Compétitivité,
compétitivité : ce mot est devenu depuis quelque semaines l’alpha et
l’omega du débat politique, à gauche comme à droite, ainsi que dans tout le
petit monde médiatique. A
quelques jours de la publication du rapport Gallois, faute est de constater
que le débat n’est pas à la hauteur.
Un
malaise politique
Quelque
part, il est étonnant que ce débat n’ait pas émergé plus tôt : la
dégradation de notre commerce extérieur n’est pas nouvelle. Si notre déficit
atteint 70 milliards d’euros aujourd’hui, il
était déjà de la moitié il y a cinq ans (et à l’équilibre il y a 10 ans).
Du coup, il est un peu risible de voir l’UMP sommer le PS de prendre des
mesures pour améliorer la compétitivité du pays après avoir tellement sommeillé
que la
seule mesure prise était applicable à la rentrée 2012…
De son côté,
le gouvernement semble mal à l’aise dans ce débat et on se demande ce qui lui est
passé par la tête de demander un rapport à Louis Gallois, braquant les
projecteurs des médias sur un sujet où il n’a pas grand chose à dire et ne
semble pas vouloir faire grand chose non plus. Du coup, François Hollande a été
contraint de dire, avant même sa publication, qu’il
n’appliquerait pas sa recommandation principale, à savoir une baisse des
charges de 30 milliards.
Pourtant, la
pression sur le gouvernement est forte puisqu’une
association de grands patrons, a présenté ses propositions dans le JDD : baisse des dépenses
publiques de 60 milliards en cinq ans, baisse des cotisations sociales de 30
milliards en deux ans en partie financée par une hausse de la TVA. En fait, le
PS est coincé dans un paradoxe car il
accepte le cadre mondialisé qui créé le problème de compétitivité tout en rechignant
aux mesures qui en découlent, souvent antisociales.
La
compétitivité en perspective
Ce n’est pas
pour rien, que, comme
Edgar l’a souligné sur son blog, Electrolux a choisi de délocaliser son
usine en Pologne : le coût du travail y est 80% plus bas qu’en France, le
tout avec les avantages d’être dans l’UE. Ceci montre que le débat sur la
compétitivité est un peu vain dans le cadre d’une mondialisation qui offre aux
entreprises des lieux de production où le coût du travail est 90% plus bas
qu’en France, en Chine, mais aussi en Afrique du Nord et même en Europe !
Bref, on
peut bien parler de compétitivité mais pour toutes les activités où la part de
la main d’œuvre est vraiment significative et le coût du transport pas trop
important, la France ne sera plus jamais compétitive dans ce cadre mondialisé. La
seule solution consiste à mettre en place des politiques protectionnistes
et des écluses douanières sous peine de voir notre industrie disparaître. Et le
rôle des parités monétaires a même été rappelé par François Lenglet, comme
l’a noté Coralie Delaume.
Les 30
milliards d’allègement de charges sociales sont à ce titre de la poudre aux
yeux. Ce n’est pas en baissant notre coût du travail à 33 euros par heure (ou
même 32) que l’on pourra lutter avec des pays où il est de seulement quelques
euros. Voilà l’angle mort du débat sur la compétitivité.
Le problème de compétitivité se pose également avec des pays de niveau social équivalents à la France, pour partie en Europe du nord ouest.
RépondreSupprimerCe qui est rarement mentionné c'est que l'industrie est une forte consommatrice de services externes pour bonne partie localisés dans le pays de production. Les prix de fabrication intègrent donc les charges directes de production, mais aussi les charges indirectes liées à ces services, par conséquent les charges sociales impactant ces services se retrouvent dans le prix de revient final du produit.
Cela veut dire que ces services sont localisés mais indirectement mis en concurrence internationale.
Là encore, dû à cet effet de levier de l'industrie sur la consommation de services, le transfert des CS sur la TVA permettrait un élargissement de la fiscalité sur les produits manufacturés importés qui de fait correspondent aussi à des importations de services.
