Dans « Circus Politicus », Christophe
Deloire et Christophe Dubois ne se contentent pas de décrire la
remise en cause de la démocratie, ils décrivent dans le détail les cénacles
souvent assez mal connus où gravitent les élites européennes et mondiales, sans
verser dans l’hystérie complotiste.
Opération
transparence sur les cénacles ocultes
« Circus Politicus » est sans doute
un des meilleurs livres pour en savoir davantage sur le Bilderberg ou la
Trilatérale, ces cénacles discrets où l’élite de l’élite se côtoie et sur
lesquels certains projettent des fantasmes. Dans une enquête fouillée qui
révèle les patrons, les journalistes ou les hauts fonctionnaires qui y
participent, les auteurs affirment : « il semble clair que le Bilderberg a été créé pour que l’Europe ne
s’éloigne pas des Etats-Unis et surtout pas de ses entreprises ».
Ils parlent
également du American Committee on United Europe (ACUE), une organisation
comparable qui a existé de 1948 à 1960, dont l’objectif était de promouvoir une
organisation européenne unie, dissoute peu après la naissance de la CEE. Les
auteurs lèvent le voile sur les programmes d’influence des grands pays, et
notamment le International Visitor Leadership Program des Etats-Unis qui invite
tous les ans des leaders internationaux (dont 40 Français) pour leur faire
découvrir le pays. Ils soulignent également que la France dispose d’un
programme équivalent.
On retrouve
la même méfiance à l’égard de la démocratie. David Rockefeller (à l’origine de
la Trilatérale), disait dans Newsweek en 1999 : « ces dernières années, il y a eu une tendance
vers la démocratie et l’économie de marché dans de nombreuses parties du monde.
Cela a réduit le rôle des gouvernements, ce à quoi les hommes d’affaires sont
favorables ». Il rapporte l’intervention d’Elisabeth Guigou à la Trilatérale de
2008 : « Sauvez l’Europe de la
tyrannie des référendums ». Ils notent également la forte présence
d’anciens de Goldman Sachs : Rubin, Paulson, Monti, Prodi, Draghi.
Les auteurs
dénoncent un système où « le rôle
des électeurs consiste à entériner la politique choisie pour eux par d’autres
et qui sera bientôt la seule possible ». Mais ils ne cèdent pas aux
sirènes complotistes, citant Pascal Lamy : « si on passe du temps dans un milieu, on finit par en adopter les codes
et les croyances, qu’il s’agissen d’ouvriers ou de patrons ». Ils
reprennent une citation d’Henry Ford : « c’est une chance que les gens ne comprennent pas notre système bancaire
et monétaire, parce que si tel était le cas, je crois qu’il y aurait une
révolution avant demain matin ».
La tour
de Babel européenne