Jonathan Tepper ne se contente pas de ridiculiser les prédictions catastrophistes des partisans de l’euro (qui ne sont étayées par rien). Il dessine un guide de la sortie d’une monnaie unique, proche des propositions de Jacques Sapir ou de la tribune « Pour une sortie concertée de l’euro ».
La sortie en elle-même
L’auteur propose un mode d’emploi en treize étapes. La première consiste à convoquer le Parlement un samedi pour passer une loi qui établira tous les détails de la sortie, de la mise en place du contrôle des changes en passant par la redénomination des dettes. Puis, il faut créer une nouvelle monnaie, qui devrait reprendre le nom de celle qui précédait l’euro. Il recommande une parité d’un pour un pour faciliter la transition et de convertir tous les dépôts et les dettes.
Ensuite, il faut confier la politique monétaire à la Banque Centrale. L’auteur est défavorable à la monétisation directe des déficits quand elle concerne les déficits courants, mais affirme que ce n’a pas de rapport direct avec la sortie. Après, il faut mettre immédiatement en place un contrôle des capitaux. Les euros ne pourront plus circuler librement entre les frontières pour éviter les effets d’aubaine. Cette étape est plus facile aujourd’hui où l’argent est essentiellement électronique.
Il recommande de mettre en place des vacances bancaires d’un jour ou deux pour permettre aux banques de sur imprimer les billets, d’éviter les retraits et de mettre en place les changements dans leurs systèmes informatiques (facilités par le choix d’une parité un pour un). Il recommande d’imprimer le plus rapidement possible les nouveaux billets pour les substituer aux anciens (deux à trois mois minimum) et démonétiser alors les anciens billets qui n’auraient plus cours légal.
Après la sortie
Il est favorable à une libre cotation sur les marchés qui fera baisser les monnaies des pays du Sud et leur fera gagner de la compétitivité, ce qui soutiendra fortement la croissance. Il explique qu’il faudra également adapter des procédures de faillite adaptées puisque la sortie en provoquera inévitablement. Pour les pays qui dévaluent, il faudra entamer des négociations pour renégocier et restructurer leurs dettes dans le cadre des forums habituels (FMI ou Club de Paris).
Enfin, les banques centrales devront mener une action coordonnée pour fournir de la liquidité aux marchés financiers, qui risquent d’être stressés par le changement. La BCE devra être démantelée et des négociations devront être lancées à ce sujet. Enfin, l’auteur recommande d’instaurer une réforme des marchés du travail pour limiter l’effet inflationniste de la dévaluation en coupant le lien entre les salaires et les prix mais en les liant plutôt à la productivité.
L’auteur soutient qu’il faut agir par surprise, et donc par des réunions secrètes (comme je l’avais imaginé dans « Le roman de la fin de l’euro »). Il apporte également une précision très intéressante sur la conversion des dettes souveraines. En effet, il souligne que ce n’est pas tant le pourcentage de dettes détenues à l’étranger qui compte que celui de dettes détenues sous contrat étranger, ce qui change tout pour la France (nous passons de 65 à 15% seulement environ).
Une vision libérale de la fin de l’euro
On devine que l’auteur est plutôt un libéral monétariste dans le fait qu’il mentionne la maîtrise de l’inflation comme seul objectif de la nouvelle banque centrale ou des réformes structurelles du marché de l’emploi. Néanmoins, rien n’empêche d’avoir un agenda plus progressiste qui consisterait à faire du plein emploi un autre objectif de la banque centrale. Bien sûr, il faudrait veiller à éviter tout dérapage inflationniste, mais après des décennies de modération, il y a de la marge.
L’auteur détaille spécifiquement chaque étape tout en rappelant les raisons pour lesquelles l’euro ne marche pas en rappelant qu’une monnaie unique ne peut pas convenir à des économies aussi différentes, reprenant des arguments que j’ai également repris dans le dossier complet sur la sortie de l’euro. Il compare le maintien dans la zone euro aux politiques de maintien dans l’étalon-or qui a fait tant de mal à certains pays dans les années 1930, et notamment la France.
Enfin, Jonathan Tepper étudie les politiques de sortie de crise fondées sur une dévaluation à partir des cas des pays asiatiques en 1997, de la Russie en 1998 et de l’Argentine en 2002. Il souligne que c’est la dévaluation qui a permis à ces pays de s’en sortir, malgré des conséquences parfois fortes à court terme. Pour lui, il en serait de même pour l’Europe. Il souligne également que l’euro aggrave les problèmes actuels au lieu de les résoudre, de manière structurelle.
