Depuis deux ans, l’Europe multiplie les traités et les fonds pour essayer de faire fonctionner la monnaie unique. Après le MES, une sorte de FMI européen post démocratique de 700 milliards d’euros, les dirigeants européens devraient signer le TSCG la semaine prochaine…
La camisole budgétaire européenne
Je vous invite à lire l’excellente tribune de Jean-Pierre Vespérini, qui fait un sort au TSCG, le « pacte budgétaire ». Il s’agit de limiter à 0,5% le déficit budgétaire structurel des Etats qui le signent. Seuls le Royaume-Uni et la République Tchèque le refusent pour l’instant, ce qui ne lui donnera pas le statut officiel de traité mais de simple accord. A côté, le traité de Maastricht, qui imposait un déficit budgétaire de 3% du PIB maximum, apparaît comme presque laxiste… C’est dire !
Jean-Pierre Vespérini souligne d’abord « qu’il est rarement justifié ou recommandé de vouloir maintenir une variable économique constamment à même valeur ». Il souligne que ce traité ôte la souveraineté budgétaire à des pays qui ont déjà abandonné leur souveraineté monétaire, laissant les Etats totalement désarmés. Il critique le fait que cela devrait pousser des politiques pro cycliques en cas de crise puisque cet accord pourrait imposer l’austérité en pleine récession.
En réalité, cela accroît le mal, comme cela se passe en Grèce. Il critique également le fait même de viser un équilibre budgétaire strict, qui risque de nous empêcher d’investir pour l’avenir. Il souligne que les règles actuelles s’expliquent par « le souci de l’Allemagne de payer le moins possible pour sauvegarder l’euro ». Enfin, il soutient que ce pacte va semer la discorde entre les peuples européens, comme on le voit entre la Grèce et l’Allemagne, et qu’il va prolonger la crise.
Le château de carte européen
Pierre Khalfa, coprésident de la fondation Copernic a également fait un très bon papier sur le MES et le TSCG. Il dénonce les mécanismes du MES, qui consistent à mettre sous la tutelle de la troïka technocratique les pays qui y ont recours. Mais il critique aussi vertement le TSCG en affirmant que c’est « Maastricht au carré ». Il souligne que c’est la Commission Européenne qui sera chargée de calculer le déficit structurel, exercice pourtant hautement subjectif.
Pire, comme l’avait très bien expliqué Frédéric Viale, d’Attac, ces traités sont profondément anti-démocratiques et représentent bien un énorme transfert de souveraineté, quelque soit ce qu’en dit Henri Guaino, qui a du mal à sortir du roman présidentiel qu’il a écrit. En effet, les sanctions proposées par la Commission sont bien plus automatiques que celles que l’ancien Pacte de Stabilité, puisque seule une majorité qualifiée des Etats peut s’y opposer. En clair, une simple majorité d’Etats ne pourra rien bloquer, défiant toutes les règles élémentaires de la démocratie.
Pierre Khalfa évoque Naomi Klein en affirmant : « il s’agit pour les classes dirigeantes de se saisir de l’occasion pour remettre en cause frontalement les droits sociaux qui avaient été concédés auparavant et qu’elles n’avaient pas encore réussi à éradiquer. La crise, produit des politiques néolibérales, (…) parachève le modèle néolibéral ». Vous trouverez également sur le blog Contre la Cour, de Magali Pernin, une analyse très détaillée de l’ensemble de ces traités.
Bonjour Laurent,
RépondreSupprimer--> Concernant les droits sociaux :
Naomi Klein n'est pas la seule à faire ce constat, et pour compléter votre excellent papier je citerai 2 extraits de "La Démondialisation" de Jacques Sapir :
- Derrière les discours sur la « contrainte extérieure » puis sur la « solidarité européenne », se cache le projet très construit de revenir sur les principales conquêtes sociales des années 1950 et 1960.
- On peut ainsi constater que le processus d'élargissement de l'Union européenne ne s'est révélé ni profitable aux populations des pays de «l’Europe de l'Est » ni, bien entendu, à celles de nos pays. On ne peut donc pas parler d'un choix altruiste pour le justifier. Ce processus ne prend sens que si on le conçoit comme la matérialisation de la volonté des élites de casser le modèle social ouest-européen en le soumettant très brutalement à la concurrence de ces nouveaux entrants.
