Bien sûr,
cette solution est aujourd’hui évoquée comme une calamité qu’il faut absolument
éviter. Mais vu que la crise, le chômage et la baisse du pouvoir d’achat, c’est
maintenant avec l’euro, les peuples devraient finir par être tentés de
revenir aux monnaies nationales, une option que l’histoire recommande.
Le cas de
l’Europe du Sud
Les
partisans de la monnaie unique utilisent volontiers la peur comme
(dernière ?) ligne de défense de cette
construction monétaire aussi bancale qu’artificielle. Ils assurent avec un
aplomb phénoménal qu’une telle issue serait forcément une catastrophe.
Plusieurs banques ont chiffré des scénarii précis, comme l’a rapporté The Economist récemment, qui vont
jusqu’à évoquer une baisse du PIB de la zone euro de plus de 8% en cas
d’explosion non concertée de l’euro.
La peur est
un moyen d’autant plus commode pour protéger la monnaie unique que 95% des
médias (au moins) véhiculent ces idées, occultant
les travaux pourtant souvent plus sérieux de très nombreux économistes, qui
affirment, faits à l’appui, que la fin de la monnaie unique, serait largement
profitable aux pays européens. Mais les faits donnent de plus en plus raison
aux partisans d’un retour aux monnaies nationales, notamment
avec le cas de la Grèce.
En effet,
c’est bien beau de prévoir un cataclysme économique mais ces pays vivent déjà
une grave crise, pour ne pas dire une vraie catastrophe économique, comme
en Grèce, où le PIB a reculé de plus de 7% en 2011 pour rester dans l’euro
(après une baisse de 4% en 2010 et baissera encore de 5% en 2012). Cela
commence à devenir difficile d’imaginer pire, même si la peur du saut dans
l’inconnu, de la solitude et l’adoration de l’idée européenne retient encore le
peuple.
Mais
surtout, les scénarii apocalyptiques évitent systématiquement les références
sérieuses au passé, alors que les études sérieuses le font. Une
récente étude de Patrick Artus démontre qu’une dévaluation est largement
préférable à la dévaluation interne que nous imposons aux pays d’Europe du Sud.
Jonathan Tepper, un économiste britannique, a
fait une étude qui démontre que les fins d’union monétaire permettent un retour
de la croissance au bout d’un an maximum.
C’est totalement
possible !
J’avais
détaillé dans deux papiers intitulés « Après l’euro
1/2 » et « Après l’euro
2/2 » le moyen de revenir à la monnaie nationale, avant d’écrire une
série de papiers « Le
roman de la fin de l’euro » qui proposent une scénarisation plus
précise et plus politique de la manière dont cela pourrait se passer. Tout ceci
a été confirmé, tant par le papier que j’ai co-signé avec des économistes pour
« un démontage concerté de la
monnaie unique » ou l’analyse
de Jonathan Tepper.
La sortie de
l’euro devra se faire au taux de un euro-franc, ou nouveau franc, pour un euro,
pour être simple. La conversion de la monnaie électronique sera instantanée.
Avant introduction des nouveaux billets et pièces, il faudra tamponner les
euros. Rien ne changera pour les emprunteurs nationaux dont l’emprunt aura
juste changé de devise mais aussi pour les épargnants dont l’argent gardera
exactement le même pouvoir d’achat en produits nationaux.
L’euro-franc,
ou nouveau franc, gardera sa parité face à l’euro, devenu monnaie commune
panier des différentes monnaies nationales, car si l’euro-mark s’appréciera,
l’euro-peseta et l’euro-lire se déprécieront, laissant l’euro-franc au point
d’équilibre, comme toutes les études l’affirment. En revanche, l’euro-franc et
l’euro baisseront sans doute d’environ 20% par rapport au dollar, au yen ou au
wuan. Cela provoquera au plus une inflation supplémentaire de 2 points. En
revanche, nos exportations, nos producteurs sur le marché intérieur et le
tourisme en profiteront largement.
Alors bien
sûr, le système bancaire sera profondément ébranlé par une telle révolution.
Néanmoins, il ne faut pas oublier que, pour les investissements dans un pays de
la périphérie comme la Grèce, si l’actif sera déprécié, le passif le sera
aussi. En outre, le monde de la finance s’y prépare depuis quelques temps et
équilibre ses comptes par pays. Enfin, il est toujours possible de sauver les
banques, comme on le voit depuis 4 ans, même s’il faudra le faire différemment.
Loin des
peurs agitées par certains, le
démontage de la monnaie unique est possible. Et s’il provoquera des
troubles qui pourront être temporairement forts, on peut s’attendre à un net
rebond de l’activité au bout de quelques mois, faisant sortir notre pays de la
torpeur économique dans laquelle il est plongé depuis 10 ans.
L'euro est en jeu en Espagne et en Italie, selon Luis De Guindos
RépondreSupprimerSITGES, Espagne (Reuters) - Le ministre de l'Economie espagnol Luis de Guindos a déclaré jeudi que l'avenir de l'euro allait être en jeu dans les prochaines semaines en Espagne et en Italie.
S'exprimant à Sitges, localité située en Catalogne, il a également dit que l'Union européenne devait aller dans le sens d'une vraie union bancaire, avec de possibles mesures prises d'ici la fin du mois de juin.
"La bataille pour l'euro se mène en ce moment en Espagne et en Italie", a poursuivi Luis de Guindos.
