Tous les
jours ou presque, un
flot de nouvelles dramatiques nous vient d’Espagne. Le taux de chômage y
est encore supérieur à celui de la Grèce. Pire, le pays semble à peine au début
d’une vague d’austérité suicidaire, selon
les dires du « prix Nobel » d’économie Paul Krugman.
Acte
1 : l’euro pousse-au-crime
Nicolas
Sarkozy cite parfois l’Espagne comme l’exemple d’un pays mal géré, pour
sous-entendre que les politiques socialistes ne pourraient mener qu’à la
catastrophe. Mais cette présentation des choses est totalement malhonnête. En
2007, l’Espagne était souvent présentée comme le pays modèle de la zone euro,
qui avait su concilier forte croissance (plus de 3% par an) et gestion
rigoureuse (dette inférieure à 40% du PIB, excédent budgétaire de 2005 à 2007).
En fait, on
le sait aujourd’hui, l’économie espagnole vivait sous la perfusion d’une
gigantesque bulle immobilière, dont l’explosion explique la crise
d’aujourd’hui. Mais ce qui est intéressant avec l’Espagne, c’est
que l’euro en est responsable. En effet, Madrid a fait tout ce qu’elle a pu
pour limiter la bulle, en gérant son budget de la manière la plus rigoureuse de
toute la zone euro et en imposant aux banques des réserves additionnelles pour
limiter la croissance du crédit.
Mais le
problème de l’Espagne est qu’elle avait renoncé à mener une politique monétaire
indépendante et adaptée à son économie. Si Madrid avait conservé la peseta,
alors, il aurait suffi de monter les taux et il n’y aurait pas eu de bulle.
Mais en faisant partie de l’euro, l’Espagne s’est vue imposée des taux beaucoup
trop bas, un argent beaucoup trop bon marché, qui a poussé les acteurs
économiques à emprunter plus que de raison, provoquant une immense bulle
immobilière.
Acte
2 : l’euro camisole