Le débat sur l’avenir de la zone
Euro est encombré de mythes et de préjugés liés à l’existence même de la monnaie
unique.
L’euro suscite en effet une série
de fantasmes, dont certains sont repris dans des déclarations très officielles,
et cette situation dure depuis maintenant plus de quinze ans. Dans cette note,
on s’attachera à comparer les prédictions issues de ces mythes à la réalité
économique de ces dernières années.
I.
L’euro, c’est la croissance…
Ce mythe peut s’appuyer sur des éléments de théorie économique. On
considère en effet que plus grand est le marché, plus grandes sont les
perspectives de croissance. Dans ce contexte, le passage à la monnaie unique
était censé faire disparaître les coûts
de transaction, liés au change. D’où les déclarations de 1998 et 1999
annonçant que l’entrée en vigueur de l’Euro s’accompagnerait d’un surcroît de
croissance. Or, c’est le contraire que l’on a constaté (Graphique 1)
Graphique 1
Sources : Données de l’OCDE
On constate qu’à l’exception du
Japon, qui a connu une longue période de stagnation, tous les pays ont fait
mieux que la zone Euro. Les pays « émergents » n’ont pas été inclus
dans ce graphique car leur croissance est véritablement explosive sur la
période. Une comparaison aurait été cruelle. Au sein des pays de l’OCDE,
l’écart de croissance cumulé sur 1998-2011 (en pourcentage) est de 28 points
pour l’Australie, 20 points pour la Suède, 18 pour le Canada, 10 pour les
Etats-Unis.
Il convient dès lors de réviser
certaines affirmations.
La baisse des coûts de
transaction a un effet positif « en général », mais le calcul de ces
coûts est très aléatoire. En la circonstance, ils s’appliquaient aux
différences potentielles de change dans le commerce intra-(future) zone Euro.
Or, plusieurs des pays concernés faisaient partie du SME, un système qui, déjà,
lissait les mouvements de change. L’effet positif semble donc avoir été très
réduit.
De plus, les coûts de transaction
ne sont pas les seuls déterminants de la croissance. La hausse de la
consommation, tant privée que publique, joue un rôle déterminant dans cette
dernière. Et l’on sait que la politique
monétaire peut avoir un effet puissant sur la consommation.
Graphique 2 (a)
Source : Base de données des
Perspectives économiques de l'OCDE, no 91.
On constate que la consommation
privée a donc été sensiblement plus faible dans la zone Euro sur la période
1999-2011 que pour l’ensemble des pays développés, à l’exception de la Suisse,
jusqu’en 2008. Ceci montre l’influence très négative d’une politique monétaire
unique qui n’est pas à même de s’adapter aux structures de chacun des pays de
la zone. Ici, c’est moins le principe de la zone Euro qui est en cause que le
fait qu’elle réunisse des pays dont les structures économiques sont bien trop
hétérogènes.
Ces écarts sont d’autant plus
parlants que, dans la période 1987-1997, les pays devant constituer la
« future » zone Euro avaient connu une croissance relativement plus forte de la
consommation privée, dépassant les résultats de pays comme la Suède et la
Suisse, et avec un écart sensiblement plus faible que pour la période 1998-2011
avec la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.
En ce qui concerne la
consommation publique cette fois, la zone Euro fait moins bien que la moyenne
des pays de l’OCDE, avec une attention particulière pour la Grande-Bretagne, et
aussi bien que les Etats-Unis, qui ne sont pourtant pas connus pour être
particulièrement dépensiers dans ce domaine.
La Suisse et la Suède ont une
croissance plus faible. La Suède doit faire face, dans cette période à un
problème de restructuration de ses banques, ce qui limite l’accroissement de la
consommation publique (qui est à un niveau élevé).
Graphique 2 (b)
Source : idem Graphique 2 (a).
Ceci peut aussi se mesurer d’une
autre manière, en calculant ce que les économistes appèlent « l’output gap » ou écart
entre la croissance potentielle et la croissance réelle. Cet écart est induit
par la politique monétaire[1].
Le calcul de l’output gap permet
alors de mesurer les effets expansionnistes ou au contraire récessifs des
politiques monétaires. La croissance potentielle par ailleurs n’est pas fixe.
Elle est affectée par l’environnement économique du pays, et donc s’accroît en
période d’expansion et décroît en période de crise et de récession.
On constate que la Suisse et le
Japon sont les seuls pays à avoir ont eu des politiques monétaires plus
contraignantes que celles de la zone Euro depuis sa création. L’effet de ces
politiques s’est naturellement aggravé de manière très sensible à partir du
début de la « crise de l’euro ». Mais, de 1998 à 2006 la politique
monétaire n’a eu qu’un très faible effet expansionniste, la zone Euro étant à
la traîne de presque toutes les grandes économies.
On a ici une nouvelle preuve de
l’effet très négatif sur la croissance d’une politique monétaire qui a été
inadaptée aux besoins différents de pays différents, mais contraint par la
logique de la monnaie unique de vivre sous le même toit.
Enfin, le taux de change entre la
zone Euro et le reste du monde a aussi un effet très important sur la
croissance. Or, de 2002 à 2011 l’Euro a clairement été très surévalué, parfois
dans des proportions gigantesques. Le fait que la Banque Centrale Européenne
n’ait ni pu ni voulu corriger ces déséquilibres a eu un effet très négatif sur
la croissance.
Source : Banque Centrale Européenne.
