Dimanche, nous
n’étions pas les seuls à être appelés à voter. Après les
ratés honteux de l’automne, c’était le tour des Grecs pour des élections
législatives anticipées. Malgré la très forte poussée des partis opposés aux
plans européens, les
partis qui y sont favorables restent légèrement majoritaires.
Un
bouleversement politique
En
introduction, je vous conseille le
papier très fouillé du blog Mes
élucubrations, qui propose l’analyse la plus complète que j’ai pu
trouver sur cette élection. Il y a trois ans, les socialistes du PASOK de
Papandréou avaient battu le parti de droite Nouvelle Démocratie (ND). Mais la
grave crise économique que traverse le pays, et le choix de rester dans l’euro avec
des plans d’aide aux créanciers a imposé un gouvernement d’union nationale
l’automne dernier.
Le
gouvernement socialiste avait été remplacé par le gouvernement technique de Papademos,
rassemblant la quasi-totalité des partis au Parlement (PASOK, Nouvelle
Démocratie mais aussi le LAOS d’extrême droite). Devant le désastre économique
que traverse le pays, ces partis ont été très largement sanctionnés lors du
scrutin de dimanche. C’est ainsi que le PASOK et ND, qui réunissaient 77% des
suffrages en 2009, en
ont obtenu moins de la moitié cette fois-ci.
ND a obtenu 19%
des voix et 109 sièges. Le
PASOK s’effondre avec 13% des voix seulement, devancé par SYRIZA, un parti proche
du Front de Gauche, et opposé au mémorandum européen, qui dépasse 16%. Suit le
nouveau parti de droite Grecs Indépendants, opposé au mémorandum (issu d’une
scission de ND), avec 10%. Puis vient le Parti Communiste KKE, avec 8%, le
parti néonazi l’Aube Dorée, avec 7% et enfin le DIMAR, un parti de gauche
entre le PASOK et le SYRIZA.
L’impasse
de l’euro
Toute la question est de savoir comment va s’organiser le gouvernement de la Grèce. Les partis qui soutiennent le mémorandum européen sont encore majoritaires à l’Assemblée Nationale puisque ND et le PASOK ratent la majorité absolue pour un seul siège et qu’ils pourraient éventuellement s’entendre avec la Gauche Démocratique du DIMAR. Mais les deux premiers ont annoncé qu’a priori, ils ne gouverneraient pas ensemble donc l’incertitude continue à régner à Athènes.
Il est
probable à court terme que la Grèce continue à appliquer les politiques
absurdes demandées par la troïka, d’autant plus que les éléments rebelles des
deux anciens grands partis sont allés dans de nouveaux groupes. Du coup, le
supplice de l’euro pourrait se poursuivre, ce qui est proprement effarant
étant données les immenses souffrances infligées au peuple grec pour rester
dans la zone euro. Bref, le
pays suit la voie de l’Argentine, en tardant à sortir de sa camisole
monétaire.
Pourtant, de
plus en plus d’économistes soulignent que le maintien dans la zone euro est une
calamité économique. Patrick
Artus a récemment expliqué que la baisse du taux de change (et donc, la sortie
de l’euro pour la Grèce) était largement préférable à une dévaluation interne
par la baisse des salaires. Malheureusement, une majorité des Grecs ne
veulent toujours pas dire non à l’Europe et acceptent encore l’euro austérité, mais
cela ne devrait pas durer.
Même si ce
résultat est décevant, notamment pour le peuple grec, qui
aurait besoin de passer à un plan B, la très forte avancée des partis
opposés au mémorandum européen est porteuse d’espoir pour l’avenir.
Malheureusement, une
somme énorme de souffrances aura été imposée, pour rien.
Tout d'abord, merci de l'attention que vous avez accordé à mon analyse sur cette élection.
RépondreSupprimerEnsuite, il s'est produit ce matin un événement sur lequel je n'aurais pas parié un kopeck et qui ouvre bien des perspectives : appelé à participer à une majorité par la ND, le PASOK a conditionné son acceptation à la participation de SYRIZA et de la DIMAR, ce que les deux partis intéressés ont refusé. Le chef de la ND a donc déclaré son échec des négociations, et c'est donc maintenant au chef de SYRIZA de former une majorité.
Or le comportement du PASOK permet d'ouvrir de nouvelles possibilités.
Je renvoie les lecteurs intéressés à cette (bien plus courte, rassurez-vous) note de ce jour sur mon blog :
http://meselucubrations.hautetfort.com/archive/2012/05/08/grece-apres-les-elections-le-feuilleton.html
Lundi 7 mai 2012, François Lenglet explique ce qui va se passer en Europe : la vidéo dure 3 minutes.
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=hFVA8aonJwA
Je suis agacé d'entendre souvent ce "poncif" sur le LAOS que les médias qualifient d'extrême-droite. Parce que l'on se réfère au valeurs chrétiennes, parce que l'on est souverainiste, on serait donc d'extrême-droite ? Absurde ! Je trouve d'ailleurs dommage que ce parti n'est plus de sièges au parlement grec.
