Outre
une proposition de réforme de la finance, le rapport Stiglitz prend
fermement position contre les plans d’austérité, au regard des
potions amères infligées par le FMI aux pays en voie de développement en crise.
Une leçon qui trouve un écho particulier avec la
situation actuelle des pays européens.
Mettre
fin à l’accumulation de réserves
Dans une
analyse largement partagée par les économistes (Jacques
Sapir, Paul
Krugman), le rapport pointe la responsabilité des politiques d’ajustement
dans les déséquilibres actuels, outre la libéralisation excessive des
mouvements de capitaux à court terme. En effet, quand un pays subit une crise
de son financement, pour bénéficier de l’aide internationale, il doit passer
sous les fourches caudines des plans d’austérité extrêmement brutaux du FMI (comme
aujourd’hui en Europe).
Résultat,
les pays accumulent des réserves pour ne pas avoir à demander une telle
« aide ». Mais cette accumulation de réserves pose de nombreux
problèmes. Comme le note le rapport, « il
y a réduction de la demande globale mondiale » et cela créé aussi une
masse financière recyclée dans la spéculation… Très keynésien, il propose un
système « conçu pour faire pression
sur les pays excédentaires afin qu’ils réduisent leur contribution à
l’insuffisance de la demande globale ».
Le rapport
souligne que « le système actuel est
aussi injuste par son résultat : les pays en développement transfèrent des
ressources, en général à de faibles taux d’intérêt, vers les pays développés
(…) Accumuler des réserves en dollars, en particulier, revient à prêter aux
Etats-Unis à des taux d’intérêt très bas ». Il note que « l’écart entre le taux qu’ils perçoivent sur
ces prêts et celui qu’ils paient aux pays développés constitue un transfert de
ressources supérieur à l’aide extérieure qu’ils reçoivent ».
Une leçon
pour l’Europe ?
Les
rapporteurs pointent la responsabilité des dettes privées quand l’Etat
recapitalise le secteur bancaire, dans un écho avec la
situation espagnole d’aujourd’hui. Ils soulignent aussi que les créanciers
ont tendance à être favorisés, que les restructurations de la dette sont
souvent trop légères et que les citoyens sont trop souvent oubliés. Il souligne
que l’Argentine montre que « l’élimination
du fardeau de la dette peut créer les conditions d’un redressement économique
rapide ».
Il propose de
créer un « Tribunal de
restructuration des dettes internationales », qui pourrait déclarer
certaines dettes « odieuses »,
et comprendrait un service de médiation intermédiaire. Il note que les crédits
accordés aux pays en difficulté ne doivent pas être « un mécanisme uniquement conçu pour renflouer les créanciers qui n’ont
pas fait preuve de la diligence de rigueur quand ils ont accordé leurs
prêts ». Il dénonce un système « où les pouvoirs publics ont dû de multiples fois payer les pots
cassés ».
Mais la
critique des politiques européennes se fait plus évidente, avec la mise en
cause transparente de la politique de la BCE par rapport à la Fed : «
les banques centrales qui ont utilisé
pleinement la flexibilité implicite dans la politique du ciblage d’inflation
ont peut-être mieux réussi que celles qui ont suivi cette politique de façon
rigide (…) Il n’est pas vrai non
plus que, dans une économie, chaque institution doive s’en tenir à un seul
instrument et n’être responsable que d’un objectif ».
La
conclusion du rapport est comme un message à l’Europe : « les fonds remis ne doivent en aucun cas
s’accompagner des conditions procylciques contre-productives qui ont été si
souvent imposées dans le passé (…) La déflation menace tout autant la
prospérité économique que l’inflation ».
L'austérité est une catastrophe en temps de crise, c'est une évidence, mais le problème vient aussi du fait que les gouvernements ne sont pas capables de réduire leurs dépenses en temps de prospérité, contrairement à ce que Keynes proposait !
RépondreSupprimerIl y a un point erroné cependant: il n'y a pas de problème de demande globale (principe de Say), mais bien manque d'épargne.
