jeudi 23 août 2012

Insécurité : à quand l’impunité zéro ?


Le gouvernement peine à articuler une politique claire sur les questions de sécurité, entre un Manuel Valls très sarkozyste et une équipe gouvernementale plus angélique. Mais ce qui est frappant, c’est le manque de réflexion globale des politiques sur ces questions. Voici une contribution.


Quand l’impunité se développe

Quelles sont les causes de la violence ? Des sociologues anglo-saxons ont mis en avant plusieurs facteurs, un environnement dégradé, ou trop de tolérance pour les petits délits, qui mènent à des actes plus graves. C’est ainsi que certaines villes comme New York ont réussi à faire baisser l’insécurité en s’assurant que pas une fenêtre cassée n’était pas réparée immédiatement et en punissant toutes les petits incivilités (la « tolérance zéro », dont la connotation n’est pas très heureuse).

En France, c’est absolument l’inverse qui se passe. Il y a quelques décennies, la question de l’ordre ne se posait pas à l’école. Malheureusement, depuis un certain nombre de réformes malheureuses, et notamment la circulaire Lang, qui prive les professeurs de l’autorité sur leurs classes, ce sujet est à nouveau à l’ordre du jour aujourd’hui. Il suffit de s’intéresser un peu à la question, de discuter avec des professeurs, pour se rendre compte des problèmes colossaux d’aujourd’hui.

Mais cela est également vrai dans la rue. Combien de petits délits qui ne sont pas sanctionnés ? Une simple connaissance du terrain (j’ai été commerçant pendant deux ans), permet de constater que les vols n’ont souvent pas de conséquences, particulièrement pour les mineurs. Quel message envoie une société qui laisse totalement impunis les plus petits délits ? Ne s’agit-il pas là à la fois d’une incitation à la récidive et d’une passerelle vers des délits plus graves ou des crimes ?

Vers l’impunité zéro

En effet, une partie importante des criminels ou des grands délinquants ont commencé par des délits mineurs avant de commettre des actes plus graves. Et on peut aussi soupçonner que ces délits mineurs n’ont pas toujours éte sanctionnés. Bien sûr, il serait illusoire de croire qu’en sanctionnant tous les petits délits, il n’y aurait plus de grands délinquants ou de criminels. Mais on peut penser qu’en sanctionnant les petits délits autrefois impunis, la situation s’améliorerait.

C’est pourquoi je crois qu’il est essentiel de sanctionner tous les délits, même les plus petits, et surtout à l’école, lieu du premier contact du futur citoyen avec l’Etat et la société. C’est le seul moyen pour faire comprendre qu’il existe des limites et que ces limites doivent être respectées. Ce n’est pas parce que l’objet du vol vaut dix euros seulement qu’il ne faut pas de sanction. Naturellement, il ne s’agit pas d’emprisonner le délinquant pour si peu, mais une sanction doit exister.

Imposer a minima une journée de travail d’intérêt général permettrait de faire comprendre que la vie en société suppose de respecter des règles. Et il faut faire la même chose à l’école où il est scandaleux que les insultes et les gestes d’humeur des élèves à l’égard des professeurs, qui sont les représentants de la République, ne soient pas sanctionnés. Et pour ceux qui ne comprendraient pas, il ne faudra pas hésiter à les transférer dans des établissements adaptés.

Après dix ans d’agitation verbale et législative, je crois qu’il faut mettre en place une véritable impunité zéro pour tous les délits mineurs pour enfin faire reculer les comportements violents et bien signifier que cette violence, qui frappe les plus jeunes et les plus faibles, n’est plus tolérée.

