dimanche 2 décembre 2012

Arcelor Mittal, l’Europe et le protectionnisme


Voici la version originale de l’entretien que j’ai donné à Atlantico sur Arcelor Mittal, l’Europe et le protectionnisme. Il fait partie d’une série d’entretiens croisés « Quand les emplois français dépendent de capitaux étrangers à la Mittal : la nationalité des investisseurs est-elle vraiment une donnée neutre ? » avec également Sylvie Goulard, députée européenne Modem, et Michel Fouquin, directeur adjoint du CEPII.  

Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, a menacé de nationaliser le site de Florange pour le sauver. En 2006, Mittal a mené une OPA hostile pour absorber Arcelor, fleuron européen de la sidérurgie. A l’époque beaucoup d’observateurs avaient pronostiqué ce qui est en train de se passer aujourd’hui. N’était-ce pas à ce moment-là que la France et l'Europe aurait dû réagir ?

Bien sûr. C’est d’ailleurs ce qu’avait pronostiqué Nicolas Dupont-Aignan en juin 2006, un des seuls parmi la classe politique à s’opposer au rachat d’Arcelor par Mittal. En outre, il y avait de nombreuses raisons de s’opposer à un tel rachat, puisqu’Arcelor et Mittal étaient alors les N°1 et N°2 de l’acier. Par-delà le patriotisme économique (qui avait poussé le gouvernement à refuser à l’avance un éventuel rachat de Danone par PepsiCo), la politique de concurrence pouvait parfaitement justifier le refus de cette OPA. Il n’est pas sain pour la concurrence que les N°1 et N°2 d’un marché fusionnent.

Quand l'Europe comprendra-t-elle qu'un investisseur étranger n'est jamais neutre et qu'il arrive avec ses propres intérêts et son propre système de valeur ?

Si l’on se fie aux traités, jamais. L’intégralité des traités signés depuis 1986 ont un biais néolibéral caractérisé qui empêche toute forme de protectionnisme ou de protection des intérêts nationaux ou même européens. Par exemple les traités européens précisent que les mouvements de capitaux doivent être totalement libres, non seulement au sein de l’UE, mais également avec le reste du monde, ce qui condamne théoriquement l’intervention des Etats contre les investissements étrangers.

Cette naïveté congénitale de l’Union Européenne se retrouve dans les négociations commerciales. Si on prend le secteur de l’automobile, nous avons signé un accord d’ouverture aux importations venues du Japon en 1991, puis un accord d’ouverture aux importations venues de Corée du Sud en 2011. Pourtant, il n’y a pas eu la moindre contre-partie à l’égard des constructeurs européens au Japon et en Corée du Sud ! Dans ces deux pays, les marchés automobiles restent totalement fermés (plus de 95% des véhicules vendus sont produits localement), ce qui les met à l’abri de la concurrence internationale et leur assure des profits qu’ils investissent ensuite dans les autres pays pour prendre des parts de marché aux constructeurs nationaux. Il est probable que cette Europe finira par ouvrir nos marchés aux véhicules chinois dans quelques années, même si la Chine continue à fermer ses frontières aux importations.

Les pays émergents, qui ont besoin des technologies européennes pour progresser, ont intérêt à investir dans des pays européens endettés. Mais à quel prix ? Les valeurs sociales de l’Europe sont-elles menacées ?

Les pays émergents trouvent en Europe non seulement des technologies de pointe (Mittal était spécialisé dans les aciers bas de gamme et a gagné l’expertise des aciers spéciaux d’Arcelor) mais aussi des marchés où vendre leurs produits. Après avoir obtenu les clients et consolidé le secteur, ils peuvent ensuite délocaliser la production (et même la recherche) pour améliorer leur rentabilité, au prix d’une désindustrialisation massive de notre pays.

Il est bien évident que si nous poursuivons dans cette direction, c’est le moins disant salarial, social, environnemental et fiscal qui gagnera. Et les pays de l’Europe occidentale ayant les plus hauts standards de la planète, nous finirons par y perdre notre modèle social.

Face à des pays émergents qui agissent comme des prédateurs, l’idée occidentale d’un monde ouvert et pacifique n’est-elle pas finalement assez naïve ?