@ John John
RépondreSupprimerPas d'accord. Je vais y revenir avec le dernier Krugman. S'il y a sans doute un certain manque de rigueur dans la gestion des deniers publics en période de croissance (et encore, cela n'a pas été vrai partout, cela a été particulièrement le cas en France surtout), il y a bien un problème de demande globale. La crise actuelle vient d'une baisse de la demande privée (qui réduit son endettement). Si on ajoute une baisse de la demande publique, bien évidemment on tombe en récession puisque la demande globale baisse.
Les entreprises n'investissent pas assez en Europe (car il n'y a pas assez de demande), les ménages épargnent plus. Il y a trop d'épargne du fait des incertitudes et de la faible croissance.
John John ne veut pas voir ou savoir que les gouvernements libéraux depuis 30 ans procédent à des réductions d'impôts à credit (en créant ou augmentant les déficits budgétaires) pour créer un déficit et ainsi croire et faire que "nous n'avons plus les moyens" de maintenir un haut niveau de protection sociale hérité du temps où notre pays était ruiné au sortir de la Seconde guerre mondiale par le programme du CNR sous l'égide du Général De Gaulle et de toutes les forces politiques réunies. Le libre échange généralisé voulu par les technocrates de l'UE n'arrange rien.
Supprimer@ Laurent Pinsolle
SupprimerToujours pas convaincu. Le niveau d'épargne chute en Occident depuis 30 ans, et il reste en deçà des niveaux qui prévalaient durant des périodes de très bonne prospérité économique. Nous vivons dans une société de consommation, et même de consommation à crédit, favorisée par du crédit trop facile ("relance" permanente). Que la consommation se réduise momentanément n'est pas dramatique, il suffit de baisser les impôts pour compenser (et en plus l'effet Laffer permet de compenser le déficit public), ce qui arrange tout le monde. Mais il faut bien voir que la baisse locale de la demande est la conséquence de la tendance à la baisse de l'investissement, pas sa cause ! Les entreprises investissent moins tout simplement parce qu'il y a un coût d'opportunité à le faire par rapport à d'autres zones économiques (Asie, Allemagne en Europe), conséquence logique du socialisme ambiant. Le déficit commercial suffit à confirmer ce point: on investit là où ça rapporte le plus, c'est à dire pas en France, et on entreprends là où on est libre de le faire, donc toujours pas en France. En conséquence l'emploi baisse, les profits donc les réinvestissements baissent, et au final la demande baisse (puisqu'elle est transférée ailleurs). A moyen terme il faut impérativement un choc de l'offre pour rééquilibrer tout ça, sans quoi la France deviendra une station balnéaire géante, et rien de plus.
@ Cording N'importe quoi. Les prélèvements sont 2 fois plus élevés aujourd'hui que sous De Gaulle, et si les libéraux étaient au pouvoir depuis 30 ans, la dépense publique représenterait 25% du PIB, pas 57%. Vous êtes complètement à côté de la plaque ! La France est le pire enfer fiscal de la planète (on approche des 47% du PIB, record historique), et encore les gens ne se feraient pas encore assez racketter ? Vous êtes un comique vous ! Les déficits sont uniquement et entièrement imputables aux gaspillages clientélistes des gouvernements successifs, et c'est aujourd'hui indéniable, sauf par mauvaise foi.
@ John John
SupprimerL'effet Laffer, c'est du vent. On l'a bien aux USA où les baisses d'impôt de Reagan et Bush Jr n'ont fait qu'augmenter les déficits.
Le niveau d'épargne reste assez important en Europe occidentale. Et baisser les impôts pour compenser la baisse de la consommation ne me semble pas une bonne solution avec l'évolution des déficits.
Sur la demande et l'investissement, pas d'accord. La faiblesse de la demande fait que les entreprises n'ont pas besoin d'investir beaucoup. D'accord en revanche sur la baisse de la demande du fait de l'anarchie commerciale.
Les déficits sont principalement la conséquence du manque de croissance et des crises amenées par les délires de la finance. En France, ils ont quadruplé avec la crise de 2008-2009. Une grosse partie de la détérioration de nos comptes publics vient bien de la crise.
