Une poussée souverainiste
En effet, il est bien évident que les partisans de l’intégration européenne ne manquent pas d’affirmer que la France ne pourrait pas obtenir une réorientation du projet européen dans un sens plus respectueux de la souveraineté des États nations. Mais un tel argument dénote une méconnaissance profonde de la dynamique actuellement à l’œuvre à l’échelle de notre continent. A part dans quelques cénacles isolés, les chimères de l’intégration reculent presque partout.
Le parti conservateur britannique au pouvoir n’a sans doute jamais été aussi sceptique à l’égard du projet européen. Au point que 80 députés ont même demandé à organiser un vote pour sortir de l’Union Européenne ! Aujourd’hui, le gouvernement est plus enclin à demander une réduction des pouvoirs confiés à l’échelon européen plutôt qu’à les augmenter… Mais c’est surtout en Allemagne que les choses évoluent dans un sens hostile aux fédéralistes.
Tout d’abord, en 2009, la cour de Karlsruhe a mis des limites très strictes pour protéger la souveraineté allemande. Ensuite, les deux années de crise financière de la zone euro ont démontré que Berlin refuse de mettre la main à la poche et freine les évolutions fédéralistes. Mieux, les pays du Sud, traditionnellement très positifs à l’égard de l’Europe, deviennent de moins en moins enthousiastes, au fur et à mesure que des plans d’austérité inhumaines leur sont imposés.
Le rôle pivotal de la France
Ce qui est intéressant, c’est que le Royaume-Uni et l’Allemagne adoptent aujourd’hui une tonalité fortement souverainiste. Au contraire, la France reste dans une logique intégratrice. Mais cela signifie que si la France basculait dans le camp souverainiste, les équilibres politiques seraient bouleversés en Europe puisque les trois premières puissances de l’Union Européenne pousseraient alors probablement dans le même sens d’une moindre intégration politique.
En effet, il ne faut pas croire que si la France élisait un président qui voudrait défaire cette Europe technocratique et uniformisatrice, nous serions seuls. La Grande-Bretagne se joindrait immédiatement à nous et ne serait plus seule à pousser ces idées. L’Allemagne est au milieu du Rubicon, mais, par son histoire, ne peut pas prendre l’initiative dans ce domaine. La tonalité du débat public allemand indique en revanche que Berlin ne serait pas mécontent de nous suivre.
Et après quelques années de maltraitance, ce ne sont pas les Etats du Sud qui viendront défendre la troïka technocratique européenne (BCE, Commission, Cour de Justice), qui n’aurait alors plus que les yeux pour pleurer. Bref, le basculement de la France et de ses dirigeants vers une position conforme à ce que pense la majorité de la population (comme le montrait 2005) provoquerait probablement l’effondrement de l’ordre européen actuel pour en construire un nouveau.
Le point de basculement de l’aventure européenne approche. Le projet monstrueux enfanté à Maastricht et Lisbonne touche à sa fin. Comme pour la CED, il reviendra à la France de porter le coup fatal, même si nous en sommes à l’origine. Ce n’est plus qu’une question de temps. Les autres pays sont prêts.
Mais c'est impressionnant cela! L'Europe est prête à la sortie et les élites traditionnelles françaises continuent comme si de rien n'était. Pourquoi ne saisissent-elles pas cette chance qui leur est accordée de se maintenir au pouvoir tranquillement plutôt que d'engager un bras de fer avec la population?
RépondreSupprimerJard.
Parce qu'en majorité elles sont stupides, elles haïssent la France et elles méprisent le Peuple. Mais elles vont vers un réveil pénible.
SupprimerSancelrien
Je suis plus que sceptique sur le fameux "rôle pivotal" que veut se donner la France. Est-ce qu'on ne se donne pas plus d'importance qu'on en a ? Si la Grèce sortait de l'euro, par exemple, je pense que bon nombre d'États lui emboiteraient le pas sans avoir besoin de l'aval de la France.
RépondreSupprimerContributeurs net vs bénéficiaires net Budget communautaire
RépondreSupprimerhttp://www.senat.fr/rap/l11-107-2-2/l11-107-2-223.html
La France a une lourde responsabilité dans la construction de cette Europe du fric (fric pour une minorité j'entends).
RépondreSupprimerDelors et VGE sont bien de chez nous.
Dans la crise des dettes la France ne fait pas contrepoids face a l'Allemagne pour defendre les pays moins puissants (ce qu'elle faisait traditionnellement aux XIX e et XXeme siecle). En se ralliant aux volontés Allemandes elle rend possible cette absurdité d'euro fort et monetariste.
C'est une excellente analyse, l'une de plus sensées que j'aie lu sur ce blog. Bravo, vraiment, là, on touche du doigt quelque chose de très important.
SupprimerPour la période 2014-2020, le budget de l'Union Européenne restera au niveau ridicule de 1 % du PIB de l'Union Européenne.