Bien sûr. D’ailleurs, il faut noter que tous les pays ne sont pas aussi naïfs que l’Europe. Les Etats-Unis ont une approche beaucoup plus pragmatiques. Ils interdisent les rachats d’actifs stratégiques à la Chine, qui n’a pas pu racheter une compagnie pétrolière ou un port récemment. De même, ils ont mis des droits de douane importants sur les pneus chinois pour protéger leur industrie, quand l’Europe les laisse rentrer quasiment librement. Tous les pays asiatiques (Japon, Corée du Sud, Chine) ont également une attitude sélective et n’acceptent pas n’importe quel rachat.

Aujourd’hui, il n’y a que l’Union Européenne qui laisse faire la loi de la jungle sur son territoire au nom d’une concurrence libre et non faussée qui camoufle en réalité une concurrence profondément déloyale entre les Etats. Cela explique en bonne partie pourquoi notre continent affiche une si faible croissance depuis une dizaine d’année, car ces problèmes ne sont pas nouveaux.

L’Europe s’est construite sur le principe de la concurrence libre et non faussée. Dans un contexte de mondialisation et de concurrence féroce, ne doit-on pas faire évoluer ce principe ?

Bien sûr, il faudrait le faire évoluer. Mais le problème est que tous les traités européens ont un biais néolibéral extrêmement fort et qu’il ne faudrait pas seulement les re-négocier car tous les articles sont issus de cette même inspiration néolibérale, mais carrément les dénoncer dans leur intégralité pour en négocier de nouveaux. Et à 27, cela est quasiment impossible car quelques pays (Grande-Bretagne, Hollande, Luxembourg…) ont construit leur économie pour en profiter.

Faut-il ouvrir le débat sur le protectionnisme européen ?

Bien sûr. Le protectionnisme serait un moyen particulièrement efficace pour protéger le site de Florange, comme je l’avais affirmé début octobre. Si nous protégions les aciers d’entrée de gamme de la concurrence de pays à bas coûts salariaux (comme les Etats-Unis le font), cela aurait sans doute permis de maintenir un volant de chiffre d’affaires suffisant pour maintenir la production de Florange.

Plus globalement, dans un monde où il y a de telles différences de salaires, de niveau de protection sociale ou de normes environnementales, il est essentiel de mettre en place des écluses tarifaires entre les différents pays pour provoquer une convergence vers le haut et non vers le bas. En l’absence de toute protection, l’harmonisation se fera par le bas, comme on le constate aujourd’hui. C’était le raisonnement de notre seul « prix Nobel d’économie », Maurice Allais, qui était pourtant un libéral à la base, mais un libéral pragmatique et humaniste. Il ne s’agit pas de fermer nos frontières et de vivre en autarcie, mais d’échanger de manière libre avec les pays comparables aux nôtres et de mettre en place des écluses ciblées pour les autres pays. De même, un pays doit pouvoir viser une certaine auto-suffisance dans les secteurs qui lui semblent stratégiques.

Il faut noter que les écluses ne sont pas seulement nécessaires avec l’Asie et l’Afrique mais également au sein de l’Union Européenne puisque les salaires sont 5 à 10 fois plus bas qu’en France dans la partie orientale de l’Europe. Alors que le coût horaire moyen total du travail est de 34 euros en France, il est de 3,5 euros en Bulgarie et 7 euros en Pologne. Du coup, les débats sur notre compétitivité sont assez dérisoires si on n’évoque pas la question du protectionnisme et que l’on se contente de baisser notre coût du travail horaire de 1 à 2 euros.

L’Europe a-t-elle les moyens d’imposer de nouvelles règles ? Lesquelles ?

Bien sûr. Les pays asiatiques ou d’Amérique Latine ont mis en place des politiques protectionnistes extrêmement volontaristes sans provoquer de guerre commerciale. La Chine a longtemps taxé à 100% les véhicules importées (pour imposer à tous les constructeurs d’implanter une usine localement) sans la moindre réaction de notre part. Le Brésil et l’Argentine protègent leur industrie automobile. L’Argentine a décidé de reconstruire une industrie du jouet. Les deux pays imposent aux constructeurs de téléphone portable et de tablettes de construire des usines chez eux.

