Décidemment,
quand le résultat est serré, mieux vaut être l’organisateur de l’élection. Après
Martine Aubry en 2008 à la tête du PS, Jean-François
Copé gagne par une marge encore plus minuscule (50,03% contre 49,97%) la
présidence de l’UMP. Il n’avait pas annoncé sa victoire pour rien.
François
Fillon, à nouveau second d’un mauvais film
Décidémment,
l’ancien Premier Ministre a du mal à occuper le premier rôle. Après avoir été
le lieutenant de Philippe Séguin, puis le
paillasson de Nicolas Sarkozy à Matignon (ce qui lui a permis d’éviter les
coups mais aussi de profiter du rejet de son patron tant il en est différent en
style), il échoue dans sa conquête de la présidence de l’UMP. Il faut
dire que sa campagne n’a pas été très percutante, à part quelques attaques
personnelles dans la dernière ligne droite.
Face à lui, Jean-François
Copé a (paradoxalement ?) beaucoup mieux appliqué toutes les leçons du petit
sarkozyste illustré. Il a essayé de prendre le contrôle de l’agenda
médiatique de la campagne en ne reculant pas devant des déclarations polémiques
sur « le racisme anti-blanc » ou le vol de chocolatine… Il s’est
battu malgré des sondages défavorables, comptant sans doute sur son style plus
dynamique, la droitisation de la base militante de l’UMP et sa position au sein
de l’appareil.
Mais du
coup, la
campagne a été absolument affligeante. Pas la moindre nouvelle idée n’en
est sortie. Les cadres du mouvement se sont davantage décidés en fonction de
calcul politicien de bas étage ou de rancœurs personnelles recuites. Mais la
dernière ligne droite a été encore pire que les longues semaines de campagne
avec la journée de dimanche qui a cumulé désorganisation, accusation de
tricheries de part et d’autres et proclamations de victoire intempestives.
Quel
impact pour l’avenir ?
Du coup,
contrairement à certains, je pense que l’on peut pronostiquer que l’UMP restera
uni. Les militants (et plus encore les élus) ont beaucoup trop à perdre à se
désunir, surtout avec des socialistes en difficulté (qui pourraient gagner une
bouffé d’air après cette séquence). Gageons que la perspective de 2017 assure
l’unité du parti, comme
cela l’avait fait au PS après 2008. Et Jean-François Copé ne tardera pas à
débaucher quelques fillonistes trop heureux de rejoindre le camp gagnant.
En revanche,
cette séquence va profondément abîmer l’image de l’UMP qui a
démontré un manque de professionnalisme confondant dans l’organisation de cette
élection, sur laquelle repose en outre de gros soupçons de tricherie. Après la
déception du mandat de Nicolas Sarkozy et celle, encore plus rapide, de François
Hollande (le
socialiste pour qui le désendettement et la compétitivité sont des priorités),
voici le contexte idéal pour faire émerger de nouveaux courants de pensée.
Du coup,
cette élection peut être une chance pour la France car elle dévoile le visage
de l’UMP. Mieux, son
nouveau chef a un discours plus clair et moins ambigu que François Fillon
et il est le condensé de cette classe politique qui ne pense qu’à elle,
cynique, et sans foi ni loi.
Mardi 20 novembre 2012 :
RépondreSupprimerFillon : "Cette fracture est à la fois politique et morale".
A l'issue de la proclamation des résultats de la Cocoe, l'ex-Premier ministre a pris acte lundi soir de sa défaite face à Jean-François Copé pour la présidence de l'UMP, en soulignant la "fracture à la fois politique et morale" au sein du parti, ajoutant qu'il se prononcerait sur son propre avenir "dans les jours qui viennent".
"Je prends acte du résultat, j'aurais préféré m'en satisfaire (...) Au-delà des nombreuses irrégularités de ce scrutin que j'aurais pu contester, ce qui me frappe surtout ce soir est que la fracture qui traverse notre camp politique est désormais manifeste, cette fracture est à la fois politique et morale. La réduire et la dépasser, tel est l'objectif que désormais je m'assigne. Je ferai connaître dans les jours qui viennent les formes que prendront mon avenir et mon engagement politique", a-t-il déclaré depuis son siège de campagne parisien du 7e arrondissement.
UMP : "Plus jamais ça" pour Laurent Wauquiez.
"Plus jamais ça. C'était juste médiocre", a réagi mardi Laurent Wauquiez, soutien de François Fillon, au lendemain de la campagne pour la présidence de l'UMP, qui s'est soldée par la défaite de l'ancien Premier ministre face à Jean-François Copé.
"Je ne suis pas fier parce que le spectacle qu'on a donné au cours des deux derniers jours était au fond aussi pitoyable que grotesque", a réagi sur Radio Classique le député UMP de Haute-Loire, en dénonçant "une somme d'irrégularités (...) à faire pâlir n'importe quelle démocratie naissante".
http://www.romandie.com/news/n/UMP_Plus_jamais_ca_pour_Laurent_Wauquiez201120120928.asp
Ce dont je prends acte, moi, c'est que la victoire, même avec une marge dérisoire, de Monsieur Copé que beaucoup donnaient comme nettement battu d'avance, est un signe de plus que les Français commencent à rejeter les dogmes de la pensée unique et à se réapproprier leur droit à penser par eux-mêmes.