A propos de la mesure de la fiscalité, il faut en finir avec ces comparaisons irraisonnées entre des pays où l'étendue des prestations sociales publiques est différente. Si des statistiques complaisantes prêtent une moindre pression fiscale aux États-Unis ou au Royaume-Uni qu'à la France, c'est tout simplement parce que la gestion des retraites et d'une partie de la santé est confiée au secteur privé. Mais pour un assujetti, un prélèvement privé produit le même effet qu'un prélèvement public. La réalité est que dans tous les pays développés une part croissante du revenu est socialisé, pour des raisons structurelles qui n'ont guère à voir avec une doctrine particulière. La seule vraie différence est entre des politiques qui pratiquent un peu de redistribution à l'occasion de ces prélèvements, et d'autres qui laissent s'enfler les inégalités de niveau de vie. Mais en tout cas la notion de "taux de prélèvements obligatoires" est une foutaise.
SupprimerLa crise ne vient pas de "la finance" mais des banques centrales, sous la responsabilité directe des gouvernements, ne mélangeons pas tout, please.
SupprimerLa baisse des impôts me semble utile pour rendre du pouvoir d'achat au gens, mais c'est surtout une question éthique: on ne peut pas continuer à prendre la moitié de la richesse privée, ça va finir par s'apparenter à du travail forcé. Le secteur public est au service du peuple, pas l'inverse, et si l'Etat s'engraisse toujours plus selon des mécanismes très bien analysés depuis Schumpeter et l'école des choix publics, ça ne justifie pas cette socialisation toujours plus poussée des ressources privées. Le droit de propriété ne me semble plus trop respecté quand c'est l'Etat qui gère plus que les individus.
Si vous avez peur du déficit, il faut profiter des taux d'emprunts négatifs pour s'endetter avec raison et rembourser tout ça en période de croissance, ça s'est déjà vu. Mais je constate tout de même un problème dans le fonctionnement de l'Etat: nous ne devrions pas avoir besoin de croissance pour être à l'équilibre. L'Etat ne devrait dépenser que l'argent qu'il a gagné l'année d'avant, évitant ainsi tout risque d'abus et de gaspillages. Si endettement il doit y avoir, qu'il passe par une structure appropriée, gérée par des professionnels de l'investissement directement responsables de la solvabilité du fond, cela me parait une mesure de bonne gestion évidente et qui redonnerait de la crédibilité à l'Etat. Je pense que Rueff aurait été d'accord, qu'en pensez vous ?
Quant à l'effet Laffer, désolé de vous contredire mais il a parfaitement fonctionné en Nouvelle Zélande, en Angleterre, en Russie, dans les pays baltes, etc, les exemples ne manquent pas. Et ça marche aussi dans l'autre sens, en France avec l'ISF par exemple (l'impôt inique et immoral par excellence qui touche les stocks et non les flux), diverses études ont prouvé un manque à gagner de plus 15 milliards/ an en forcant des gens à vivre à l'étranger pour ne pas se faire piller par le fisc... Ne venons pas parler de cohésion sociale lorsque les contribuables se sentent plumés par l'organisme même qu'il payent pour protéger leurs actifs ! De plus, toutes les études sur le sujet concluent la même chose, si les prélèvement et la dépense publique pendant les 30 glorieuses étaient moitié moindres, ce n'est pas une coincidence (cf http://www.eclaireco.org/SystemeFiscalOptimal et http://lafaillitedeletat.com/2012/03/28/et-aussi/ )
Vous conviendrez qu'on ne peut appeler la croissance en punissant la réussite, et qu'à force de taper sur les entrepreneurs l'emploi finisse par s'exporter lui aussi...
"certains pays auraient malgré tout réussi à réduire massivement leur déficit par la baisse des dépenses publiques, et la Cour de citer les exemples du Canada (1994-1997), de la Finlande (1995-1998) et de la Suède (1995-1997)[11]. Elle mentionne de façon très évasive le « contexte certes plus favorable » (p. 121) qu’ont connu ces pays. Il faut être plus précis : les quelques cas de figure où l’austérité budgétaire s’est accompagnée d’un rééquilibrage budgétaire sont le fait de petits pays qui ont pu contrebalancer l’effet récessif de cette austérité par le desserrement de la politique monétaire (baisse des taux d’intérêt) et/ou (le plus souvent encore) par une croissance de leurs exportations, et cela grâce à la dévaluation de leur monnaie par rapport à celle de leur principaux « partenaires » commerciaux, partenaires qui de surcroît étaient en croissance. Bref, ces petits pays ont pu sauver leur activité grâce à leurs exportations à destination de grand pays en phase de reprise."
