Après un premier texte sur la nationalisation de la banque de France, puis un autre sur les erreurs de politiques monétaires, un troisième sur la gouvernance de l’UEM, un quatrième sur la financiarisation de l’économie, voici un papier de juin 1998 publié dans Quai des Plumes
En 1989, la chute du mur de Berlin a été perçue comme une victoire de la démocratie contre le totalitarisme communiste. Mais c’était aussi la victoire d’un système libéral, qui, poussé dans ses ultimes retranchements peut se retourner contre la démocratie.
Une logique libérale extrémiste
Les vrais libéraux ne reconnaissent que le marché comme compétent pour les grands choix économiques. En France, même Alain Madelin reste très « dirigiste » par rapport aux théoriciens du tout libéralisme. Tony Blair n’est pas moins libéral que lui. C’est ce libéralisme intégral qui est la logique des négociateurs de l’AMI. Et cette logique dépasse de loin des Reagan et Thatcher qui restaient (presque) dans une logique d’Etat interventionniste.
L’AMI, qu’est ce que c’est ?
L’AMI est une négociation qui se passe au sein de l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE, le club des 29 pays les plus riches du monde), visant à promouvoir une libéralisation des investissements. Ce projet ne porte pas tant sur le commerce que sur les mouvements de capitaux, financiers ou productifs. Le but de cette négociation est de sécuriser les investissements des grandes multinationales et des grands fonds de placement contre les décisions les affectant.
Quel rapport avec la démocratie ?
La seule façon de sécuriser les multinationales et les fonds d’investissement contre des décision les affectant est de créer un statut international pour ces entités. Et les seuls « dangers » pour eux sont les décisions des Etats qui les pénalisent : augmentation des impôts, restrictions commerciales, préférence nationale ou communautaire… Le but de l’AMI est de mettre sur un pied d’égalité les multinationales avec les Etats. Le pouvoir de l’argent et du marché serait ainsi reconnu comme supérieur à celui de la démocratie.
Quelles conséquences pour les Etats ?
Il ne serait plus possible de créer des préférences nationales ou européennes : adieu la politique française de soutien à notre cinéma ! Adieu les quotas audiovisuels ou radiophoniques ! De même, il serait impossible de réserver un traitement de faveur aux salariés d’une entreprise privatisée ou même aux nationaux, comme cela est fait actuellement. En fait, la dictature du marché serait même placée au-dessus des Etats puisque le projet actuel voudrait surtout créer des devoirs pour les Etats à l’égard des multinationales et des fonds de placement. Toyota ou Ford seraient ainsi dans la possibilité de racheter Renault et PSA sans que nous puissions dire quoi que ce soit !
Comment cela pourrait-il fonctionner ?
Une institution multinationale serait instituée au-dessus de l’autorité des Etats pour trancher les conflits entre les multinationales ou les fonds d’investissement et les Etats. Cette institution serait à l’abri de tout contrôle démocratique, naturellement. Voici un futur radieux qu’on nous dessine : un club de quelques multinationales et fonds de placement serait dans la capacité de mener une douce dictature sur la planète sans le moindre contrôle. Les hommes politiques ne seraient que des pantins par comparaison à cette institution toute puissante.
Suite demain
Intéressant et ça me n'étonne pas! Merci de mettre à l'avant!!!
RépondreSupprimerC'est quelque part l'origine de la schizophrénie politico-économique ou on se perd dans l'intérêt virtuelle de l'économie et l'économie réelle/direct, laquelle qui intègre l'individu dans l'économie et démocratie.
Avec une sense d'humour et clin d'oeil, aujourd'hui pour survivre on doit être "collabo" du système.
Après la chute de la Mur de Berlin, la prochaine mur à tombé c'est celle du capitalisme. Mais ce mur est "invisible" il se trouve dans notre psyche et difficile à faire tomber! C'est seulement la révolution de conscience qui est capable de fair tomber ce mur en nous même.
Mais ce n'est pas facile parce que un manière au l'autre on dépend de cette système. Mettre en cause ce système, veut aussi dire on met en cause nous même.
http://www.sillonbelge.be/fr/article/miel-contamine-la-commission-europeenne-envisage-un-subterfuge-legislatif/13064.aspx#.TxPaieuXimg.facebook
RépondreSupprimerpetit aperçu du fonctionnement de l'ue
Qu'est devenu ce projet de ploutocratie mondiale ?
RépondreSupprimerhttp://www.liberation.fr/economie/0101243508-six-mois-de-suspension-pour-l-ami-l-ocde-a-plie-devant-la-colere-des-opinions-europeennes-contre-le-projet-d-accord
@ Peter
RépondreSupprimerTrès juste. Je vous conseille vivement le livre de Jacques Généreux "La dissociété" qui analyse pourquoi nous restons enfermés dans ce "dilemne du prisonnier"... Faudra-t-il attendre que le néolibéralisme s'auto-détruise pour en sortir ?
@ TeoNeo
Merci