A l’automne
2008, les
dirigeants du monde ont su tirer les leçons de la Grande Dépression. Alors
que le système bancaire était au bord de l’implosion, tous les pays ont fait le
nécessaire (plus ou moins bien) pour éviter l’explosion. Dommage que les autres
leçons n’aient pas été retenues en Europe…
Acte
1 : on sauve les banques
Ce que nous
avons vécu à l’automne 2008 restera un événement dans notre histoire
économique. Nous avons traversé la pire crise financière depuis quatre vingt
ans, qui aurait pu mener l’ensemble du monde dans une nouvelle Grande
Dépression si les bonnes décisions n’avaient pas été prises. En effet, peu
après la faillite de Lehmann Brothers, l’ensemble des banques étaient au bord du
chaos, incapables de financer leur activité, à deux doigts de la faillite.
Lors de la
crise des années 1930, la faillite des banques avait contribué à transformer ce
qui était une énième crise boursière en pire crise économique depuis des
décennies. Retenant ces leçons du passé, les dirigeants du monde, réunis dans
le G20, et les banquiers centraux, n’ont pas lésiné sur le soutien au système
financier, même si cela crée un immense aléa moral puisque nous
avons collectivisé les pertes du système financier en laissant les profits bien
privés.
Les banques
centrales ont créé des montagnes de liquidités et racheté de nombreuses
créances aux banques. Et outre des plans de relance, les gouvernements ont
recapitalisé les banques, garanti les dépôts ou leur ont prêté pour mettre fin
à la panique. Il faut noter que la
recapitalisation était plus juste car elle sanctionnait les banques alors
que les simples prêts (comme ce qui a été fait en France) était une forme
d’aide sans conséquence pour le système financier.
Acte
2 : la zone euro oublie la croissance
Sans doute
parce que la Grande Dépression y a été très dure, et a façonné la pensée
économique (et en premier lieu Joseph Stiglitz et Paul Krugman),
les Etats-Unis ont différé le rééquilibrage du budget pour protéger la
croissance, partant du principe que l’austérité risquait de la casser et
que cela n’était pas la solution. Au contraire, la zone euro a adopté une
attitude radicalement différente : la réduction des déficits est devenue
la priorité absolue, quitte à sacrifier la croissance.
Ce
mauvais choix a été rendu pire par l’adoption d’une monnaie unique pour des
pays trop différents pour la partager, ce qui interdit à ceux en déficit
extérieur d’utiliser la dévaluation pour rééquilibrer leur économie. Le
résultat, c’est le retour de la croissance outre-Atlantique, et le retour de la
récession dans la zone euro. Pire, cela fait deux ans et demi que la Grèce
subit un bank run et personne n’agit, du fait de la sanctification de la
liberté de circulation des capitaux. Et
tout s’accélère aujourd’hui.
Il est
effarant de constater à quel point l’Europe continue à aller dans une impasse.
Pourtant, nous étions nombreux à dénoncer cette politique, dont beaucoup
d’économistes prestigieux. Comme le dit
Jacques Sapir, l’accélération du bank run pourrait accélérer la crise, et,
on l’espère, sa sortie.
L'euro baisse : le marché se prépare à une sortie de la Grèce de l'euro.
RépondreSupprimerL'euro baissait face au dollar mardi, plombé par des commentaires de l'ancien Premier ministre grec selon lequel le risque d'une sortie de la Grèce de la zone euro est réel, alors que les cambistes attendaient nerveusement une rencontre des dirigeants européens mercredi.
En fin d'échanges new-yorkais, dans un marché faible en volume, les déclarations de l'ancien Premier ministre grec Lucas Papademos déclarant que "le risque que la Grèce quitte l'euro était réel", selon l'agence Dow Jones Newswire, a fait plonger la monnaie unique face au dollar, considéré comme une valeur refuge.
"On a vu une chute prononcée de l'euro en fin d'après-midi, avec les déclarations assez délétères de M. Papademos", a noté Sébastien Galy, de la Société Générale. Ces propos ont eu selon lui un effet "psychologique" déclencheur sur les cambistes, qui bien qu'ils anticipaient déjà une sortie de la Grèce de l'euro, se préparent désormais plus sérieusement à cette éventualité.
"Mais cela reste un mouvement de recul modeste en ligne avec l'évolution anticipée de l'euro à la baisse" à court terme par rapport au dollar. "Tout le monde est positionné pour une baisse de l'euro face au dollar", a continué le cambiste.
De nombreux observateurs craignaient en outre mardi que la crise frappant la Grèce se propage vers d'autres pays membres de la zone euro, particulièrement l'Espagne dont le secteur bancaire était fragilisé par ses actifs immobiliers risqués.
Preuve de la défiance des investisseurs, si l'Espagne a pu emprunter mardi 2,526 milliards d'euros en bons à 3 et 6 mois, elle a dû une nouvelle fois concéder des taux d'intérêt en hausse.
