Demain, l’égalité des temps de parole sera beaucoup plus stricte puisque les média audiovisuels devront accorder le même temps de parole aux mêmes horaires à tous les candidats. L’occasion pour quelques journalistes de se plaindre de règles pourtant démocratiques.
Haro sur l’égalité
Effarant ! Vendredi au Grand Journal, samedi matin sur Europe 1, samedi après-midi sur I télé, dans chacune de ces émissions, une partie des journalistes se sont plaints de la règle d’égalité de temps de parole imposée par le CSA depuis le 20 mars, et qui sera durcie à partir du 9 avril en prenant en compte les horaires de diffusion. Jean-Michel Apathie, Michel Denisot, ou Olivier Duhamel ont tous critiqué les règles édictées par le CSA pour cette campagne.
Selon eux, c’est le décompte des temps de parole qui ne rendrait pas possible le fait de programmer des émissions politiques pendant la période d’égalité car il serait trop compliqué de la respecter à la lettre. Ce serait pour cette raison que tant d’émissions seraient annulées, ce qui expliquerait aussi que les Français soient déçus par cette campagne. Même si cela n’est pas forcément simple, ceux qui tiennent ce discours se moquent franchement du monde.
Tout d’abord, en quoi est-il difficile de suivre le temps de parole de dix candidats et de viser à l’égalité ? Cela est d’autant moins compliqué qu’il y a pleins de reportages qui permettent de gérer le temps de parole de manière extrêmement précise. Après tout, les émissions de direct sont difficiles à gérer avec les contraintes de temps, de publicité et les chaines y parviennent. En outre, ce n’est pas le « Grand Oral » (sic) d’Ariane Massenet qui va donner une bonne image de la campagne…
Une critique révélatrice
En fait, cette levée de boucliers d’une partie de la profession est doublement révélatrice. Car après tout, exiger une égalité de temps de parole 5 semaines sur 260, uniquement pour les candidats ayant réussi à réunir les 500 parrainages, ce n’est pas demander beaucoup. Certes, Nicolas Dupont-Aignan aura autant de temps de parole que Nicolas Sarkozy, mais cela ne concerne que 2% de cinq années, et aussi, 85% des Français y sont favorables.
En fait, comment ne pas y voir la réaction libertaire de quelques journalistes qui refusent tout simplement de soumettre aux règles de la société ? Vivre dans une société implique de respecter ses lois et ses règles. Mais dans ce monde néolibéral et ultra individualiste, les règles un tant soit peu contraignantes ont mauvaise presse. L’homme du 21ème siècle veut des droits mais refuse les devoirs, dès qu’ils introduisent la moindre contrainte pour lui.
Bref, certains journalistes souhaiteraient rester sur la règle de l’équité, qui n’en a que le nom, où chacun fait ce qu’il veut. Pourquoi certains journalistes voudraient-ils absolument pouvoir ne pas inviter les plus petits candidats ou leur accorder un temps de parole beaucoup moins important que les « grands » ? Qu’est-ce que la démocratie gagnerait à revenir sur ces règles de bon sens, appliquées librement par la plupart des médias pour les primaires socialistes ?
Non, assurer une égalité stricte des temps de parole entre dix candidats pendant deux semaines n’est pas si compliqué, même si cela nécessite un peu plus de travail. Mais la démocratie ne le vaut-elle pas ? En outre, cela ne concerne que quelques semaines pendant cinq longues années…
Une réalité qui dérange, certains journalistes ont peur que les Français découvrent la vérité. Une vérité que tout le monde connait, mais que personne ose regarder en face.
RépondreSupprimerLes journalistes se sont pris la grosse tête et veulent nous guider vers les "bons" candidats. Haro sur ces "petits" indignes de leur intérêt. Curieuse notion de démocratie ! Pourtant en 2007, 2002, 1995 etc. je ne me rappelle pas qu'ils aient critiqué si ouvertement ce système (même si je me souviens bien du matraquage en faveur du OUI pour le TCE de 2005 - mais là, l'égalité de temps de parole n'avait pas lieu d'être).
RépondreSupprimerLes temps de parole de chaque candidat sont une chose, mais je ne crois pas que les "temps journalistiques" (ceux qui parlent des candidats) soient décomptés dans le temps de parole. Je me trompe ?
RépondreSupprimerD'autre part il y a une grosse différence de faire passer la parole d'un candidat à 23 h, ou la faire passer à 20 h...
Ce système est vraiment pourri !
Le president du CSA a une logique vraiment étrange...
RépondreSupprimer"Quatre candidats ont accaparé à eux seuls un tiers des temps de parole alors qu'ils n'ont obtenu que 4,1% des suffrages".
http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/03/29/les-regles-sur-l-egalite-du-temps-de-parole-appauvrissent-le-debat-politique_1677135_3234.html
A noter que le president du CSA serait nommé par le president de la republique. Ca c'est de l’indépendance n'est ce pas !
@ A-J H
RépondreSupprimerLe mode de fonctionnement de la période d'équité démontre en effet qu'il faudrait sans doute avoir des règles plus strictes et contraignantes.
@ Claribelle
Pas tous. Une petite minorité (mais qui a du poids) et qui se voit comme un contre-pouvoir qui ne saurait avoir de contraintes ou un contre-pouvoir à son contre-pouvoir...