17 commentaires:

  1. La violence a des causes sociales, économiques et culturelles multiformes.Je me souviens que lorsque j'étais élève j'ai eu droit à des cours de morale dont j'ai découvert lors de mes études de philosophie leur inspiration Kantienne avec ses impératifs moraux catégoriques, et à des cours d'instructions civiques. Je ne sais ce qu'il en est actuellement mais cela ne m'a pas semblé,et loin de là, inutile cette morale civique commune, laïque pour réserver tous les signes religieux visibles à l'espace privé, les bannir de l'espace public dès lors que l'on sort de chez soi.
    Pour la violence les auteurs doivent être confrontés aux conséquences de leurs actes et victimes, leur présenter des excuses publiques et réparer selon des modalités à définir.

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  2. Sur la théorie de la vitre cassée, est-ce l'absence de petits délits qui crée un climat serein dissuadant la grande délinquance, ou est-ce le fait que les auteurs possibles sont en prison à cause d'actes de petite délinquance ?

    En effet, il y a sauf erreur environ 2,5 millions de détenus aux US, c'est à dire proportionnellement 8 fois plus qu'en France.

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    1. Si on pouvait éviter les carictatures. Il est clair que beaucoup de gens feraient moins les fanfarons face à un système plus stricte.
      A l'échelle individuel : vous savez pertinemment que si vous vous laissez marcher sur les pieds pas un seul individu, tous les autres vont vous maltraiter.
      Au niveau institutionnel, c'est la même chose...

      S'il y a moins de détenus en France, c'est parceque le système français est plus laxiste (peines moins longues, et pas toujours appliquées ; choix de ne pas construire assez de prisons), sans oublier dans votre comparaison de tenir compte du nombre d'habitants : plus de 310 millions d'hab aux USA, et 65 millions pour la France.

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    2. @ Anonyme

      Il ne s'agit surtout pas de mettre tout le monde en prison, comme aux Etats-Unis, car les résultats globaux ne sont quand même pas satisfaisants. Je crois que si chaque petit délit est sanctionné, la société éviterait que les petits délinquants ne passent à des actes plus graves dans leur majorité.

      @ Abd Salam

      Les chiffres sont justes : il y a bien près de 10 fois plus de détenus aux USA qu'en France (2,5 millions vs 70 mille). Très bon exemple : l'Etat se laisse en permanence marcher sur les pieds.

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    3. @ Laurent Pinsolle,
      Je ne dis pas que les chiffres ne sont pas justes, mais qu'il faut tenir compte biensûr du nombre d'habitants, et des choix politiques...
      En France, s'il y a moins de prisonniers, ce n'est pas pour des "bonnes raisons", si l'on peut dire.
      P.S. : et bien évidemment s'il faut sanctionner, sanctionner ne signifie pas forcément envoyer en prison.

      il faut juste arrêter de diaboliser la répression, quoi.

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  3. Quid de la délinquance en col blanc ?

    Combien de banquiers, d'hommes d'affaires et de politiques sous les verrous pour malversations diverses et variées ?

    Chasser les voleurs de mobylettes c'est bien, c'est juste, mais ce n'est pas suffisant si "le haut du panier" passe au travers des mailles du filet...

    L'exemplarité est une valeur cardinale en France. Sans elle, la "tolérance zéro" est un voeu pieux.

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  4. S'il faut bien sur l'exemplarité sur le grand banditisme et la délinquance en col blanc ce sont les petits délits et les incivilités qui pourrissent la vie de tous les jours et la il ne faut pas de gros moyens c'est surtout un état d'esprit a faire passer jusqu’à preuve du contraire les jeunes sont sous la responsabilité des parents qui touchent des allocations et ont des parts supplémentaires d'imposition la menace de suppression de ces avantages devrait en faire réfléchir bon nombre . Quand aux parents qui viennent menacer les professeurs la sanction doit être rapide , sans état d’âme et les enfants doivent leur être retirés . Il y a malheureusement une génération de traficoteurs en tous genres dans les banlieues mais c'est un autre problème qui est beaucoup plus grave et a mon avis il n'y a pas d'autre solutions que le nettoyeur haute pression a ne pas confondre avec le pistolet a eau de gamin utilisé par sarkozy

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  5. Robert Lohengrien23 août 2012 à 19:42

