Il y a trois
semaines, je
parlais d’une possible victoire de la gauche radicale. Finalement, c’est le
parti de droite Nouvelle Démocratie qui vient de remporter de peu les élections
législatives en Grèce. Les Grecs ont préféré la clarté vis-à-vis de l’euro
plutôt qu’une remise en question des plans européens.
Le
supplice de l’euro va durer
Si trois
quarts des Grecs ne supportent plus les plans d’austérité européens, le même
pourcentage souhaite conserver la monnaie unique et c’est sur ce dilemme que
c’est fondé le résultat des élections législatives de dimanche. La population
grecque a sans doute préféré voter pour un parti qui acceptait les plans
européens (tout en promettant une renégociation), ce qui garantit le maintien
dans l’euro. En faisant le grand écart entre le refus des plans et le soutien à
l’euro, Syriza a perdu.
Nouvelle
Démocratie a très bien su jouer des ambiguités de la gauche radicale en parlant
« d’un choix entre la monnaie unique
et le cauchemar d’un retour à la drachme ». Cet
article du Monde montre bien que
les soutiens de Samaras ont préféré la clarté du discours de Nouvelle
Démocratie et avaient peur de la possible sortie de l’euro qu’impliquait le
refus des plans européens proposé par Tsiripas. On peut se demander si Syriza
n’aurait pas du défendre le
retour à la drachme.
Comme
on pouvait le craindre dès le début 2010, les Grecs ne semblent pas encore
prêts à couper le lien avec cette Europe qui, pourtant, les torture depuis deux
ans. La peur d’être seul, la volonté de ne pas mordre la main qui les a aidé
pendant des décennies fait sans doute que la population hésite encore à rejeter
ces plans, aussi durs soient-ils. Du coup, la monnaie unique gagne un peu de
temps, où
vont être à nouveau démontrées toutes ses carences…
Une
sortie de l’euro repoussée
L’histoire
de la monnaie unique en Grèce est un immense gâchis. Le pays ne pourra pas
rester dans l’euro s’il souhaite relancer son économie, qui
ne pourra l’être que par une forte dévaluation. Mais il est malheureux
d’attendre aussi longtemps car le pays boit le calice de l’austérité jusqu’à la
lie alors que s’il
était sorti de la monnaie unique dès 2010, son économie aurait déjà retrouvé la
croissance, avec un coût bien moindre, tant d’un point de vue chômage et
pouvoir d’achat.
Car les
plans qui sont imposés au pays par l’Europe sont totalement vains. Derrière
les mises en garde des pays européens, on mesure tous les jours davantage
que ces plans ne sont que des plans d’aide détournés au système financier et
aux créanciers du pays. Ce
très bon papier du Figaro démontre
que la population n’a vu que 10% des plans d’aide, le reste étant consacré au
remboursement des dettes du pays. Pire, sans dévaluation, l’économie ne peut
pas repartir.
Quel
aveuglement provoque cette Europe ! Un pays qui accepte de se saigner sauvagement
pour rester dans l’Europe et sauver des créanciers qui lui avaient prêté un peu
légèrement. Il y a fort à parier que dans quelques temps, les Grecs réaliseront
qu’ils ne pourraient pas aller plus mal s’ils quittaient l’euro.
Hors le retour aux monnaies nationales au sein d'une monnaie commune, point de salut
RépondreSupprimerhttp://www.revue-projet.com/articles/2012-3-la-monnaie-commune-contre-l-eclatement-de-la-zone-euro/
Bonjour André-Jacques, c'est gilles du Forum du Plan C est-ce qu'il existe un scénario détaillé de sortie ordonnée de la zone euro ? Je cherche sur Google, mais je ne trouve que des communiqués vagues ou des réfutations que cela soit possible. Je vais lire le lien que tu indiques pour en savoir plus.
SupprimerBonjour,
SupprimerAu cours de vos recherche, n'êtes-vous pas tombé sur ce document de travail de Jacques Sapir, publié en avril 2011, et intitulé "S'il faut sortir de l'euro" ?
http://postjorion.wordpress.com/2011/04/23/168-sapir-sil-faut-sortir-de-leuro/
Évidemment, les choses ont évolué depuis, mais il reste une base de réflexion intéressante.