En conclusion, et par rapport à
des prédictions annonçant que le seul fait d’avoir une monnaie unique doperait
la croissance de 1% par an, la réalité montre ex-post un tableau bien différent. La croissance de la zone Euro
n’a pas été uniquement plus faible que celle des autres pays développés (à
l’exception du Japon) mais l’écart de croissance (entre croissance potentielle
et croissance vérifiée) y a été largement supérieur de manière cumulée à ce
qu’il fut dans les autres pays. Différents facteurs, mais que l’on peut, tous,
ramener au problème d’une politique monétaire unique appliquée à des économies
aux structures très hétérogènes, ont engendré cette situation de très faible
croissance.
Dans un certain nombre de pays,
c’est par la hausse de l’endettement, qu’il soit public (France, Italie, Grèce)
ou privé (Irlande, Espagne, Portugal) que les gouvernements ont cherché à
desserrer cette contrainte issue de l’unicité de la politique monétaire. Le
résultat en fut une dérive de la dette publique et un problème de solvabilité
des agents privés qui obligea les États à transférer une partie de la dette
privée vers la dette publique. La crise d’endettement que la zone Euro connaît
y trouve alors une de ces sources.
La zone Euro, dont le poids
global dans l’économie mondiale il faut le rappeler est supérieur aux
Etats-Unis, a constitué une zone de très faible croissance, et donc a signifié
un frein pour la croissance mondiale. Ceci peut être imputé aux conséquences de
l’introduction de l’Euro et attribué aux facteurs suivants :
- Une
surévaluation de l’effet positif de la disparition des coûts de transaction.
- L’effet
restrictif joué par l’adoption d’un taux de change unique sur des économies aux
structures très différentes, et la surévaluation de ce taux pendant une longue
partie de la période étudiée.
- La
politique monétaire de la Banque Centrale Européenne, qui a pénalisé la
consommation privée.
L’euro n’a donc pas permis aux
pays de la Zone de se développer de manière satisfaisante, et cela apparaît
clairement bien avant le déclenchement de la crise de la zone Euro (2008/2009).
II.
L’euro a favorisé
l’intégration des pays concernés.
Une seconde affirmation très
souvent avancée est que l’Euro aurait favorisé l’intégration économique des
pays ayant adhéré à la monnaie unique.
Ici encore, cette affirmation a
les apparences de la logique. En effet, dans une zone monétaire, les échanges
étant plus faciles avec la même monnaie qu’entre des espaces économiques ayant
des monnaies différentes, on devrait s’attendre à une concentration des
relations monétaires entre pays de la zone au détriment des pays « hors
zone ». C’est ce que l’on appelle un « effet de capture » des
flux commerciaux, qui est censé être relativement important, voire déterminant.
Ceci devrait se mesurer par la part du commerce libellé en Euro pour chacun de
ces pays.
Pourtant, si l’on regarde les
statistiques d’intégration commerciale des pays européens, on constate que
certains des pays qui ne font pas partie de la zone Euro ont une part de leur
commerce libellée en Euro supérieures à des pays faisant partie de la zone
Euro.
Source : Base statistique de l’OCDE
Ainsi des pays comme la Hongrie,
la République Tchèque, la Pologne et la Bulgarie sont plus intégrés que
l’Espagne, le Portugal la France ou la Grèce.
La raison en est relativement, et
provient de ce que l’intégration économique fait appel à bien d’autres facteurs
que la nature de la monnaie utilisée pour les transactions. En réalité, cette
intégration est largement un phénomène « réel » et non monétaire.
Les études conduites depuis plus
de vingt ans ont montré le rôle essentiel dans l’intégration des économies du
commerce intra-branche et non du commerce inter-branche dont la métaphore de
base reste la laine et le vin de Porto dans l’ouvrage de David Ricardo datant
du début du XIXe siècle. Or, l’Allemagne a largement transformé des pays comme
la république Tchèque, la Slovaquie, voire la Hongrie, en sous-traitant pour
son industrie automobile. C’est aussi vrai, mais dans une bien moindre mesure
pour la France. Ces pays se sont donc intégrés à la zone Euro sans pour autant
adopter la monnaie unique (sauf pour le cas de la Slovaquie, récemment admise)
et ne souhaitent pas (cas de la république Tchèque, de la Hongrie et de la
Bulgarie) adhérer dans un proche ou un moyen avenir. Ces pays sont parfaitement
conscients de l’avantage qu’ils ont à conserver leur propre monnaie pour, le
cas échéant, ajuster leur compétitivité par rapport aux pays de la zone Euro.
À l’opposé, des pays membres de
la zone Euro, comme la France ou la Grèce, sont relativement peu intégrés dans
cette dernière, que ce soit pour des raisons historiques (liens commerciaux de
la Grèce avec les Balkans et le Proche-Orient), ou en raison de la
spécialisation industrielle du pays (cas de la France) qui le conduit à faire
une partie importante de son commerce avec des pays non-européens.
En fait, l’incapacité d’ajuster
la compétitivité relative par des dévaluations pousse les pays de la zone Euro
qui ont de sérieux problèmes de balance commerciale à chercher à limiter autant
que faire se peut le commerce à l’intérieure de la zone, dans la mesure ou il
est devenu évident que ces déséquilibres ne pourront plus être financés par les
pays excédentaires de la zone (vulgo
l’Allemagne). Dans son fonctionnement actuel, la zone Euro fonctionne en
réalité comme une mécanique produisant des effets inverses à ceux qui en
étaient attendus, l’intégration économique reculant depuis le début de la crise
de l’Euro et les pays particulièrement en crise cherchant désespérément à
trouver des marchés hors de la zone Euro afin de financer la part
incompressible de leurs importations en provenance de la zone Euro.
