Bien sûr, le
sujet peut sembler un peu trivial, mais le football est le sport le plus
populaire dans notre pays et à ce titre, il représente une sorte de barormètre
de notre société. La
FIFA vient enfin d’introduire une once d’arbitrage vidéo, mais il faudrait
aller plus loin.
Un besoin
d’exemplarité
Le football
est à l’image de notre société : inégal, excessif, mais aussi l’occasion
de beaux et bons moments passés ensemble, à se rassembler derrière une équipe,
à la soutenir, à vibrer pour son drapeau. L’Espagne symbolise bien cette
situation, avec ses clubs totalement surendettés mais qui continuent à porter
haut les couleurs du pays dans les compétitions européennes et surtout cette
fabuleuse Roja qui vient de remporter un troisième trophée international en
quatre ans.
L’équipe
espagnole réussit aussi là où l’équipe de France a des faiblesses, à savoir
offrir un collectif extrêmement fort où tous les individus sont au service
d’une cause qui les dépasse. En cela, c’est un plaisir que les espagnols aient
à nouveau gagné car ils démontrent que croire au collectif permet d’être plus
fort qu’en se reposant sur des individualités qui souhaitent parfois briller au
détriment de ce même collectif. La victoire de l’Espagne, c’est la victoire de
l’esprit d’équipe.
Mais le
football, par-delà quelques comportements individuels regrettables, c’est aussi
un véritable problème d’arbitrage. Il y a trente ans, les erreurs passaient
relativement inaperçues (sauf dans le cas de
Battiston en 1982) car il n’y avait pas autant de caméras autour du terrain
et des ralentis permettant de disséquer chaque action pour savoir s’il y avait
vraiment faute ou pas ou si le ballon avait bien passé la ligne blanche. Bref
il y avait un relatif alignement entre le public et l’arbitre.
Une
inégalité de moyens absurde
Pourtant, il
ne coûterait pas bien cher de mettre un arbitre vidéo dans la cabine du
réalisateur avec un technicien l’assistant. Ainsi, sur les actions litigieuses
(ou à la demande d’un joueur par exemple), on pourrait avoir recourt à
l’arbitrage vidéo. Les tricheurs seraient punis. Et les simulateurs
professionnels pourraient enfin se consacrer uniquement au football. Ainsi en
serait fini cet exemple délétère donné à la société de millionnaires trichant
pour gagner.
Bien sûr,
cela ralentirait un peu les matchs. Mais du fait de l’arbitrage vidéo, cela
disciplinerait les joueurs qui ne pourraient plus tricher et cela apaiserait
les relations avec l’abitre. En rugby, même si son utilisation est limitée aux
essais, l’introduction de l’arbitrage vidéo est un vrai plus. Quel message
envoyons-nous à la société en laissant faire les tricheurs les plus habiles ?
N’est-il pas absolument nécessaire de changer la manière de fonctionner du
football aujourd’hui ?
Ce
championnat d’Europe de football a permis de se poser à nouveau la question de
l’arbitrage vidéo. Même si la décision de la FIFA dans ce domaine est un pas
dans la bonne direction, ce pas est extrêmement timide et sera, je l’espère, un
prélude à d’autres avancées.
En total désaccord avec Laurent. Une fois n'est pas coutume.
RépondreSupprimerMes arguments sont dans ce texte que j'avais adressé à Alain Finkielkraut
http://blog.causeur.fr/antidote/la-video-cest-la-mort-du-foot,00551
De mon côté, je me bornerai à rappeler qu'on a déjà dit que le sport professionnel est une tentative de crétinisation de l'humanité.
RépondreSupprimerPour les politiques c'est aussi une manière commode de désinformer leurs citoyens. Il y a deux modes de désinformation, et on pratique très largement les deux en France.
D'abord le mode actif : on vous raconte froidement et consciemment le contraire de la vérité.