Cette brillante étude est une nouvelle pierre à la démonstration que la monnaie unique est une construction absurde qui ne peut pas marcher. Mais surtout, elle démontre que sa fin ne sera pas le drame que l’on prédit, comme le démontrent d’innombrables expériences passées.
D'accord sur l'ensemble de l'article, mais il me semble que la dépréciation du franc par rapport à l'ancien euro devrait être beaucoup plus forte, de l'ordre de 1 franc pour 1 $, comme en 2002. Si nous voulons relancer la production et éviter que nos mesures se dispersent à l'étranger comme en 1982, il faut renforcer la compétitivité de nos entreprises. La dépréciation monétaire est la meilleure protection. Quant à l'inflation importée, elle sera utile pour orienter la demande vers les produits nationaux et alléger la charge réelle de l'endettement des ménages et des entreprises.
RépondreSupprimerL'Euro est une monnaie commune ou unique ?
RépondreSupprimerIl me semble que chaque euro émis par une banque centrale et une créance sur cette même banque et que donc, il n'y a pas de monnaie unique. Sinon le système "Target" ne pourrait pas exister.
Comme il y a eu ici des billets concernant l'enseignement, je souligne l'aspect grotesque des dernières lubies de NS.
RépondreSupprimerDans ce cas c'est travailler plus gagner moins à l'heure sup, sans compter les bureaux à construire pour ces heures là.
Soit il croit que les enseignants ont un pois chiche dans la tête, soit c'est lui qui en a un.
Olaf
Je pencherais pour la première solution...
SupprimerNous pouvons nous poser des question sur NS et sa santé mentale ; avec L'article 68 de la constitution le Parlement peu destituer un President lui qui a l'air d'aimer les premières cela en serait une belle
SupprimerNS une crapule et pour une fois l Pinsolle ne nous bassine plus avec MLP et Poutine!
RépondreSupprimerPInsolle svp un article sur l'UMPS?
A méditer cette phrase de Napoléon Ier : "Lorsqu’un gouvernement est dépendant des banquiers pour l’argent, ce sont ces derniers, et non les dirigeants du gouvernement qui contrôlent la situation, puisque la main qui donne est au-dessus de la main qui reçoit. [...] L’argent n’a pas de patrie ; les financiers n’ont pas de patriotisme et n’ont pas de décence ; leur unique objectif est le gain".
RépondreSupprimer"DEs années de modération inflationniste" écrivez-vous. C'est une aimable plaisanterie lorsque toute personne honnete a constaté l'explosion des prix depuis 2002. On dirait lire un argument de fédéraliste.
RépondreSupprimer@ Anonyme 1:19
RépondreSupprimerNous n'en sommes pas au rythme des années 1970 tout de même.
@ L'indépendant
Cela rejoint mon papier du jour.
@ Anonyme 5:54
Comme si j'écrivais si souvent sur cela...
@ Olaf
Nicolas Sarkozy est vraiment un petit artificier qui représente bien mal la fonction présidentielle.
@ Anonyme 3:29
L'euro est une monnaie unique même si des banques centrales nationales subsistent. Une monnaie commune suppose qu'il existe toujours des monnaies nationales (dont la parité pourrait évoluer), ce qui n'est pas le cas.
@ Joël Halpern
Bien sûr, il faudra que l'euro franc baisse par rapport au dollar entre 1 et 1,1 dollar.
Une dévaluation assez lourde du franc ne ferait-elle pas exploser les dettes privées ? Je conçois que la dette publique pourra être "convertie" en Francs, mais les dettes privées...
RépondreSupprimer@ Anonyme
RépondreSupprimerAttention, l'euro franc serait stable par rapport à l'euro (entre l'euro mark d'une part et l'euro lire et l'euro peseta de l'autre), donc pas de conséquences pour les dettes privées extérieures libellées en euro (les dettes privées intérieures seraient toutes converties en euro francs). En revanche, il y aurait une augmentation relative des dettes libellées en dollar, yen ou wuan (mais ce risque existe déjà aujourd'hui).
Hors sujet mais pourriez vous faire un papier sur cette augmentation de pesticides ( multiplication par 5 ) autorisés dans l'eau et cette manière de faire
RépondreSupprimervoir
http://www.carevox.fr/sante-maladies/article/cinq-fois-plus-de-pesticides
Je ne vois pas l’intérêt que l'on peut tirer à sortir de l'euro, d'autant plus que la parité euro dollar n'est pas si mauvaise bien qu'un peu forte mais mieux vaut ça qu'une Europe désharmonisée. N'oublions pas que nous en compétition face à d'autre acteurs internationaux qui n'hésiterons pas à nous descendre.
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