RépondreSupprimerSancelrien
D'accord avec cela.
SupprimerNe risque-t-on pas d'avoir les partisans de l'UE qui virent identitaires pour conserver le pouvoir? Les Allemands refusent probablement d'épouser les Turcs, cela peut mal finir.
Jard
Il me semble un peu hasardeux de porter un jugement sur les français après cette élection interne et très étriquée du nouveau Président de l'UMP dans la mesure où il s'agit d'un vote d'adhérents et de militants de l'UMP... La multiplication des sondages auprès des sympathisants de l'UMP, c'est à dire des non votants, publiés dans la presse a induit en erreur de nombreux commentateurs politiques, les lecteurs, et certainement Fillon et son équipe.Le spectacle honteux de cette élection va faire réfléchir de nombreux français, j'en suis convaincue !
Supprimer@ Tous
RépondreSupprimerDésolé pour les coquilles de la première version du texte (finie très tard hier soir). Je les ai corrigées, j'espère complètement.
@ BA
Oui, mais je ne pense pas que Fillon fera quoique ce soit.
@ Sancelrien
C'est juste. Les Français veulent du changement, chose que Fillon n'incarnait pas du tout. Copé a aussi bénéficié des faiblesses de son adversaire et de la droitisation de la base sous le mandat Sarkozy.
Coppé est classé a droite juste pour le "scandale" du pain au chocolat qui etait une simple vérité mais c'est un faux cul de même envergure que fillon arrêtons de faire de la réclame a ces gugusse et il n'y a pas de droitisation de la base de l'ump c'est un raz le bol du gnangnan pensée unique qui gagne tous nos concitoyens
SupprimerC'est malin, avec leurs disputailleries la France perd son 3A...
RépondreSupprimerhttp://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Economie/Moody-s-prive-la-France-de-son-triple-A-_NG_-2012-11-20-877937
Mais bon, il y a une nouvelle agence de notation, NVB :
Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, interrogée mardi 20 novembre sur la dégradation annoncée la veille par l'agence de notation financière Moody 's, a assuré que « la France reste une valeur sûre ».
En fait, il y a toujours une grande différence entre les sondages et les votes des militants car ces derniers sont plus politiques que leurs concitoyens.
RépondreSupprimerSans remonter à Mathusalem, la motion Mitterrand a triomphé en 1980 au PS contre celle de Rocard, alors que ce dernier était favori des sondages. Les militants socialistes avaient alors préféré une politique plus à gauche.
Plus prêt de nous, l'an dernier, chez les Verts, Eva Joly a triomphé de Nicolas Hulot, qui était lui aussi le favori des médias. Hier, à l'UMP, c'est le candidat le plus politique qui a gagné (si tant est qu'on puisse appelé ça gagner...), alors qu'il était donné archi-battu dans tous les sondages.
D'une certaine manière, ça me semble assez sain qu'il y ait une différence de vue entre les électeurs et les militants: sinon, quel serait l'intérêt de militer pour un parti si ce dernier ne promeut pas d'idées différentes de l'opinion commune? Allons plus loin, sans cette différence, les partis politiques n'auraient plus vraiment d'objet. L'exemple qui me vient en tête est celui de la primaire du PS, dans laquelle le choix du candidat n'était pas celui des militants mais celui des "électeurs". Résultats des courses, une absence d'idées et de vrai programme pour le président Hollande, qui est probablement le président le plus apolitique (ou anti-politique) de la Cinquième République.
CVT
Je n'apprécie ni l'un, ni l'autre, mais Copé me parait un faux-jeton de première. C'est à se demander comment c'est possible qu'autant aient voté pour ce type. Ça en dit long sur l'état de santé mentale des militants de ce parti.
RépondreSupprimer@ Patrice,
RépondreSupprimerNon, je pense que Copé est plus à droite que Fillon, plus libéral sur les questions économiques et peut-être plus conservateur sur les questions de société. Après, ils partagent tous deux le même logiciel néolibéral européiste.
@ Olaf
D'un point de vue personnel, Copé me semble clairement pire que Fillon, mais je trouve qu'il est triplement utile à l'évolution de notre pays :
- il avance moins masqué que Fillon
- son équation personnelle très négative peut libérer des électeurs modérés qui voudront aller voir ailleurs
- il déporte l'UMP vers la droite
Si les militants ont voté pour lui, c'est aussi du fait des carences de Fillon
@ CVT
Merci pour ces rappels. D'accord sur les différences électeurs / militants. Je pense que Mitterrand 88 et Chirac représentent également des présidents très apolitiques.
LP
RépondreSupprimerBonne analyse du Copé utile.
Aux dernières nouvelles: Fillon avec 26 voix d'avance ... y'a photo !
RépondreSupprimer@ Olaf
RépondreSupprimerMerci
@ A-J H
Copé est inexpugnable désormais. Fillon peut bien s'agiter, la COCOE a validé l'élection. Il n'acceptera aucune remise en question.