Cela pourra
paraître surprenant alors qu’un
contingent de nouveaux traités faisant reculer la souveraineté nationale sont
en cours de ratification et que les
fédéralistes essaient d’utiliser la crise pour faire avancer leur agenda,
mais je crois qu’un grand saut fédéraliste n’a plus aucune chance aujourd’hui.
L’occasion
perdue de 2010
Avant
d’aller plus loin, il me faut préciser que, évidemment, je suis totalement
opposé à une telle évolution contraire à notre histoire, notre culture ou même
la réalité. Ce que je veux dire ici n’est pas qu’aucun recul des souverainetés
nationales ne se fera dans les prochaines années (le
TSCG, le MES, le six pack, le two
pack sont autant d’exemples de traités aux accents fédéralistes). En
revanche, je suis persuadé qu’il n’y a aucune chance qu’une fédération
européenne ne se constitue.
Il y a
peut-être eu un moment où les fédéralistes avaient l’opportunité de faire
passer leur idée, courant 2010, au début de la crise de la zone euro, quand les
peuples vivaient encore dans le mythe absurde que l’euro nous aurait protégé
dans la crise de 2008. Là, les dirigeants européens auraient pu faire passer
cette évolution à des opinions publiques certes pas toujours très positives à
l’égard du projet européen, mais déboussolés par la crise et la mondialisation.
La
confiance est cassée, pour longtemps
Pour
partager une monnaie, et plus encore passer le cap fédéral, il faut une
confiance très forte entre les différents pays. Pour la première, les pays
admis avaient suivi à la lettre les recommendations d’alors, sur les déficits
et la libéralisation des marchés. La confiance était au plus haut. Aujourd’hui,
la confiance entre les pays européens n’a sans doute jamais été aussi basse
depuis au moins quarante ans, un climat guère favorable à un grand saut
fédéral.
Les
pays créditeurs n’ont plus confiance dans les pays débiteurs. Et cela est
logique. L’Espagne annonçait 6% de déficit en 2011, elle a fait presque 50% de
plus. La Grèce ne parvient toujours pas à tenir les objectifs affichés en début
d’année (ils étaient irréalistes, comme
je l’avais souligné). Après avoir accepté un défaut partiel sur la dette
privée, on se dirige rapidement vers une nouvelle restructuration en Grèce. Les
pays européens devraient abandonner une partie de leurs créances.
Vers un
recul de la supranationalité
Le saut
fédéral demande beaucoup plus de confiance entre les pays européens qu’il n’en
fallait pour faire l’euro. Or, aujourd’hui, nous en avons beaucoup moins et la
gestion calamiteuse de la crise de la zone euro va peser longtemps dans
l’esprit des opinions publiques et des dirigeants politiques. Cette Europe semble
être devenue un puit sans fond, un machin ingérable. Qui plus est, en son nom,
des peuples sont torturés pour essayer de maintenir un édifice bien inhumain.
C'est plus une imprécation qu'une analyse...
RépondreSupprimerAbd Salam
C'est plus un constat qu'une imprécation.
RépondreSupprimerC'est probablement vrai mais le château de carte ne s'écroulera pas tout seul.
RépondreSupprimerSur le plan sociopolitique, demeure une alliance de classe entre la bourgeoisie financiarisée, le sous-prolétariat assisté et la partie des classes moyennes qui s'imagine protégée des ravages de la crise financière et du libre-échange. Ce "bloc majoritaire" s'érode mais marginalement pour le moment ; le moment décisif viendra quand la crise "mordra" ces classes moyennes privilégiées.
Sur le plan politique, les peuples sont toujours tétanisés faute d'alternative construite. Le FN, par son communautarisme, rabat une partie de l'électorat vers l'UMPS et même s'il franchissait le plafond de verre le risque serait monumental de passer de l’oppression européenne à la guerre raciale et religieuse (qui d'ailleurs pourrait détourner l'attention d'un européisme maintenu).
L'histoire peut s'accélérer, mais en attendant les eurocrates ont encore une certaine marge de manœuvre, par exemple pour reconstruire une petite Europe germanique ou ils fourvoieraient une fois de plus la France... Si l'Allemagne s'y refuse et que la France se trouve libérée malgré ses dirigeants, qu'en feront-ils ? La sortie de l'euro sans réorganisation économique d'ensemble (finance, échanges commerciaux, salaires...) nous ferait tomber de Charybde en Scylla...
Malgré ce qui précède je ne suis pas totalement pessimiste, j'imagine toujours que DLR puisse s'étoffer et que des alliances demeurent possibles avec des parties du FDG ou du FN, ou même que des fractions de l'UMPS se révoltent contre la purge financière et le démantèlement de l’État... C'est la meilleure perspective que nous pouvons nous fixer.