RépondreSupprimerSur la Grèce, la situation demeure très confuse à l'issue des élections de dimanche : aucun parti ne peut former de coalition durable. On s'achemine sans doute vers de nouvelles élections en juin.
RépondreSupprimerLe point essentiel est que les Grecs ne semblent pas avoir encore compris qu'ils ne peuvent à la fois rester dans l'eurozone et refuser d'appliquer le plan absurde de la troïka : c'est incompatible. Il faudra bien sortir un jour de l'ambiguité.
Je réponds à un commentaire que vous (Laurent Pinsolle) avez déposé hier sur un autre sujet :
« Et que je sache, l’Humanité a accepté le pacte entre Staline et Hitler, ce qui est tout de même autre chose que les appels du pied de Sarkozy à l’électorat du FN…».
Vous faites un bien mauvais procès à l'Humanité concernant le pacte de non-agression germano-soviétique (qui fut une surprise pour les communistes français et un prétexte pour les interdire). Trois jours après l'annonce du pacte, L'Humanité titrait : Union de la Nation française contre l'agresseur hitlérien (26 août 1939), ce qui n'empêcha pas le gouvernement Daladier de faire saisir le journal...
C'est le genre de titre que j'aimerais lire dans l'Humanité d'aujourd'hui : Union de la Nation française contre le pacte Merkel-Sarkozy.
Vous jugez peut-être un peu vite, Laurent. Pour autant que je puisse en comprendre quelque chose ( les Grecs eux-mêmes semblent un peu perdus ) la Grèce est ingouvernable jusqu'à nouvel ordre. Pourquoi pas jusqu'aux échéances de juin ? Il est tout à fait évident que ce pays ( et comme on peut le comprendre ! ) est sorti du domaine du raisonnable.
RépondreSupprimerSancelrien
J'ai jeté un coup d'oeil rapide sur les résultats depuis Chirac en 95 ... avec 32 % des voix des électeurs inscrits sur les listes, Hollande a le plus faible score
RépondreSupprimerChirac en 1995 = 39%
Sarko en 2007 = 42,5%
Zut, je me suis trompé de billet ...
SupprimerCe n'est pas juste. Hollande a réuni 39% des inscrits (18 millions de voix sur 46 millions d'inscrits).
Supprimer@ Sancelrien et Brath-z
RépondreSupprimerEn effet, la situation a évolué plus vite que je ne le pensais. Billet demain. Merci à Brath-Z pour son suivi de l'évolution.
@ Anonyme
Désolé pour l'erreur historique. J'ai parlé un peu vite semble-t-il.
Sapir déclare que hollande sera le président du retour du Franc malgré lui ; oui pour la Grèce cela peut aller vite maintenant
RépondreSupprimerAlexis Tsipras, président de SYRIZA, chargé depuis ce matin de former un gouvernement (les relations avec l'ANEL semblent très tendues, et si l'ANEL n'est pas convaincue, la pression sur le KKE sera très difficile...), exclue toute sortie de l'euro et affirme même que l'Allemagne à plus d'intérêt à sortir de l'euro que la Grèce, ce en quoi j'aurais tendance à souscrire à son analyse.
Supprimerdisons que l'effondrement de l'euro est dans les tuyaux et in fine celui celui de l'ue le plus tôt serait le mieux , bien sur la pression sur la Grèce doit être forte mais je suis modérément optimiste la dessus tout bon politique est capable de dire demain le contraire de ce qu'il disait aujourd'hui
Supprimer@ Brath-z et Patrice
SupprimerCela va être compliqué... Mais ces troubles pourraient bien accélérer le démontage de l'euro.
Lundi 7 mai 2012 :
RépondreSupprimerL'économiste Jacques Sapir donne sa vision de l'Europe pour les mois qui viennent : la vidéo dure 11 minutes.
Ce que dit Jacques Sapir est passionnant : les pays européens ne peuvent pas avoir la même monnaie.
http://www.youtube.com/watch?v=smHrVc3_JbA&feature=player_embedded
Lundi 7 mai 2012 :
RépondreSupprimerNicolas Doze parle de la sortie de la Grèce de la zone euro, de l'éclatement de la zone euro, et du retour aux monnaies nationales.
Concernant la France et le retour au franc, Nicolas Doze déclare :
"Le seul moyen pour redonner de l'espoir, une dynamique et une chance aux jeunes de France, c'est de les libérer de la dette. Car, compte tenu du stock de dette que nous avons, il n'y a qu'un seul moyen pour libérer notre pays de la dette, c'est de reprendre la main sur notre politique monétaire, de dévaluer la monnaie, ce qui sera suivi d'une forte inflation. Il n'y a pas d'autre solution."
http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=TA_S1Ba51lY
Avec un magnifique culot les journalistes économiques sont les uns après les autres en train de découvrir l'eau chaude et le fil a couper le beurre
SupprimerExact 39% ... au temps pour moi :)
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