Une
méthode positive
Sur le
principe, rassembler pendant deux jours les syndicats pour travailler avec les
ministres sans chercher forcément à annoncer des mesures à la fin est positif.
Le quinquennat de Nicolas Sarkozy a été marqué par un tourbillon d’annonces et
de lois souvent mal conçues et superficielles qui ne traitaient pas vraiment
les problèmes de notre pays. Le cas le plus criant est l’augmentation
continue des violences aux personnes malgré les innombrables gesticulations législatives.
Hormis pour
le Grenelle de l’environnement, une
des quelques réussites du président précédent, Nicolas Sarkozy a beaucoup
trop négligé le travail de fond, ne se donnant pas le temps de travailler dans
la durée sur les sujets qui le nécessitent. C’est pourquoi il est positif de
convoquer une telle conférence, de manière à permettre aux syndicats de
salariés et patronaux de discuter avec le gouvernement des orientations à
prendre pour les prochaines années.
D’ailleurs,
cette conférence a fait ressurgir un débat important, celui du financement de
notre système de protection sociale. Les syndicats patronaux se plaignent en
effet du coût du travail élevé dans notre pays et ont réussi à mettre ce point
à l’agenda. Mais Bernard
Thibault a jugé qu’il y a eu « des
pressions patronales. Nous ne partageons pas cette vision d’un problème de
compétitivité ». Un débat sur la hausse de la CSG est apparu, avec
un très bon dossier du Monde sur le
sujet.
Des
perspectives dérisoires
Le
Monde a également souligné le caractère « très
volontariste » du discours du président
mais cela est à double tranchant car si le changement tarde, la déception sera
immense. Car une telle conférence est dérisoire quand on ne met pas à son
agenda la remise en cause du libre-échange anarchique ou de l’euro cher, qui
font tellement de mal à notre industrie, y compris à nos plus beaux fleurons, comme
Airbus, qui produisent de plus en plus hors d’Europe.
Le
Monde a raison de se poser la question de la
possibilité de produire encore des voitures en France car dans
le contexte actuel, à moyen terme, cela
est tout sauf évident. Avec des pays où les salaires sont 10 à 20 fois
moins élevés que les nôtres, où le système de protection sociale est beaucoup
moins développé, il est évident que la production y est beaucoup plus compétitive.
Si on ne met pas de limites au libre-échange, nos emplois et nos salaires sont
alors menacés.
Du coup, en
refusant de remettre en cause le cadre d’une
mondialisation anarchique et déloyale qui conduit inexorablement à la
régression sociale, cette conférence est un peu vaine et finit par ressembler à
un syndic de faillite qui tâche seulement de ralentir la déconstruction de
notre modèle social.
En termes de compétitivité-emplois, quoi qu’on fasse, on sera sans doute loin du compte pour pouvoir stopper le phénomène de désindustrialisation du pays.
RépondreSupprimerAn adhérant à la zone euro, plusieurs pays membres de celle-ci dont la France n’ont pas compris qu’ils adhéraient à un cadre général (abolition de tout protectionnisme à l’intérieur comme à l’extérieur de la zone euro, compétition sociale et fiscale à l’intérieur comme à l’extérieur de la zone euro, euro fort, impossibilité de dévaluer, de mettre des droits de douane, obligation pour chaque Etat membre de se financer exclusivement sur les marchés financiers, la BCE n’étant pas autorisée à acheter directement de la dette d’Etat) où seuls les plus efficaces en termes de compétitivité pourraient s’en sortir.
La France fait partie des pays qui n’ont pas été capable d’être compétitifs dans ce cadre choisi d’hyper-compétition. Elle a fait de la relance budgétaire pendant que le pays se désindustrialisait et aujourd’hui c’est un pays surendetté et fortement désindustrialisé. Elle n’est pas encore confrontée au problème de l’envolée des taux d’intérêt sur les marchés car elle profite pour l’instant de la situation encore plus dégradée d’autres pays, mais ce n’est qu’une question de temps avant que cela n’arrive. A moins que l’on ait, entre temps, aboli les 35 heures, mis l’âge de départ à la retraite à 65 ou 67 ans, supprimé le SMIC, réduit les charges des entreprises en augmentant la TVA ou la CSG, réduit les salaires des fonctionnaires et supprimé beaucoup d’emplois dans la fonction publique, etc. on ne sera pas compétitif et la France est appelée à devenir un désert industriel par délocalisation de toute la production. Et, dans ce cas, le remède actuellement en vigueur est une mise sous tutelle pour obtenir de l’aide moyennant la mise en œuvre de mesures drastiques de compétitivité que les autorités locales françaises n’auront pas voulues prendre.