    En ce qui concerne la corrélation impunité et recidive:
    Il est un fait établi que rien n'est aussi encouragent et motivant que le succès. Dans la vie professionnelle ou politique, un succès peut enchaîner un autre, et ainsi de suite.
    Chez les délinquents c'est pareil. Le succès les encourage à continuer. Cependant, il faut différencier les populations: il y a des jeunes qui traversent une phase difficile, passagère, d'autres resteront des délinquents. Il y a des jeunes vivant dans la rue qui apprennent très tôt comment manipuler les adultes, exploiter leurs faiblesses face à la violence....
    Je me souviens d'un personnage politique, appartenant au PS. Il disait (vers 1994), confronté aux résultats désastreux de sa politique, je cite, "la naiveté fait notre charme" (du PS). Il y a des domaines, dans les lesquel ce charme peut être un réel danger pour des individus et pour la société entière.
    Je me demande s'il s'agit de l'angelisme, de la naiveté ou simplement de l'indifférence; j'imagine les mandarins du PS ne vivent pas dans des quartiers sensibles.

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  6. @ Robert

    Très juste. Ce qui pousse justement à instaurer une véritable impunité zéro. Le PS est piégée dans une idéologie libertaire et relativiste d'autant plus aisée pour eux qu'ils n'en subissent pas vraiment les conséquences dans leur immense majorité.

    @ Patrice

    Complètement d'accord sur l'état d'esprit. Je reste toujours peu enthousiaste pour la suspension des allocations en revanche. Sur l'école, c'est tout à fait cela. Un dessin circule sur Facebook où l'on voit des parents des années 1960 qui grondent leur enfant du fait de ses notes. Dans les années 2000, ils engueulent les profs...

    @ Anonyme

    Il est bien évident que cela doit être la règle pour tout le monde.

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    1. Je pense que la suspension des allocations serait d'une efficacité redoutable...

      Beaucoup de jeunes délinquants, contrairement à certaine croyances, obéissent à leurs parents !
      Les parents feraient ce qu'il faut pour ne pas perdre les allocations... ça réglerait beaucoup de problèmes (beaucoup, pas tous).

      Le problème, c'est qu'on a laissé pourrir la situation, ça va être très dur de remettre les choses en ordre.

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  7. C'est un sujet dont il faut user mais faire attention à ne pas abuser parce qu'en la matière vous et Nicolas Dupont-Aignan seront victimes de plus sécuritaires que vous: le FN de MLP. Il est préférable de vous et DLR de vous concentrer sur un sujet sur lequel vous avez une crédibilité particulière: l'économie et surtout la sortie inéluctable de l'Euro.

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    1. Certes mais l'ambition de NDA et DLR est bien d'arriver au pouvoir il faut donc avoir une vision claire sur tous les sujets en fait les grandes reformes d'après moi sont faites la première et a la rigueur la seconde année sans se préoccuper des sondages ensuite si nous voulons durer il faut refaire de la "politique" c'est a dire des compromis

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    2. Evitons les malentendus, les gens ne veulent pas de l'ultra-sécuritaires, ils veulent de la sécurité.
      Proposer des mesures claires, justes et applicables suffira largement à séparer les gens qui votent FN par provocation des véritables soutiens du FN.
      Il n'y a rien à craindre d'une éventuelle surenchère frontiste.

      C'est la surenchère angéliste qui assimile exigence de sécurité ET racisme, qui pousse les gens dans les bras du FN.

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    3. Et si c'était le désaveu de notre classe politique tout entière, qui se désavoue en trahissant les électeurs une fois au pouvoir, qui pousse certains dans les bras du FN ?



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  8. Monsieur Pinsolle,

    Pour pouvoir prétendre à une sécurité acceptable, il faudrait déjà que l'impunité ZERO n'assortisse pas systématiquement les délits graves de nos élus et autres arbitres. Nous savons tous qu'il y a bien des manières différentes de faire appliquer une impunité zéro, et que certains magistrats, entre autres, ne s'en privent pas.