Je suis inquiet, même très inquiet de constater les mêmes conclusions par de plus en plus d'économistes.
--> Concernant l'euro
Je suis convaincu que l'euro monnaie unique a aussi pour but d'aligner sur le moins disant tous les pays membres, et que ne pouvant plus procéder aux ajustements monétaires alors seule la déflation-récession-austérité est possible.
Après Keynes et les autres écoles économiques, j'ai l'impression parfois qu'une nouvelle théorie économique se met en place, celle du vide !!!
Le TSCG n'en est que la démonstration ...
Jean-Paul Letombe
Après le MES et le TSCG: le "Two-Pack", l'horreur continue!
SupprimerAlors que le débat bat son plein sur le Mécanisme européen de stabilité et le Pacte budgétaire (TSCG), deux règlements européens sont en cours d’élaboration.
Ils visent à introduire un contrôle beaucoup plus strict des pays de la zone euro en difficulté, notamment ceux souhaitant bénéficier d’une assistance financière.
Aussi, ils visent à encadrer encore davantage le processus d’élaboration des budgets nationaux et rappellent ainsi curieusement certaines dispositions décriées du Pacte budgétaire (introduction d’une règle d’or budgétaire).
Cependant, contrairement au TSCG, ces deux règlements seront adoptés conjointement par le Parlement européen et le Conseil et seront directement applicables en droit interne, sans qu’aucun Parlement national ne soit intervenu dans leur élaboration.
http://contrelacour.over-blog.fr/article-two-pack-deux-projets-de-reglements-europeens-visant-a-renforcer-encore-la-discipline-budgetair-100466809.html
Par rapport à méluche:
RépondreSupprimerPar rapport à Méluche:
"L’autre soir nous étions devant l’ambassade de Grèce. A cinq cents, ai-je lu dans les dépêches de presse. Nous, le Front de Gauche. J’ai vu dans la nuit les drapeaux du PCF, du Parti de Gauche et de la Gauche Unitaire. Mais aussi ceux du NPA et le gros contingent du POI. Il faisait un froid collant et humide. Manuel Bompart le responsable du PG parisien a réussi une nouvelle mobilisation super rapide. Les copains ont couru de la sortie du boulot pour être là autant qu’ils pouvaient. Quand je suis arrivé c’est Eric Coquerel qui parlait et ensuite ce fut Christian Piquet. Je suis arrivé après que Nicolas Dupond-Aignant a été mal reçu, je ne sais par qui, ni de quel parti, ni comment. Je suis désolé qu’il ait été maltraité. Mais il lui revient de savoir que personne parmi nous n’aime la confusion des genres politiques. Il aurait dû y penser. Il aurait dû organiser sa présence de son côté avec les militants de son parti. Personne ne les aurait empêchés de le faire. Mais venir au milieu des nôtres, comme s’il était chez lui : non. Ce n’est pas raisonnable pour lui de ne pas l’avoir compris tout seul. Aucun de nous n’a envie de donner prise aux insupportables amalgames qui font les délices de la presse « oui-oui » qui met dans un même sac « souverainiste » ou « populiste », tout ce qui s’oppose à leur cruel aveuglement. Et devant le martyre des Grecs nous mettons en cause le capitalisme de notre époque, français, allemand et nord-américain en particulier. Pas les billevesées des frustrations nationalistes. Nous ne voulons pas être récupérés. Nous sommes internationalistes."
http://www.jean-luc-melenchon.fr/2012/02/15/pares-a-la-manoeuvre/#more-10626
Très bien ,je passe l'information:http://www.wmaker.net/etreinformer/
RépondreSupprimer"Nous sommes internationalistes" : voilà donc le fin mot de l'histoire, merci Mélenchon et compagnie pour la destruction des cadres nationaux !
RépondreSupprimerce qui veut dire qu'il est dans le camp hollande sarkozy !!!!!
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