://www.youtube.com/watch?v=0aEyG2kMxPY