La
nouvelle couverture du The Economist
de la semaine a beaucoup fait parler hier. Pour l’hebdomadaire néolibéral
britannique, « la
France est la bombe à retardement de l’Europe ». Un nouveau
dossier qui ne fait pas honneur au journal, qui tombe dans la caricature
totalement outrancière.
L’enfer
français
Sur 15
pages, s’étalent des diatribes anti-françaises aussi caricaturales que les
interventions de Sophie Pedder sur les plateaux télévisés. Bien sûr, quelques
atouts sont évoqués et il faut bien reconnaître que tout ne va pas bien en
France, loin de là, mais l’ensemble du dossier est d’un parti-pris absolument
incroyable. The Economist pousse le
bouchon jusqu’à dire que la
France pourrait être demain le point faible de la zone euro, à la place de
l’Italie ou l’Espagne. Un simple regard à leurs indicateurs économiques
hebdomadaires démontre qu’une telle idée est totalement absurde.
Si une
partie du constat est juste, une autre est totalement excessive : « les nouvelles entreprises sont rares »,
« les entrepreneurs en devenir
quittent le pays », « les
investisseurs sont indulgents avec la France », nous penserions être
« le pic de la civilisation ».
The Economist critique le manque de
start up alors que notre pays compte trois des plus importantes à l’échelle
européenne (Priceminister, Vente privée et Meetic). Paris
ne serait plus « ce qu’elle
était », dépassée par Londres, Milan ou Barcelone. Marseille
est comparé à Rio pour la violence et Marrakech pour la population…
Ils citent
une femme d’affaire pour qui « aujourd’hui,
les riches sont stigmatisés comme les juifs l’étaient il y a 70 ans ».
Comment un journal un tant soit peu sérieux peut publier une phrase aussi
outrancière ! C’est une véritable insulte à l’intelligence mais aussi aux
Français qui ont été déportés. Il est aussi dommage pour la démonstration que les
dernières statistiques du PIB démontrent une certaine résistance de notre
économie (malgré de vrais problèmes). De même, le dossier semble avoir été
écrit avant la publication du rapport Gallois, comme
si le gouvernement l’avait presque ignoré.
Pourquoi
tant de parti-pris ?
En fait, ce
que The Economist reproche à la France,
c’est de ne pas être sur la même ligne politique. Comme il le souligne, notre
pays a une méfiance caractéristique vis-à-vis du capitalisme. Nous dépensons
trop (ce qui n’est sans doute pas totalement faux) et même nos hommes
politiques de droite ne sont pas de vrais libéraux : Bruno Le Maire repart
habillé pour l’hiver pour
son protectionnisme agricole, ce qui a le don de le rendre sympathique. Il
nous conseille même de reconstruire un secteur financier plus important. Sans
doute une proposition ironique, après la crise de 2008…
The Economist devrait aussi balayer
devant sa porte. La Grande-Bretagne a davantage augmenté ses dépenses publiques
que la France depuis 1999. Londres affiche un déficit de 8,4% du PIB cette
année (plus que l’Espagne ou la Grèce, contre 4,5% en France) et ne doit qu’à
la planche à billets de sa banque centrale (375
milliards de livres de monétisation en à peine 4 ans !) de ne pas être
dans la position de la Grèce pour
Philippe Béchade. En outre, il est surprenant de vanter le
modèle allemand, non réplicable, et que The
Economist avait longtemps qualifié de pays malade de l’Europe.
Bonjour à tous
RépondreSupprimerLe pire c'est que ces gens (la secte des neolibéraux) a entre les mains tous les leviers: finance, politique, médias.
Ce qui est reproché, ce sont les acquis sociaux des gens obtenus de longue lutte, c'est pour cela que je suis de gauche sans appartenance à un parti, surtout pas le PS.
Ces gens ont besoin d'une régression sociale pour prospérer. Ce que Naomi Klein écrivait "la stratégie du choc" se réalise au niveau de l'UE.
Mouais, bof...
RépondreSupprimerLes gens comprennent mieux pourquoi on surnomme ce pays La Perfide Albion :-)!