Ensuite le mode passif : on omet froidement et consciemment de vous parler d'un sujet essentiel, ou on en détourne votre attention en la concentrant sur un sujet sans importance : une compétition sportive ridicule, par exemple. Ou des "problèmes sociétaux" tout aussi ridicules ( par exemple, voir Hashtable et ses "quéquettes sociétales" ) ou purement inventés.
En ce moment l'endormissement annuel des Français a commencé avec le Tour de France et les J.O. Ils reprendront brutalement contact avec la réalité en septembre ( et les Anglais, donc, quand on leur présentera la facture ! ).
Sancelrien
en total accord avec Sancelrien le sport oui dans le sens de Juvenal "Mens sana in corpore sano" j'ai d'ailleurs un peu de mal a voir ces homme sandouiche courir après la babale sans être mdr comme dit chez les djeunss
SupprimerAh la on est pas d'accord ! Le football est un sport si attractif car le petit peut battre le gros et l'humain a une place prépondérante , d'autant plus que la vidéo elle ne ferait que deplacer le probléme! Il doit y avoir 10 erreurs en moyenne dans un match, en enlever 5 réglerez quoi? Il y aurais toujours une equipe avantagé! CQFD
RépondreSupprimerMais bon pourquoi pas l'instaurer et on pourrait voir que ça ne resoudrer rien du tout...
En désaccord avec l'auteur. Ca n'est pas forcément les arbitres qui manquent de moyens mais la télé qui fait n'importe quoi.
RépondreSupprimerPrenons l'exemple du fameux et fumeux "révélateur du hors jeu" qui servit le reste de l'année mais qui heureusement été absent lors de cet Euro. Quel est le plus de cette bétise ? Car en plus ce truc n'est pas parfait ce sont les réalisateurs qui bricolent ce truc et placent la ligne où ils veulent, le plus souvent de manière ridicule au niveau des pieds alors que c'est tout le corps sauf les bras qui compte. De plus sur le fond ce bidule est je trouve en total contradiction avec l'esprit du jeu. Le doute devant profiter à l'attaque. La non seulement ça tend à supprimer le doute mais en plus ça fait profiter bien souvent du doute à la défense. Alors qu'au contraire les hors jeux de 3 millimètres devraient profiter à l'attaque.
Je suis aussi assez dubitatif sur les fautes. Ok la vidéo peut permettre de corriger des évidences ou quasi évidences. Mais dans le cas de fautes litigieuses ou d'actions litigieuses, ces actions grises pouvant se siffler dans un sens comme dans l'autre, la on retombe dans l’interprétation, le jugement de l'arbitre.
Je me souviens par exemple du fameux pénalty obtenu par Peggy Luyindula avec Paris contre le RCLens en finale de coupe de la ligue 2008. Même le lendemain, dans les émissions spécialisées les avis étaient divisés. Et de belles perles sont tombées de la part "d'experts" : il y avait peut être pénalty mais on ne siffle pas à ce moment du match (i.e. vers la 88 ème minute je crois).
Le pire c'est que juste avant l'action qui amène ce pénalty il y aurait du y avoir corner pour Lens et non 6 mètres pour Paris. Ceci aurait été aisément corrigeable par l'intervention de la vidéo. Mais la aussi je doute, il s'agit de quelque chose "d'anodin" pour lequel on peut juger l'intervention de la vidéo pas nécessaire.
Sinon pour finir par une reflexion sur le fond. Ce sujet trivial démontre surtout que nos société sont de moins en moins tolérante vis à vis de l'aléas, du risque. La c'est le foot et "l'aléas" de l'arbitrage. Mais on pourrait faire des sujets bien plus sérieux sur par exemple les intempéries, on les accepte beaucoup moins qu'avant, on y est bien plus sensible et on est plus fragiles. S'il y a 2 cm de neige en région parisienne, c'est la galère par exemple. On a aussi eu un bel exemple lors de l'irruption du volcan islandais au nom imprononçable.
Nous croyons que nous pouvons, devons tout maitriser même l'aléas, l'imprévu. Que grace à la technologie ça ira alors qu'elle nous a rendu plus vulnérables du fait même de l'effacement des règles élémentaires de prudence qu'il y avait avant.
