mardi 9 octobre 2012

TSCG, Arcelor-Mittal : le changement, c’est du vent


Aujourd’hui, après un examen le plus rapide possible, les députés doivent se prononcer sur une des trois camisoles budgétaires européennes, le TSCG. Après Florange, c’est un nouvel épisode qui montre les points communs entre le PS et l’UMP.

Bonnet blanc et blanc bonnet

Bien sûr, il y a des différences entre la politique menée par Sarkozy et celle de Hollande mais faute est de constater que sur des sujets importants, il y a une continuité extrêmement forte. On l’a vu avec Arcelor Mittal. Nicolas Sarkozy avait promis de sauver Gandrange. Arcelor Mittal a fermé cette première aciérie. François Hollande était passé à Florange pendant la campagne présidentielle. Il y a de grandes chances que le site soit également en partie fermé.

Mais ce qui montre la proximité du PS et de l’UMP, c’est bien le TSCG, puisque les deux partis vont voter cette camisole budgétaire européenne. Bien sûr, François Hollande s’enorgueillit du plan de croissance européen qu’il a obtenu en juin. Mais, outre le fait qu’il comporte essentiellement des anciens crédits non dépensés, des économistes de renom, l’ont remis à sa place : « pistolet à eau contre un rhinocéros qui charge » pour Krugman, « dérisoire » pour Sapir.

Ce traité a l’avantage de montrer que sur des sujets aussi importants que l’intégration européenne ou des points clés de notre système économique, le PS et l’UMP sont très proches. Les deux principaux partis soutiennent en effet un transfert de la souveraineté de la France vers des instances européennes supranationales et technocratiques. De même, ils se soumettent à la doxa austéritaire allemande malgré les avertissements de Krugman et Stiglitz.

Le PS, ce n’est pas le changement

Mais ce qui est extrêmement troublant, c’est que le Parti Socialiste vote le traité signé par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Bien sûr, il y a l’additif de croissance, mais il est aussi symbolique que dérisoire comme le soulignent tous les économistes sérieux. Il est tout de même incroyable qu’un parti qui se dit « de gauche », « socialiste », accepte d’abandonner en partie la souveraineté budgétaire du pays et de graver dans le marbre les politiques austéritaires chères aux néolibéraux.

Bien sûr, les dirigeants socialistes nous servent comme toujours les mêmes fadaises selon lesquelles voter ce traité permettrait de renforcer François Hollande dans sa volonté de remettre en cause l’Europe de droite. Les hiérarques communistes de feu l’URSS auraient-ils osé répéter un tel mensonge ? Car le problème des socialistes, c’est qu’ils font à chaque fois le coup : il faut voter un traité antisocial parce que promis, juré, craché, le prochain, lui, sera vraiment social et progressiste.

C’est ce qui avait été dit en 1992 lors du débat sur le traité de Maastricht. Et quand la gauche a été au pouvoir en Europe à la fin des années 1990, elle a voté le démantèlement des services publics et leur privatisation ! Et ce n’est pas nouveau puisque Vincent  Coussedière a déniché une déclaration de François Mitterrand de 1971, qui disait « s’il est interdit d’envisager une Europe socialiste à court terme, à partir d’une France socialiste, l’évolution s’accélerera ». On croirait entendre Guillaume Bachelay, sauf que ce dernier est beaucoup moins crédible 41 ans après.

Bref, le changement de président est en grande partie illusoire. Le PS ne remet pas plus en cause que l’UMP le système délétère (supranational et néolibéral) qui a mené à la crise. Certes, ses rustines ne sont pas les même, mais le vote du TSCG montre qu’il faut aller chercher l’alternance ailleurs.

9 commentaires:

  1. Le logiciel socialiste, c'est que supranationalité et internationalisme sont équivalents. cette grossière confusion sert à masquer l'abandon de la cause du peuple (les citoyens, les travailleurs, les classes moyennes...) dans ses frontière historiques, et ce depuis la fin des années 1950,à l'époque du traité de Rome et de la Guerre froide durant laquelle il était compliqué de contester au PCF la défense exclusive des travailleurs. Adieu à Jaurès pour lequel les prolétaires ont une patrie. François Mitterrand disait que si la France était (encore?..) son pays, l'Europe était son avenir, ce qui sous-entendait bien pour lui que la France n'avait plus d'avenir.
    Le logiciel UMP, depuis qu'il n'est plus gaulliste (c'est-à-dire depuis l'époque du RPR des années 1980) c'est que le grand marché mondial ne doit connaître aucun caillou dans sa chaussure. Or l'attachement à la nation est un gros caillou. Il faut donc le retirer de la chaussure. La droite à la fois modérée et nationale, c'est devenu impossible pour un hiérarque moyen de l'UMP. L'UE, grande machine à plonger les économie et sociétés nationales dans le bain glacé de la mondialisation, c'est du pain béni.
    Donc la convergence des deux grands partis dits de gouvernement est complète sur le point que vous abordez, mais pas du tout pour les mêmes raisons. Personnellement j'ai tendance à préférer le bon gros cynisme plus ou moins affiché des cadres UMP, qui ont au moins le mérite d'une certaine cohérence. En revanche, voir les socialistes avaler eux-mêmes puis faire avaler à leurs électeurs toujours les mêmes couleuvres européennes, c'est assez désespérant en effet...
    Francis Commarrieu.

