Bien sûr,
Libération a titré « Hollande
1, Merkel 0 », suite au sommet européen de cette semaine. Mais
cette interprétation des choses révèle surtout le biais partisan du quotidien
de gauche. Car, dans la réalité, c’est
bien le président français qui a largement capitulé dans l’histoire.
Retour en
arrière
On allait
voir ce que l’on allait voir. En 2007, le candidat Sarkozy proposait de
renégocier un traité européen limité aux questions institutionnelles prenant en
compte le « non » de 2005, de réformer la BCE et de mettre en fin à
l’euro cher. En quelques semaines, il
avait abandonné toutes ses promesses, d’euro moins cher, de BCE au service
de la croissance ou d’un nouveau traité européen prenant véritablement en
compte le vote des Français deux ans auparavant. La trahison était totale.
Cette année,
François
Hollande tenait un discours assez proche, dénonçant l’Europe construite par
le président sorti et la chancelière allemande. Il dénonçait cette Europe de
l’austérité, qui ne se préoccupait jamais de la croissance. Il proposait alors
un plan de croissance, une mutualisation des dettes européennes, une
monétisation des dettes par la BCE, bref une réorientation radicale de la
direction européenne dans cette crise de la zone euro dont nous ne sortons pas.
Malgré le
soutien de quelques alternatifs, on pouvait douter de la réalité de ces
promesses électorales. Frédéric
Lordon avait aussi brillamment que cruellement fait un sort à ses promesses,
évoquant les reniements du gouvernement socialiste en 1997. Et pouvait-on
véritablement attendre une révolution européenne de la part du fils politique
de Delors et Jospin ? Depuis 1983, le Parti Socialiste a toujours choisi
l’idée européenne contre le peuple français.
Des
vessies pour des lanternes
Et contre
ces trois choses, qu’a-t-il obtenu. Un
plan de croissance franchement dérisoire. Car derrière les 120 milliards
annoncés, il y a en réalité 55 milliards de crédits non utilisés, 10 milliards
de capital pour la BEI (qui se transformeront en 60 milliards de crédit) et 5
milliards de project bonds. Le tout devrait être dépensé sur une période trop
longue pour avoir le moindre effet. En clair, François Hollande a accepté le
pacte budgétaire pour seulement 15 milliards de nouveaux crédits !
Et ce ne
sont pas les mesures annoncés vendredi au petit matin qui justifient davantage
les renoncements de François Hollande. Un
projet nébuleux d’aide directe du MES aux banques plutôt qu’en passant par les
Etats, qui ne fait que renforcer davantage l’irresponsabilité du système
bancaire et sa ligne de crédit infinie aux fonds publics. Et un projet de
rachat des dettes souveraines par le même mécanisme européen dont les
conditions ne sont pas encore bouclées.
Comme d'habitudes les socialistes sont bien plus européistes avant que d'être socialistes. Il préféreront tous les compromis possibles avant que la réalité ne les contraigne à reconnaître l'échec de cette europe.
RépondreSupprimer@Laurent Pinsolle
RépondreSupprimerLa vraie ligne de clivage sépare d'un coté les européistes convaincus de l'UMP-PS-EELV-Modem et d'un autre coté les eurosceptiques dont fait partie DLR. Que Hollande ne fasse pas mieux que Sarkozy était gravé dans le marbre avant même son élection, nous sommes tous d'accord.
Faudra t-il attendre que les évènements nous donnent raison ? L'implosion de l'euro s'annonce petit à petit et les nuages noircissent l'horizon : après la Grèce, l'Irlande, le Portugal voici que l'Espagne appelle à l'aide depuis cette semaine. Les dernières décisions prises vendredi sont des caches-misère qui ne font que reculer l'échéance de quelques mois. Cette fois, je prends date sur le naufrage de l'euro et la dissolution de la BCE... suivi d'un maintien de l'UE en l'état avec des coopérations bipartites entre certains pays.
Affirmer qu'une faillite de l'euro revient à une disparition de l'UE est le dernier (piètre) argument des européistes !
La trahison commence en 86 avec l'Acte unique ; tout le reste en découle. Il n'y a plus depuis longtemps d'autre logiciel politique au PS que le libéralisme (gauche américaine, de Lasch à Michéa) européiste et son cheval de Troie qu'est l'UE. Tout le reste est du théâtre : un jolie divertissement organisé par la sphère journalistico-médiatique !
RépondreSupprimerTrès honnêtement, êtes-vous si surpris que cela ?
RépondreSupprimerEn accord avec votre billet toujours très bien charpenté et équilibré, par contre encore classer aujourd'hui les socialistes dans la catégorie politique « de gauche » ou bien le quotidien « Le Monde » dans la catégorie « Presse de Gauche » ne me semble plus très pertinent. Le temps a passé depuis l'époque d'Hubert Beuve-Méry, notamment la période de Jean-Maris Colombani qui a « normalisé » l'exception que représentait auparavant ce quotidien qui n'était déjà que de centre gauche. Pour citer maintenant un quotidien de gauche, autant citer le journal « L'Humanité » sur le pacte budgétaire :
RépondreSupprimerhttp://www.humanite.fr/monde/hollande-enveloppe-le-traite-austeritaire-dans-un-paquet-cadeau-et-le-soumet-ratification-4998
@ Gilles
RépondreSupprimerTrès juste. Je devrai mettre "de gauche" entre parenthèses quand je parle du PS et du Monde, ce que je fais parfois, mais que je devrais faire systématiquement.
@ Global
Très juste. Chevènement a bien souligné que l'Acte Unique a été le point de départ.
@ Santufayan
Complètement d'accord, à la limite que cela pourrait malheureusement durer quelques années et non seulement quelques mois.
@ Cording
Ils n'accepteront jamais l'échec de leur Europe
Lundi 2 juillet 2012 :
RépondreSupprimerLa Cour des comptes lance une alerte : la dette publique devrait dépasser 90 % du PIB fin 2012 (pour mémoire, elle était de 64 % fin 2007). La dette publique imputable aux programmes d'aide aux pays en difficulté (prêts bilatéraux ou par l'intermédiaire du FESF) devrait s'élever à 50,2 milliards fin 2012, contre 14,5 milliards fin 2011 - soit une hausse de 1,8 point de PIB.
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/07/02/20002-20120702ARTFIG00615-la-dette-depassera-90-du-pib-fin-2012.php
Cette dernière phrase est très importante : l'aide de la France aux pays de la zone euro en difficulté a coûté 14,5 milliards d'euros fin 2011. L'aide de la France aux pays de la zone euro en difficulté coûtera 50,2 milliards d'euros fin 2012.
Et encore, il ne s'agissait que d'aider la Grèce, l'Irlande et le Portugal.
Quand la France va devoir aider l'Espagne et l'Italie, combien de centaines de milliards d'euros cela nous coûtera-t-il ?
C'est ça qui est génial avec la zone euro : les dominos tombent les uns après les autres.
Les trois premiers dominos qui sont tombés vont faire tomber tous les autres.