C'est plus une analyse qu'un constat..
RépondreSupprimerLe remboursement des dettes c’était pour l'opinion publique personne n'y a jamais cru ; je suis beaucoup moins optimiste a un moment toute cette économie va s'effondrer y compris les créditeurs la sera sans doute le danger
RépondreSupprimerMais l'enjeu est de savoir par quelle quantité de souffrances nous allons passer avant de revenir aux nations.
RépondreSupprimerC'est en effet un constat juste que tu fais et je rajoute que même en 2010 le fédéralisme n'était pas possible parce que si tel était le cas nos dirigeants auraient fait depuis le début de l'euro la zone monétaire optimale indispensable à son son avenir et maintenant à une survie de plus en plus hypothétique.
RépondreSupprimerLe vrai moment ou le fédéralisme était possible c’était avant 1973 L'europe des 6 ensuite cela a été la course a l’élargissement et les fédéralistes ont bien compris que par ce biais la Fédération s’éloignait l'euro en a été le coup d’arrêt et ce retour a une europe fédérale noyau dur est encore possible surtout si nous avons un effondrement économique rapide le monde entier fonctionne sur un tas de monnaie de singe
RépondreSupprimerLa crise de la zone euro peut durer 20 ans !
RépondreSupprimerhttp://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=65421
Citation de cette étude : « La crise de la zone euro peut durer 20 ans ! »
Supprimer« Certains pays (Espagne, Grèce, Portugal, France) ont des déficits extérieurs structurels en raison de la faible taille de leurs secteurs exportateurs, en particulier de l’industrie. Cette situation n’est pas soutenable, puisque ces pays accumulent une dette extérieure continûment croissante, et finissent par devenir insolvables. Il n’y a alors que deux solutions, qui toutes les deux nécessitent énormément de temps :
-Le fédéralisme, c’est-à-dire la mise en place de transferts des pays excédentaires vers les pays déficitaires ; cette organisation de la zone euro (une « union de transferts ») est rejetée aujourd’hui ;
- La réindustrialisation des pays déficitaires ».
Comment on va faire pour réindustrialiser la France sans pouvoir profiter de l’avantage de compétitivité procuré par une dévaluation de la monnaie ? Aujourd’hui, pour la France, la tendance n’est pas à la réindustrialisation mais à la poursuite accélérée de la désindustrialisation. Laurence Parisot, présidente du MEDEF l’a indiquée le 17 juillet dernier en disant : « Si une politique économique clairement favorable aux entreprises n'est pas clairement définie, et n'entre pas en vigueur, les défaillances se multiplieront à un rythme tel que l'assiette fiscale globale des impôts et taxes se réduira comme peau de chagrin ».
http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/actu/0202177328105-laurence-parisot-la-croissance-passera-par-les-entreprises-ou-ne-sera-pas-344865.php
Ça c’est ce qui nous pend au nez. Elle fait aussi un certain nombre de propositions, sur la TVA sociale et la flexibilité du travail notamment, que le gouvernement ne veut pas prendre en compte pour le moment :
http://www.challenges.fr/entreprise/20120703.REU0415/le-medef-veut-mettre-la-competitivite-au-coeur-du-sommet-social.html
Je doute fort que ces propositions, même si elles étaient mises en œuvre aujourd’hui (et peut-être qu'effectivement il vaudrait mieux les mettre en œuvre), soient de nature à réenclencher un processus de ré-industrialisation de la France si celle-ci reste dans la zone euro.
Saul
La TVA sociale (si elle doit signifier un transfert des ménages vers les entreprises) et la "flexibilité" (précarité en bon français) ne sont pas des solutions. L’équilibre des comptes extérieurs d'un pays ne dépend pas de sa "compétitivité" mais essentiellement de la parité de sa monnaie. En d'autre termes, on trouvera toujours un taux de change du franc tel qu'il redonne de la compétitivité aux activités pour lesquels nous avons un avantage comparatif.
SupprimerPour ce qui est de la productivité et de l'innovation, les clés sont une politique industrielle volontariste et des protections ciblées - notre avenir vient de notre capacité à créer et incorporer du progrès technique, pas de l'essorage sans fin de nos salariés.
Mme Parisot fait de la surenchère dans la déflation et la régression ; elle est bien dans son rôle de représentante de la fraction la plus financiarisée et mondialisée du patronat.
c'est vrai que flexibilité = précarité mais c'est plus gentil en novlangue ; ne fait on pas également du nombrilisme avec la crise de l'euro ?
SupprimerL'euro y a certes sa part mais la crise est mondiale ou non ?
"L'euro y a certes sa part mais la crise est mondiale ou non ?"