Supprimerhttp://atterres.org/article/la-strat%C3%A9gie-diafoirus-%C3%A0-la-cour-des-comptes
@ John John
SupprimerToujours l'aveuglement dogmatique des néolibéraux. La crise ne viendrait pas de la finance mais des banques centrales ! Bien sûr que les BC ont une part de responsabilité : elles ont laissé les institutions financières prendre des risques inconsidérés, utiliser l'effet de levier de manière délirante, cachant une partie de leur bilan dans des opérations hors bilan...
Mais du coup, la finance est bien évidemment responsable de comportements totalement exubérants et irrationnels. Personne n'a forcé la main des agences pour noter des produits AAA qui se sont révélés être des bombes à retardement. Personne n'a forcé la main des banques pour prêter à des personnes qui n'avaient pas vraiment la capacité d'emprunter...
Laffer, c'est du pipeau comme le montrent les énormes déficits budg. USA après les baisses d'impôt de Reagan et Bush Jr. Olaf a répondu exactement ce que je voulais répondre sur les autres cas : des petits pays portés par des grands voisins. Pour la GB, le pétrole a un peu aidé. Sur la Russie, je ne sais pas, mais voilà un pays qui a subi une dépression calamiteuse du fait d'une libéralisation totalement excessive.
"Personne n'a forcé la main des banques pour prêter à des personnes qui n'avaient pas vraiment la capacité d'emprunter..." >> Si, précisément, et c'est le gouvernement Clinton, via Fanny Mae et Freddy Mac. (Et d'ailleurs la bulle immo à Paris est sur-gonflée de la même manière par le PTZ et par les lois débiles qui restreignent la construction, bref par l'Etat, encore une fois). Ce qui a poussé les banques à prêter à tout va, c'est la caution implicite de renflouement que leur assure leur statut de "too big to fail" aux yeux des Etats. D'ailleurs, les petites banques n'ayant pas cette assurance de "collectivisation des pertes en cas de pépins" n'ont pas subit les mêmes avaries. Les gouvernements ont littéralement signé un chèque en blanc au cartel bancaire en leur disant: "on a besoin d'acheter des électeurs avec de la croissance à crédit, donc arrosez tout le monde d'argent gratuit, et on paiera les pots cassés quand ça pètera". Les banques en retour ne se sont pas faites prier, tant l'argent à gagner est énorme. Cela s'inscrit pleinement dans la dynamique d'expansion du crédit par les banques centrales, dont la mission première est d'affaiblir le dollar. Les agences de notations ne sont que des pantins, on ne peut se fier qu'à des indépendants comme Egan Jones.
SupprimerAu final, aucun politicard n'est en prison, aucun banquier non plus, ce qui confirme bien que le crime paie dans un régime keynésien. Et le petit entrepreneur qui fait tourner l'économie, lui on le cloue au pilori fiscal et on l'insulte de sale voleur. Quelle merveilleuse société !
C'est du pipeau : les deux agences avaient perdu énormément de parts de marché pendant la bulle. Ce sont les banques privées qui leur taillaient des croupières avec des pratiques extrêmement agressives : prêts NINJA (No Income, No Job, Asset), les interest only... Tout cela n'a pas été inventé par Fanny et Freddy mais bien par le secteur privé.
SupprimerD'accord en revanche sur le fait que la garantie implicite des banques est scandaleuse. D'ailleurs elle est dénoncée par Stiglitz dans son livre. Je l'ai déjà écrit sur le blog. Si les banques sont trop grandes pour faire faillite, elles sont simplement trop grandes.
Stiglitz dénonce également le fait que personne ne soit allé en prison, contrairement à la crise des Savings & Loans.
Le régime actuel est tout sauf keynésien.