Presque tous les pays du monde, à part les pays de l’Union Européenne, pratiquent des formes de protectionnisme, sans provoquer de guerres commerciales. L’Europe est aveuglée par le dogmatisme de ses élites et cadenassée par les traités qu’elle a signés. En outre, seul un pays qui a fort excédent commercial est théoriquement en mauvaise position pour pratiquer le protectionnisme car il a plus à perdre que les autres. Ici, l’Europe est en large déficit avec la Chine, donc nous pouvons parfaitement mettre en place une politique protectionniste. Les exemples de la Corée du Sud, du Brésil ou de l’Argentine (des pays plus petits que nous économiquement), montrent que cela est possible.

Nous avons le choix des armes : droits de douane, quotas, normes… Il ne manque que la volonté politique et revenir sur les traités européens qui nous en empêchent théoriquement. De même, nous pouvons mettre en place une taxe carbone qui permettra d’égaliser les conditions de concurrence environnementale entre les différents pays.

16 commentaires:

  1. Si l'on suit Sapir (http://russeurope.hypotheses.org/556), la sidérurgie pourrait devenir rentable moyennant des investissements massifs dans le traitement des gaz qu'elle produit. Mais le problème est qu'au lieu de réfléchir en termes (dynamiques) d'innovation, nos dirigeants gouverne l’œil dans le rétroviseur (la sidérurgie, canard boiteux) et ont abandonné toute réflexion stratégique. Dans ce dossier comme dans les autres, le seul talent de ce gouvernement est celui de la tergiversation.

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    1. Arcelor mittal a déposé une demande de permis de construire pour le captage de co2 en Lorraine j'ai peur qu'il s'agisse plutôt de captage de subventions du projet ULCOS

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  2. OK sur tout ! Mais comme fils d'agriculteur , les français et européens en général comprendront enfin vos arguments quand il y aura pénurie alimentaire. L'agriculture est moribonde et depuis longtemps on préfère importer que d'avoir une agriculture européenne autonome . Quand la paille vaut plus que le grain , c'est la fin !

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  3. Ce qui se dit ou s'écrit avec des mots simples se comprend facilement.
    Comment expliquer que les Français soient si difficiles à convaincre ?
    Faut il en arriver à ce que dit "Exvil" pour que le déclic s’enclenche? La lobotomie de nos compatriotes est elle à ce point ancrée?
    Mon tempérament optimiste me dit que non, pourtant lorsque je regarde les pays de l'europe du sud, je ne peux m’empêcher de croire que nous sommes encore loin d'avoir touché le fond.

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  4. @ Michel

    Les Français sont déjà convaincus par le protectionnisme (cf sondages de l'association pour un débat sur le libre-échange). Le problème est que ni le PS, ni l'UMP, ni le Modem, ni les Verts ne les écoutent. Le peuple a été convaincu avant les élites.

    @ Exvil

    Le sort des agriculteurs est terrible dans un régime de libre-échange.

    @ J Halpern

    Bien d'accord

    @ Patrice

    Et dans deux ans, ils fermeront un autre site...

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    1. L'UMPSMO compte sur sa position de monopole dans la politique française. Même si ils n'ont pas convaincus les français sur la mondialisation ils se contenteront d'eliminer les partis contestataires pour se presenter comme la seule offre politique. Les medias traditionnels ont vraiment un rôle terrible dans ce monolithisme.

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  5. @Laurent Pinsolle,
    pour revenir à la question du protectionnisme, arrêtons l'hypocrisie: étant donné qu'on ne reviendra jamais à la préférence communautaire qui a prévalu jusqu'à la signature de l'Acte Unique, il faut dire haut et fort que le protectionnisme sera NATIONAL ou ne sera pas!
    Il y en assez d'attendre de l'UE qu'elle nous protège! Elle ne le fera pas, car ce n'est pas sa mission, et ce n'est pas dans l'intérêt de ses promoteurs.

    En effet, vu les écarts de niveau de vie à l'intérieur de l'UE depuis l'élargissement de 2004, il est indifférent pour le salarié français d'être concurrencé par des Indiens ou des Bulgares en terme de salaire horaire. Et de plus, nous sommes pénalisés par un Euro trop cher.

    Sans lyrisme, on peut se dire qu'un pays sans industrie ni agriculture (un comble pour la France!) n'est plus producteur de vraies richesses... C'est pour cela que le protectionnisme, pour l'heure, est nécessaire.

