Petit à petit, les signes s’accumulent. Les clignotants passent progressivement tous au vert. L’économie étasunienne semble être entrée dans une vraie phase de reprise, comme le rapporte The Economist dans son numéro du 17 mars.
La reprise se confirme
L’an dernier, on se posait la question du risque d’une rechute de l’économie. La crise financière de la zone euro avait accru les risques d’une récession en ajoutant une instabilité des marchés pendant le second semestre. Mais depuis trois mois, la crise financière a pris (temporairement) fin et surtout, les signes de reprise s’accumulent outre-Atlantique. Tout d’abord, alors que l’Union Européenne a vu son PIB reculer au 4ème trimestre, celui des Etats-Unis a progressé de 3%.
Mieux, le rythme de création des emplois s’accélère puisque le taux de chômage officiel est tombé à 8,3%, le niveau le plus bas depuis trois ans et 0,7 point de moins qu’en septembre. Mieux, quand on prend une mesure plus large qui inclut également les personnes découragées de chercher du travail ou qui travaillent à temps partiel mais souhaitent un temps plein, elle baisse encore plus. Enfin, le rythme trimestriel de création d’emplois est au plus haut depuis le printemps 2006.
Deux moteurs majeurs
Le marché automobile est depuis 2009 un moteur de la relance de l’économie. Paradoxalement, c’est l’ampleur de l’effondrement du marché sur 2008 qui explique cela. En 2007, les ventes annuelles atteignaient 16 millions de véhicules. En 2008, elles sont tombées à moins de 10. Début 2012, nous sommes déjà remontés à près de 15 millions, soutenu par une croissance du crédit à la consommation de 5% en rythme annuel, après deux ans de baisse.
Le deuxième moteur de la reprise, qui redémarre tout juste, c’est l’immobilier. Contrairement à l’automobile, ce marché n’est pas encore reparti à la hausse et après être descendu si bas, s’il redémarre, il sera un puissant facteur de croissance pour au moins deux ou trois ans, sauf grave choc extérieur. Or, le stock de maisons invendues vient de tomber au plus bas depuis 2006 et l’indice de confiance du secteur a fortement rebondi depuis l’automne, au plus haut depuis mi-2007.
Une reprise en partie illusoire
Du coup, on peut raisonnablement espérer que l’économie reparte pour quelques années outre-Atlantique. Soutenue par le crédit et une reprise immobilière, les réserves de croissance sont importantes. Washington a eu l’intelligence de ne pas s’imposer une cure d’austérité sauvage (le déficit sera de 7,8% en 2012, plus que tous les pays de la zone euro, y compris la Grèce…) pour sortir de la crise par le haut. Le contraste entre les deux côtés de l’Atlantique est saisissant.
Malheureusement, il faut être clair, cette reprise est en partie illusoire. C’est parce que l’effondrement a été énorme et que l’Etat et la Banque Centrale soutiennent l’économie à coups de centaines de milliards que la reprise est là. Le modèle de croissance du pays reste très questionnable, entre son instabilité chronique et la croissance des inégalités. Pire, la réforme de la finance a été trop limitée et tous les mécanismes qui pourront nous amener à une nouvelle crise sont en place.
Si cela se confirmait, ce serait un élément important à prendre pour le déroulé des évènements futurs en Europe. Il est plausible d'envisager l'hypothèse selon laquelle cette hausse de croissance aux USA pourrait stimuler l'Europe - surtout si le déficit commercial du pays reste toujours aussi important. Ce "choc externe" de croissance serait de nature à consolider les comptes publiques, à stopper la chute des états européens sous forme de dominos, bref, à reporter à dans longtemps la crise terminale de l'Euro, malgré ses limites structurelles que nous connaissons tous.
RépondreSupprimer@ Nicolas Gonzales
RépondreSupprimerComplètement d'accord : je crois que la crise terminale de l'euro risque d'être retardée...
Que pensez-vous des économistes qui expliquent que l’Amérique est en train de se réindustrialiser ?
RépondreSupprimerhttp://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=63117
Albert
Nous serions donc repartis pour des années de chômage trop haut et de croissance molle supplémentaires, basées sur la consommation et sur l'endettement, pendant que nos territoires se dévitalisent et se fracturent... Ce serait une bonne leçon : n'attendons pas que l'économie provoque ce que les politiques se refusent à voir, à comprendre, et à faire. La sortie de l'Euro sera provoquée par le politique, ou ne sera pas. Cela dit dire les choses comme ça c'est montrer l'ampleur de l'impasse dans laquelle nous nous trouvons. Jamais campagne n'aura autant abordé les thèmes et préoccupations portées par les républicains depuis si longtemps ; jamais, jusqu'à ce jour en tout cas, mais probablement jusqu'à la fin de la campagne d'après moi, ils n'ont été aussi marginalisés... Les diagnostics, propositions et vocabulaires sont pillés par les grands partis. Bien sûr, c'est un opportunisme de campagne : mais pourra t-il jamais en être autrement... Peut-être, le système politique et électoral étant ce qu'il est, avec son bipartisme de gouvernement couplé avec son bipartisme tribunicien, que la bataille politique devrait se jouer dans les grands partis, et non pas à l'extérieur d'eux. Peut-être que les partis républicains "entre" les partis de gouvernements et les partis tribuniciens n'auront jamais la place pour exister, surtout si continue à perdurer entre eux la division des deux rives. Remarquez la discussion serait obselette dans l'hypothèse où, suite à la campagne, on verrait un rapprochement-fusion des partis tribuniciens avec une partie ou la totalité du parti de gouvernement de son "bord" politique. Ce serait un nouveau problème politique supplémentaire pour les républicains...
