L’ONU accueille enfin l’Etat Palestinien

Hier, la Palestine a obtenu une plus grande reconnaissance internationale avec le vote positif de l’ONU pour en faire un état non membre permanent (et plus seulement une « entité observatrice »), malgré l’opposition des Etats-Unis, d’Israël et de l’Allemagne. Une avancée loin de résoudre tous les problèmes.

L’obstruction d’Israël

L’attitude des Etats-Unis et d’Israël peut paraitre ridicule. Dans les faits, la Palestine est un Etat, qui a forcément vocation à être reconnu. Mais voilà, l’accès à ce statut pose problème à Washington et Tel Aviv car cela pourrait être le prélude à une accession de la Palestine à la Cour Pénale Internationale, où elle pourrait poursuivre Israël pour l’occupation de son territoire, même si Mahmoud Abbas a, pour l’instant, assuré que ce n’était pas l’objectif du vote d’hier.

Son offensive diplomatique avait surpris tout le monde l’an dernier quand il avait annoncé son intention de changer de statut à l’ONU et qu’il avait obtenu une reconnaissance de la part de l’UNESCO. Il faut dire que comme les négociations piétinent depuis si longtemps avec Israël, il est bien légitime qu’il décide de passer par une autre voie pour faire progresser la reconnaissance de la Palestine. C’est ce qui a été obtenu avec une très large majorité hier et qu’une presse israélienne a soutenu.

Cette reconnaissance intervient après un nouvel épisode sanglant à Gaza où 140 palestiniens et 5 israéliens ont perdu la vie, comme le rapporte The Economist. Cette séquence a de nouveau montré la disproportion qu’il y a entre les actions des deux camps et que la brève guerre menée par Israël fin 2008 n’a absolument rien résolu dans la durée puisque les tirs de roquettes ont fortement repris cette année. Bref, nous restons dans une logique de guerre où Israël profite de sa force.

Que pouvons-nous faire ?

Mais le comportement de l’état hébreu, même s’il peut être en partie compris par l’histoire, les agressions dont il a été victime et la nécessité bien logique de se protéger, est à courte vue. Bien sûr, il est le plus fort de la région, ce qui lui permet de continuer à opprimer la Palestine, d’agir de manière unilatérale, quitte à faire 2000 morts comme il y a quatre ans, de coloniser des territoires sur lesquels il n’a aucun droit, mais Tel Aviv devrait se rendre compte qu’il ne sera pas toujours le plus fort.

Que se passera-t-il si un jour les Etats voisins d’Israël finissent par devenir plus puissants, grâce à la manne pétrolière ? Tel Aviv sera bien mal placé pour demander de la mesure, lui qui n’en a fait preuve d’aucune pendant des décennies, en grignotant consciensieusement le territoire palestinien par la construction de colonies, ce que rien ne peut justifier. C’est pour sa sécurité demain que l’état hébreu a vraiment intérêt à changer d’attitude. La moindre des choses serait d’arrêter cette colonisation scandaleuse et même de commencer à céder ces territoires à l’autorité palestinienne.

La France réagit de manière quasi unanime, à gauche, à droite, ou dans les médias comme le Monde. Soit dit en passant, ce dossier montre le caractère illusoire d’une diplomatie européenne puisque les capitales du continent sont profondément divisées sur le sujet. En revanche, il faudrait envisager d’aller plus loin pour soutenir la Palestine dans ses négociations avec Israël. Je persiste à penser qu’il faut envisager un boycott pour mettre fin à la scandaleuse politique de colonisation.

Cette reconnaissance est un pas dans la bonne direction pour la Palestine. Merci aux autorités françaises d’y avoir apporté leur concours. Mais il y a urgence à l’aider à retrouver une intégrité territoriale de plus en plus mise à mal par Israël, comme le montre ces cartes.