RépondreSupprimerLes neuf Etats européens les plus riches ont refusé d'augmenter le budget de l'Union Européenne pour la période 2014-2020.
Le fédéralisme en Europe, c'est bon pour les bisounours qui croient encore au petit papa Noël.
Lisez cet article :
Le président-candidat Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi à Paris en présentant son projet que la France demanderait le gel de sa contribution au budget de l'Union européenne s'il était réélu, une économie annuelle selon lui de 600 millions d'euros.
"Je vous annonce que la France demandera à ce que sa contribution au budget européen soit gelée, ce qui représentera une économie de 600 millions d'euros par an", a déclaré Nicolas Sarkozy lors de sa conférence de presse.
La contribution annuelle de la France au budget de l'UE s'élève actuellement à près de 19 milliards d'euros, soit la deuxième contribution après l'Allemagne.
La France, avec huit autres pays européens, avait entamé en 2011 un bras de fer avec Bruxelles, pour éviter que les contributions nationales n'augmentent pour la période 2014-2020, face au contexte de rigueur généralisée.
Une précédente lettre réclamant, fin 2010, un gel du budget de l'UE, avait réuni Nicolas Sarkozy, l'Allemande Angela Merkel, le Britannique David Cameron et les Premiers ministres Mark Rutte (Pays-Bas) et Mario Kiviniemi (Finlande).
"La dépense publique européenne ne peut s'exonérer des efforts considérables des Etats membres visant à maîtriser leurs dépenses publiques", écrivaient les cinq dirigeants européens dans leur courrier.
Le budget actuel de l'UE représente environ 1% du Produit intérieur brut européen, soit 143 milliards d'euros environ par an et quelque 1.000 milliards d'euros sur sept ans.
http://www.boursorama.com/actualites/sarkozy-la-france-demandera-le-gel-de-sa-contribution-au-budget-de-l-ue-efc70ef6a61426a5ace4653f8461f41c
Ce coup fatal à la mort de la liberté par l'UE s'appelle Marine. Quand on veut gouverner, il faut rassembler le peuple. DLR rassemble qui ? Votre seule alternative crédible, c'est de rejoindre Marine et le CIEL de P-M Coûteaux. Bienvenue !
RépondreSupprimer"Pivotal", tu es sûr que cela se dit?
RépondreSupprimerJard
@ Jard
RépondreSupprimerJe crois que j'ai fait un anglicisme...
@ Arthur
Le FN n'a apporté aucun coup fatal à cette construction européenne depuis 40 ans, du fait de toutes les scories qu'il charrie.
DLR est un parti jeune qui a beaucoup d'avenir. Les sondages ne préjugent pas de notre potentiel futur...
Alors, non merci pour l'invitation.
@ TeoNeo
Très juste.
@ Anonyme
Le rôle "pivotal", ce n'est pas pour la sortie de la monnaie unique d'autres pays. Là, chacun fera ce qu'il voudra. Ce sera pour la réforme de l'UE car ce dont on ne rend pas compte en France, c'est que le Royaume-Uni piaffe pour abattre cette Europe supranationale et bureaucratique, que l'Allemagne y est de moins en moins favorable (mais refuse de prendre l'initiative) et donc si la France bascule, l'avenir de l'UE bascule.
@ Jard
Elles sont prisonnière de préjugés selon lesquels l'Europe serait forcément positive et toujours la solution...
Le Royaume-Uni n'est pas très intéressé par l'Union européenne. Je pense qu'il laisse les autres nations se débrouiller, surtout qu'il est en dehors de l'euro et qu'il se sent moins concerné (à tort ou à raison, là n'est pas la question) par les affaires européennes. Quant à la France, cela fait longtemps qu'elle a perdu beaucoup de crédit, de confiance et de prestige vis-à-vis des autres nations européennes, particulièrement vis-à-vis des nations latines qui sont ses "sœurs" historiques. Je reste donc plus que sceptique sur son rôle de pivot.
Supprimer@LP,
SupprimerRegardez les chiffres sur le vote des 18-24 ans, vous y voyez NDA ? En revanche Marine fait un score énorme. Qui vote DLR, quelle est la sociologie de ce vote LP ? Allons...
@ Anonyme
SupprimerOui, mais notre place nous permet à tout moment de reprendre l'initiative.
@ Arthur
Et alors, par delà toutes les scories inacceptables du FN, ce parti existe depuis 40 ans et n'a jamais rien fait changer.
DLR est plus loin que le FN au même âge.
@LP,
SupprimerDLR est un parti éminemment respectable constitué de dirigeants, de cadres, de militants, de grande qualité, mais c'est aujourd'hui qu'il faut gagner la bataille, pas dans 40 ans, car il sera trop tard.
La France n'a aucun rôle pivotal contre l'Europe, encore moins si Hollande est élu. Amusant de s'allier aux British pour faire couler l'Europe.
