Hier soir, c’était le tour du président du Modem de faire Des Paroles et Des Actes. Celui qui joue sans doute son va tout en 2012 (un troisième échec mettrait sans doute fin à sa carrière nationale) a démontré une grande assurance, à défaut d’une grande précision.
Un homme qui croit en son destin
François Bayrou a une grande force : son assurance à toute épreuve. Quand un journaliste lui pose une question et qu’il met extrêmement longtemps pour y répondre (comme il l’a fait sur l’immigration par exemple), le président du Modem n’a que faire des relances qu’on lui fait pour répondre rapidement, il continue son raisonnement, imperturbablement, sans se laisser démonter. Il oppose un barrage de mots compact et solide à tout questionnement.
Le président du Modem a carrément affirmé qu’il serait au second tour, balayant d’un revers de mains la possibilité qu’il n’y soit pas. Il a refusé de confirmer le fait qu’il prendrait partie s’il ne parvenait pas à y accéder, avec une mauvaise foi toute mitterrandienne. Comme lors des précédents débats, personne n’a parlé du MES, du TSCG ou des 1000 milliards prêtés par la BCE aux banques, indiquant clairement que le candidat du centre est proche du PS et de l’UMP.
Quand c’est flou, il y a un loup
François Bayrou s’est fait une marque de fabrique de la lutte contre les déficits et la dette. Assez naturellement, François Lenglet a cherché à avoir plus de détails sur le programme très rigoureux du patron du Modem, qui prévoit d’équilibrer son budget dès 2015 et qui annonce 50 milliards de hausse d’impôts et 50 milliards d’économie. S’il est transparent sur les hausses d’impôt (avec le détail de réduction des niches fiscales), sur les dépenses, cela est beaucoup moins vrai.
En effet, il a promis 50 milliards d’économie, tout en ne pas baissant pas les salaires des fonctionnaires et en supprimant moins de postes que Sarkozy ! Comment cela pourrait-il être possible ? Il n’a également rien dit sur les retraites, qui représentent plus de 200 milliards et la réforme des urgences est un peu légère pour permettre de stabiliser en valeur les dépenses de santé. Enfin, il a réussi à promouvoir le « fabriqué en France » sans évoquer une seule fois le protectionnisme.
La rigueur européiste au carré
Pas à une contradiction près, François Bayrou a réussi à la fois à évoquer Charles de Gaulle et à faire une ode vibrante à l’Europe, digne des cabris qui sautaient sur leur chaise en disant « l’Europe, l’Europe, l’Europe », comme le disait le Général en 1965. Il a proposé de nouveaux machins européens et notamment l’élection d’un président de l’Europe élu au suffrage universel, sans que l’on sache comment un débat public pourrait avoir lieu pour une telle élection dans 27 pays.
De manière assez incroyable, comme un militant des Tea Party, Manuel Valls a affirmé que la crise des subprimes avait permis de prendre conscience l’excès des déficits. Il est proprement hallucinant qu’un membre du PS cette idée alors que la crise a surtout démontré les problèmes posés par l’anarchie financière et que la crise des finances publiques dans la zone euro est la conséquence de la crise financière et de l’interdiction de la monétisation par la banque centrale.
Cette campagne présidentielle est sans doute la dernière bataille de François Bayrou. Un échec, surtout au premier tour, sonnerait le glas de son aventure personnelle. Le flou de son discours et ses contradictions laissent penser que cette aventure devrait prendre fin le 22 avril.
Je trouve que Laurent Pinsolle - parte parole de DLR - ferait mieux de parler du programme de Dupont-Aignan plutôt que de parler de celui des autres candidats.
RépondreSupprimerMais il est vrai que D-A ne joue pas dans la même division que les 5 autres, de ceux au dessus ou approchant les 10% d'intention de vote
Je trouve que Laurent Pinsolle - certes porte-parole de DLR - est tout à fait en son droit de commenter l'actualité politique du moment dans un blog qui lui est propre et dans lequel il s'exprime de manière libre. Quand au programme de M. Dupont-Aignan, comme vous semblez en réclamer d’avantage, libre à vous de visiter son site où vous retrouverez des articles du bloggeur Pinsolle sur les propositions du candidat.