Un documentaire grec que vous avez peut-être déjà vu ? On y retrouve les notions de dettes illégitimes et odieuses du rapport Stiglitz, l'action du président Correa en Equateur qui a organisé un audit sur tous les contrats d'endettement du pays, comme suggère de faire le rapport... passionnant. http://www.dailymotion.com/video/xik4kh_debtocracy-international-version_shortfilms?start=1074
RépondreSupprimer@ Cording
RépondreSupprimerComplètement d'accord.
@ WO
Merci.
Essayez de convaincre un débiteur, inquiété régulièrement par l'huissier, qui ne vit que pour rembourser les intérêts, de prospérer pour pourvoir honorer ses dettes. C'est pourtant ce qui se passe en Europe. Comme vous savez, le problème réside dans la primauté de la finance. Tout est évalué selon les principes de la rentabilité financière, c'est une sorte de nouvelle réligion, le marché a remplacé Dieu. Ce qui n'est pas totalement faux, mais ce que l'on vit actuellement a pris une dimension pathologique, elle est déstructrice pour notre pays, elle nous vampirise, d'autant plus que Hollande, mais aussi Merkel et d'autres doivent gérer les erreurs en matière d'économie politique qui ont été faites dans passé par leurs prédécesseurs. Cela fait un lourd et vaste programme, impossible de le liquiditer en peu de temps. Donc ils ne peuvent avancer.
RépondreSupprimerJe ne vois pas de gens dotés d'un courage d'acier aux gouvernements en Europe. Au contraire, on est médusé face aux marchés. J'étais très étonné d'entendre Merkel de dire récemment qu'il faudrait une "démocratie adaptée aux marchés" (!).
Ce qu'il faut c'est de continuer notre travail. Nous avons tout à gagner, les évenements jouent en notre faveur.
@ Robert,
RépondreSupprimerComplètement d'accord. La primauté des créanciers sur les peuples est hallucinante. Nous nous dirigeons dans une impasse. Malheureusement, il faut sans doute passer par là pour permettre un rebond... Cela me rappelle 1940 ou 1958.
Les taux d'intérêts comprennent une prime de risque de défaut, en vertu de quoi une répudiation de la dette n'est qu'une clause potentielle et même prévue du contrat entre un créancier et ses emprunteurs, enfin à mon sens. De plus, un pays une fois débarrassé des charges de sa dette se retrouve immédiatement avec un bien meilleur credit score et peut donc emprunter pour bien moins cher.
SupprimerC'est sur qu'emprunter pour faire défaut derrière est moralement condamnable, mais bon, c'est l'habitude des politiques que d'être des filous. Qu'ils le soient jusqu'au bout, pour une fois ça aidera le citoyen moyen.
Faire défaut n'est pas un objectif, mais aujourd'hui, la Grèce n'a pas d'autres issues. Ce qui est choquant, c'est qu'on tarde tant.
SupprimerLes banquiers sont les pires filous dans l'affaire, qui privatisent les profits, collectivisent leur perte, qui ont fait n'importe quoi dans les prêts immobiliers aux USA et envoyé 8 millions de ménages au casse-pipe. Ce sont eux les pires filous, même si je reconnais que les politiques US les laissent faire.
Tout ceci pose un problème de responsabilité. Selon que l'on soit fort ou faible, la justice n'est pas la même, et cela n'est pas juste.
Oui, les technocrates s'accrochent aussi longtemps que possible à leur création, qui pourtant était vouée à l'échec dès le début. "Des lions menés par des ânes", je vous conseille cette lecture à ce sujet.
SupprimerComme expliqué plus haut, les banquiers ne se sont comporté ainsi que par incitation gouvernementales, un chef d'entreprise responsable ne verse pas dans ce genre de comportements sans l'assurance d'un renflouement public. Mais les conséquences sont les mêmes, et c'est dramatique.
Vous le dites très bien, c'est avant tout un problème de responsabilité et de justice. Sauf que l'on ne peut pas parler de responsabilité et de justice quand on punit la réussite et excuse l'irresponsabilité. Pour une grosse banque comme pour une personne, si on est honnête on n'à droit qu'aux impôts, si on triche on se fera excuser et subventionner. C'est un tout, c'est une politique de déresponsabilisation des individus et des organisations à toutes les échelles qui est menée depuis 30 ans, et aujourd'hui il ne faut plus s'étonner des résultats.