Bonjour à tous
RépondreSupprimerIl y a un point à aborder sur la compétitivité, c'est le crédit impôt recherche, qui coûte environ 4 milliards par an à l'état, dont la gestion par les services fiscaux est très lourde, ce qui crée des contentieux, et tout le monde sait qu'une partie de ces crédits ne sont pas significatifs de procédés nouveaux mais résultent parfois de copies ou assemblages de procédés existants.
Pour le reste, j'exprime là mon opinion, je trouve indécent cet appel de ces grands patrons, qui ne connaissent pas la crise, dont les rémunérations continuent à augmenter plus vite que l'inflation, de faire payer le manque de compétitivité par la majorité des français, il faut quand même rappeler que beaucoup de gens reculent des consultations médicales. Alors une baisse des cotisations sociales retombera sur les classes moyennes principalement.
Il y a aussi un gros retard français en matière d'investissements dans les machines de production pour certaines sont obsolètes. La compétitivité c'est l'innovation produit, mais aussi celle des procédés de fabrication :
RépondreSupprimerMachines-outils datant du plan Marshall
Parce que certains remettent en cause cette nécessité, nous voulons, tout d'abord, dévoiler des données objectives et ... accablantes. Souligner, ainsi, que l'âge moyen des machines-outils en service en France était de 17 ans en 1999, contre 10 en Italie et 9 en Allemagne.
http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20121029trib000727812/le-cout-du-travail-n-explique-pas-tout-l-appel-de-76-industriels-pour-une-autre-competitivite.html
Encore une fois nous assistons à l'affligeant spectacle des socialistes se prenant tous seuls comme des grands les pieds dans la glu néolibérale, en posant des questions dans les termes de leurs adversaires. La compétitivité, en dehors des rapports monétaires, en dehors des histoires particulières qui ont permis aux uns de créer les Etats-Providence, aux autres non ; en dehors des spécialisations économiques qui font que tel pays dispose de niches industrielles, l'autre non, et que ces spécialisations ont déterminé des configurations éducatives particulières ; enfin en dehors de tout programme politique de contrôle des flux de capitaux et d'échanges de biens... Eh bien en dehors de cela, ce mot ne signifie strictement rien.
RépondreSupprimerLes patrons des FTN n'ont qu'un seul but : formater à la chinoise l'ensemble des mains d'oeuvre du monde en profitant de la fenêtre historique de la mondialisation, ouverte sur leurs conseils par nos dirigeants il y a plus de trente ans. A quoi d'autre pouvait-on s'attendre, même d'un Louis Galois.
L'argument qu'on doit pouvoir leur envoyer à la figure, c'est que personne n'emporte le sort de la patrie à la semelle de ses souliers (une remarque que nous a léguée Danton), et surtout pas eux, qui font partie de cette bourgeoisie cosmopolite prédatrice. Leurs trémolos destinés à nous convaincre que la France sera sauvée si on sauvegarde en priorité leurs intérêts nous cassent les oreilles.
Qui doit déterminer l'intérêt général ? On ne peut répondre à cette question qu'entre patriotes. Et j'ai bien du mal à les reconnaître dans la figure de ceux qui préconisent toujours les mêmes amères potions pour notre pays. Ce sont des traîtres.
Francis Commarrieu.
Dans "le Monde diplomatique" d'octobre il y a un bon article sur "la compétitivité, un mythe en vogue" que je recommande donc à tous.
RépondreSupprimerJ'écoutais sur une radio un responsable de l'Institut de l'Entreprise :
RépondreSupprimer"Les entreprises françaises sont aussi détentrices d'une part de l'intérêt général, l'intérêt général n'est pas le monopole de l'état.".
Personnellement, j'ai bien cru m'étouffer. Mais cette attitude explique bien des choses.
@ Olaf
RépondreSupprimerBien d’accord. Merci pour toutes ces informations.
@ André
Sur le CIR, j’avoue ne pas suffisamment maîtriser la question. D’autres personnes disent que c’est un plus essentiel.
@ Francis
Je suis globalement d’accord.
@ Cording
Merci