Depuis le
flash krach du 6 mai 2010, les opérations d’achats et de ventes de titres
financiers par ordinateur sont largement critiquées, comme
l’a fait Morad El Hattab. The Economist vient d’apporter son soutien à une plus grande
réglementation de cette innovation financière.
Même les
néolibéraux la critique
Cela
fait depuis 2009 que je dénonce les dangers du trading à haute fréquence (High Frequency Trading, ou HFT), grâce à
The Economist, qui sait pointer les
dangers de l’anarchie néolibérale, souvent sans vouloir les corriger. Mais,
ici, le très libéral hebdomadaire britannique ne veut pas lâcher la bride au
monde de la finance, comme le
montre son dessin d’illustration. Il faut dire que l’histoire de
l’automatisation de l’achat et de la vente des titres financiers n’est pas très
glorieuse.
Dans son papier, il pointe la
responsabilité des premiers programmes de trading automatisés (insurance portfolio) dans le krach
d’octobre 1987, où le Dow Jones avait reculé de 22% ! Plus tard, ces
programmes ont provoqué le krach de mai 2010, où le Dow Jones avait reculé
momentanément de 10% et l’action Accenture était tombée à 1 cent. En août, un
nouveau logiciel de tradiing automatique a coûté 440 millions au courtier
Knight Capital, qui a échappé de peu la faillite.
The Economist affirme qu’il se trouve
« rarement du côté de la retenue
tant vis-à-vis de la technologie que des marchés. Mais dans ce cas, il y a un
doute sur le fait que les bénéfices justifient le risque. La société a besoin
des marchés pour allouer le capital efficacement (…) mais le trading haute
fréquence ne prend pas des décisions en fonction des perspectives des
entreprises : il cherche juste à faire du profit sur des petites
variations de cours (…) Et même s’il peut rendre les marchés moins volatiles en
période normale, il peut ajouter aux turbulences au pire moment ».
L’anarchie
financière continue
Ensuite,
cela montre qu’en dépit des grands mots de nos dirigeants politiques (Sarkozy
comme Hollande), pas
grand chose a été fait pour tirer les conséquences de la crise des subprimes.
Bien sûr, le comité Bâle 3 a mis en place des règles sensées être
contraignantes pour les banques, mais il est évident que le hors bilan, les
parasites fiscaux et les dark pools leur permettent de continuer à faire leur
petite cuisine dans leur coin, avec l’assurance d’être aidées par l’Etat au cas
où…
Pire, tous
les nouveaux instruments du krach de demain se mettent en place, comme
je le soulignais déjà en 2009. Car le problème de toutes ses innovations
est qu’elles ne servent pas au bien commun, mais à se détourner des
réglementations et qu’en cas de crise, elles contribuent à accentuer la
panique, en créant un système trop opaque. Il est tout de même effarant que
presque rien n’ait changé depuis quatre ans. Personne n’a voulu être le nouveau
Roosevelt, même Obama.
Oui, bien
sûr, il faut restreindre, voir même interdire le trading à haute fréquence. Mais
ce n’est qu’une des nombreuses réformes de la finance qu’il faudrait mener
de manière à ce que le système financier tourne enfin pour l’ensemble de
l’économie et non pour lui-même uniquement.
Oui, de nombreuses autres réformes sont également nécessaires, à commencer par l'interdiction des ventes à découvert qui ne correspondent à aucune réalité économique.
RépondreSupprimerOui, bien sûr! Comme bien d'autres choses: le contrôle des banques par leur nationalisation partielle ou totale selon la situation à laquelle il faudra faire face. La Banque de France devra repasser sous contrôle public complet!
RépondreSupprimervous allez rire, ce matin sur BFM Radio, ils disaient qu'ils installaient un cable de fibre optique entre le Japon et Londres pour le trading hautes frequences. ils vont gagner 5ms (millisecondes, oui oui!!) mais des sommes colossales.
RépondreSupprimerAvec la fontes des glaces au pole nord, ils vont même pouvoir tirer un cable par le pole, pour gagner en distance donc en temps, donc encore plus d'argent!!! on n'a pas fini!!
Maurice Allais écrivait (et ça ne s'est pas amélioré depuis;..):
RépondreSupprimer//Que les bourses soient devenues de véritables casinos, où se jouent de gigantesques parties de poker, ne présenterait guère d'importance après tout, les uns gagnant ce que les autres perdent, si les fluctuations générales des cours n'engendraient pas, comme elles le font, de profondes vagues d'optimisme et de pessimisme, qui influent considérablement sur l'économie réelle. Là apparaît le caractère déraisonnable et nocif du cadre institutionnel actuel des marchés boursiers. Le système actuel est fondamentalement antiéconomique et défavorable à un fonctionnement correct des économies. Il ne peut être avantageux que pour de très petites minorités.//
Il proposait donc:
//
Pour être fondamentalement utiles, ce qu'ils peuvent être, les marchés boursiers doivent être réformés :
- le financement des opérations boursières par la création de moyens de paiement ex nihilo par le système bancaire, doit être rendu impossible ;
- les marges correspondant aux achats et ventes à terme doivent être considérablement augmentées et elles doivent consister en liquidités ;
- la cotation continue des cours doit être supprimée et remplacée sur chaque place financière par une seule cotation par jour pour chaque valeur ;
- les programmes automatiques d'achat et de vente doivent être supprimés ;
- la spéculation sur les indices et les produits dérivés doit être supprimée.
Une seule cotation par jour sur chaque place pour chaque valeur serait de loin préférable ; elle réduirait considérablement les coûts, et elle serait favorable à tous les investisseurs, petits et grands. Plus un marché est étendu et plus les cours qui s'y établissent sont significatifs et équitables.//
Nous pouvons egalement nous poser la question des marchés boursiers après tout quantité de sociétés n'y sont pas ?
RépondreSupprimer@ A-J H
RépondreSupprimerMerci pour ce rappel, très intéressant, qui nourrira ma réflexion pour ma synthèse suite à mes lectures de l'été.
Pourrais-tu éclairer mes lanternes sur les soldes Target 2 des banques centrales européennes. Que se passerait-il en cas de démontage de l'euro ? The Economist attribue plus de la moitié du coût de son démontage au solde de ces comptes. J'ai l'impression que c'est une erreur car :
- cas le plus simple : tout ne serait pas perdu, il y a juste réévaluation du montant des dettes
- après tout, s'il s'agit du bilan des banques centrales, ces déséquilibres ne peuvent-ils pas être monétisés ?
@ Fred
Effarant comme nouvelle. Merci pour l'info.
@ Républicain & Cording
Je reviendrai sur le sujet
Réflexion générale :
RépondreSupprimerDieu quelle est belle la trahison de nos "élites". Mais tout a un prix, et il nous suffit d'attendre... figurez-vous que la facture arrive... vous danserez messieurs, vous danserez... et le peuple rira, de bon coeur...