Cette logique de désintégration
économique va de concert avec une logique de désintégration financière, chaque
pays cherchant dans la mesure du possible à financer soi-même ses dettes. De
plus, il a fuite vers la qualité, qui profite en premier à l’Allemagne, mais
aussi provisoirement à la France, et qui se traduit par une baisse des taux
d’intérêt pour ces deux pays. Enfin, l’analyse des comptes
« TARGET-2 »[2],
et des mouvements de capitaux entre pays de la zone Euro, montre que le
« grand marché financier » que devait créer la monnaie unique n’est
plus qu’un rêve (cf. graphique 5).
De fait, depuis le début de la
crise, l’intégration financière a reculé au sein de la zone Euro, ce qui achève
d démontrer que l’intégration, qu’elle soit industrielle, économique ou
financière, n’est pas le produit d’une monnaie unique.
On constate donc que la création
de l’Euro n’a pas modifié des dynamiques industrielles et que ces dernières se
développent de manière largement déconnectée de la monnaie unique. Les
relations commerciales se déduisent de ces relations industrielles et non de
dynamiques monétaires, et l’on constate que la possible fluctuation du change
n’est nullement un obstacle pour cette intégration, et qu’à l’inverse, la
disparition du risque de change n’induit pas un surcroît dans les dynamiques
d’intégration. Une partie de la théorie économique concernant les relations
commerciales, et particulièrement la théorie de la « capture » des
flux commerciaux ne résiste pas à l’épreuve des faits.
On se rend compte ici que
certains économistes ont sciemment « tordu » la théorie pour lui
faire dire ce qu’ils souhaitaient, pour des raisons honorables ou pas. Une
union monétaire peut résulter d’une intégration économique poussée, mais elle
ne peut nullement la créer.
En d’autres termes, le
développement de grands projets industriels type Airbus, Ariane, ou de projets
privés comme ceux des industriels de l’automobile, ont plus fait pour
l’intégration européenne que la création de la zone Euro. Voici un point sur
lequel nos gouvernements feraient bien de méditer.
III.
L’euro nous protège du
risque de spéculation...
L’argument selon lequel la
monnaie unique supprime le risque de spéculation a eu pour lui la force de
l’évidence. En abolissant les taux de change entre les monnaies au sein de la
zone Euro, on ôtait aux spéculateurs un instrument pour se livrer à leurs
coupables activités. Après tout, les crises spéculatives du début des années
1990 étaient encore bien présentes dans les esprits. Ces crises
rassemblent celle de septembre et octobre 1992 (qui
provoqua la dévaluation en catastrophe de la lire italienne et la peseta espagnole, puis de la livre sterling britannique qui se vit
éjectée par les spéculateurs à l'extérieur du SME), et celle de l’été 1993 qui
aboutit à la dissolution du SME. Aussi a-t-on vu se développer un discours officiel
qui prétend que, contre de telles crises, « l’euro nous protège ».
Mais, la spéculation s’est,
en réalité, déplacée. Les taux d’intérêts sur les dettes souveraines ont
remplacé les taux de change pour les spéculateurs. On peut constater sur
le graphique 6 que la spéculation n’a en réalité jamais cessé. Dans une
première période, tous les pays, de la Grèce à l’Allemagne, ont eu des taux
d’intérêts avec des marges minimes de fluctuations (ce que l’on appelle les
« spreads »). Ceci constituait en réalité une spéculation, ou une
bulle spéculative, car rien ne permettait de penser qu’un pays avec un déficit
structurel important, comme la Grèce, présentait le même niveau de risque que
l’Allemagne.
Source : Agence France-Trésor, 17 juin 2011.
URL : http://www.aft.gouv.fr/article_146.html?rech=1
Il a fallu la crise financière
internationale pour que les yeux se dessillent. Les premières faillites de
banques privées, et en particulier celle de Bear
Stearns en mars 2008 ont montré l’existence d’un risque systémique
important dans la finance
internationale. Les « spreads » ont alors commencé à s’ouvrir. Le mouvement s’est amplifié
avec la crise de Lehmann Brothers. Il
est devenu clair pour les opérateurs financiers que la convention, sur laquelle
ils avaient fixé leurs comportements (« une crise grave ne peut
survenir »), était fausse. Elle fut remplacée par une autre convention
(« une crise grave est possible et même probable »), ce qui a
entraîné une forte hausse des taux d’intérêts, en particulier en Grèce et en
Irlande. Ce qui suivit fait désormais partie de l’histoire.
Mais, le fait que l’on soit passé
d’une convention à une autre est justement le signe que l’on était sur un marché
spéculatif.
Ce dernier aurait pu être
contrôlé, en particulier si les opérations à découvert et les ventes à
découvert avaient été interdites. On se rend compte alors que contre la
spéculation, il est inefficace d’amasser de l’argent. La spéculation peut
toujours lever des sommes considérables, qui dépassent de loin les moyens des
Banques Centrales. Aujourd’hui, on reparle de mesures coercitives comme la
suppression de certains compartiments du marché et comme l’interdiction de
certains types d’opérations. Tout cela est bel et bon, mais appelle deux
commentaires :
(1) Le
fait que l’on envisage ces mesures, voire que certaines d’entre elles aient été
prises de manière temporaire, est la preuve ultime que nous sommes, comme en
1992 et 1993, confrontés à un phénomène spéculatif. De ce point de vue,
l’adoption de l’Euro n’a strictement rien changé.
(2) Si
des mesures similaires à celles qui sont aujourd’hui envisagées, et parfois
même mises en œuvre, avaient été appliquées dès 1992, le SME n’aurait pas
éclaté, et la monnaie unique aurait perdu un de ses arguments les plus forts.
Il est donc faux, et même
outrancièrement mensonger, de prétendre que l’Euro a fait disparaître la
spéculation et que, de ce fait, il protègerait les pays de la Zone Euro. La
spéculation existe, et continuera d’exister, tant que l’on laissera les
opérateurs libres de pratiquer certaines opérations. Elle est alimentée tant
par des craintes réelles des agents que par les représentations qu’ils se font
de l’évolution possible du monde.