    CVT

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  6. Laurent,
    évidemment j'approuve tous les raisonnements que vous tenez ici.
    Mais la nature du blocage, qui empêche ces solutions raisonnables de redressement de se mettre en place tient au consensus politique et psychologique d'abandon du principe national et de souveraineté dans notre pays. Cet abandon est d'abord celui des élites néolibérales actives au sein de l'UMPS, mais globalement on le trouve au sein d'une intelligentsia plus vaste. Mon expérience d'enseignant, qui discute avec ses collègues me le laisse d'abord penser. Et puis il y a deux jours, grâce au lien donné par l'un de vos collaborateur du blog, j'ai pu déguster la conférence tenue par Alternatives Economiques avec E. Todd comme invité. Les réactions du public aux idées de ce savant que nous avons l'habitude de pratiquer et discuter ici sont édifiantes. Vraiment j'invite tous ceux qui participent à nos échanges à la visionner sur leur ordinateur. Cela permet de comprendre que le blocage psychologique est profond, et que l'abandon du pays par ses élites trouve un assez large écho dans l'esprit de ceux qui prétendent en avoir un et s'en servir.
    La reconquête des esprits dans un sens souverainiste et national est une tâche immense.
    Francis Commarrieu

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  7. Le peuple français a perdu sa combativité. mais pas tous. J'ai pratiqué divers arts de combat, et je trouve qu'il y a un français remarquable dans ce domaine, qui s'est instruit au près des chinois, il s'agit de Didier Beddar, un style de combat extrêmement créatif :

    http://www.youtube.com/watch?v=6Vby6tBlAYQ

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  8. @ CVT & Francis : +1

    De plus, l'UE en elle même n'a pas vraiment besoin de protectionnisme, puisque sa balance commerciale est globalement équilibrée.
    Le problème est d'abord intra-zone...

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    1. A Raphael. Ce qu'il faut regarder, c'est la balance commerciale en emplois et non pas en argent ! Et là, l'UE est largement perdante.

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    2. J'ignorais ce point. Si c'est le cas, c'est en effet ennuyeux dans un contexte ou l'on cherche surtout à rogner les systèmes redistributifs (chômage, retraites, ect...).

      Mais mon avis est qu'on devrait être content si on arrive a produire autant-ou plus- de richesse avec moins d'emplois.
      Et que dans ce cas, il serait bien plus bénéfique d’œuvrer pour un meilleur partage du travail (réduction du temps de travail) et/ou partage des richesses, car en fin de compte, le but ultime est bien de vivre le mieux possible, pas de travailler le plus possible...

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  9. @Francis,
    merci pour votre post. Je ne voulais pas aller aussi loin que vous, mais vous avez mis le doigt sur un problème essentiel: le renoncement des élites. Celui-ci nous vient de loin: toutes proportions gardées, c'est la même mentalité qui a présidé à la chute du pays en 1940! La vraie leçon de cette défaite, c'est bien que le refus de se battre pour son indépendance peut être fatal!
    JP Chevènement a bien raison quand il affirme que l'événement fondateur de la France moderne n'est plus 1789, mais 1940! Toujours selon lui, c'est depuis la fin de la première guerre mondiale que la France est lasse d'être elle-même! De Gaulle a bien tenté de nous guérir de ce traumatisme, mais après sa mort, les vieux démons de la haine de soi ont repris le dessus! On entend dire que la France est trop petite, une puissance moyenne (c'est vrai, et alors?), alors qu'elle représente à cette heure la cinquième puissance économique mondiale! Les partisans de la construction fédérale de l'UE se nourrissent de ce renoncement à être soi-même pour effacer le pays de l'histoire! Ces gens-là sont plus soucieux de leur bien-être et de leurs intérêts de classe que de celui du pays et de tous ses habitants.