RépondreSupprimerIl n'est peut être pas très pertinent de se référer à la Grande Bretagne comme exemple, même si celle-ci n'a plus besoin d'être le cheval de Troie des USA en Europe car le mal est fait. L’Europe étant une annexe des USA. Et la Grande Bretagne n'a jamais joué le jeu d'une Europe fraternelle et solidaire, bien au contraire !
RépondreSupprimerL'intégration européenne, préparée par des traités scélérats est beaucoup plus subtile : il s'agit de généraliser en Europe le néolibéralisme sauvage financiarisé, avec une concurrence non libre (oligopoles, ententes) et particulièrement faussée (dumping fiscal et social interne et externe), pour désagréger petit à petit tous les États sociaux. Depuis Milton Friedman, Reagan et Thatcher, la revanche sociale bat son plein, pilotée par l'Europe de Maastricht et Lisbonne, c'est-à-dire nos Gouvernements. Les austérités entièrement élaborées par les Etats (très faible imposition des revenus élevés pour organiser déficits et endettement) servant à faire pression pour diminuer les revenus et les protections sociales
Même s'il faut relire De Gaulle, subtil et visionnaire, l'Europe est une très belle idée, par la coopération renforcée entre Etats souverains. Par des coordinations pour l'innovation, le développement économique et surtout les convergences sociales progressives, facteurs décisifs pour la paix et la sécurité.
Dans la mondialisation sauvage néo-esclavagiste, le premier marché mondial que constitue l'Europe n'aurait aucun problème pour protéger sa croissance économique, écologique et sociale, en sortant gagnante de toutes les tentatives de rétorsions. A condition que la grande imbécilité dogmatique que constitue l'Euro devienne une monnaie fictive de référence servant à établir des montants compensatoires internes. Sauf si l'on décide de faire jouer un tout autre rôle à la monnaie commune, dans la compétition mondiale, à l'avantage de l'Europe des Nations et des Peuples.
Jean Caplanne
jancap@free.fr
Nous oublions toujours que nous sommes la seconde puissance maritime a égalité avec la Russie ; l'europe est une idée poussiéreuse issue de la guerre froide qui ne mène a rien ou a la misère voir l'urss ou la yougoslavie alors renversons nos alliance et vive le grand large si nous voulons un avenir tournons nous vers la mer notre chance est là
RépondreSupprimerD'autant plus que seules la Russie et la Chine peuvent faire contrepoids à la "politique" de plus en plus délirante des Etats-Unis.
Supprimer@ Fiorino
RépondreSupprimerLa France peut avoir un rôle pivotal, mais ne l'aura naturellement pas avec Hollande ou Sarkozy.
@ Jean
Très juste. Mais il peut y avoir une coalition d'intérêt pour abattre le monstre bureaucratique actuellement en place.
@ Patrice
Très juste.
Vendredi 6 avril 2012 :
RépondreSupprimerLes banques italiennes ont emprunté 270 milliards d'euros à la BCE. Record historique battu.
Les banques espagnoles ont emprunté 152 milliards d'euros à la BCE. Record historique battu.
L'Italie et l'Espagne sont en train de faire naufrage.
http://www.zerohedge.com/sites/default/files/images/user5/imageroot/2012/04/Italian%20Banks%20March.jpg
Mercredi 21 décembre 2011 : la Banque centrale européenne (BCE) prête 489,191 milliards à 523 banques de la zone euro lors d'une opération inédite de prêt à trois ans.
RépondreSupprimerMercredi 29 février 2012 : la BCE prête 529,53 milliards d'euros à 800 banques de la zone euro lors de sa deuxième opération exceptionnelle de prêts à 3 ans.
Au total, la BCE a prêté 1018 milliards d'euros aux banques de la zone euro.
Ces deux prêts ont permis de repousser le naufrage de l'Italie et de l'Espagne de quelques semaines.
Mais maintenant, l'effet de ces deux prêts est dissipé : les taux de l'Italie et de l'Espagne repartent à la hausse depuis le mois de mars.
Taux des obligations italiennes à 10 ans :
19 mars : 4,84 %.
20 mars : 4,90 %.
21 mars : 5,00 %.
26 mars : 5,03 %.
27 mars : 5,12 %.
30 mars : 5,12 %.
3 avril : 5,16 %.
4 avril : 5,37 %.
5 avril : 5,45 %.
Taux des obligations espagnoles à 10 ans :
5 mars : 4,97 %.
9 mars : 5,00 %.
12 mars : 5,06 %.
13 mars : 5,13 %.
14 mars : 5,17 %.
15 mars : 5,18 %.
16 mars : 5,20 %.
20 mars : 5,23 %.
28 mars : 5,33 %.
30 mars : 5,35 %.
3 avril : 5,45 %.
4 avril : 5,69 %.
5 avril : 5,75 %.
La BCE va encore devoir intervenir en urgence.
La BCE va encore devoir prêter 1018 milliards d'euros aux banques de la zone euro.
Dépêche-toi, Mario Draghi ! Il y a urgence !