Saul
Même en travaillant 50h et partant a la retraite a 150 ans avec un salaire de 10 euro par mois nous ne serons plus jamais compétitif face a des robots sauf a la marge dans l'hyper luxe ou les erreurs faites par la main de l'homme ont une valeur ; les esclaves chinois peuvent déjà être remplacé par ceux ci . La compétitivité de la main d’œuvre est un faux problème celui que nous avons devant nous est la surpopulation
SupprimerPrenez l’exemple de l’industrie automobile. Dans la vidéo ci-dessous l’économiste Christian Saint-Etienne signale qu’en 2000 les constructeurs français produisait 5 millions de véhicules et que 10 ans plus tard c’est un peu plus de 5 millions qu’ils produisent, mais qu’en 2000 les constructeurs français produisaient 2\3 de véhicules en Frances, 1\3 à l’étranger alors que 10 ans plus tard la proportion s’est inversée, c’est 2\3 à l’étranger, 1\3 en France. Cette proportion devrait s’accentuer à l’avenir. Les lois de compétitivité n’empêcheront pas les constructeurs français de continuer à produire des véhicules, mais dans des sites de production situés de plus en plus hors de France.
Supprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=W1fI_tOHnfM
Saul
et Toyota qui produit des Yaris en France et qui les exporte au USA et au Canada ce sont les lois de la productivité ?
SupprimerL’implantation de Toyota en France est bien antérieure à la création de la zone euro. Content que ça ait résisté mais même la production automobile des constructeurs français n’a pas encore été totalement délocalisée. Mais c’est la tendance forte démontrée par les chiffres sur une décennie.
SupprimerSaul
Vous avez raison, et puis aussi: les syndicats: quelle légitimité ? Ils me font parfois penser aux parlements de la fin de l'Ancien Régime, des privilégiés prétendant soutenir le peuple contre la monarchie, alors qu'ils ne faisaient que défendre leurs intérêts bien compris. On a vu en 1789 de quel côté ils penchaient véritablement. Si demain l'U.E devait s'effondrer, nul doute que CFDT et CGT nous expliqueraient encore les bienfaits de l'euro et du libre-échange.
RépondreSupprimerQuitte à verser légèrement dans la caricature, j'ai envie de dire que la gauche au pouvoir, c'est comme la droite, mais sans les grèves.
"Synidc de faillite qui tâche seulement de ralentir la déconstrucion de notre modèle social" je crois que vous avez fait la synthèse (pour reprendre un mot à la mode) et qu'on ne peut pas mieux exprimer la situation ! mais au lieu de s'attaquer aux vrais causes après les clivages de la droite, la gauche a inventé un nouveau clivage : retraités contre actifs, il suffisait d'entendre Bernard Maris hier dans l'émission c' est dans l'air, applaudir des deux mains une augmentation de la CSG sur les retraites et s'offusquer que les actifs soient moins riches que les inactifs. Même si l'on augmente cette CSG un minimum de descence est demandé par les retraités qui ont travaillé et cotisé pendant quarante ans et alimenté les comptes épargne en tout genre qui servent à l'économie et à l'état français. Ces retraités qui en plus pour beaucoup maintiennent leurs enfants "la t^te hors de l'eau" quand ils ne trouvent pas de travail. A défaut de s'attaquer aux vrais pb causés par l'Europe et la mondialisation on préfère s'attaquer aux petits et impuissants. C'est plus facile.
RépondreSupprimerMaris me déçoit beaucoup depuis qu'il est devenu capitaliste (Charlie Hebdo ) et administrateur de la BdF où les jetons de présence doivent être conséquents.
SupprimerDans les urnes les retraités sont de moins en moins petits et impuissants a tel point qu'un gugusse projetait une loi pour pondérer les votes par rapport a l'age .
Supprimerje ne me souvient plus de son nom c'est sans doute Alzheimer
Si l'on en croit le clash final de Laurence Parisot, le bilan de cette conférence sociale doit être reconnu comme largement négatif : http://www.lemonde.fr/politique/article/2012/07/11/le-medef-refuse-de-s-associer-au-consensus-sur-la-conference-sociale_1731999_823448.html
RépondreSupprimerQuelques coquilles (coup de fatigue ?) dans ce billet, par ailleurs aussi lucide et pertinent qu'à l'accoutumée :
- "désespéremment" au lieu de désespérément (§1)
- "hormi" au lieu d'hormis (§3)
- "qui produise" au lieu de qui produisent, le sujet étant le pluriel "nos plus beaux fleurons" (§6)
- "Si on ne peut pas de limites" aurait besoin d'un verbe (§7)
YPB
@ YPB
RépondreSupprimerMerci... Il faut que je relise de manière bien plus attentive avant de mettre en ligne mes billets !
@ Anonyme
Merci. Très juste également : il est plus facile d'augmenter la CSG, ce qui va sans doute pousser notre pays dans une récession, plutôt que de remettre en cause le libre-échange anarchique. Cette classe politique est désespérante, notamment, cette "gauche" qui ose mener une politique aussi antisociale.
@ Tony
Bien d'accord.