Je ne prends jamais The Economist au sérieux: ils sont au libéralisme ce qu'était la Pravda au marxisme-léninisme avant la Perestroïska. C'est dire à quel point ils sont dogmatiques!
Toutes les difficultés qu'ils évoquent sont connues, mais leur détestation de la France les égarent. A les lire, on a l'impression d'être revenus deux siècles en arrière, quand les Anglais faisaient de la propagande anti-révolutionnaire puis anti-napoléonienne.
A vrai dire, j'ai une hypothèse sur ce prurit anti-français: depuis quelques années (deux ou trois ans environ), l'activité financière quitte la City pour émigrer en extrême-orient, vu l'émergence de la Chine. Ca signifie que le coeur même de la politique britannique de ces 50 dernières années est atteint, et ils commencent à paniquer! Or que fait tout bon Anglais quand il doit se rassurer? Il tape sur les Français :-)! Je pense que c'est plutôt du côté de cette exode financier que The Economist devrait enquêter...
CVT
Écrire sur ce genre de canard c'est quand même avoir du temps a perdre
RépondreSupprimer@ Patrice,
RépondreSupprimerVu le bruit fait par le dossier, ce n'est pas un mal de répondre.
@ CVT
Souvent, ils sont très intéressants et donnent des éléments qui servent à critiquer le néolibéralisme. Bien vu sur la panique !
@ André
Très juste. Ils veulent remettre en cause tous les acquis sociaux.
En parler ou ecrire sur , en bien ou mal , c'est faire de la réclame pour le produit en question
RépondreSupprimerIl font d'assez bonnes études, même si on peut ne pas être d'accord avec tout. Ceci dit les français sont un peu susceptibles, il y a une part de satyre qui est pourtant acceptée quand il s'agit des religions, donc pourquoi pas vis à vis d'un pays.
RépondreSupprimerEn revanche, il devraient faire de même avec les autres pays, y compris l'Allemagne. C'est une façon de prendre du recul utile
quand la situation est mauvaise. D'autre part, il parait très
probable que la France sera la grosse goutte d'eau qui fera calancher l'Euro, car de par la taille de son économie, la BCE ne pourra rien faire. Par ailleurs, d'autres études que devrait citer ce journal disent que ce serait un défaut grec qui aurait des conséquences tsunamiques pour l'économie mondiale.
Finalement personne ne sait comment ça va se dénouer, par quel bout, c'est le suspens... En tout cas, il va y avoir de la casse, car la zone Euro est un canard sans tête qui court sans savoir ou il va, vers la marre, contre un poteau...?
Un canard sans tête court vers la mort. Quant à The Economist, il se positionne dans la tradition de la Grande-Bretagne, pays des libéraux et des tabloïds.
SupprimerD'un autre côté, la réplique de gouvernement par Najat VB, est assez ridicule, soit elle ne comprend rien, ce qui est assez probable vu qu'elle se prend les pieds dans le tapis sur tous les sujets qu'elle aborde, soit elle prend les gens pour des idiots.
RépondreSupprimerCette décervelée veut faire croire que les bas taux obligataires actuels prouvent la bonne santé économique et sociale française. On croit rêver...
D'ailleurs, je vois pas bien pourquoi une juriste du gouvernement devrait s'exprimer sur des sujets économiques, quelle est son expérience ou diplômes pour s'exprimer officiellement sur ce sujet ? Ce qui montre un certain degré de cacophonie gouvernementale où n'importe qui parle de n'importe quoi.
Dans le même ordre d'idées sur la compétence de ceux qui font partie du gouvernement, j'ai entendu Ayrault parler allemand, ben pour un prof d'Allemand c'est assez faiblard. C'était prétendument un de ses atouts pour négocier avec l'Allemagne, mais je crois qu'il ferait bien d'embaucher un interprète, sinon les incidents diplomatiques suite à quelques malentendus linguistiques risquent d'arriver.
RépondreSupprimerIl a du vocabulaire, mais la prononciation est gloubiboulga, avec même des mots anglais par ci par là, du Franco-Dinglish. Ca fait un peu couillon quand même. Il devrait reprendre des cours...
Durch, il dit douche, par exemple, au lieu de dour, c'est pourtant la base de l'allemand la prononciation du ch selon la voyelle précédente.