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  2. DSK en 97 à Amsterdam, au 20 heures, juste après avoir accepté avec Jospin d'avaliser un pacte de stabilité négocié par Chirac sans en changer une ligne, mais en ayant bien sûr obtenu un complément coordination et croissance bidon :
    Question de Bruno masure : "Avez vous l'impression d'avoir changé le cours de l'histoire ?"
    DSK : "Il faut rester modeste, mais oui, c'est un peu de ça qu'il s'agit."
    Je viens de voir ça dans une vidéo signalée sur ce forum (http://www.youtube.com/watch?v=esiU4xFs9Ys) par Thierry et que je recommande aussi, sur le TSCG, la crise et les socialistes. Elle évoque aussi les non-dits du débat comme l'euro et le libre-échange ce qui est rare pour une vidéo apparemment faite par quelqu'un de gauche. Et puis on vous y voit brièvement aussi, ce qui est encore plus rare :)

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  3. Concernant le TSCG, le FMI apporte un correctif des multiplicateurs, 1,5 point de déficit en moins donne en valeur moyenne 2 points PIB en moins.

    Donc PIB 2013=PIB 2012-2% et 500 000 chômeurs en plus, ça tend vers les 12% de chômage.

    http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20121009trib000723708/le-fmi-revise-ses-calculs-l-austerite-nuit-beaucoup-plus-que-prevu-a-la-croissance.html

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  4. Je préfère les socialistes (et encore plus Cohn-Bendit, MoDem..) à l'UMP... Car eux au moins sont beaucoup plus clairs, ils veulent une Europe fédérale et donc tuer l'Etat-Nation France. L'UMP fait le même boulot tout en se drapant de l'amour de la Patrie et du gaullisme.

    Au final, tous des traîtres en puissance, plus ou moins fourbes. l'Histoire ne sera pas tendre avec eux.

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    1. Oui, on est bien d'accord...
      Francis Commarrieu.

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  5. Voici un très beau texte d'Aminata Traoré, il ne répond pas exactement au sujet que vous proposez, mais il est de circonstance et je me demande si certains députés ne devraient pas le lire pour ne plus oublier :

    En 1960, le Mali obtient l’indépendance. Les colons français se retirent du pays et la population est appelée à voter pour ses représentants. 40 ans après, Aminata Traoré se souvient de cette période.

    "C’était en 1960, je m’en souviens. L’indépendance avait la saveur de mes treize ans : pleine de promesses. Les adultes y croyaient, ils exultaient en jurant que plus rien ne serait comme avant. Fait surprenant, ma mère et mes tantes, qui d’habitude ne parlaient que des tâches de la vie quotidienne – analysaient la situation politique, prononçaient les noms des personnes qu’elles ne connaissaient que de loin mais en qui elles plaçaient leur confiance et leurs espoirs. Elles découvraient la vie publique. J’entendais, pour la première fois, ma mère parler d’avenir et d’une responsabilité nouvelle à assumer. Moi, femme en devenir, je les écoutais. Je savourais l’optimisme des adultes. Ils disaient déjà, à l’époque, qu’un autre monde était possible. « Désormais nous nous appartenons, nous choisirons et déciderons pour nous même » martelaient ces femmes."

    Aminata Traoré
    « Le viol de l’imaginaire » - 2002

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  6. heureusement que sarko n'est plus là, çà serait un bordel pire !

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  7. Je suis finalement assez optimiste pour dégager la clique umps ceux qui ont votés sarkozy puis hollande sont déjà déçu ou très en colère j'ai entendu le mot de pourris ; les classes moyennes ce qu'il en reste , les jeunes , les vieux vont être de plus en plus touchés et s'il n'y a pas un grand rassemblement patriote MLP risque ramasser les voix et pour rire jaune avec le monocle : "le plafond de verre vient de sauter"

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  8. @ Francis

    Cette citation de Mitterrand est totalement hallucinante mais représente bien à elle seule la raison pour laquelle les socialistes trahissent les intérêts du peuple. Il faut espérer que cette séquence donne envie aux Français de changer.

    @ Eric

    Quelle prétention de la part de DSK. Merci.

    @ Olaf

    Le PS ne se soucie pas du chômage !

    @ Flo_DLR

    Les socialistes mentent sur le peuple et le social. L’UMP sur la nation… Zéro partout.

    @ Léonard

    Merci pour ce texte. Dire que les dirigeants européens renoncent à cela.

    @ Anonyme

    Aussi mauvais sur le fond, peut-être pire sur la forme.

    @ Patrice

    Les circonstances se réunissent. Je ne crois pas que MLP franchira le plafond de verre.

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