La véritable mesure contre la
spéculation n’a rien à voir avec la monnaie unique, mais porte au contraire sur
une réglementation stricte (passant par des interdictions tant de certains
marchés que de certaines opérations) des mouvements de capitaux.
IV.
Combattre l’euro, c’est
faire le jeu du dollar…
Un dernier argument, fréquemment
avancé en défense de l’euro, est que tout ce qui l’affaiblirait ferait le jeu
du dollar états-unien. Par un étrange retournement sémantique les néo-libéraux
qui sont aux commandes de l’Europe et de la zone Euro se transforment ainsi en
pourfendeurs des Etats-Unis, et inversement accusent leurs détracteurs de faire
le jeu de ce dernier pays.
Ici aussi on est en présence d’un
mythe, celui d’une construction de l’euro qui se serait faite contre, et au
détriment de la monnaie américaine.
Si l’on regarde l’évolution de la
part respective des différentes monnaies dans les réserves internationales, on
constate en réalité plusieurs phénomènes qui ont accompagné la création de
l’Euro en 1999. Tout d’abord, et contrairement aux affirmations de ceux qui
nous expliquent qu’affaiblir l’Euro revient à faire le jeu du Dollar, dans la
phase du passage de l’Euro scriptural à l’Euro fiduciaire (1999-2002), la part
du Dollar américain a au contraire fortement augmenté (tableau 1). Celui-ci est
ainsi passé de 59% des réserves mondiales, chiffres qu’il atteignait en 1995, à
70,7% en 2001.
On remarque, alors, d’une part,
l’effondrement des « autres monnaies », effondrement dû pour
l’essentiel à la chute du Yen japonais et des autres monnaies européennes
(Livre Sterling et Franc Suisse) servant de monnaies de réserve. Ce sont ces
monnaies qui ont en réalité le plus souffert de l’introduction de l’Euro.
Tableau 1
Part des
différentes devises dans les réserves des Banques Centrales
Source : FMI et BRI.
D’autre part, avant la mise en
place de l’Euro, on constate que le Deutsche Mark jouait un rôle non
négligeable, qu’il devrait retrouver après la dissolution.
La situation créée par
l’établissement de l’Euro s’est donc caractérisée à la fois par la montée en
puissance de cette dernière monnaie et par le renforcement du Dollar. Ce sont
les « autres monnaies » qui ont fait le frais de la création de
l’Euro. En 2007, à la veille de la crise des « subprimes », la part
du Dollar dans les réserves des Banques Centrales était encore égale à 65,7%
alors qu’elle n’était que de 59% en 1995.
La création de l’Euro a donc
abouti à la création d’un duopole asymétrique Dollar-Euro et à l’effacement
partiel des autres monnaies. De fait, l’Euro a bien renforcé le rôle du Dollar.
Mais, depuis la création de
l’Euro, l’émergence de nouveau pays a posé le problème de la stabilité de ce
duopole et d’un possible retour à une situation oligopolistique. Le phénomène
politique que l’on nomme l’émergence du groupe des « BRIC », voire
même des « BRICS »[3]
aurait dû avoir une traduction au sein des monnaies de réserve.
Il n’en est rien pour l’instant
car la Chine se refuse à laisser sa monnaie devenir pleinement convertible, ce
qui empêche sa constitution en monnaie de réserve, et le Rouble russe, en dépit
des importantes réserves de change de la Russie est toujours considéré comme
potentiellement dangereux. La baisse actuelle de la part de l’Euro, qui est
appelée à l’évidence à s’amplifier[4],
se fait pour l’essentiel au profit des « autres monnaies » et en leur
sein des « nouvelles monnaies » (Dollar australien, Dollar canadien,
Dollar de Singapour). La part de ces «nouvelles monnaies » a augmenté de 3%.
Il convient dès lors de faire
justice de certains mythes qui ont entouré la création de l’Euro.
- La création de l’Euro a affaibli la position du Dollar. Ceci est très clairement faux, puisque l’on a vu plus haut que la part du Dollar avait augmenté fortement avec la création de l’Euro. Quand cette part a baissé, elle est toujours restée très supérieure, jusqu’en 2007, à sa valeur de 1995.
- L’affaiblissement de l’Euro profite au Dollar et à la Livre Sterling. Ceci est tout aussi faux. L’Euro s’affaiblit à partir de 2010, mais cet affaiblissement s’accompagne d’une stagnation des parts du Dollar et de la Livre.
Par contre, on constate que les
changements dans l’économie mondiale se répercutent dans les monnaies, ce qui
est logique. Nous voyons depuis 2010 un mouvement de contestation du duopole
asymétrique constitué par le couple Dollar-Euro, au profit des « nouvelles
monnaies » mais aussi, et c’est marquant pour les agents privés, dans une
remontée des métaux précieux comme vecteurs de thésaurisation.
Si le rôle de l’Euro dans les
transactions commerciales reste important encore aujourd’hui, ceci correspond à
une forme de la « Loi de Gresham »[5].
Dans le cas d’une dissolution de
la zone Euro, et en extrapolant à partir de ces résultats, il ne se produirait
aucune catastrophe. On serait confronté simplement à un retour à une situation
oligopolistique dans le domaine des monnaies de réserves.
La part du Dollar américain
augmenterait sans doute à court terme (6 mois à 12 mois), mais devrait dans un
espace de 24 mois se stabiliser – au mieux – à son niveau actuel et plus
probablement redescendre à son niveau de 1995, voire en dessous si l’on
considère les problèmes structurels de l’économie américaine.
Le Deutsche Mark devrait
retrouver et même améliorer sa position de 1995, et représenter entre 16% et
18% des réserves.