@ Saul,
Très juste. Les constructeurs Français produisaient plus de 3 millions de voitures en France avant 2005. Nous sommes à moins de 2 millions depuis 2009 (au pic de la crise, la baisse était de 50%)
@ Patrice,
Toyota résiste grâce à ses méthodes et cette usine est intéressante étant donnée la cherté du yen.
Je dis que la compétitivité est un combat d’arrière garde face aux problèmes qui nous attendent c'est a dire 7 milliards d'individus actuellement 1 seule terre ...
SupprimerPublié le 12/07/2012: PSA arrête la production à Aulnay, supprime 8.000 emplois en France:
Supprimerhttp://www.lexpress.fr/actualites/1/economie/psa-arrete-la-production-a-aulnay-supprime-8-000-emplois-en-france_1137326.html
Saul
Plusieurs dépêches ce soir résument la posture (ou l’imposture…) du gouvernement : côté spectacle, on annonce une grande conférence sur l’industrie avec comme objectif affiché de créer un « choc de compétitivité ». JK Galbraith écrivait que quand un gouvernement veut enterrer un problème, il fait une commission... aujourd’hui, on dit « conférence ».
RépondreSupprimerMais côté mesures réelles, on annule une partie des nouvelles lignes de TGV programmées… on freine un des derniers projets industriels en cours (le TGV) et on prévoit d'augmenter la CSG, donc déprimer un peu plus la demande, sans même les effets protectionnistes de la TVA sociale.
Dans l'éducation, même mise en scène : le bla-bla sur la formation des enseignants et quelques postes en plus... et la réalité : les jeunes ne se présentent même plus aux concours tant le métier est dévalorisé. « Aux concours du Capes externe, 706 postes sont restés vacants au total, ce qui représente près de 15% des postes à pourvoir. » (AFP). Dans le contexte actuel de crise de chômage et de baisse du recrutement, ce résultat est proprement terrifiant.
Ce sont désormais nos infrastructures qui se délitent, on a changé d’orchestre mais le naufrage continue.
C’est une bataille oubliée, en août 1918, l’armée française, qui vient de subir 4 ans de guerre, lance une offensive majeure en Champagne (2ème bataille de Champagne) et écrase l’armée allemande qui capitule. Bien qu’inférieure en nombre et occupée en partie, la France dispose pourtant De la meilleure industrie, de la meilleure technologie, du meilleur commandement. C’est que le pouvoir politique a subordonné l’ensemble des moyens disponibles à la réussite de sa politique, c'est-à-dire la victoire militaire.
RépondreSupprimerC’est le discours de Clémenceau, le 8 mars 1918 « [En] politique intérieure, je fais la guerre, [en] politique extérieure, je fais toujours la guerre (…) la Russie trahit, je continue à faire la guerre (…) ».
Le but, la fonction du pouvoir politique est de subordonner des moyens aux choix politiques que l’on prend. Cette conférence serait fantastique si le but de Jean Marc Ayrault avait été de définir des objectifs (ce que nous voulons défendre, ce que nous voulons être) et de partir de ces objectifs pour déterminer les moyens à mettre en œuvre pour les obtenir. Or ce n’était pas le but de cette conférence, celle-ci avait pour objectif d’organiser la concertation pour aménager l’austérité.
En réalité, cela signifie que Jean Marc Ayrault a déjà capitulé devant la crise.
Au fond, monsieur Ayrault est un peu le Link Appleyard de la politique française. Certes, il n'est pas favorable aux dérèglements du libre échange et aux dérives de l'euro, et il est probable qu’au fond de lui-même, il puisse même réprouver moralement leurs conséquences; mais, si on y regarde de près et si on regarde les faits, il convient de dire qu'il s'en accommode.
Cette conférence est peut-être un grand succès et elle tranche sûrement avec ce qu’il y avait avant. Mais cela n’enlève rien au fait qu’elle est avant tout une défaite de l’intelligence politique.
Je suis persuadé que la meilleur arme pour nous sortir de ce merdier est psychologique , c'est évidement difficile depuis la disparition du General De Gaulle certain se sont acharnés par leurs discours mortifères a nous déconsidérer et a faire un mea culpa permanent c'est a dire clairement a chier sur la France .
Supprimer@ J Halpern
RépondreSupprimerLa politique menée par les "socialistes" est assez incroyable. Bien sûr, je ne croyais pas au changement, mais je ne pensais pas qu'ils iraient aussi loin et aussi rapidement dans l'adoption de politiques aussi ouvertement antisociales !
Bien vu sur le TGV, il faut que j'en parle.
@ Léonard
Merci pour l'exemple. C'est exactement ce que je voulais dire concernant la conférence sociale dans mon billet sur la conférence de gestion de la régression sociale.
@ Léonard
sur le concours au Capes je comprend j'ai quelqu'un de ma famille dans l'enseignement les petits monstres sont devenu impossible a gérer et pas seulement dans les zones défavorisé
RépondreSupprimerbon j'ai encore oublié des s en voici un paquet : sssss
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