S’il y a bien un domaine où le protectionnisme a démontré son efficacité, c’est le cinéma. Malheureusement, comme ce sont des distorsions à un marché libre, la Commission Européenne semble vouloir intervenir et réduire les protections de notre industrie cinématographique.
Un protectionnisme intelligent
Notre cinéma bénéficie en effet de mesures protectionnistes extrêmement fortes. Tout d’abord, pour protéger une partie des débouchés, des quotas de diffusion d’œuvres françaises existent à la télévision. Canal Plus doit également consacrer 20% de son chiffre d’affaire au financement d’œuvres audiovisuelles françaises. En outre, la taxe sur les œuvres cinématographiques touche tous les films (y compris étrangers) mais ne finance que les films français.
Et les résultats de cette politique qui combine offre et demande sont extrêmement bons. En 20 ans, le nombre d’entrées a progressé de 80%, passant de plus de 100 à 200 millions. Il faut remonter aux années 1960 pour retrouver de tels chiffres. Mieux, la part des films français ne cesse d’augmenter et ils font maintenant jeu égal avec les films étasuniens. En outre, cette protection n’empêche pas nos films de s’exporter, ni à la France de rester ouverte sur le monde.
La menace européenne
Malheureusement, tout cela marche trop bien sans doute pour une Commission Européenne qui ne souhaite pas laisser une preuve aussi éclatante de la pertinence des mesures protectionnistes. C’est pourquoi une procédure est en cours. Le site de la Commission présente l’initiative sous un titre « faire mieux fonctionner les marchés », qui laisse malheureusement augurer d’une remise en cause importante des différentes protections qui existent aujourd’hui pour le cinéma.
Naturellement, l’Europe veut éviter les distorsions entre marchés, oubliant que tous les pays n’ont pas le même rapport ni la même situation quand à leur production nationale. Elle veut limiter les contraintes géographiques de production liées aux aides, comme l’explique ce communiqué de presse. La consultation, démarrée en mars 2012, finira dans trois mois et la Commission veut malheureusement agir d’ici la fin de l’année. Dossier à suivre par conséquent.
Le besoin de protection
« La concurrence libre et non faussée » ne produit pas toujours de la croissance, surtout quand on échange avec des pays qui ont des salaires, une protection sociale, des normes environnementales, une fiscalité ou une monnaie qui favorisent leur compétitivité. Le protectionnisme a toujours été une condition du développement, comme cela a été expliqué lors de la réunion du 19 mars à l’école de guerre économique. C’est ainsi que l’Asie s’est développée économiquement.
Et comme je l’ai expliqué lors de cette réunion, il faudra oser prendre des mesures fortes, comparables à ce que font les pays asiatiques et plus dernièrement les pays d’Amérique Latine comme l’Argentine ou le Brésil pour reconstruire une industrie en Europe et en France et rééquilibrer notre commerce extérieur. Que ce soit par des droits de douanes ou des quotas, nous pouvons relancer n’importe quelle industrie du moment qu’il y a la volonté politique et les bonnes mesures.
L’industrie cinématographique démontre tous les bienfaits du protectionnisme en France. Il est malheureux que devant le désastre industriel de notre pays, nos dirigeants d’envisagent pas d’appliquer la même protection pour nos ouvriers ou nos agriculteurs.
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