Oui, Gilles, le lien cité par Anonyme me semble le plus pertinent.
Supprimer@ Gilles
SupprimerDans ce papier, il y a beaucoup de liens vers des études sur la question (notamment la très bonne étude de Jonathan Tepper) :
http://www.gaullistelibre.com/2012/06/la-faillite-de-leuro-44-la-solution-des.html
Un sursis, c'est ce que les Grecs se sont donnés! Y-a-t-il une vraie majorité pour maintenir cette austérité sachant que les concessions de la "Troïka" ne seront que d'un bien faible effet. De toutes les façons ce sera plus par l'Espagne que l'euro flanchera étant donné que les banques espagnoles ont un besoin de financement dont on ne connaît pas encore la réalité pour éviter la banqueroute.
RépondreSupprimerM. Pinsolle,
RépondreSupprimerJe suis tout à fait d'accord avec ce papier, la Grèce risque de subir l'austérité pendant un petit moment encore et l'agonie de l'euro risque de prendre quelques années encore.
Je m'excuse du fait que ma question ne soit pas liée avec votre article, elle concerne en effet le résultat des législatives et la facile réélection de Nicolas Dupont-Aignan. Est-ce qu'il compte rester sur le banc des non-inscrits comme lors de la précédente législature? Est-ce qu'il y a moyen de créer un groupe souverainiste (dont ne feraient pas partie les trois députés d'Extrême-droite) à l'Assemblée sachant que 4 députés du MPF ont été élus, qu'il y a NDA et François-Xavier Villain, et des députés UMP comme Jacques Myard?
Extrait de cette actualité du jour: « Privée de l'arme de la dévaluation en raison de son appartenance à l'euro, la Grèce en crise a été contrainte de lancer une sorte de "dévaluation intérieure" pour faire baisser les coûts de production. Mais axée sur les baisses de salaires et combinée à une rafale d'impôts, l'opération a surtout réussi à amplifier la récession sans qu'aucun signe de reprise ne se manifeste. »
RépondreSupprimerhttp://www.lexpress.fr/actualites/1/actualite/la-grece-espere-un-gouvernement-dans-la-journee_1128229.html
Pour l’Espagne qui applique des remèdes similaires à ceux de la Grèce, un retour à la normale, vu la situation dégradée où elle se trouve, selon l’étude ci-dessous, prendrait «plusieurs décennies». Est-ce que ça sera plus rapide pour la Grèce ?
http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=64562
Le chef du gouvernement Mariano Rajoy, voir la dépêche ci-dessous, demande à la BCE de jouer les bons samaritains et d’acheter la dette espagnole alors qu’à ma connaissance les traités européens disent que les Etats, membres de la zone euro, doivent emprunter sur les marchés financiers. Ceux-ci sont d’accord avec M. Mariano Rajoy pour faire cette demande à la BCE, parce qu’ils ne veulent plus acheter la dette espagnole où alors en imposant des taux de plus en plus élevés qui entretiennent la crise de la zone euro.
http://www.liberation.fr/depeches/2012/06/19/l-espagne-inquiete-les-marches-qui-lui-font-payer-le-prix-fort_827499
Autre actualité qui répond à une de mes interrogations : combien de temps l’Espagne peut emprunter à 7% pour ses emprunts « long terme »:
http://www.lexpress.fr/actualites/1/actualite/espagne-les-marches-inquiets-des-conditions-de-sauvetage-du-secteur-bancaire_1128320.html
Citation :
« "Il n'y a pas de niveau magique à partir duquel le pays tombe", prévient Christian Parisot, économiste pour Aurel BGC, mais la Grèce, l'Irlande et le Portugal ont tous trois appelé à l'aide après avoir vu leur taux d'emprunt dépasser les 8% sur le marché, un niveau qui n'est plus très loin pour Madrid.
"L'Espagne peut survivre encore quelques mois à de tels taux" autour de 7%, note Frederik Ducrozet, économiste du Crédit Agricole CIB. »
Saul
Mardi 19 juin 2012 :
RépondreSupprimerL'Espagne a emprunté mardi 3,040 milliards d'euros à douze et dix-huit mois et a vu ses taux d'intérêt s'envoler.