@ John John
RépondreSupprimerVous êtes bien l'illustration de ce que je pense à savoir que les libéraux ne connaissent pas la complexité et la richesse de la pensée libérale tant politique qu'économique. En effet le libéralisme économique ne résume pas à un taux de prélèvement social, de plus vous ne devez pas vivre sur la même planète que nos concitoyens puisque vous ne semblez pas voir et savoir que le libéralisme économique est l'idéologie dominante depuis la fin des années 70 avec Ronald Reagan et Margaret Thatcher qui l'ont imposé qui a pour dogme de la seule efficacité du secteur privé et des marchés qui optimisent les ressources et qui, avec une main invisible dont les libéraux n'ont jamais démontré l'existence, prétendent que la somme des intérêts privés aboutit au bien commun pour tous les citoyens. Depuis 1979 tous les pouvoirs politiques et surtout depuis la chute du Mur de Berlin ont fait des politiques libérales consistant à privatiser et déréglementer le plus possible l'économie en oubliant par aveuglement volontaire ou paresse intellectuelle détruit toute la réglementation économique mise en place à la suite et pour mettre fin à la grande crise de 1929. En conséquence nous sommes confrontés depuis 2007 à une crise globale: économique et financière inédite depuis 1929 que tous les dirigeants sont incapables de résoudre parce qu'incapables de se remettre en question, le credo idéologique dominant.
Quant à l'augmentation du taux de prélèvement obligatoire il est la conséquence de la violence sociale de l'économie libérale pour la compenser, la rendre plus supportable à toute la société du moins tant que nous restons dans un cadre démocratique tant il est vrai que le libéralisme ne s'épanouit pas mieux que dans les dictatures comme celle de Pinochet au Chili et en Chine sous la férule d'un parti qui se dit communiste.
@ Cording
SupprimerJe reste toujours étonné de la fixation que font les anti-liberté sur la "main invisible". Prenez n'importe quel marché à peu près libre, et vous observerez toujours les mêmes phénomènes: là où il y a de l'argent à gagner, la concurrence apparaît et fait baisser les prix. Là où il y a de l'argent à gagner, l'innovation est stimulée, et les entreprises rendent de meilleurs services à leurs clients. Là où il y a de l'argent à gagner, les jeunes entreprises agiles bouffent les grosses bureaucratiques. Le secteur informatique ou de l'électronique grand public sont de bon exemples. N'allez donc pas chercher plus loin, la "main invisible" désigne uniquement ces phénomènes, que l'on observe tous les jours et qui poussent vers une toujours plus grande satisfaction des clients. Comparez ce qu'on pouvait acheter avec une heure de travail en 1900 et en 2012, et vous "visualiserez" les effets concrets de cette "main" du marché. Il n'y a rien d'ésotérique là dessous, et c'est correct de dire que c'est la quête de profit des entreprises qui les poussent à innover, etc.
Ensuite, Reagan et Tatcher ont effectivement tenu des discours dans l'esprit du libéralisme, mais ont en pratique pavé le chemin à une forme encore plus insidieuse de socialisme: la capitalisme de copinage, "crony capitalism", qui consiste en une oligarchie privée qui corrompt les gouvernements pour manipuler l'économie en leur faveur, et mettre des bâtons dans les roues des entrepreneurs qui pourraient venir remettre en cause leur hégémonie (par exemple l'industrie du disque face aux startups type Napster). D'ailleurs, ce que l'on constate depuis 30 ans ce n'est pas une société plus libérale, mais au contraire une société moins libre, plus taxée, plus réglementée, plus étatisée, etc, etc. La société est aujourd'hui bien moins libérale qu'elle ne l'était après guerre, tant au niveau des libertés individuelles (les excès de vitesse en 1975 ? LOL) que de l'économie (normes, impositions, réglementations de l'entrepreneuriat bien moins tatillonnes et pesantes). La société est donc aujourd'hui franchement illibérale, fortement socialisée notamment en France mais les US suivent de près, et on retrouve le même schéma mental dans tous les médias: l'Etat est le sauveur, l'Etat est votre maître prosternez vous devant sa toute-puissance, les individus ne sont que des enfants incapables de se débrouiller tous seuls, et blablabla. La mentalité d'assisté que cela induit en retour fait peine à voir, les gens attendent tout de l'Etat et ne savent plus se débrouiller par eux-même. La route de la servitude, en direct.