Et pour revenir au sujet je ne pense pas que passer d'un arbitrage certes imparfait mais par des hommes à une sorte de big brother de l'arbitrage soit un gain. Il faudrait plutôt interdire aux télé le recours aux ralentis jusqu'a plus soif et autres gadgets comme le fameux "révélateur", la "super loupe" etc..
En validant la vidéo, vous faites définitivement tomber le football dans les choses sérieuses. Ce n'est qu'un jeu, rien de plus. France Allemagne 82 est mythique. Avec la vidéo nous n'aurions pas eu le même match. On standardise, on gère le réel en technicien, c'est parfaitement à la mode. Tout cela est bien à l'image de cette société qui célèbre de la même manière ce qui compte et ce qui ne compte pas. Ce choix, et c'est évident, est éminemment politique, et vous le savez parfaitement - enfin j'espère. - Et nous traduirons tout en équations mathématiques avec taux de certitude garanti et taux de rentabilité interne affilié. Ce n'est qu'un jeu, 22 gars en short qui courent derrière un ballon (faut vraiment n'avoir rien d'autre à faire...)... le sport de wwek-end en famille ou entre amis a infiniment plus de sens... Mieux vaut allez jouer au foot avec les copains du syndicats que de regarder le foot spectacle avec ses vidéos en bord de lignes...
RépondreSupprimerBien d'accord. Je n'ai strictement rien contre le "sport de week-end ou en famille". Si courir après une balle vous amuse, après tout, pourquoi pas ?
SupprimerMais le sport professionnel est une tout autre chose, extrêmement nuisible. Tomgu a publié un post sur le sujet il y a quelques jours.
Sancelrien
Je ne sais pas comment est organisée la formation du football espagnol, mais une chose est sûre : la formation française est dans l'impasse. Obnubilée par l'aspect individuel, elle a profondément négligé tout aspect collectif.
RépondreSupprimerIl faut aussi se poser la question des conditions d'une formation qui produit de tels monstres d'immaturité affectives et intellectuelles. N'est-ce pas une folie d'isoler ainsi les gamins les plus doués dès 12 ou 13 ans, dans une bulle sans lien avec le monde ni même avec les enfants de leur âge, dans une bulle où la formation scolaire est de plus délibérément sacrifiée?
Rien n'est plus faux à ce titre que d'affirmer que l'équipe de France représente en quoi que ce soit une image de la France de son temps. Ces footballeurs surpayés et radicalement sous-formés n'ont presque rien à voir avec les membres de leur génération qui atteignent un niveau de formation tout de même très élevé tout en étant à la merci de la plus grande précarité. C'est bien pour ça que le sentiment d'identification à l'équipe de France, traditionnellement très fort, est devenu quasiment impossible.
Autre aspect, le complet désintérêt de cette formation pour les valeurs d'autonomie. Le drame de Kysna, ce n'était pas que des joueurs se révoltent contre un entraineur. Après tout, pourquoi pas? C'est qu'ils étaient parfaitement incapables de faire quoi que ce soit de cette révolte. Un footballeur sans coach ressemble à un mouton sans berger, sa capacité d'initiative est radicalement limitée.
Pour se détendre, je vous propose un autre point de vue sur ces problèmes.
Je l'ai relevé dans le Figaro-Economie, dans la bouche d'un certain Gilles Dumas, un spécialiste du marketing sportif, qui répond à cette question :
- Malgré ces dérives, les Français ont encore été plus de 11 millions à regarder le match contre l'Espagne. Comment l'expliquer?
- On peut très bien adorer le football et ne pas accepter les dérives comportementales de certains joueurs. Les footballeurs sont les maillons faibles de ce sport mais le football reste un sujet de conversation entre les Français.
Emmanuel B.
L'idée que la technique porte le progrès est tout simplement fausse.
RépondreSupprimerFranchement, le sport pro est une aberration à tous points de vue.
RépondreSupprimerCa n'a aucun intérêt sur le plan de la santé, sans même parler du dopage, il n'y a qu'à voir dans quel état ostéo-musculaire sont les champions en fin de carrière. Les boxeurs au cerveau ammochés par le chocs, les footballeurs aux genoux déglingués...