    Par contre, j'ai vu, sur YouTube, la conférence d'E.Todd organisée par Alter Eco dont vous parliez, et je n'en fait pas la même lecture que vous: l'exposé de Todd, était très pertinent et percutant et son appel à sortir de l'Euro pour mobiliser les énergies en France a été très applaudi! Par contre, l'intervention de son contradicteur, en apparence euro-critique, était beaucoup moins conséquente car il appelait à plus d'Europe pour résoudre les problèmes (la routine, quoi...), et face à la désindustrialisation, celui-ci prônait des solutions idiotes de type spécialisations comme devenir le pays du vin (déjà fait!), de la cuisine (idem) et du tourisme(bis repetitas)! Propositions évidemment contestées par E.Todd, féroce défenseur de l'industrie en France au nom de l'indépendance nationale, mais aussi par les gens présents dans la salle! Et en dehors de quelques attaques ad hominem, je pense que les spectateurs ont plutôt bien accueilli les propos de Todd. C'est à mon avis, un signe qu'en dehors des plus dogmatiques, le projet de construction européenne est sérieusement remis en doute par certains ses partisans de gauche.

    Malheureusement, on n'efface pas comme cela plus d'une génération de propagande pro-UE et anti-nationale: le démontage de l'UE et la restauration de la souveraineté va prendre du temps, sauf à prier comme certains extrémistes, qu'une catastrophe (crise, guerre,etc...) arrive.

    CVT

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    1. CVT,
      j'admets sans problème qu'on puisse avoir de la réaction du public une autre impression que la mienne, et je souhaite que vous ayez raison. Le contradicteur de Todd apparaissait comme un fantôme avec sa propension à déplacer la question centrale vers des détails grotesques. En revanche je maintiens qu'on sentait bien que la dureté de la position de Todd à l'encontre de la géopolitique allemande suscitait plus de méfiance que d'approbation. Ce que vous appelez justement la propagande pro-UE et anti-nationale a fait des ravages, et pour le moment peu de Français se résolvent à l'idée qu'il y a réémergence d'un conflit franco-allemand, parce que dans l'esprit de beaucoup, conflit veut dire choc militaire. Or ce nouveau conflit, évidemment économique, stratégique et non armé, pour pouvoir le mener avec quelque chance de succès, il faut l'assumer ; pour l'assumer, il faut bien le percevoir ; pour le percevoir, il faut le vouloir, grâce à une conscience nationale forte et vigoureuse. Dans mon étroit milieu professionnel mais qui devait être bien représenté dans le public de la conférence en question, je ne vois rien poindre de tel. Or ce dernier est pourtant un assez grand (mais dieu merci pas exclusif...) pourvoyeur d'idées. D'où mon pessimisme. Merci de me rassurer un peu !
      Francis Commarrieu.

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  10. En tous cas la coopération de Nation cela fonctionne le Drone furtif de combat nEUROn a fait un premier vol de 25 min ; piloté par Dassault avec la Suède Italie Espagne Suisse et Grèce bien sur les Britanniques ont préféré voir avec les amerlok

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  11. @ CVT

    Il faut essayer le protectionnisme européen mais dans le cas (probable) où cela ne fonctionne pas, bien sûr qu’il faudra mettre en place un protectionnisme national. C’est d’ailleurs ce que dit aujourd’hui Emmanuel Todd qui constate que l’option européenne pourrait marcher. Néanmoins, nous pourrions sans doute essayer de faire quelque chose avec l’Italie et l’Espagne.

    Complètement d’accord sur l’UE : comme je le dis dans cet entretien, il est nécessaire de se protéger des pays de l’Europe orientale.

    Vous reprenez le dernier livre de JP Chevènement et il est vrai que j’ai trouvé à Bercy le même renoncement qu’avant la seconde guerre mondiale. Cette conférence montre que nous avons gagné la bataille des idées sur le protectionnisme (mais pas encore sur l’euro). En revanche, le système politique ne nous permet pas de passer à la pratique.

    @ Francis

    Merci pour ce rappel. Concernant l’Allemagne, je crois que le sentiment dans l’opinion est bien différent du sentiment des élites (du fait d’ailleurs de l’éxagération des élites). Il y a un ras-le-bol a être en permanence comparé à nos voisins, pour être toujours rabaissés.

    @ Raphaël

    Très juste. Mais l’équilibre de la balance commerciale de l’UE vient de l’effondrement de la demande du fait des politiques d’austérité. Et il est essentiel d’équilibrer les échanges par pays quand on voit que la crise de la zone euro vient justement des déséquilibres commerciaux.

    @ Patrice

    Merci pour ce rappel.

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