Dans les livres et la théorie, sans doute.
SupprimerDans la réalité, il y a des monopoles, des oligopoles, des rentes, des dysfonctionnements du marché.
Petit exemple tout simple : avec le 12, pour 0,5 euros, on avait 3 numéros de téléphone. On libéralise. Il faut retenir plusieurs numéros. Pour 1,5 euros, on a 1 numéro, soit une multiplication par 9 du prix.
Aux Etats-Unis, la santé et les universités sont hors de prix avec la libéralisation.
La vérité n'est pas en noir ou en blanc. Ce sont des nuances de gris. Parfois, le marché apporte beaucoup (trafic aérien, encore que la compétition n'est pas loyale entre les compagnies), mais parfois, il ne marche pas.
En voulant critiquer le marché, vous apportez de l'eau au moulin du libéralisme. Les "monopoles, oligopoles, rentes, dysfonctionnements du marché" sont autant de d'opportunités entrepreneuriales visant à corriger ces phénomènes, en supposant que les entrepreneurs soient suffisamment libres de le faire !
SupprimerPartout où il y a rente, monopole, dysfonctionnement, c'est qu'il y a manque de concurrence, et très probablement des réglementations excessives qui découragent les nouveaux entrants, tout ceci appelle donc à clairement plus d'initiative privée, et donc plus de liberté économique. Pour bien connaitre le secteur de l'énergie renouvelable, je peux vous dire a quel point on pourrait se passer du nucléaire mais que tous les entrepreneurs ont les mains liés par des lois débiles uniquement écrites au profit du très gros (EDF), ou poussées en force par des lobbys d’extrême gauche. Dans tous les cas c'est la liberté que l'on supprime. Si l'Etat doit intervenir, c'est uniquement dans le sens de plus de concurrence, pour rétablir un fonctionnement vertueux de marché, et là il justifierait pleinement son existence.
On ne peut pas comparer les coûts des services publics avec le privé sans tenir compte des financements "par derrière" via les impôts. Cela dit je vous accorde que les renseignements sont une énorme arnaque, je ne comprends pas pourquoi ce n'est pas disponible gratuitement en ligne (comme le cadastre !). Encore des intérêts corporatistes derrières, surement.
A Singapour, une assurance santé totale me coûte bien moins cher que ce que je paierais si j'étais en France, pour des soins de meilleure qualité. Et l’éducation est sur le point d'être massivement disruptée par des innovations online d'origine parfaitement entrepreneuriale et privée.
Personne n'a jamais dit que le marché était parfait ou qu'il était la solution à tout, ça serait ridicule. C'est un biais socialiste que de vouloir la perfection alors qu'elle est impossible. Ce que l'on sait par contre, c'est que produire et échanger des biens avec son prochain est premièrement une liberté individuelle. Et ensuite que la part de l'économie non-libre dans le PIB est inversement corrélé à la croissance, tout simplement car l'intervention étatique se fait la plupart du temps à grands coups de triques, au mépris total des libertés individuelles les plus élémentaires, et surtout au mépris de l'efficacité économique. Face à ces violations évidentes des libertés et du droit de propriété des citoyens, la fraude fiscale et le travail au noir s'en trouvent notamment légitimés.
Singapour ? Vous avez la pyramide des âges du pays ? Cela doit en partie expliquer le coût plus faible (avec le recours avec une main d'oeuvre à bas coût).
SupprimerNon, le public n'est pas forcément plus cher et moins efficace que le privé, cf les exemples de la santé ou des universités aux Etats-Unis. Il y a du public bien géré et du privé mal géré, comme l'inverse également.
Pour l'énergie, c'est un monopole naturel à mon sens, donc cela doit rester dans le giron du public à mon sens.
