Retenant
les leçons du passé, les banques centrales ont globalement évité que
l’absence de liquidités ne transforme la crise en une violente dépression
économique, comme dans les années 1930 (à part dans quelques pays européens).
Mais les politiques suivies ne sont pas sans poser d’autres problèmes.
L’explosion
du bilan des banques centrales
540
milliards de monétisation annuelle de la dette publique de plus : voici
l’annonce faite par Ben Bernanke la semaine dernière, qui s’ajoute aux 480
milliards d’achat annuel de créances immobilières. La
Fed n’y va pas avec le dos de la cuillière pour soutenir l’économie étasunienne.
Ce programme correspond à environ 6% du PIB de monétisation pour l’année à
venir, soit le même rythme que la Grande-Bretagne (375
milliards de livres en 4 ans). Et la
Banque du Japon n’est pas en reste.
Résultat, le
bilan des banques centrales a explosé depuis le début de la crise. Celui de la
Fed était inférieur à 1000 milliards de dollars début 2008. Il approche les
3000 milliards aujourd’hui et pourrait donc atteindre près de 4000 milliards
fin 2013 selon
Olivier Demeulenaere. La BCE a plus que doublé son bilan, mais en se
concentrant sur la fourniture de liquidités aux banques (les
1000 milliards de fin 2011-début 2012), comme
le souligne Evariste Lefeuvre, de Natixis, dans les Echos.
L’incroyable
déformation des marchés
Cette action
déterminée des banques centrales britannique et étasunienne a permis de pousser
les taux longs à moins de 2% dans ces pays (ils
étaient entre 5 et 8% à la fin des années 1990) malgré des déficits
budgétaires supérieurs à 7% contre 3,4% dans la zone euro. La
Fed détient aujourd’hui 27% des obligations à 10 ans des Etats-Unis, soit
plus de 1300 milliards à la fin septembre (contre 200 avant la crise). Le seuil
des 2000 milliards devrait être franchi fin 2013 à ce rythme.
Mais ce
tsunami de liquidités n’est pas sans provoquer quelques déformations de
l’économie. Comme
le note The Economist,
l’effondrement des taux longs a provoqué une reprise de l’endettement des
entreprises aux Etats-Unis, qui devrait progresser de 40% cette année,
soutenant la reprise de manière relativement progressiste comme
l’explique un autre papier. Mais cette baisse des taux diminue les revenus
de l’épargne et favorise les marchés action et immobilier, au risque d’une
bulle.
Un
problème de responsabilité
Dès lors, il
devrait y avoir un débat sur la direction de ces choix, qui
devraient être de la responsabilité des hommes politiques. Il n’est pas
normal que des hauts fonctionnaires puissent jongler avec des centaines de
milliards avec une telle lattitude d’action sans en rendre compte
démocratiquement. Joseph Stiglitz a bien raison de dire que « nous
devons reconnaître que les décisions d’une banque centrale sont essentiellement
politiques ; elles ne doivent pas être déléguées à des technocrates ».
"cette baisse des taux diminue les revenus de l’épargne et favorise les marchés action et immobilier"
RépondreSupprimerEn effet la politique monétaire seule (conformément au préconisations monétaristes)est incapable de stabiliser l'économie. Son effet sur l'activité est médiocre car même à taux bas les entreprises sont réticentes à investir. Heureusement les politiques budgétaires ont été relativement actives en 2009 - mais l'Europe s'est depuis orientée vers la déflation et la politique budgétaire américaine est freinée par l'obstruction républicaine. Dans ces conditions, il est normal que la création monétaire s'enlise dans la rétention des liquidités ou soit aspirée par les bulles renaissantes. Politique budgétaire et réglementation financière sont le seul chemin pour sortir de cette crise sans en générer immédiatement une autre.
Le rôle des banquiers centraux est en effet considérable, mais ils n'ont aucun pouvoir propre. Ce sont bel et bien des choix politiques qui sont mis en œuvre : sauver en priorité la rente et la finance, considérées par ceux qui nous dirigent comme les fondement de l'économie.
Nous n'avons pas des gouvernement impuissants, mais de très mauvais gouvernements.
Pour vos lectures du soir de Noël (il n'y aura rien à la télé ;-) )je voudrais signaler les sites http://alienaeconomics.blogspot.fr/ et en particulier les pages Bill Mitchell " l'abc du déficit budgétaire"
RépondreSupprimerainsi que
http://frappermonnaie.wordpress.com/les-bases/
Joyeux Noël
@ J Halpern
RépondreSupprimerBien d'accord.
@ A-J H
Merci pour le lien
Joyeux Noël à vous deux !
Interessant. Le niveau de creation monetaire de la Fed. semble de l ordre de grandeur de l echeance de la dette americaine (tout en etant certainement significativement inferieur). Ils monetisent donc effectivement : pas de gonflement, ils payent juste leur traite, liberation du capital pour l investissement prive, desserrement du service de la dette (je suis curieux de la quantification de l oxygenation que cela permet dans le budget). Cela semble fait de maniere orthodoxe et ne devrait pas susciter l emoi et les crispations inflationnistes qui resonnent dans le paysage.
RépondreSupprimer-jb