Comment interpréter
la décision de la Cour de Justice de Karlsruhe ? S’agit-il
d’une étape clé dans la construction de l’Europe fédérale voulue par Barroso,
ou un simple épiphénomène prévisible, qui, au contraire, rend la crise de la
zone euro totalement insoluble.
Un autre
regard sur cette décision
Beaucoup
se sont contentés de se féliciter de l’accord de la cour constitutionnelle
allemande. Il faut dire qu’une décision négative aurait sans doute provoqué
une énorme crise qui aurait pu aboutir à la fin de la monnaie unique. Car si
l’Allemagne n’avait pas pu y participer, alors le fonds perdait son principal
soutien financier et ne pouvait tout simplement pas se mettre en place,
puisqu’il fallait réunir 90% du capital et que Berlin assume plus d’un quart
des fonds apportés.
Mais le
jugement rendu par les juges allemands lie les mains des futurs
gouvernements de manière assez stricte puisqu’il sera impossible à Berlin
d’aller au-delà de l’engagement actuel sans passer par un vote du Parlement. On
souhaite bien du plaisir à un premier ministre qui souhaiterait demander une
rallonge financière pour le MES ! En clair, la cour de Karlsruhe met une
limite aux engagements financiers
de l’Allemagne vis-à-vis des fonds européens.
Et cela
n’est pas neutre car aujourd’hui, le MES ne dispose pas d’un arsenal suffisant
pour affronter un refinancement massif de l’Espagne et plus encore de l’Italie.
Les besoins de financement de ces pays, additionnés aux engagements précédents,
dépassent de loin les montants que le MES a à sa disposition. En outre, la cour
de Karlsruhe a jugé que « l’Allemagne
doit s’assurer d’une clause d’exemption si elle estime que ses intérêts ne sont
pas pris en compte ».
Berlin,
décideur de dernier ressort
Mais cette
interprétation des choses ne prend pas bien en compte la
position de l’Allemagne. Le jugement de la cour de Karlsruhe bloque le
montant des fonds que l’Allemagne pourra avancer au MES, sachant qu’il sera
sans doute impossible de faire voter une augmentation à des élus sous la
pression d’une opinion publique extrêmement remontée contre les plans de soutiens
aux créanciers des pays en difficulté. On est bien loin du temps où on évoquait
une augmentation du MES.
Et comment
l’Allemagne pourrait-elle accepter une évolution de type fédérale alors qu’elle
sait bien qu’elle risque d’être mise en minorité et donc de voir ses
partenaires lui imposer de payer pour les autres. A ce titre, la récente
décision de la BCE (même si elle est très limitée dans les faits), prise contre
l’avis de la Bundesbank a
bien rappelé à nos voisins d’outre-Rhin tous les dangers d’une évolution fédérale.
A ce titre parler de clause d’exemption est très intéressant.
Etant donnée
son histoire, comme
je le disais en 2010, il est probable que l’Allemagne ne voudra prendre
l’initiative de la déconstruction de l’euro. Cela explique peut-être en partie
la décision de la cour de Karlsruhe. Mais elle place des bombes à retardement
qui finiront bien par exploser…
Bien vu,
RépondreSupprimerPour moi le projet européiste fédéral se nourrit de la crise pour avancer, c'est évident. On nous sort "il n'y a qu'une planche de salut, + d'Europe"... Et ils en profitent pour aspirer les souverainetés nationales.
Et dans le même temps l'Allemagne, qui auparavant a profité abondamment du projet européiste via l'euro unique, freine désormais voyant que les avantages pourraient être moins élevés que les pertes.
La France fait l'inverse, elle joue contre elle depuis 30 ans. La politique française n'a aucun sens. Notre intérêt d'être souverain à 100%, c'est une monnaie nationale, notre Banque de France et du protectionnisme intelligent. On voit nos élites PS et UMP agir comme si la France était un Lander Allemand, veulent les imiter et en plus donner notre souveraineté. Ça n'a aucun sens, De Gaulle doit se retourner dans sa tombe.