    C'est légitime et honorable de considérer inacceptable la délinquance de la rue, mais ne pensez-vous pas... délicat ... d'exiger des "Petits" ce que les "Grands" torpillent allègrement ?

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  9. @ Abd Salam

    J'entends votre argument. D'accord sur le deuxième commentaire.

    @ Tous

    Je crois au contraire qu'il faut parler de tous les sujets pour arriver au pouvoir. L'euro seul (quand il tombera), ne suffira pas. Il est essentiel de s'exprimer sur tous les sujets. Je crois que si des alternatives crédibles apparaissent, le FN finira par dégonfler (pas tout de suite, mais à terme).

    @ Arsenic

    D'accord avec vos deux points. Ce n'est pas pour rien que le FN a émergé un an après le tournant de la rigueur, en 1984...

    L'impunité zéro doit bien sûr être à tous les niveaux.

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  10. A écouter le journal bobo social-traitre L'Humanité, "un contrôle de police excessif" pourrait être à l'origine des émeutes qui, il y a quelques jours, ont conduit aux évènements d'Amiens, soit à tirer par armes à feu sur les forces de l'ordre, incendier et détruire une école maternelle et un centre sportif, ainsi que des dizaines de véhicules de citoyens anonymes. Le pauvre Jaurès doit se retourner dans sa tombe...

    http://www.humanite.fr/societe/amiens-nord-le-calme-revient-apres-une-nuit-de-violence-502321

    Je rajouterai ceci à l'intention de tous les chiens de Pavlov qui oseraient encore réciter leur catéchisme antifasciste. Je mets néanmoins solennellement en garde : ça pique les yeux !

    "Le lumpenproletariat – cette lie d’individus déchus de toutes les classes qui a son quartier général dans les grandes villes – est, de tous les alliés possibles, le pire. Cette racaille (sic) est parfaitement vénale et tout à fait importune. Lorsque les ouvriers français portèrent sur les maisons, pendant les révolutions, l’inscription : « Mort aux voleurs ! », et qu’ils en fusillèrent même certains, ce n’était certes pas par enthousiasme pour la propriété, mais bien avec la conscience qu’il fallait avant tout se débarrasser de cette engeance. Tout chef ouvrier qui emploie cette racaille comme garde ou s’appuie sur elle, démontre par là qu’il n’est qu’un traître." La social-démocratie allemande - Karl Marx / Friedrich Engels

    Après le petit Marx illustré sur le Lumpenproletariat, déclaration en forme d'aveu terrible (surtout pour sa crédibilité) de notre maire socialiste d'Amiens qui reconnait s'être "trompé pendant 30 ans" (rien que ça), "j'ai pensé que la répression n'était pas une solution". Et bien dansez maintenant !

    Dans le même genre de reconnaissance de faute sur le thème de l'insécurité - après Mélenchon sur l'Europe politique (http://www.youtube.com/watch?v=g1dAvGZmveA) où ce dernier prétend s'être fait rouler (mais ne dit-on pas que gouverner c'est prévoir...) - Lionel Jospin, son ex-Premier Ministre socialo (une belle brochette de médiocres) :

    "Sur la question de l’insécurité, j’ai pêché par naïveté. Je me disais pendant un certain temps que si on fait reculer le chômage, on fera reculer l’insécurité. Or 928.000 personnes ont retrouvé un emploi et cela n'a pas d'effet direct sur l'insécurité".

    http://lci.tf1.fr/france/2002-03/jospin-veut-reconcilier-deux-france-4858012.html

    C'est normal Lionel, tu n'écoutes que les bons à rien type Laurent Mucchielli !

    Ainsi, et avant de prétendre s'attaquer à l'insécurité, encore faudrait-il dresser un diagnostic en bonne et due forme, et qui reflète la réalité telle qu'elle est, non tels que nos représentations idéologiques voudraient qu'elle soit.

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