Cette semaine, Luc Châtel a annoncé une nouvelle réforme du baccalauréat, qui a bien évidemment déclenchée les protestations des syndicats lycéens. L’occasion de faire un petit point sur l’affaiblissement de cette belle institution française qu’est le baccalauréat.
Un chef d’œuvre en péril
Le baccalauréat, c’est un rite initiatique pour les Français, un point de passage obligatoire, un symbole du passage à l’âge adulte, qui sépare le lycée de l’enseignement supérieur pour une partie de la jeunesse. Il y a quelques décennies, c’était aussi une garantie d’avenir professionnel. Aujourd’hui malheureusement, ce n’est plus qu’une étape, sachant que même un bac +5 ne garantit pas forcément de trouver un emploi, alors que d’autres formations l’assurent bien mieux.
L’autre immense avantage du baccalauréat est son aspect profondément républicain. Même si cela est bien sûr plus stressant que le contrôle continu, l’intérêt est de juger toute une génération sur le même examen, de manière anonyme et totalement égalitaire. La valeur d’un baccalauréat est exactement la même, quelques soient les régions ou les lycées d’origine. En 1970, 20% d’une génération obtenait le baccalauréat. Aujourd’hui, ce taux est monté à 64%, stable depuis 2000.
On pourrait se féliciter de cette progression, si elle indiquait une amélioration du niveau d’études de la population. Mais elle s’explique surtout par un abaissement du niveau, comme le révèle malheureusement cette étude. Et cela se retrouve dans l’évolution du nombre de mentions. Quand 0,8% des bacheliers avaient une mention très bien en 1990, on a atteint 5% en 2006 et 7% en 2010 (alors que 5% des bacheliers avaient une mention bien en 1990).
Un pansement sur une jambe de bois
Il est bien évident pour tout le monde que le niveau a été baissé pour augmenter le taux de réussite (améliorant indirectement le nombre de mentions) : nous sommes passés d’un taux de réussite de 75 à 89% pour la filière générale en vingt ans. Du coup, le ministre de l’éducation vient de proposer une réforme dont l’objectif affiché est d’être un peu plus sévère, en introduisant des notes éliminatoires mais aussi avec un recours au contrôle continu pour certaines matières.
Le président de l’Union nationale des lycéens a osé affirmé que le ministre « va toujours plus loin dans la mise en place d’un système élitiste », estimant que « la réussite de tous est mise en péril », dans un discours typique où ne sont évoqués que les droits et jamais les devoirs. L’évolution du baccalauréat démontre le contraire de ce qu’il avance et la baisse du niveau pour maintenir le taux de réussite se fait au détriment de tous ceux qui l’obtiennent justement.
Malgré tout, les réformes du ministre ne sont que des pansements dérisoires. Les notes éliminatoires ne servent qu’à éviter les absurdités produites par une notation trop laxiste. Le contrôle continu contrevient à l’égalité républicaine du diplôme. Pourtant, il y a une urgence scolaire. Outre la baisse du niveau, le malaise compréhensible des professeurs est extrêmement préoccupant. Tout cela montre que le gouvernement n’a pas du tout compris la gravité de la situation.
Le baccalauréat est malheureusement un beau symbole de ce qu’est devenu notre éducation nationale. On a relâché les critères d’évaluation pour dissimuler la baisse du niveau et le ministre ne fait que du bricolage pour essayer de faire des économies et corriger les effets pervers de la baisse du niveau.
Je trouve qu'un système par unités de valeurs serait plus évolué, plutôt que le système actuel, et permettrait l'anonymat, éviterait le redoublement pour toutes les matières. Je pense que le bac est archaïque et représentatif d'un système élitiste très représentatif du malaise de la société française.
RépondreSupprimerQuelqu'un qui a des lacunes dans une matière, a mieux à faire de se concentrer à les combler plutôt que de redoubler pour l'ensemble des matières. Ca me parait le bon sens élémentaire, sans compter que ça évite de charger les classes dans les matières que les redoublants maitrisent. Ce n'est donc seulement le bac qui est à remettre en question, mais l'enseignement au complet.
RépondreSupprimerCe n'est pas le bac d'ailleurs qu'il faudrait réformer mais tout ce qui amène une génération au baccalauréat !!!
RépondreSupprimerVoilà où on en est arrivé.....
Sandra WAGNER
Délocalisations, protectionnisme : sus aux idées reçues !
RépondreSupprimerhttp://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=4773
(Laurent tu pourras supprimer ce post si tu le trouve trop hors sujet)
SupprimerPour les parisiens ou proches, un débat sur le libre échange qui promet d'être intéressant...