Sur la plan financier, c'est souvent la cata pour construire des infrastructures inutilisées ensuite pour une dette maxi.
Le sport, surtout de compétition, est un dressage débile et destructeur des cerveaux et des corps.
Je trouve qu'il n'y a rien de plus crétin que de voir un jogger suer. Comme si il n'y avait pas mieux à faire avec son corps que de le démolir consciencieusement.
http://www.dailymotion.com/video/xrwiyi_eric-zemmour-football-et-mondialisation_news
SupprimerLe néo-libéralisme (que j'ai de plus en plus de mal à distinguer du libéralisme après la lecture de Michéa), la mondialisation, sont passé par-là !
Laurent je me réjouis que vous abordiez d'autres sujets que l'euro dans votre blog, mais honnêtement vous pourriez trouver mieux que le foot, le champs des politiques publiques étant assez vaste, pour mettre à profit votre culture et vos cellules grises ;) Dans l'attente de vos nouveaux posts ...
RépondreSupprimerMathieu
ou d'autres sports bien Français comme la pèche au gardon , la savate et l'escrime et pourquoi ne pas parler d’écologie ?
Supprimer@patrice lamy
SupprimerBien d'accord avec vous. J'aime particulièrement votre suggestion sur l'écologie, qui pourrait fournir à Laurent la matière d'un excellent billet. J'aurais tendance à paraphraser Goering et à dire "Quand j'entends parler d'Europe ou d'écologie, je sors mon revolver". En ce qui concerne l'écologie, je n'ai JAMAIS vu une idée aussi fondamentale et aussi essentielle détournée et pervertie à ce point. Nous sommes souvent d'accord, on dirait ?
J'ai oublié de dire que je suis Sancelrien.
Supprimeroui Sancelrien et j'ai été soulagé quand nous n'avons pas eu les JO 2012 , je travaillai a l’époque a St Denis certains avait déjà spéculé sur les immeubles et terrains . ploufff
Supprimer@ Tous,
RépondreSupprimerBon, mes idées font chou blanc sur ce sujet...
Si je suis sensible à deux des arguments de David (le fait que certains faits ne sont pas plus clairs à la vidéo qu'en réel ou que cela pourrait considérablement ralentir le jeu), malgré tout, je maintiens ma position. Il faudrait sans doute progresser petit à petit, en élargissant progressivement le champ des cas où l'on pourrait faire appel à la vidéo pour ne pas aller trop vite. Et malgré tout, je trouve que cela serait extrêmement positif car cela réduirait les actes d'anti-jeu et les tricheries de certains joueurs, qui donnent un bien mauvais exemple.
Mais la vidéo sert déjà à sanctionner les joueurs après coup. Des joueurs peuvent être ainsi suspendus à cause de mauvais gestes non vus par l'arbitre. Mais pas pendant le match et cela n'influe pas sur le résultat.
SupprimerComme David Desgouilles, le fan de football que je suis est contre la vidéo pendant les matchs...
RépondreSupprimerClairement, la réforme avalisée par la FIFA ne rend pas la justice, elle ne fait que donner l'impression de la justice. On nous dira que ça permettra d'accorder les vrais buts et de refuser les faux, par rapport à la ligne, mais la notion est d'une contingence absolue. Il y a toujours un champ d'application de l'arbitrage assisté, qui n'est que partiel, et donc par définition partial...
Si un ballon a juste franchi la ligne et est accordé grâce à la vidéo, on criera justice... sauf si le buteur est deux mètres hors-jeu et pas pris par les assistants, puisque la caméra n'en sera pas juge. De même quand, dans le même match, une équipe est rétablie dans son droit grâce à la technique alors que sur une autre occasion, son adversaire se fait léser parce que son usage ne sera pas possible. Et on peut multiplier les cas d'espèce ad libitum.
En bref, pas de vidéo, il en va de l'unité et de l'indivisibilité du football...