Ce dernier a par ailleurs souligné que les rumeurs voulant que l'Espagne négocie une assistance financière auprès du Fonds monétaire international (FMI) étaient "complètement absurdes".
http://fr.reuters.com/article/businessNews/idFRPAE84U0FR20120531
J’ignore si les propos du ministre de l'Economie espagnol pourraient signifier ceci : Ou l’Allemagne fait les concessions nécessaires pour que l’Espagne et l’Italie puissent rester dans la zone euro dans les prochaines semaines ou dans le cas contraire, l’Espagne et l’Italie confrontés à une problématique de taux d’intérêt trop élevés pour leurs emprunts d’Etat, pourraient quitter la zone euro.
L’Espagne est aussi confrontée à une fuite de capitaux importante et aux problèmes de son secteur bancaire. Il semble évident qu’il lui faut rapidement trouver une solution à ses problèmes, quelle qu’elle soit.
http://www.lemonde.fr/europe/article/2012/06/01/les-capitaux-fuient-l-espagne_1710967_3214.html#xtor=AL-32280515
En tout état de cause le mois de juin s’annonce intéressant avec aussi ce qui va se passer en Grèce.
Saul
Le sauve qui peut commence en Espagne
RépondreSupprimerUne autre source que Saul
http://lexpansion.lexpress.fr/economie/l-espagne-face-a-une-fuite-record-de-capitaux_297381.html
" L'Espagne face à une fuite record de capitaux
L'Expansion.com avec AFP - publié le 01/06/2012 à 10:10
2 commentaires
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Les sorties nettes de capitaux ont atteint près de 100 milliards d'euros au cours du premier trimestre. Un montant record qui témoigne de la méfiance des investisseurs vis à vis du pays.
Près de 100 milliards d'euros de capitaux ont quitté l'Espagne en trois mois.
Près de 100 milliards d'euros de capitaux ont quitté l'Espagne en trois mois.
REUTERS/Javier Barbancho
Un véritale sauve qui peut. Le volume des capitaux retirés d'Espagne par les investisseurs pour les placer à l'étranger a atteint un niveau record au premier trimestre, à 97 milliards d'euros, selon les chiffres publiés jeudi par la Banque d'Espagne qui reflètent l'inquiétude que suscite cette économie.
Ce chiffre marque un record depuis le début de la série statistique, lancée en 1990, et signifie qu'investisseurs espagnols et étrangers ont préféré se tourner vers l'extérieur pour placer leurs fonds. En comparaison, au premier trimestre 2011, l'Espagne avait enregistré un solde positif de 20,89 milliards d'euros de sa balance financière, qui n'inclut pas les placements de la Banque d'Espagne.
Sur le seul mois de mars, la sortie des capitaux s'est accentuée, l'Espagne enregistrant là aussi un record avec une fuite nette vers l'étranger de 66,2 milliards d'euros, contre un solde positif de 5,38 milliards en mars 2011. Au premier trimestre, ce sont avant tout les opérations interbancaires qui plombent la balance financière. Ainsi, les investisseurs aussi bien étrangers qu'espagnols ont retiré 75,76 milliards, notamment en prêts et dépôts, pour les investir à l'étranger. Les investisseurs ont également retiré 34,38 milliards d'euros placés dans les portefeuilles, d'actions et de titres de dette du pays, pour les transférer à l'étranger. Et ces résultats ne prennent en compte que les trois premiers mois de l'année, ce qui laisse présager des chiffres encore plus mauvais pour le deuxième trimestre, notamment en raison des difficultés de la quatrième banque du pays, Bankia. "
PS: Laurent... je sais que tu n'y peux rien, mais les codes de blogspot deviennent de plus en plus difficiles à lire..
@ Saul
RépondreSupprimerJe crois en effet qu'il y a une forme de négociation de l'Espagne qui veut que l'Allemagne et l'Europe acceptent des objectifs de réduction de déficit moins sévères. Mais cela ne fera que reporter les problèmes.
@ A-J H
En même temps, la question est de savoir combien de temps une telle fuite des capitaux peut durer. En Grèce, cela fait deux ans et demi tout de même et 30% des capitaux sont partis...
100 milliards doivent représenter environ 5% des capitaux (du total M3) espagnols. Ce n'est pas difficile pour un Espagnol d'ouvrir un compte dans une banque à l'étranger, en euros ou en autre devise: très rapidement les banques peuvent avoir des comptes très déséquilibrés et donc des problèmes de liquidité et de solvabilité.
Supprimer@ A-J H
SupprimerC'est juste mais le système bancaire grec ne s'est pas effondré malgré le départ d'un tiers des capitaux...
Ne serait-il pas intéressant de garder en sus une sorte d'euro neutre, d'euro international, dont la parité avec les monnaies nationales varierait, afin de concurrencer le dollar comme monnaie d'échange et de poser les bases d'une monnaie internationale, plus juste que le dollar et sa planche à billet ? En outre, cela limiterait le sentiment d'échec européen.
RépondreSupprimerEnfin un article interessant et qui ne traite pas de MLP ni de Poutine...L'euro la plus grosse connerie de ces 10 dernieres annees...
RépondreSupprimerEtait-ce voulu tout cela?
Nos gouvernants en ont-ils profites pour trouver pretexte a casser les acquis sociaux?
Mystere... Vive le franc