Les « autres monnaies »
devraient atteindre, quant à elles, environ 18% à 20%, avec une forte hausse
des « nouvelles monnaies », qui pourraient représenter jusqu’à 11-13%
du total.
Le Franc Français devrait au
moins retrouver sa position de 1995 avec 2% du total. Il n’est cependant pas
impossible, et les mouvements sur les taux d’intérêts que l’on constate
aujourd’hui rendent plausible cette hypothèse, qu’il puisse monter vers 4% à
5%.
On voit donc que sur les quatre
points qui sont les plus mentionnés dans la discussion autour de la survie de
la Zone Euro, la réalité est très différente des discours que l’on entend à
droite comme à gauche. Ce que l’on peut aujourd’hui affirmer est que :
(I)
L’euro n’a pas engendré de croissance et a même constitué
un frein à cette dernière, faisant reculer l’Europe sur la scène économique
mondiale. Depuis la mise en place de l’euro l’Europe est devenue « l’homme
malade » de l’économie mondiale, et ce phénomène ira s’accélérant avec les
mesures prises pour tenter de faire durer à tout prix l’existence de la Zone
Euro.
(II)
L’euro est au minimum transparent du point de vue de
l’intégration économique européenne, et semble même avoir eu des effets
négatifs sur celle-ci depuis 2007. Les logiques industrielles ont un poids bien
plus important que les logiques monétaires.
(III)
L’euro n’a nullement supprimé la spéculation ; il
en a simplement changé le point d’application. Si des mesures sérieuses sont
prises afin de contrôler cette dernière, elles porteront essentiellement sur
les marchés de capitaux et sur la nature des opérations en leur sein. De telles
mesures auraient aussi pu être appliquées dans le cadre du SME et elles
auraient certainement permis à ce dernier de traverser sans dommage les crises
spéculatives de 1992 et 1993.
(IV)
La construction de l’euro ne s’est nullement faite contre le dollar, ainsi qu’on le prétend
souvent. L’euro a abouti en réalité à un renforcement du dollar et à la
constitution d’un duopole asymétrique qui favorise les Etats-Unis. Une
dissolution de la Zone Euro n’aurait aucune conséquence dramatique de ce point
de vue, et permettrait au contraire l’émergence plus rapide de nouvelles
monnaies de réserve. De ce point de vue, il est probable que l’existence de
l’euro soit en réalité un obstacle à la mise en œuvre d’une véritable réforme
du système monétaire international, telle qu’elle est désormais ouvertement
souhaitée par les « BRICS » et en général nombre de pays dont les
économies connaissent de fortes croissances.
[1] OECD Economics Department Working Papers, No. 482. Révisions dans
le Chapitre 4 de l’OECD Economic Outlook
85 “Beyond the crisis: medium-term challenges relating to potential output,
employment and fiscal positions".
[2] Au sein de la BCE, TARGET (Trans-european automated real-time gross settlement
express transfer system) est une de chambre de compensation des règlements
entre banques centrales. Les déséquilibres de TARGET traduisent à la fois les
excédents ou les déficits commerciaux des pays, mais aussi les mouvements de
capitaux dans la zone.
[3] Le « S »
signifiant Republic of South-Africa.
[4] Le principal fond souverain
chinois a publié une déclaration selon laquelle il suspendait ses opérations en
Euro. Louise Armistead, The Telegraph,
10 mai 2012. URL :http://www.telegraph.co.uk/finance/financialcrisis/9258317/Chinese-sovereign-wealth-fund-stops-buying-European-government-debt.html
[5] « La mauvaise monnaie
chasse la bonne », ou la monnaie dans laquelle on a le plus confiance est
utilisée comme réserve de valeur alors que la monnaie dans laquelle on a le
moins confiance est utilisée pour les transactions.
Il est évident que tous les partisans de l'euro sont de fieffés menteurs. C'est une totale escroquerie intellectuelle et politique qui provoque des dégâts aussi grands que "le socialisme réalisé" de feue l'Union soviétique et de ses pays satellites.
RépondreSupprimerPolitique d'abord dirait Maurras (inspirateur de de Gaulle à ses heures).
RépondreSupprimerJacques Sapir économiste pas assez politique à mon goût a raison sur l'analyse mais il ne remonte pas à la cause première qui est politique, La nation doit disparaître.
Olivier Pinsolle Gaulliste souverainiste. Un défaut le gaullisme comme religion, une qualité souverainiste. Son gaullisme l'aveugle sur les points faibles du Gaullisme comme d'autres sur les défauts du Lepenisme. Deux doctrines souverainistes qui convergent sur l'avenir et divergent sur le passé. Je donne tort et raison aux deux doctrines selon les sujets abordés par indépendance d'esprit.
Olivier Pinsolle est à rejeter car adversaire du fédéralisme voulu par l'oligarchie bancaire.
Il y a 42 ans Edmond de Rothschild écrivait: "Le Verrou qui doit sauter maintenant, c’est la Nation !"
Il y aura 42 ans, sous le règne du Président Georges Pompidou, dans un entretien accordé à la revue "Entreprise" (ancêtre de la revue l’"Expansion") et publié en page 62 à 65 du n°775 de cette revue en date du 18 juillet 1970, Edmond de Rothschild, aujourd’hui décédé, quatre ans avant qu’il ne fonde la section européenne de l’aujourd’hui célèbre "Commission Trilatérale", créée aux Etats-unis par David Rockefeller et Zbignew Brzezinsky, et quatre mois avant le décès brutal et inopiné (rupture d’anévrisme) du Général de Gaulle à Colombey, déclarait déjà (en haut de la seconde colonne de la page 64 de cet entretien :
" Le verrou qui doit sauter à présent, c’est la nation ! " et par là notre conception de la République.... Un authentique visionnaire !