@ Laurent Pinsolle,
RépondreSupprimerVous avez bien du courage d'essayer de débattre non pas avec un individu, mais directement avec une idéologie.
Juste un mot : Comme si la recherche de profit GARANTI n'entrainait pas par elle-même la constitution de monopole, car les rentiers ne misent pas pour le plaisir de participer, mais pour rafler la mise à tous les coups.
Sur la baisse de la demande je me demande justement s'il n'y a pas prise de conscience sur l'incroyable gâchis que nous tous faisons tous les jours ; j'ai déménagé il y a trois ans et je suis ébahis sur la montagne de cochonneries ne servant a rien que j'ai pu acheter dans le passé la société de consommation das années 60 qui libérait du temps (surtout pour les femmes ) s'est transformée en une société d’aliénation ou si nous n'avons pas le bidule machpro obsolète des que vendu nous passons pour un con .
RépondreSupprimer@ John John,
RépondreSupprimerLa concurrence si elle fait baisser les prix elle fait aussi largement baisser le niveau de l'emploi et des salaires comme l'indique Laurent Pinsolle la privatisation des Télécoms n'a pas fait baisser les prix c'est le numérique qui permet de faire passer au moins 10 fois plus de communications et depuis les 3 opérateurs se font un fric fou sur le dos des con-sommateurs-clients! C'est pareil à La Poste, EDF et GDF-Suez, même dans la santé en cours de privatisation rampante.
Comme tous les "libéraux" vous ne démontrez pas l'existence de la main invisible cette illusion des économistes libéraux et l'on sait depuis le 19iè siècle que c'est la loi qui libére les individus et non l'absence de lois cf Lamenais!
@ Cording,
RépondreSupprimerContrairement à ce que martélent les adeptes de la religion ultra-libérale, la concurrence ne fait pas forcément baisser les prix. C'est une conséquence possible, mais non une conséquence systématique.
Il n'est pas dans l'intérêt des concurrents justement de baisser les prix... ils ont généralement tendance à appliquer les mêmes tarifs, et à employer les mêmes pratiques déloyales.
Et du coup, le pauvre consommateur ne peut pas faire jouer la concurrence, en boycottant une enseigne pour une autre...
C'est le gros problème des libéraux car pour organiser la concurrence il faut faire intervenir l'horrible état sinon il y a entente et monopoles de fait qui s'installent c'est le syndrome Windows
Supprimer@ Abd-Salam
RépondreSupprimerCe que vous dites est très juste puisqu'il y a des ententes entre producteurs ou opérateurs de téléphonie pour maintenir des prix élevés et donc leurs marges bénéficiaires, c'est pourquoi, contrairement à ce que pensent les libéraux, comme John-John, le libéralisme n'est pas l'absence de lois et règlements mais la multiplication d'autorités dites indépendantes chargées de "réguler" un secteur économique privatisé, donc des bureaucraties dont on ne connaît pas bien leur composition, mode de fonctionnement, les "experts" invoqués mais payés par qui comme tous ceux-ci. Par exemple en économie la plupart des experts ne sont pas neutres dans la mesure où ils travaillent ou même en tant que conseillers rémunérés par les banques ou organismes publics ou parapublics mais qui fonctionnent de la même façon. Tout cela au détriment de l'expertise publique celle qui a la meilleure légitimité parce qu'elle est composée de gens élus par le peuple!
On pourrait multiplier les exemples à l'infini quasiment...
SupprimerCe que ne veulent pas voir les ultra-libéraux, c'est qu'un nouvel entrant dans un secteur applique des tarifs bas pour piquer des parts de marchés aux autres entreprises, et une fois que sa situation s'améliore, son but est de remonter les tarifs !
Un domaine que je connais bien, le matériel photo, au départ, les fabricants japonais étaient les moins chers en Europe, une fois que l'industrie photo a été quasiment détruite, les prix n'ont jamais cessé de monter ! et de monter encore.
en 1989, le Nikon F801S coûtait 2 660 Frs
en 2009, le Nikon D700 coûtait 2 700 €
Sacré inflation, quand même...
En 2012, le NIkon D800 coûte la modique somme de 2990 euros ; y'a pas à dire la concurrence fait baisser les prix.