vendredi 24 février 2012

Les parasites fiscaux à peine égratignés


The Economist a publié récemment un article sur la lutte contre le secret bancaire en Suisse. L’occasion de faire un état des lieux approfondi sur les principaux parasites fiscaux de la planète et les mesures en place.

Tour du monde des parasites fiscaux

The Economist reprend les chiffres du BCG. Selon cette source, la Suisse viendrait en première position et abriterait plus de 2000 milliards de capitaux (dont plus de 1000 venant d’Europe), suivie par la Grande-Bretagne, l’Irlande et les îles britanniques (1900 milliards, dont 750 venant d’Europe). Puis, suivent les Caraïbes et Panama (900), Hong-Kong et Singapour (900), les Etats-Unis (700) et le Luxembourg (600). En tout, cela représente 3000 milliards de capitaux européens !

Tout cet argent qui a quitté les grands pays européens continentaux représente naturellement un manque de financement pour l’économie nationale (la France exporte 100 milliards d’épargne tous les ans selon Alain Cotta). En outre, il s’agit d’argent qui ne sera pas taxé et c’est donc une perte financière importante pour les Etats. A 4% de rendement (ce que propose l’assurance-vie), cela représente la bagatelle de 120 milliards de revenus qui échapperaient à l’impôt.

Bref, les pertes fiscales pour un pays comme la France représentent plusieurs dizaines de milliards d’euros (si l’ensemble des sommes étaient rapatriées sur le territoire national) comme l’avait rapporté le Monde ! Malheureusement, la libre circulation des capitaux, la prunelle des yeux de cette Europe laisser-fairiste, est le meilleur allié des parasites fiscaux. Car comment contrôler ces sangsues fiscales si les capitaux peuvent ignorer les frontières et se déplacer à leur guise ?

La démission des politiques

A ce titre, cela permet de rappeler que le G20 n’a pas fait grand chose pour recadrer les pratiques des parasites fiscaux puisque les Etats prennent des initiatives séparées pour essayer de combattre l’évasion fiscale. Les services fiscaux étasuniens viennent de lancer le troisième programme d’amnistie en trois ans avec les banques suisses. La Grande-Bretagne vient également de les mettre sous pression et annonce pouvoir récupérer pas moins de 7 milliards.

L’Allemagne a également imposé un accord avec les banques après avoir carrément acheté des listings de contribuables allemands qui avaient transféré leurs avoirs. Comme souvent, Nicolas Sarkozy a beaucoup parlé et il a beaucoup moins agi. Non seulement le G20 n’a absolument rien donné sur la règlementation des parasites fiscaux, comme le soutient Eric Vernier, mais en plus, il ne fait absolument rien sur le territoire national et tient donc un double discours.

Mais si l’on veut mettre fin à ce fléau qui pousse nos Etats au moins-disant fiscal, il faudra restreindre la circulation des capitaux, des biens et des personnes avec ces Etats. Car il est bien évident que c’est cette libéralisation anarchique qui permet aux parasites fiscaux de prospérer. Il est absolument incroyable que pas grand monde n’arrive à le comprendre. Quand on peut facilement économiser des impôts, cela est tentant. Il faut donc le rendre (beaucoup) plus difficile.

Il est parfaitement possible de mettre au pas les parasites fiscaux. Le Général de Gaulle avait fait un blocus de Monaco en son temps. Aujourd’hui, les Etats commencent à réagir, mais on ne peut que constater que la France est en retard sur ce sujet.

11 commentaires:

  1. C'est cadeau: une piste d'évasion fiscale "légale" www.lombard.lu (mais, chut!!! je n'ai rien dis)

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  2. Corruption des statistiques en Argentine, inflation sous évaluée :
    http://www.economist.com/node/21548242

    Olaf

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    1. Il est certain que les chiffres de l'inflation sont sous-évalués, mais il n'empêche qu'aujourd'hui, ce pays a de la croissance. L'allergie à toute inflation ne mène qu'à la déflation, c'est-à-dire au chômage, à l'abaissement des salaires et compagnie...

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    2. Oui, mais là c'est divisé par 2...ce genre de magouilles ça peut coûter très cher.

      Olaf

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    3. Il faut voir à long terme, mais pour le moment, le pays est sur une pente ascendante qui, comme celle de tous les pays émergents, ralentit mais reste très sûre et assez durable. L'Argentine a beaucoup d'atouts (et pas seulement naturels) sur lesquels elle peut compter.

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  3. Concernant la sortie de la Grèce :

    Les exportations grecques sont en effet insignifiantes sachant que l’agriculture de ce pays n’est même pas en mesure de nourrir sa propre population. Les coûts et frais de fonctionnement de l’écrasante majorité de ses entreprises – largement dépendantes de leurs importations – seraient en outre condamnés à exploser.

    http://www.gestionsuisse.com/2012/lallemagne-prete-a-la-faillite-grecque/

    Olaf

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    1. "lallemagne-prete-a-la-faillite-grecque/" : elle a intérêt, tout comme la France, vu la fragilité des banques de ces deux pays (surtout en Allemagne avec le système des caisses d'épargne régionalisées...).

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  4. Concernant l'industrie française :
    Et reste encore les problématiques industrielles à régler. Notamment les difficultés de commercialiser des produits dans le domaine du diagnostic. Or "nous avons vraiment besoin de la compréhension de l’Etat pour l’accès au marché, pas seulement dans les molécules mais aussi dans le diagnostic, car c’est un compagnon indispensable de la thérapeutique, en particulier dans la médecine personnalisée, plaide Françoise Soussaline, PDG d’Imstar. Mais la France a un considérable retard dans la structuration de cette filière, par rapport à nos voisins européens, américains, et même chinois !".

    http://www.usinenouvelle.com/article/francois-hollande-au-chevet-des-biotechs.N169445

    Olaf

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    1. C'est vrai que la biotechnologie est une industrie d'avenir sur laquelle il faut absolument assister. Dans le cadre de mon boulot (qui n'a a priori rien à voir avec ce domaine), en Espagne, je vois à quel point ça peut être important, comme c'est un secteur très développé là-bas, et ça génère beaucoup d'argent, de progrès technologiques...

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  5. Gael Giraud - colloque Gouvernance & Responsabilité

    http://vimeo.com/34613599

    Olaf

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  6. J'ai lu avec attention votre article "3000 milliards de capitaux...". Qu'entendez-vous par capitaux ? Merci d'avance.

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