De plus, les cambistes restaient sur la défensive à la veille d'une réunion informelle des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne (UE) pour discuter de la relance de l'économie, ont noté les analystes de Commerzbank.
Cependant, "il y a peu de marge pour voir une avancée majeure cette semaine car les responsables de la zone euro continuent de n'agir que dans leur intérêt propre", a tempéré David Song, analyste chez DailyFX.
http://www.romandie.com/news/n/DEVISESL_euro_baisse_le_marche_prre_ne_sortie_de_la_Gr_de_l_euro_RP_230520120914-22-183150.asp?
UE: l'Allemagne réitère son opposition aux eurobonds avant le sommet de Bruxelles (publié le 23/05/2012)
Supprimerhttp://www.lexpress.fr/actualites/1/economie/ue-l-allemagne-reitere-son-opposition-aux-eurobonds-avant-le-sommet-de-bruxelles_1117661.html
« Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a réaffirmé son opposition aux euro-obligations dans un entretien à la radio locale allemande NDR, diffusé quelques heures avant un sommet européen informel à Bruxelles consacré à la croissance.
"Tant qu'un pays mène sa propre politique budgétaire, il est exclu de mettre en commun la garantie pour les obligations", a-t-il dit, estimant que cela n'inciterait pas à la discipline au sein de la zone euro.
Le rejet des euro-obligations, maintes fois exprimé par Berlin ces dernières semaines, est "notre position ferme et cela le sera aussi en juin", lors d'un sommet européen formel censé prendre des mesures pour la croissance, avait martelé mardi une source haut placée du gouvernement allemand. »
Il semblerait que les allemands jugent moins dangereux, pour eux, un éclatement de la zone euro que de se porter solidaire d'une dette européenne déjà gigantesque et à l'évolution incertaine. Le résultat c'est que la Grèce qui emprunte à 30 % sur les marchés financiers va devoir sortir de la zone euro. En fait il n'y a pas le choix, contrairement à ce que certains prétendent. Si la position allemande de refus d'une mutualisation de la dette devaient ensuite perdurer ce sont les autres pays en difficulté de la zone euro, actuellement l’Espagne, l’Italie, la Grèce, le Portugal, qui devront prendre la porte de la sortie. Eux aussi n'auront pas le choix.
Ce sera le sujet de mon papier de demain... Merci à vous et BA pour l'info.
SupprimerL’Eurogroupe est la réunion mensuelle (et informelle) des ministres des Finances des États membres de la zone euro, en vue d’y coordonner leur politique économique.
RépondreSupprimerMercredi 23 mai 2012 :
L'Eurogroupe appelé à étudier un abandon de l'euro en Grèce.
Le comité de préparation de l'Eurogroupe a demandé aux gouvernements de la zone euro de préparer chacun de leur côté un plan d'urgence dans l'éventualité d'un abandon de la monnaie unique par la Grèce, a-t-on appris mercredi de deux responsables européens.
Cette initiative a été approuvée lundi au cours d'une téléconférence du groupe de travail chargé de préparer les réunions mensuelles des ministres des Finances de la zone euro. Les membres du groupe de travail constituent aussi le conseil d'administration du FESF, le Fonds européen de stabilité financière.
Outre la confirmation de deux responsables européens, Reuters a pu consulter une note de travail rédigée par un Etat membre qui détaille notamment le coût potentiel, pour chaque pays de la zone euro, d'une sortie de la Grèce du bloc.
Ce document estime que si un tel scénario devait se produire, un "divorce à l'amiable" devrait être recherché, et qu'un soutien de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI) pourrait accompagner Athènes dans sa sortie de la monnaie unique.
"Pour l'heure, rien n'a encore été préparé au niveau de la zone euro, de crainte que cela s'ébruite", a précisé l'un des responsables.
Un deuxième responsable a confirmé l'existence de l'accord conclu lundi.
Les Bourses européennes sont en net repli à mi-séance, alors qu'une sortie grecque de la monnaie unique n'est plus considéré comme un tabou et que les investisseurs redoutent qu'aucune solution concrète pour stimuler la croissance n'émerge du sommet européen informel prévu dans la soirée.
http://fr.reuters.com/article/businessNews/idFRPAE84M06820120523
Espagne: appel discret de Rajoy à la BCE, mais refus d'une aide pour ses banques
SupprimerLe chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a lancé mercredi à Paris un appel discret à la Banque centrale européenne (BCE) pour qu'elle aide son pays à mieux se financer sur le marché de la dette, mais a confirmé qu'il n'était pas preneur d'une aide européenne pour ses banques.
"Nous ne pouvons pas continuer à vivre avec de telles différences de taux d'emprunt", a déclaré M. Rajoy, lors d'un point de presse commun avec le président François Hollande, qui l'a reçu à déjeuner. Le taux espagnol de l'emprunt à dix ans dépasse les 6%, quand celui de l'Allemagne est inférieur à 1,4%.