Ca ne m'étonne guère, pour Ayrault. De toute façon, pour trouver quelqu'un qui parle allemand correctement (ou allemand tout court) en France, ça va être de plus en plus difficile...
Supprimer"Tout ce qui est excessif ne compte pas" telle une maxime attribuée à Talleyrand. Il faut bien vendre du papier comme leurs confrères français comme "le Point, L'Express et le Nouvel Observateur" qui aiment aussi dénigrer leur pays. En ce qui concerne "The Ecomonist" il faut croire que le "french bashing" rapporte bien ou est une pose bien britannique.
RépondreSupprimerLa Grande-Bretagne a comme les pays en difficulté de la zone euro tournée aujourd’hui sa politique vers l'austérité pour faire face à ses problèmes de déficit. Ça marche mieux pour elle en terme de taux de chômage (7,8%) :
RépondreSupprimerhttp://www.lepoint.fr/bourse/gb-repli-du-taux-de-chomage-en-septembre-mais-signes-de-faiblesse-14-11-2012-1528837_81.php
Qu'en Grèce ou en Espagne car la Grande-Bretagne à la chance de se trouver du bon côté de la barrière, c'est à dire hors de la zone euro. Même si sa situation est peu reluisante, elle limite les dégâts qui auraient été considérables, pour elle, si elle était entrée dans l'Euro. En fait elle serait dans la situation de la Grèce ou de l'Espagne.Les pays en difficulté de la zone euro qui ne peuvent pas accompagner leur politique d'austérité par des « quantitative easing » massifs de leur banque centrale sont, eux, directement concernés par le problème du multiplicateur budgétaire des politiques d'austérité, qui va compliquer la tâche de la France si elle se met comme ses voisins de la zone euro à faire un choc sévère de compétitivité, ce que « The Economist » lui suggère de faire je suppose.
http://m.lesechos.fr/france/l-impact-recessif-des-plans-antideficit-a-ete-sous-estime-0202320965096.htm
http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=67005
Saul
Patrice,
RépondreSupprimerOui, mais la publicité est déjà faite et la plupart des médias relaient de manière très peu distanciée ce que The Economist raconte. Il n’est donc pas un mal de démonter leur raisonnement et attaquer les faiblesses de leur raisonnement, ce que pas grand monde a fait. Qui a lu le dossier dans sa totalité ?
Olaf
Je suis d’accord. Tout n’est pas à jetter dans The Economist. C’est bien pour cela que je m’astreins à sa lecture hebdomadaire depuis si longtemps. La crise n’atteindra jamais la France car, en atteignant l’Espagne ou l’Italie (qui viendront avant), elle sonnera le glas de cette aventure monétaire hasardeuse et artificielle qu’est l’euro. Sur la restructuration de la dette grecque, il ne me semble pas. Au contraire, ils plaident depuis très longtemps en sa faveur.
Il y a quelque chose d’assez incroyable à ce que des « socialistes » brandissent le jugement des marchés comme validation de la pertinence de leur politique. Ils devraient plutôt faire attention à l’évolution du chômage, du pouvoir d’achat ou des inégalités. La politique de la France ne se faisait pas à la corbeille du temps du Général.
Possible qu’il n’enseigne plus depuis assez longtemps. Pouvait-il être maire de Nantes, député et professeur d’allemand en même temps…
JYB
Bien d’accord.
Cording
Bien d’accord également
Saul
Clairement, la Grande-Bretagne bénéficie du fait d’être en dehors de la zone euro, ce qui lui permet à la fois de jouer sur la valeur de sa monnaie et sur le fait que sa banque centrale peut monétiser des sommes importantes.
Les Anglo-Saxons ont toujours détesté ceux qui sont différents d'eux, en particulier les Français. Ce qui est triste c'est l'admiration que leur portent nos élites qui voudraient que nous parlions anglais et que nous adoptions le mode de vie anglo-saxon. L'urgent serait de "désaméraméricaniser" la France. L'indépendance économique et politique passera d'abord par l'indépendance culturelle.
RépondreSupprimerAntoine
http://lebondosage.over-blog.fr/article-reapprendre-a-vivre-sans-l-amerique-109839434.html