Confessions intimes
Le début de l’émission a été proprement indigne de tout ce que doit représenter la fonction présidentielle. La séquence avait sans doute été bien cadrée lors des préparatifs. Nicolas Sarkozy parlait lentement et doucement, sur le ton de la confidence, comme dans une émission de télévision où des anonymes viennent parler de leur vie privée. Il est revenu plusieurs fois sur les difficultés conjugales qu’il a traversées de 2005 à 2007, comme un vulgaire héros de télé réalité.
Nous avons aussi eu droit à une complainte incessante et indécente sur la dureté d’être président de la République, qui n’aurait rien à voir avec être ministre. Nicolas Sarkozy n’a pas cessé de parler de son petit nombril sans parler de la France ou des Français. Pas à une contradiction près, il n’a pas hésité à dire « qu’il déteste l’impudeur ». Enfin, il s’est comparé à Jamel Debbouze, révélant sans doute inconsciemment un tempérament plus proche de celui d’un acteur que d’un président.
Quand le bilan est un passif
Au global, il faut saluer le fait que les journalistes ont fait un bilan assez complet du quinquennat sans en cacher les côtés obscurs (dérapages verbaux, Fouquet’s, EPAD…). François Lenglet, a souligné les contradictions flagrantes de la politique économique suivie depuis cinq ans. En revanche, Fabien Namias a laissé dire que la polémique sur la nomination de son fils à l’EPAD n’était pas juste, comme s’il avait les qualifications ou l’expérience pour un tel poste.
Bien sûr, Nicolas Sarkozy a évoqué la crise pour justifier les difficultés économiques ou le chômage. Mais le bilan du quinquennat est apparu pour ce qu’il est. François Lenglet a apporté de l’eau au moulin de l’idée de président des riches en soulignant que la réforme de l’ISF divise par trois le montant de l’impôt sur les fortunes de 20 millions d’euros. Sur le chômage, il a détourné le débat en parlant de l’Espagne ou des Etats-Unis pour éviter la comparaison avec l’Allemagne.
Combat de boue
Le débat avec Laurent Fabius a été franchement mauvais. Les grands sujets (euro, MES, 1000 milliards d’euros prêtés par la BCE aux banques privées) n’ont pas été évoqués. Nicolas Sarkozy a souvent été de mauvaise foi, en évoquant la suppression du quotient familial ou en déniant toute économie au programme socialiste. Cependant, dans ce débat musclé, il a pris le dessus sur Laurent Fabius, n’hésitant pas à casser son rythme, tout en gérant mieux son temps.
Nicolas Sarkozy a été habile en rebondissant sur le terme « violent » utilisé par son adversaire dans son introduction, et qui était exagéré, le contraignant à revenir en arrière. L’ancien premier ministre est apparu trop technocratique, a parfois été mesquin en évoquant la réception par les autorités chinoises. Il a également été maladroit dans sa présentation de la hausse des cotisations sociales. Mais au global, ce débat a sans doute servi les autres partis tant il était mauvais.
C'est bien à toi de reprendre en titre la moitié d'une formule mitterrandienne (l'homme du passé et du passif) pour ce sous Giscard qu'est NS. Cette erreur de "casting" que fût son élection va enfin se terminer au plus tard le 6 mai.
RépondreSupprimer"Sur le chômage, il a détourné le débat en parlant de l’Espagne ou des Etats-Unis pour éviter la comparaison avec l’Allemagne." : ça prouve ce que ça prouve, pour moi. En 2007, l'Espagne et les USA étaient des modèles économiques mais hop, dès que ça va mal, on retourne sa veste, on prend l'Allemagne, et il y a fort à parier que l'Allemagne n'a guère un modèle plus solide. En résumé : aucune connaissance en profondeur, aucune conviction durable et surtout l'éternelle rhétorique détestable du "Oh, mais regardez, c'est pire ailleurs !" Oui, c'est pire au Malawi, mais bon, je sais pas si ça va nous faire avancer...
RépondreSupprimerL'hyperactivité superficielle mène à la passivité sur le fond. Paradoxe intéressant..
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