"Ces différences pourraient ne pas nous permettre de parvenir à nos objectifs en matière de déficit, c'est très important, et c'est peut-être l'élément le plus important à mes yeux", a-t-il poursuivi. M. Rajoy a toutefois rejeté l'idée d'une intervention des fonds de secours européens, comme le Fonds européen de stabilité financière ou le Mécanisme européen de stabilité (MES), appelé à le remplacer, pour remédier à ce problème.
"Il y a des instruments plus rapides que les fonds européens ou le MES, qui entrera en vigueur bientôt, pour résoudre les problèmes de financement et de liquidités", a-t-il précisé, dans une allusion à la BCE, seule institution pouvant rapidement intervenir sur le marché de la dette en Europe.
Revenant sur la situation difficile des banques espagnoles, le Premier ministre a reconnu qu'elle nécessiterait probablement une recapitalisation, "mais, à ce jour, le gouvernement n'a ni intérêt ni aucune intention de recourir à un quelconque fonds européen ou à tout autre organisme", a réaffirmé M. Rajoy.
M. Hollande s'était déclaré favorable, la semaine passée à Washington, à l'intervention de "mécanismes de solidarité européenne" pour soutenir l'effort de recapitalisation des banques espagnoles, s'attirant aussitôt un démenti de Madrid.
Le secteur bancaire espagnol est fragilisé depuis l'éclatement de la bulle immobilière en 2008. Il accumulait, fin 2011, 184 milliards d'euros d'actifs immobiliers problématiques -car de valeur incertaine-, soit 60% de son portefeuille.
Selon l'Institut de la finance internationale (IIF), les pertes des banques espagnoles pourraient atteindre 260 milliards d'euros (332 milliards de dollars) et le secteur pourrait avoir besoin de 60 milliards d'euros pour rester à flot.
http://www.lexpress.fr/actualites/1/economie/espagne-appel-discret-de-rajoy-a-la-bce-mais-refus-d-une-aide-pour-ses-banques_1117931.html
Autrement dit le chef du gouvernement espagnol demande à la BCE d'acheter massivement la dette espagnol sur le marché secondaire (sur le marché primaire elle n'a pas le droit) pour faire baisser les taux d'intérêt à laquelle l'Espagne emprunte. Tous les pays en difficulté de la zone euro qui se financent à taux élevé sont en droit de faire la même demande à la BCE. Mais jusqu'à quel point le bilan celle-ci peut lui permettre de le faire. Certains pensent que la BCE a déjà commencé à se transformer en bad bank, en récupérant toutes les créances et collatéraux de mauvaise qualité du marché. Le chef économiste de la BCE, l'Allemand Jürgen Stark, avait démissionné à cause de cela. L'étude ci-dessous en date du 12 février 2012 disait que le niveau d’endettement de la BCE correspondait à celui de Lehman Brothers avant son explosion.
http://finance.blog.lemonde.fr/2012/02/12/la-banque-centrale-europeenne-risque-t-elle-dexploser/
@ Anonyme
SupprimerMerci pour ce point. Complètement d'accord pour la BCE qui est devenue une bad bank. Son bilan est remplie de créances douteuses (il a triplé en quatre ans).
Le point de vue de Rajoy est très intéressant. Cela montre une distanciation assez forte de l'Espagne qui peut présager une évolution future. Le château de carte vacille.
@ Laurent Pinsolle. Je trouve votre analyse parfaite. Vous avez résumé en quelques lignes les mécanismes implacables, qui nous conduisent tout droit dans le mur. Alors, comment expliquer que des dirigeants européens ne tirent, individuellement et collectivement, aucune conclusion sérieuse de cette situation,alors que des amateurs en économie, comme moi et de nombreux autres citoyens, en comprennent les ressorts et les impasses ? S'agit-il de dogmatisme ou de défense des leurs intérêts et de ceux de leurs électeurs ? Des deux à la fois ? Comment pouvons-nous supporter une telle inertie ?
RépondreSupprimer@ Laurent Pinsolle (2) L'action des mécanismes implacables de la politique européenne nous conduit tout droit dans le mur. Toutefois, il est encore temps d'agir et de repartir dans le bon sens. Les décisions ne sont pas irréversibles et ce qui a été fait, peut être défait démocratiquement à la condition que nos gouvernants acceptent la confrontation avec certains de nos partenaires européens, comme les conservateurs allemands. Qu'ils se saisissent, sans faiblir, de l'opportunité représentée par l'élection de François Hollande, pour obtenir des résultats !
RépondreSupprimer@ Laurent Pinsolle (suite) Les mécanismes implacables de la politique européenne nous conduisent tout droit dans le mur, mais il est encore temps d'agir et de repartir dans le bon sens. N'oublions pas que les décisions, qui organisent cette politique, sont réversibles. Ce qui a été fait, peut être défait démocratiquement à condition qu nos gouvernants acceptent avec détermination la confrontation.