RépondreSupprimerMais il est vrai que certaines personnes ne joue pas dans la même division d’ouverture d’esprit. Certains même se contente de l’effort minimum de regarder les sondages et ne prendre en compte que ceux qui sont au-dessus de 10%. Ceux-là ont le nez rivé sur le présent, quand d’autres regardent le futur. Tanpis pour eux !!
Bien sur qu'il est libre, je donne juste mon avis!
SupprimerAvec Bayrou, rien de neuf sous le soleil! Il a loupé le coche en 2007, et l'Histoire ne repasse pas les plats. Il ne peut être que la roue de secours de l'oligarchie néolibérale et européiste dans sa variante de droite comme Hollande l'est du côté gauche. Voire Hollandreou!!!
RépondreSupprimer«Si l’objectif était de sauver les banques, c’est réussi»
RépondreSupprimerhttp://www.letemps.ch/Page/Uuid/e6a86180-689d-11e1-8c39-92664d500950|1
Olaf
Je partage votre analyse ,le centre s'est révélé dans toute sa perversité ,avec Lecanuet .
RépondreSupprimerEt Bayrou ce moque des Français ,en indiquant qu'il est paysan ,parce qu'il élève des chevaux de course !
l'ancien ministre de droite (UMP) agrégé ,professeur !
Je ne supporte pas que l'on abuse à ce point des Français
Très sincèrement
en France les centriste sont le pire du pire des ultra libéraux Bayrou en fait parti et les Français ne supporte plus ce genre d'individu le cul entre deux chaises ; un seul mot valise : dégage
RépondreSupprimer@ Cording
RépondreSupprimerTrès bon la formule de Mélenchon en effet.
@ Patrice Lamy
S'il se plante en 2012, alors il aura du mal à s'en relever.
@ Anonyme
Après, c'est aussi normal de critiquer les autres candidats. Nous en sommes là où Bayrou en était en 2002, mais avec un programme bien plus différencié de ceux du PS et de l'UMP.
Le centre n'existe pas politiquement, il est partie intégrante de la droite dite libérale et europeiste(pléonasme). Le centre est une posture politicienne. Bayrou n'est pas un politique de premier plan, c'est tout ce qu'il faut retenir. Les médias lui taillent un costume politique beaucoup trop large par rapport à la pertinence politique qui est la sienne. Il n'a pas la stature d'un homme d'Etat. Le pire, c'est le leitmotiv qui est le sien : en démocratie, les alliances pour gouverner se font après le vote du peuple ; avec François, les arragements politiques sont mis hors de portée du vote citoyen, et interviennent avant le vote du peuple. C'est tout de même problématique. François Bayrou devrait arrêter la politique. Il ne nourrit pas intellectuellement le débat public, il a un mauvais bilan ou un bilan terne à l'éducation nationale, et en fait, Bayrou n'est qu'un élu local avec une audience nationale. Un européiste libéral de plus, sans saveur. Faire Normale ne garantit pas la pertinence politique. Au revoir Monsieur Bayrou, ni la France ni les Français n'ont besoin de vous vous et de vos amis libéraux de Bruxelles. Bref, écrire un livre sur Henri IV ne suffit pas... Au revoir François, et bonne route...
RépondreSupprimerBien écrit et très pertinent. Bel article, belle analyse. Les commentaires sont eux aussi de qualité et alimentent bien votre article.
RépondreSupprimerBien à vous
Article peu objectif, F Bayou est celui qui propose le programme le plus intéressant à la France. Il est bien triste de constater qu'au delà des médias qui l'entretiennent il est impossible pour beaucoup de français d'envisager autre chose que la droite et la gauche, c'est un peu comme dire qu'il n'existe que le blanc et le noir, mais le gris existe aussi, et lui au moins ne peut pas être influencé par des extrêmes !
RépondreSupprimerCordialement, je vous invite à lire son programme avant de critiquer ;)