RépondreSupprimer"tous les clignotants repassent tranquillement au vert"
RépondreSupprimerPierre Mauroy dit gros quinquin
Je précise que le dernier commentaire est bien de moi, j'ai fais une petite erreur de manip' au moment de la publication.
RépondreSupprimerPlus d'accord avec la fin de votre article qu'avec le début! C'est impossible qu'avec un tel déficit commercial la croissance américaine soient durable... (voir réelle, n'est ce pas simplement un coup de com quelques mois avant la présidentielle US? Et on sait ce que valent les chiffres du chômage etat-uniens par exemple...) Au mieux cela favorisera l'industrie chinoise.
RépondreSupprimerred2
Si la situation perdure jusqu'en novembre elle favorisera la réélection de Barack Obama. La crise de la zone euro a des facteurs endogènes indépendants de celle des US qui peuvent avoir des effets conduisant à sa chute finale.
RépondreSupprimerSauf que cette reprise américaine préfigure le monde énergétique déséquilibré de demain. Les Américains ont les schistes bitumineux, du gaz, et évidemment du charbon, pour soutenir leur croissance a faible coût. Pas nous. La baisse de l'euro renchérit déjà le coût du pétrole et des énergies pour l'Europe.
RépondreSupprimerCroissance, pétrole et ... crises.
"En encore plus bref : la limite de nos sources d'énergie menacerait l'économie de croissance telle que nous la connaissons. Il y aurait là un « changement de paradigme » que le gestionnaire de l'un des fonds d'investissement les plus réputés de la planète considère être « l'évènement économique peut-être le plus important depuis la révolution industrielle »."
Source : http://petrole.blog.lemonde.fr/2012/03/21/le-prix-du-brut-menace-encore-la-croissance-vers-une-stase/
"Les Etats-Unis échappent à ce choc grâce au redressement du dollar et à l'exploitation de pétroles non conventionnels et de gaz de schiste : ils bénéficient d'une baisse de leurs importations d'énergie et d'un prix du gaz trois fois plus faible qu'en Europe. En Europe, la baisse de la parité euro-dollar en 2011 a renforcé l'impact du choc pétrolier sur l'économie. En janvier 2012, le prix du pétrole exprimé en euros a atteint le niveau record de 88 euros par baril, soit 0,55 euro le litre, supérieur de 46 % au prix moyen de 2011. Le prix de l'essence à la pompe a dépassé le seuil de 1,60 euro le litre. La part de la facture énergétique dans le PIB de notre pays ne cesse de progresser depuis dix ans : de 1 à 1,5 % jusqu'en 2005, elle évolue entre 2 et 3 % depuis, en raison de la hausse du pétrole. "
"L'impact du choc pétrolier sur les dépenses des ménages est important. Mais on ne traite pas la fièvre en cassant le thermomètre : les prix pour le consommateur final doivent refléter les tensions actuelles. La maîtrise de l'énergie est à l'évidence un enjeu majeur : c'est le moment ou jamais de modérer nos consommations. "
Olivier Appert est président d'IFP Energies nouvelles.
Source : http://www.lesechos.fr/opinions/points_vue/0201919927527-comment-repondre-au-troisieme-choc-petrolier-295324.php
"Or force est de constater que le fonctionnement de notre société dépend aujourd'hui d'une croissance économique soutenue qui va de pair avec une consommation toujours plus importante d'énergie et de ressources. L'urgence apparaît donc d'anticiper une inexorable descente énergétique. Les limites physiques devraient déclencher une réelle transition de la société vers une diminution majeure de notre dépendance aux ressources non renouvelables, par un changement profond des comportements, de l'organisation du territoire et de notre économie. Si cette transition n'est pas anticipée, elle sera subie de manière chaotique et provoquera des conséquences économiques désastreuses, à l'image de la crise des subprimes. Les fondements de la démocratie et la paix pourraient donc être menacés.
SupprimerDans ce contexte, il est indispensable que les responsables politiques, mais aussi l'ensemble des acteurs sociaux et économiques ainsi que les citoyens français, prennent conscience de cet enjeu et fassent preuve d'anticipation, car nous sommes face à un péril réel pour la cohésion sociale et le fonctionnement de l'ensemble des secteurs vitaux de notre collectivité. Les signataires de cet appel invitent tous les candidats à l'élection présidentielle à tenir compte de cette situation urgente. Ils leur demandent de prendre position sur cette question, dans le cadre de débats et de propositions politiques concrètes. Celles-ci devront être compatibles avec la réalité physique de l'extraction des ressources et permettre de faire face à la décrue énergétique de notre société."