On me dira sulfureux, conspirationniste, etc... Nier qu'il y a au sommet de l'occident des groupes qui veulent le mondialisme c'est aussi sot que de le voir partout à l'oeuvre.
Le pouvoir veut la disparition des monnaies locales par fanatisme idéologique.
Impossible d'y échapper.
Cordialement
Olivarus
Excellent article de Jacques Sapir, comme à l'habitude, mais construit d'une façon un peu différente, selon un plan thématique, argument par argument, ce qui le rend des plus pédagogiques (si l'on peut dire !). Il y a un point qui m'a interpellé, c'est lorsque l'auteur indique que la structure industrielle de la France l'amène a avoir un commerce international important avec l'extérieur de la zone €. Ainsi peut-être s'explique, au moins en parti, le fait que lorsque le dollar s'est apprécié à la fin des années 1990, la croissance française en avait beaucoup plus profité que la croissance allemande ? Ceci me fait aussi penser que, grâce à Sapir, qui l'avait détaillé lors de l'un de ses passages à ONPC, je connais mieux la structure du commerce extérieur grecque que français (industrie navale, réparation navale, armatage de navire, agriculture à destination des pays de la Mer Noire, petite industrie en direction du Levant et du M-O, tourisme). Peut être qu'un article sur la structure industrielle française et les conséquences de la monnaie unique (voir du Franc Fort) pourrait être un bon prochain article ;)
RépondreSupprimerTrès bonne synthèse multifactorielle historique qui replace les pendules sur la cheminée, comme dirait Johnny de Gstaad.
RépondreSupprimerhttp://www.lematin.ch/economie/forfait-fiscal-johnny-menace-gstaad/story/11999403
@ Cording
SupprimerBien d'accord.
@ Olivarus
Olivier Pinsolle ? Pour moi, le gaullisme n'est pas une religion. Je me demande presque jamais ce que le Général aurait fait. Je reconnais mes idées dans celles du Général, ses écrits sont des sources de réflexion.
Je suis assez d'accord avec le fait que les fédéralistes européens veulent faire disparaître les nations (mais ils se mettent le doigt dans l'oeil car on ne peut pas faire disparaître une réalité aussi profonde, et la démocratie finira par les rejeter). Je viens de terminer la lecture de Circus Politicus qui parle beaucoup de Bilderberg et de la Trilatérale. Si cela vous intéresse, il faut le lire.
@ Nicolas
Très bonne idée.
Laurent Pinsolle of course.
SupprimerVotre gaullisme vous bride vis-à-vis des pieds noirs + harkis = 1 million d'électeurs environ dans le midi. Il y a une sociologie de la politique. Pied noir vous seriez d'un enthousiasme limité pour le personnage.
Je dirai que le Lepenisme sans Le Pen sera plus digeste, comme le gaullisme sans de Gaulle.
De Gaulle vivant vous seriez peut-être antigaulliste.
J'ai l'impression que la crise qui arrive va tout faire exploser des clivages actuels.
Je préfèrerai NDA+Marine à 20 et 30% qu'à 2 et 18% dans l'ordre que vous voulez. mais le peuple peut finir par se réveiller avec la gueule de bois.
Cordialement
(Je suis pour le dialogue avec DLR et le FN. sans passer par un pays neutre et la Croix Rouge, je suis donc un extrêmiste).
Olivarus
Merci pour cet article.
RépondreSupprimerJ'aimerais cependant ajouter une interrogation personnelle, à propos du statut international de l'euro et de l'effet de la réforme de la gouvernance économique européenne sur celui-ci. Pour qu'une monnaie serve de monnaie de réserve internationale, il faut, d'une part que le pays qui l'imprime l'exporte et d'autre part que ce même pays fournisse des instruments permettant de la stocker (c'est à dire des titres de dette, de dette publique). Exporter sa monnaie signifie entretenir un déficit commercial, comme sont obligés de le faire les États Unis pour alimenter le reste du monde en dollars. Or la somme du solde "budgétaire" privé et du solde budgétaire publique est égal au solde commercial. Les agents privés ne se plaçant pratiquement jamais en situation de déficit (sauf quand les ménages américains décident de dépenser 110% de leur revenu mais on sait comment cela finit), un déficit commercial se traduit automatiquement par un déficit budgétaire (et vice versa).
C'est à ce moment qu'entre en jeu la réforme de la gouvernance économique européenne : en interdisant les déficits budgétaire, elle interdit du même coup les déficits commerciaux, d'où l'impossibilité pour la zone euro d'exporter sa monnaie. De plus, en imposant une réduction de la dette publique, elle détruit les titres utilisés par les pays étrangers pour placer leurs réserves de change.
En conséquence, il me semble que la réforme de la gouvernance économique européenne est en réalité un coup porté au statut international de l'euro, qui laisse le champs libre au dollar et réduit volontairement la possibilité pour les États étrangers d'entretenir des réserves en euro. Un sous-produit de cette réforme (en supposant que ses principes puissent jamais être appliqués) devrait donc être un affaiblissement du rôle de l'euro à l'international.
Ai-je raison de penser ainsi ?
Je ne crois pas.
SupprimerBalance des paiements = Balance commerciale + balance des capitaux.
les deux variables de la balance sont indépendantes.
Le budget de l'Etat n'a rien à voir avec la balance commerciale mais avec la balance des capitaux, puisque ce déficit peut être financé en interne totalement ou partiellement par l'épargne. On peut avoir une balance commerciale excédentaire ou déficitaire indépendamment des dépenses publiques. Il s'agit là des biens et services. distinguez des capitaux trouvés sur place ou ailleurs.