SupprimerBien entendu, c'est ce que j'écrivais plus haut. Sortir de l'euro pour continuer à appliquer les politiques néolibérales ne nous mènerait pas à grand chose (même si l'euro aggrave indubitablement les choses). Il faut impérativement juguler la finance et filtrer les échanges extérieurs.
@J. Halpern
RépondreSupprimerToujours globalement d'accord avec tes interventions sauf peut être sur ce point" En d'autre termes, on trouvera toujours un taux de change du franc tel qu'il redonne de la compétitivité aux activités pour lesquels nous avons un avantage comparatif. "
C'est en fait très difficile de faire varier la parité d'une monnaie; je pense que les droits de douane ou mieux peut être la proposition de contingentement et de mise aux enchères d'un pourcentage variable promue par Allais sont de meilleures "armes".
Je regardais tout à l'heure les stats des douanes concernant nos importations/exportations ( http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=NATTEF08467 ). En fait on trouve facilement, pour chaque pays, un pourcentage correspondant aux droits de douane à appliquer pour équilibrer les échanges avec ce pays . Exemple sur 2010: l'Allemagne nous vends pour 79,1 Md€, nous lui vendons pour 62,9 Md€ => droits de douane 20% ... la Chine nous vends pour 37,4 et nous achète pour 11 => droits de douane 71% . Il suffit ensuite de redistribuer les montants perçus aux pays avec lesquels nous sommes en balance positive pour équilibrer totalement la balance des échanges commerciaux dans l'esprit de la Havane; ce serait sans doute un bel exemple vis à vis du reste du monde.
@A-J
RépondreSupprimerVaste discussion à mener, en effet... le problème avec l'euro c'est qu'il masque tous les autres problèmes, auxquels nous risquons pourtant d'être très soudainement confrontés !
"C'est en fait très difficile de faire varier la parité d'une monnaie"
Si les mouvements de capitaux sont contrôlés, le déficit commercial devrait mécaniquement déprécier la monnaie. Ensuite, je reconnais que le processus peut s'emballer, avec les problèmes d'élasticités. il faut donc de sérieuses réserves de change et/ou des accords internationaux de stabilisation. Au besoin on peut aussi jouer sur une taxe Tobin massive... Le contingentement me gène un peu, dans la mesure où d'une part il permet aux partenaires étrangers de gonfler leur prix jusqu'au point où leurs ventes se réduiraient à leur quota. D'autre part nous entrerions dans une gestion administrée dont je me méfie beaucoup : lourdeur, corruptions de toutes sortes, prolifération bureaucratique... Quant aux droits de douane, j'y serais plutôt favorable pour une politique ciblée de protection de secteurs stratégiques.
"on trouve facilement, pour chaque pays, un pourcentage correspondant aux droits de douane à appliquer pour équilibrer les échanges avec ce pays"
Je ne vois pas pourquoi nous devrions être en balance équilibrée avec tout le monde... si nous sommes en déficit avec l'Allemagne mais que ce déficit est compensé par des excédents ailleurs, où est le problème ?
Sur un an le déficit balance commerciale de la France vient de s’établir à 71,2 milliards d’euros (6 milliards d’euros de déficit pour le mois de juin 2012) :
Supprimerhttp://www.lesechos.fr/economie-politique/france/actu/0202208812263-la-balance-commerciale-de-la-france-patit-du-ralentissement-dans-la-zone-euro-351445.php
La vidéo ci-dessous indique que la balance des paiements de la France a commencé à être déficitaire à partir 2003-2004 (période où l’euro connaissait une forte appréciation par rapport au dollar) et depuis n’a plus cessé de l’être, le pays de désindustrialisant de plus en plus :
http://www.youtube.com/watch?v=xHOLvQxb2A8
Le problème est l'accumulation de la dette extérieure nette.
Saul
Il n'y aura pas de fédéralisme européen; de nombreux économistes allemands par exemple, ceux qui sont à la source des évenements économiques (et non pas les économistes indoctrinés) estiment que la Grèce doit sortir de la zone euro, idem l'Espagne, le Portual...Leur argument: une monnaie se construit en fonction de la force économique du pays émetteur. L'euro est une monnaie beaucoup trop forte pour la Grèce. Le fait d'avoir leur attribué l'euro est la preuve même de l'ignorance et la bêtise de nos technocrates et politiques.
RépondreSupprimerOn parle de plus en plus d'une zone euro nord ou de la création d'un "Euro-Gulden" (Florin).
La question qui se pose dans le cadre de cette question: la France, ferait-elle partie de cette zone, si le projet prendrait forme?
@ Robert
RépondreSupprimerL'euromark pour quelques pays restent une possibilité. Il est fort possible que certains en France veuillent (bêtement) en être mais il n'est pas sûr que l'Allemagne le souhaite.