Source : http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/03/22/mobiliser-la-societe-face-au-pic-petrolier_1673496_3232.html
Je pense que les tours de magie de la planche à billet pour relancer le secteur automobile ne sont de toute façon pas durables et que bien avant la fin de l'année, les USA vont encore se planter. La récession en Europe est structurelle et pas seulement financière vu que nous sommes coincés par des traités qui nous imposent le libre échange. Hors les USA ont besoin de l'Europe. De plus, les actions bellicistes des USA font grimper le prix du baril au delà de ce qui est soutenable et cela va avoir un effet mécanique absolument dévastateur.
RépondreSupprimerLes Shadocks de la FED et de la BCE peuvent toujours pomper et nos politicards s’accommoder du libre échange imposé par des mesurettes sans effet, toute reprise n'est qu'artifice tant qu'on ne règle pas les vrais problèmes de fond.
C'est vrai que le système américain n'est tout simplement pas soutenable : trop de dépenses inutiles (militarisme, système de santé ultra-cher/inefficace), des impôts trop bas, effondrement de la classe moyenne... Ça ne peut pas durer.
RépondreSupprimerNéanmoins, leur politique budgétaire et monétaire pro-croissance leurs permet de s'en sortir bien mieux que l'Europe. Les faits sont criants :
* U.S.A. : chômage de 8.3 %, 2 % d'intérêts sur les prêts à 10 ans, croissance de 0.7% en Q4 de 2011.
* Zone euro : chômage (croissant) de 10.7 %, 3-5% d'intérêts pour les prêts de la plupart des États, double récession avec chute de 0.3 % en Q4...
Bref, la gestion de la crise par les chefs européen n'est qu'un gabegie économiquement calamiteux et il est proprement choquant que personne - ni à Francfort, ni à Bruxelles, ni à Berlin - ne sera être tenue responsable pour ça.
En attendant, des gouvernements entiers sont renversés dans la périphérie et le président français lui aussi va vraisemblalement chuter en parti à cause des erreurs de l'eurocratie..
Ces 600 milliards qui manquent à la France. Enquête au coeur de l’évasion fiscale, Antoine Peillon, Seuil, 2012.
RépondreSupprimerhttp://alternatives-economiques.fr/blogs/chavagneux/2012/03/22/comment-ubs-organise-une-fraude-fiscale-massive-a-partir-de-la-france/
Je crains que cette reprise soit vite éteinte par l'augmentation du prix de l'énergie qui en résultera.Je ne pense pas qu'on puisse espérer une croissance continue dans un système qui privilégie l'accroissement de consommation de "biens".
RépondreSupprimerIl va falloir vite changer de modèle économique... regardez les courbes de Meadows http://postjorion.wordpress.com/2011/05/31/183-meadows-les-limites-de-la-croissance-2002/ (lien direct sur mon nom)
l'erreur primaire une croissance infinie dans un monde fini
SupprimerQuestion quand cela s’arrête t'il ?
entre maintenant et 2050 ...
Supprimer@ A-J
RépondreSupprimerC'est sûr que si le baril monte à 200 ou 250 dollars, la croissance aurait du mal... Mais, les pays producteurs ont sans doute intérêt à éviter que la croissance ne tombe vu que la dernière fois, le prix du baril était tombé temporairement à 40 dollars.
@ Malthus
Oui, mais tout est fait pour relancer la croissance : 1000 milliards pour les banques en Europe, des déficits énormes et le QE aux Etats-Unis. Tout ceci va nous mener à une nouvelle bulle, qui en éclatant, nous permettra peut-être enfin d'en sortir. Finalement, j'avais peut-être raison en écrivant le Grand Choc de 2017 il y a un peu plus de 3 ans (cf mon ancien blog)
@ CJ
Très juste
@ Ovide
C'est juste. Mais il sera plus simple d'en sortir avec de la croissance plutôt qu'avec cette croissance molle qui rend certaines mesures très difficiles.
@ Cording
Très juste
@ Red2
Cela fait 30 ans que cela dure... Cela risque de durer plus longtemps. Les Etats-Unis y ont intérêt pour croître et la Chine aussi.
@ Nicolas
La pesanteur actuelle est révoltante, mais le temps politique est souvent long et les dirigeants actuels ne veulent pas remettre en cause leurs choix. Ils repoussent donc l'échéance. La question est de savoir quand une alternative réelle mais républicaine pourra enfin s'imposer.
Il faut vraiment et c'est urgent réfléchir a un monde sans croissance matérialiste nous allons dans le mur et ce n'est pas pour après demain même sans les délires ecolo-rechaufistes nous avons des a présent besoins de plusieurs terres pour continuer comme cela ou alors nous considérons que c'est trop tard et advienne que pourra
Supprimerla reprise se confirme...on ne doit pas avoir les mêmes supports...la baisse mécanique du pouvoir d'achats suite à la hausse de l'énergie entraine une contraction de la consommation, le taux de chomage est proche des 10 % ( en faciale ) en réel on peut multiplier par 2 ce chiffre ( rsa, mére isolée,...)
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