Le Manifeste pour un débat sur le libre-échange, le Forum Démocratique et l’EGE vous invitent à la conférence sur le protectionnisme du 19 Mars 2012
Avec Erik Reinert, Jacques Sapir, Hervé Juvin, Gabriel Colletis, Claude Rochet, Philippe Murer et Philippe Arondel
à l’école de guerre économique
19 mars 18H30
171 Rue de Grenelle Paris 7°
Amphi Grenelle
A l’occasion de la parution de l’édition française de l’oeuvre d’Erik Reinert « Comment les pays riches sont devenus riches Pourquoi les pays pauvres restent pauvres »
La crise économique actuelle a montré les limites de l’économie dominante, ses recettes ne faisant qu’enfoncer les pays pauvres dans plus de pauvreté, en attendant d’appauvrir les pays riches.
Prix Gunnar Myrdal 2008 de la meilleure monographie en évolution de l’économie politique, ce livre prophétique est paru en 2007 à Londres, quelques mois avant la crise alimentaire en Afrique, deux ans avant la crise économique mondiale.
Erik Reinert montre que le débat sur le libre-échange a été permanent depuis le XVI° siècle et a été la ligne de démarcation entre pays qui ont su devenir riches et ceux qui sont restés pauvres.
Un fantastique voyage dans l’histoire du développement économique fondé sur des sources oubliées
Mis sur Viadéo :-))
SupprimerA Olaf. Les partisans du libre-échange anarchique et des délocalisations d'entreprises sont totalement à côté de la plaque (il est d'ailleurs à noter que Sarkozy les défendait en 1995). Lisez donc Maurice Allais, cela vous fera le plus grand bien.
RépondreSupprimerJe ne suis pas partisan d'un libre échange anarchique, ni d'un protectionnisme borné qui peut être aussi destructeur.
SupprimerLe bac le bac..... Afin de le rendre accessible on a créé des bacs pro... Tout le système éducatif est à reprendre... du primaire au collège, du collège au lycée. Je pense qu'il faut garder l'épreuve telle qu'elle est mais réformer l'enseignement, les méthodes d'apprentissage. Aller à l'école doit être un plaisir pour l'enfant, les ados. On doit donner envie d'apprendre. Et c'est à l'enseignement de se mettre à la portée de l'enfant et non l'inverse. j'ai bien écrit enseignement volontairement au lieu de l'enseignant (nuance...voulue). Il doit y avoir des formations de proximité... Et je pense qu'au collège on doit aider beaucoup mieux l'enfant à s'orienter. Le bac à tout pris, non. Un métier manuel est très valorisant. Si un enfant veut faire de la mécanique, le bois, du social...de lui même, il faut le laisser dans son choix... et ne pas lui imposer le bac... On oriente les jeunes aussi dans des impasses, avec des formations ne débouchant que sur peu d'emploi... Ensuite, si je pense préférable de garder l'épreuve en tant qu'examen, c'est que c'est là une belle école : récompense de l'effort, endurance et gestion du stress. L'école de la vie est dure. Il faut s'armer pour l'affronter. Réussir un examen donne confiance et montre la réalité... de la vie... Prépare pour plus tard à l'épreuve des durs entretiens d'embauche. Enfin, c'est juste mon avis.
RépondreSupprimerCe qui est à revoir en France va bien au delà de l'enseignement :
RépondreSupprimerCette culture hiérarchique exacerbée perdure quand on quitte l'école. On écoute sagement le maître à l'école, puis on suit sagement les instructions de son supérieur en entreprise. En France, la distance hiérarchique (qui mesure le pouvoir sur les subordonnés) est la plus élevée parmi les pays comparables. Les managers ont moins d'autonomie qu'ailleurs.
http://econo.free.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=18&Itemid=2&codenote=203
Le bacchalauréat ne pouvait être un lieu de passage vers un âge adulte puisqu'il s'agissait encore et toujours de se soumettre au contrôle d'un parâtre et qu'inversément, être adulte psychologiquement, serait être enfin affranchi de tout parâtre.
RépondreSupprimerCertes pouvait-on se soumettre volontairement à un test mais là, nous savons tous que les études longues procèdent d'un pacte contraint.
Quant au refus venu des rangs du corps enseignant, il me semble évident que c'est un refus d'être soi-même noté à partir des résultats objectivement obtenus par les bacheliers qu'on aura soi-même préparés-présentés, refus inadmissible de la part de professionels qui passent leur vie à noter, trier, sévir...pour le bien de l'homme et de l'enfant,évidemment !...
L'âge adulte, ce serait avoir un logement à soi.
RépondreSupprimerSi les princes qui nous gouvernent voulaient bien prendre en pitié leurs peuples, ce sont donc des logements qu'ils feraient distribuer aux plus dix-sept ans...et non pas des années d'étude !
Ici faut-il le dire cru : nombre de vieux bébés voteurs n'a jamais été ni même souhaité sortir de l'enfance.