Donc la discipline budgétaire est indépendante de la balance commerciale.
Un pays peut avoir un déficit commercial contrebalancé par une balance des capitaux excédentaire et arriver à une balance des paiements équilibrée. il suffit que sa monnaie soit attractive par rapport aux autres monnaies. C'est souvent le cas des USA qui vivent sur leur empire quasi colonial.
le cas américain est spécial puisque l'Empire impose le pétrodollar par la force militaire sans considération de sa balance commerciale. C'est une position impériale comme nos ex empires coloniaux imposaient les zones Sterling ou franc naguère. Empire fragile car le premier qui quitte le pétrodollar fera s'effondrer la pyramide.
Non le surendettement ne rend pas l'euro attractif, au stade où on en est, le détenteur de l'euro peut choisir l'or comme valeur sûre car la dette est devenue malsaine puisque la BCE a en contreparties de ses prêts des créances douteuses à son actif comme la FED d'ailleurs. La dette en euromarks est moins dangereuses qu'en eurobonds que l'on n'arrive pas à accoucher puisque personne ne veut acheter une dette mutualisée entre créances saines et pourries, d'où les distorsions de taux entre Etats membres. On nous refait le coup des subprimes à l'échelle Etatique mais le marché n'en veut pas.
Nous sommes dans une fuite en avant pas dans une gestion attractive des monnaies de réserve. On vit en fait d'expédients dangereux.
Cordialement
Olivarus
Non. C'est une égalité comptable de base :
Supprimer(S-I) + (T-G) = X-M
En clair :
le solde privé (épargne moins investissement) plus le solde budgétaire de l'État (impôts moins dépense publique) est égal à la différence entre les importations et les exportations, c'est à dire la balance commerciale. Si le solde de la balance commerciale est négatif, le solde privé ou le solde budgétaire sont obligatoirement négatif (un positif plus un positif ne donnera jamais un négatif). Cette égalité est TOUJOURS vérifiée. Donc à moins que les agents privés ne se mettent à investir plus qu'ils n'épargnent, un solde commercial négatif induit obligatoirement un déficit budgétaire.
Comme vous le faites remarquer, ce n'est pas une équivalence mais une simple implication : un déficit budgétaire n'implique pas une balance commerciale déficitaire. Mais l'absence de déficit budgétaire signifie obligatoirement une balance commerciale à l'équilibre, et c'est dans ce sens là que se pose la question.
En fait l'interrogation portait plutôt sur l'autre étage du raisonnement : est-il possible pour un pays hors zone euro qui veut accumuler des euros de le faire sans que la balance commerciale de la zone euro devienne déficitaire : si la réponse est non, alors le raisonnement est valide et la réforme (si elle fonctionne et rien n'est moins sûr) empêche l'accumulation d'euros hors zone euro. Si la réponse est oui alors j'aimerais qu'on m'explique comment (et je me coucherai moins bête ce soir du coup).
symboliquement pour les puristes:
augmentation du volume des réserves en euros hors zone euro
=> balance commerciale déficitaire
=> déficit budgétaire
(le problème c'est la première implication)
et par contraposition
excédent budgétaire
=> balance commerciale excédentaire
=> réduction du volume des réserves en euros hors zone euro
Remarquez que ça peut ne pas apparaître sur des statistiques mondiales si les réserves en euro dans la zone euro augmentent suffisamment vite pour maintenir la part de l'euro dans les réserves mondiales.
"est-il possible pour un pays hors zone euro qui veut accumuler des euros de le faire sans que la balance commerciale de la zone euro devienne déficitaire?"
SupprimerOui, si la politique monétaire de la BCE est orientée sur des taux d'intérêts bas ou nuls, voire négatifs, sur la possession de bons du trésor et effets à court terme. Politique de change qui contrarie la réévaluation de la monnaie.
Effet pervers: laxisme monétaire et encouragement à l'endettement excessif.
Cordialement
Olivarus
Déjà, cela fait plaisir de tenir un blog avec des débats de ce genre dans les commentaires.
SupprimerJe pense qu'il y a sans doute une corrélation entre niveau et évolution des déficits budgétaires et déficits commerciaux. Le premier bémol à apporter est le fait que la grande majorité des pays sont en déficit budgétaire mais que la situation est (logiquement) plus équilibré en matière de déficits commerciaux.
Ensuite, il y a des contre-exemples : l'Espagne ou l'Irlande, en excédents budgétaires avant la crise mais avec un fort déficit commercial, du fait d'une bulle privée. Autre contre-exemple : les Etats-Unis de la fin des années Clinton, avec également un excédent budgétaire et un déficit commercial.
Bref, il y a un lien mais comme souligné par Olivarus, si le secteur privé s'endette fortement, alors il peut y avoir un excédent budgétaire et un déficit commercial.
Cordialement,
Vous avez raison Laurent,
SupprimerEn fait l'équation macro économique de notre ami ne fait pas la distinction entre Etat et secteur privé,balance commerciale et balance des paiements, ce qui tend à mécaniser la situation alors que la qualité de gestion étatique a une influence majeure sur la capacité compétitive du privé et donc l'agressivité commerciale. je me méfie des équations comptables vraies en équilibre théorique mais contrariées si l'on ne distingue pas les acteurs.
En économiste de formation, je préfère remonter de la gestion du ménage, à l'entreprise et à la banque puis à l'Etat avant de synthétiser au niveau global, cela évite d'assimiler ce qui doit être distingué. Mais je ne rejette pas ses équations synthétiques.
Cordialement
Olivarus
Je suis allé voir dans " Toupictionnaire" (le dictionnaire de politique) les définitions de patriotisme et de nationalisme ... je copie ici d'abord la première
RépondreSupprimer"Définition de patriotisme
Etymologie : du mot patrie vient du latin pater, père.