La somme levée est certes légèrement supérieure à l'objectif (2 à 3 milliards). Mais les taux concédés sont en très nette hausse par rapport à la dernière émission similaire, le 14 mai : 5,074 % à douze mois (contre 2,985 % lors de la précédente émission) et 5,107 % à dix-huit mois (contre 3,302 %).
Seul indice rassurant, la demande des investisseurs reste forte, dépassant mardi les 8 milliards d'euros.
Cette envolée du niveau d'emprunt était attendue alors que l'Espagne inquiète toujours les marchés, impatients de connaître le montant que devra avancer la zone euro pour redresser ses banques.
Si Madrid prend la totalité de l'enveloppe disponible, soit 100 milliards d'euros, alors sa dette publique devrait grimper immédiatement de dix points et avoisiner en fin d'année les 90 % du PIB, un niveau qui rend les taux d'intérêt actuels très préoccupants.
Le taux des obligations espagnoles à dix ans, qui a franchi lundi, pour la première fois depuis la création de la zone euro, la barre symbolique des 7 %, restait mardi au-dessus de ce niveau jugé insoutenable à moyen terme, à 7,043 %.
(Dépêche AFP)
C'est une vraie mauvaise nouvelle !
RépondreSupprimerAaah, qu'on ne me parle plus du malheur des Grecs ! Y en a marre de leurs "gouvernements de coalition", de leurs "réunions de la dernière chance" ( ils en sont à 12 487 ) et de leur "sauvetage de l'Euro" ! La vérité, c'est qu'ils veulent le beurre et l'argent du beurre, et puis c'est tout.
RépondreSupprimerNe pas faire de choix, c'est aussi un choix, et le pire de tous.
J'arrête là, parce que... zut !
Sancelrien
D'accord avec vous ; personne ne peut aider ceux qui ne veulent pas s'aider eux même
SupprimerAu lieu de vous occuper de la Grèce dont vous en aver rien à foutre si non comme pion pour faire sauter l'europe, occupez vous plutôt l'Allemagne a ravi la deuxième place à la France pour les investissemnts et Cameron qui appelle les entreprises françaises à se barrer en Angleterre, déjà ils ont fait venir énormement des jeunes français. Avec ce discours arcaïque anti-capitalisme d'un autre âge qui va des gaullistes autoproclamés jusqu'aux communistes la France va bientôt couler toute seule euro ou pas. Les allemands c'étaient déjà frotté les mains avec les 35 heures, maintenant c'est autour de l'Angleterre et vous n'avez qu'un idée dans la tête, faire sauter l'euro. On voit très bien déjà sa sortie de la scène internationale personne calcule hollande mais encore si son programme était bon pour les pays, mais non que de la démagogie anticapitaliste.
RépondreSupprimerA lire à toute fin utile :
RépondreSupprimer« Dettes souveraines : la dernière entourloupe de la BCE... gare à l'effet Boomerang ! »
http://www.contrepoints.org/2012/02/22/70175-dettes-souveraines-la-derniere-entourloupe-de-la-bce-gare-a-leffet-boomerang
« Après la Grèce, le Portugal, malgré l'illusionniste Draghi » :
http://www.contrepoints.org/2012/01/27/66490-apres-la-grece-le-portugal-malgre-lillusionniste-draghi
« Pour en finir avec le fantasme de la monétisation des dettes souveraines » (pour venir au secours des pays en détresse de la zone euro) :
http://www.objectifeco.com/economie/economie-politique/article/vincent-benard-zone-euro-pour-en-finir-avec-le-fantasme-de-la-monetisation-des-dettes-souveraines
@ Cording
RépondreSupprimerMalheureusement, le supplice de l'euro dure... Je regrette d'avoir raison. J'aurais préféré que Sapir et Todd aient eu raison.
@ Anonyme
Je ne sais pas.
@ Saul
Merci pour tous ces compléments.
@ BA
Merci
Mais vous avez raison sur quoi?
SupprimerArticle de Magali, à ne pas manquer..
RépondreSupprimerhttp://contrelacour.over-blog.fr/article-mes-le-juge-constitutionnel-allemand-nous-rappelle-la-servitude-des-parlementaires-fran-ais-107175154.html