Oui c’est un refrain connu. L’Allemagne veut sauver l’euro parce qu’elle ne veut pas avoir des voisins qui aient des monnaies dévaluées par rapport au Deutsche Mark (malgré la rationalité économique qui indique des économies très divergentes ne peuvent pas avoir le même taux de change monétaire) mais en voulant limiter ses dépenses pour ce sauvetage. Ca ne pourra pas marcher, on ne sauvera pas l’euro en dépenses limitées pour l’Allemagne. D’autant que la France finira par s’ajouter à la liste des pays en crise devant être aidés.
RépondreSupprimerhttp://www.jpchevallier.com/article-balance-des-paiements-juillet-france-110009206.html
Je donne encore un maximum deux ou trois ans d’existence à la zone euro grâce aux « mesures anti-crises » de la BCE, du MES, etc., sans lesquelles sa fin serait déjà intervenue. Et comme on aura retardé cette fin par des mesures inappropriées, celle-ci sera bien pire, dixit Nouriel Roubini :
http://www.project-syndicate.org/commentary/early-retirement-for-the-eurozone-by-nouriel-roubini
Saul
Bonjour Laurent,
RépondreSupprimerJ'ai écris une série d'article (3) sur le tournant de la rigueur socialiste :
http://et-pendant-ce-temps-la.eklablog.com/le-choix-de-francois-a50568040
Dans la même ligne éditoriale que la tienne.
Il serait temps de réagir :
RépondreSupprimerLa Chine a annoncé mercredi 12 septembre une série de mesures pour soutenir les exportations, dont la croissance a beaucoup diminué cette année sur fond de difficultés sur ses principaux marchés, notamment en Europe.
http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/09/12/la-chine-va-aider-ses-exportateurs_1759137_3234.html
Hé hé... Attali est de tous les bon coups :
RépondreSupprimer"Ce que je souhaiterais, cher Jacques Attali, c'est que vous puissiez donner une traduction concrète à vos travaux" via un "rapport sur l'économie positive et responsable", a dit François Hollande. Il a souhaité que ce rapport soit remis lors de la prochaine réunion du LH Forum, soit dans un an.
http://tempsreel.nouvelobs.com/social/20120913.FAP8202/hollande-demande-a-attali-un-rapport-sur-l-economie-positive.html
@ Florent
RépondreSupprimerTrès juste sur la France qui joue contre elle-même, la gauche par un internationalisme béat, la droite par paresse intellectuelle / libéralisme instinctif.
@ Saul
Tout à fait.
@ Comas81
Merci pour l'info. Il faut que je vous inclus dans ma blog liste.
@ Olaf
Et pendant ce temps, nous ne faisons rien. C'est hallucinant.
Non, Hollande a demandé un rapport à Attali, comme Sarkozy !!!
Eh voui...le changement c'est pas pour tout de suite.
SupprimerJe propose à Hollande d'embaucher Minc pour compléter la brochette de ses conseillers.
Avec de plus, les patrons de boites francaises qui pédalent dans la semoule :
"On a vu qu’en France :
- la situation de l’industrie et du commerce extérieur se dégrade depuis 2000 ;
- la productivité globale des facteurs stagne puis recule depuis 2000 ;
- les salaires réels ne réagissent plus à la situation du marché du travail depuis
la fin des années 1990 ;
- la profitabilité des entreprises et leur capacité à financer leurs investissements
reculent depuis 2001 ;
- le niveau de gamme de la production industrielle diminue depuis la fin des
années 1990."
http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=65866
Attention tout de même avant de m'apporter votre caution, je suis militant front de gauche. lol.
SupprimerMais peut-être aurions nous pu militer ensemble si chevênement avait eu 30 ans de moins
@ Comas81
RépondreSupprimerCe n'est pas un parti qui me pose problème (contrairement à l'autre Front :-)), même s'il y a des désaccords. Et puis, je sais qu'il y a des opinions différentes.
@ Olaf
Bien vu. Il pourrait aussi rappeler Jouyet, Besson et Kouchner !