Le patriotisme est un sentiment partagé d'appartenance à un même pays, la patrie, sentiment qui en renforce l'unité sur la base de valeurs communes. Il conduit à ressentir de l'amour et de la fierté pour sa patrie. Le patriote est prêt à se dévouer ou à se battre pour elle afin d'en défendre les intérêts.
Pour le soldat, le patriotisme est le sens moral qui le pousse à combattre pour défendre son pays, plutôt qu'à céder aux attaques de l'ennemi.
Le "patriotisme économique" est un comportement des consommateurs, des entreprises et des pouvoirs publics qui, dans un contexte de mondialisation de l'économie, cherchent à favoriser les biens et services produits dans leur pays. Il est basé sur le concept de la légitime défense économique. Une de ses manifestations récentes est le protectionnisme financier face à des multinationales étrangères voulant acquérir des entreprises considérées comme "stratégiques" pour l'économie du pays. L'expression est apparue en 2003 dans le rapport parlementaire "Intelligence économique, compétitivité, cohésion sociale" du député Bernard Carayon.
En 1789, les patriotes désignaient les partisans des idées nouvelles portées par la Révolution, par opposition aux aristocrates. Le mot patriote resta longtemps synonyme de révolutionnaire. Le patriotisme a trouvé sa consécration pendant la Révolution avec l'idée de nation souveraine lorsqu'elle était menacée par les coalitions étrangères : "La patrie en danger !"
Le chauvinisme est une forme excessive voire agressive du patriotisme, tandis que le nationalisme est une idéologie politique."
Et la seconde
RépondreSupprimer"Définition du nationalisme
Etymologie : du latin natio, naissance, extraction, dérivant de natus, né.
Premier sens : le nationalisme "libérateur"
Ce nationalisme est une doctrine et une action politique qui visent à l'indépendance d'une nation lorsqu'elle est placée sous une domination étrangère. Le nationalisme peut aussi chercher à défendre une culture opprimée ou niée par un occupant ou dissoute au sein d'un ensemble plus vaste.
Le nationalisme s'appuie alors sur l'unité historique, culturelle, linguistique de la population (Voir Nation). Il est fondé sur le principe d'autodétermination des peuples ("droit des peuples à disposer d'eux-mêmes") avec pour conséquence la souveraineté populaire et l'indépendance de l'État sur un territoire national.
Ce mouvement, qui s'est développé au XVIe siècle, a abouti à la création de nations indépendantes (Grèce, Italie, Allemagne). La fin de la Première Guerre mondiale et la chute des Empires allemand, austro-hongrois et ottoman ont conduit à une autre vague de créations d'Etats indépendants : Pays baltes, Pologne, Finlande, Yougoslavie, Turquie...
Lorsqu'il s'agit de revendications par une communauté particulière au sein d'un Etat-nation plus étendu, on parle de régionalisme, d'autonomisme ou d'indépendantisme, suivant le degré souhaité d'autonomie.
Second sens : le nationalisme "dominateur"
Au sein d'un Etat-nation existant, le nationalisme "dominateur" est une idéologie politique qui donne la primauté à la nation par rapport à toute autre considération dans les relations internationales.
Ce nationalisme peut trouver son origine dans des peurs provoquées par des dangers extérieurs ou par un ennemi intérieur (xénophobie, antisémitisme). Il conduit alors à un certain isolement et au retour vers le système de valeurs sur lequel est fondée la nation. Le nationalisme est une des caractéristiques du Front National en France et des nouveaux mouvements politiques d'extrême droite européens.
Lorsqu'il découle d'une volonté de puissance, de grandeur et de domination, le nationalisme conduit alors à un expansionnisme agressif (impérialisme, colonialisme), cherchant parfois une justification dans l'Histoire même très ancienne. Ainsi, dans la première moitié du XXe siècle, le nationalisme a été à l'origine du fascisme italien et du national-socialisme allemand (nazisme)."
Désolé, j'ai posté sur le mauvais billet; c'était évidemment sur "ma règle d'or ... " du jeudi 13 septembre qu'il devait être (Laurent, tu peux effacer mes trois commentaires, donc)
RépondreSupprimerTrès bonne analyse comme chaque fois avec Sapir. Même quand on suit de près ce qu'il écrit, je trouve qu'à chaque fois il y a un élément nouveau ou une façon différente d'expliquer qui permet de se faire une idée plus fine.
RépondreSupprimerPour un point de vue très proche sur le fond, je conseille l'interview récente de Philippe Murer : http://blogdenico.fr/?p=1909
Bonne synthèse des dégâts provoqués par l'euro. J'en soulignerais ceci
RépondreSupprimer"La véritable mesure contre la spéculation n’a rien à voir avec la monnaie unique, mais porte au contraire sur une réglementation stricte (passant par des interdictions tant de certains marchés que de certaines opérations) des mouvements de capitaux."
La désagrégation de l'euro pourrait se traduire par la poursuite du néolibéralisme par d'autres moyens, comme en Angleterre. On peut parier que nos oligarques ont déjà leu plan B en ce sens, car depuis 1974, ils n'ont eu de cesse d'imposer ces politiques, du "Serpent" Monétaire Européen à l'Euro. Le naufrage de l'euro n'est pas en lui-même une solution, il ne constituera qu'une opportunité pour juguler les mouvements de capitaux et instaurer une nouvelle politique industrielle. Mais pour saisir cette opportunité, il faudra de toute façon un renouvellement profond des élites.
@ A-J H
RépondreSupprimerTout ceci est très intéressant. Je vais donc le garder aux deux emplacements.
@ Anonyme
Merci pour le lien
@ J Halpern
Très juste