@ J Halpern
La France risque d'être passive quand un pays du Sud partira. C'est juste.
Complètement d'accord pour la variation de la monnaie mais aussi sur les balances commerciales, même si on peut viser de moindres déséquilibres.
En revanche, je suis partisan d'une TVA sociale dans le cadre d'une vaste réforme fiscale qui préserverait a minima le pouvoir d'achat des classes populaires et moyennes. La baisse du coût du travail peut stimuler la création d'emplois.
Après, la TVA sociale seule ne nous permettra pas de nous réindustrialiser car les écarts de salaires restent colossaux. Parisot a tort.
@ Patrice
J'ajouterai flexibilité / compétitivité = baisse des salaires.
@ Saul
Je ne crois pas que la crise durera 20 ans car un pays finira par partir avant. La patience des peuples a ses limites.
@ Abd Salam
Je crois sincèrement qu'il n'y a aucune chance d'évoluer vers le fédéralisme. Il faut de la confiance et elle est complètement confiance. Il en faut plus qu'en 1992. Il y en a beaucoup moins...
@ Anonyme
C'est très juste. Le problème c'est que les peuples souffrent pendant ce temps.
"je suis partisan d'une TVA sociale dans le cadre d'une vaste réforme fiscale qui préserverait a minima le pouvoir d'achat des classes populaires et moyennes. La baisse du coût du travail peut stimuler la création d'emplois."
SupprimerJe pense que nous sommes d'accord, mais pour préciser encore les choses : baisser les coûts des entreprises en valeur absolue, comme s'acharnent à le faire les néolibéraux, est une faute lourde, puisque ces coûts sont aussi une composante de la demande effective. En revanche, il faut modifier la structure de ces coûts pour favoriser l'emploi. La baisse du coût RELATIF du travail doit être compensée par d'autres prélèvements sur la valeur ajoutée et les importations. De cette manière la demande est préservée mais les entreprises sont incitées à substituer un peu de travail au capital. En revanche les coûts par rapports aux concurrents étrangers doivent être ajustés par la variation du change et les droits de douanes. Le problème est d'équilibrer les échanges sans casser l'incitation à investir dans l'espace national.
Nous sommes d'accord.
Supprimer"Il faut de la confiance et elle est complètement confiance. Il en faut plus qu'en 1992. Il y en a beaucoup moins..."
RépondreSupprimertraduction demain après un bon dodo ? ^^
:p
Age
Pour partager une même monnaie entre plusieurs pays, il faut beaucoup de confiance entre ces mêmes pays. Pour passer au stade de la fédération, il en faut encore bien plus. Or, ce que je tente d'expliquer dans ce papier, c'est que le niveau de confiance entre les pays européens a largement baissé, ce qui exclut, à mon sens, tout saut fédéral. C'est particulièrement clair pour l'Allemagne à mon sens.
SupprimerCertes mais les fédéralistes ont dans leur bagages les régionalistes qui y ont considérablement gagnés et les immigrés tous ces gens ne raisonnent pas en termes de pays
SupprimerLa crise qui durera encore vingt ans cela dépend de quelle crise nous parlons car rien de mieux que la crise pour manipuler le peuple et faire avancer la ploutocratie cela peut durer ad vitam aeternam
RépondreSupprimerLes gaullistes d'habitude rappellent que Debré est petit-fils ou fils je ne sais pas du premier ministre sous De Gaulle pour lui attribuer un label de gaullisme (on a l'impression d'être dans une religion) maintenant qu'il a laissé passer la règle d'or on ne les entend pas.
RépondreSupprimerC'est Jean Louis Debré et tous les onzes autres membres du Conseil Constiturionnel doivent etre gogolcompatibles avec l'ue de toute façon ce n'est pas inscrit dans le marbre
Supprimer@ Patrice
SupprimerCela explosera avant...
@ Fiorino
Debré n'est pas une référence sur ce blog. Et dès hier, j'ai publié un tweet sur cette décision...
@ Pinsolle
SupprimerJ'ai lu un tweet je ne sais pas si c'est le votre qui se demande si le Conseil Constitutionnel fait encore les intérêt de la nation. Le problème c'est que le Conseil Constitutionnel n'est pas là pour faire les intérêts de la nation, mais pour juger de la conformité des lois et défendre la Constitution. On peut alors dire qu'il n'assume pas son rôle, mais par parler d'intérêt de la nation.
@ Fiorino
RépondreSupprimerC'est bien le mien. Je n'ai pas émis de jugement sur la conformité avec notre Constitution car je ne suis pas juriste et je n'ai pas eu le temps de suffisamment me pencher sur la question.