Tolérance et engagement en politique

Quand on s’engage en politique, il est bien normal et légitime de défendre ses idées. Et naturellement, quand elles sont attaquées ou critiquées, on réplique, parfois vivement. Chaque prise de position peut provoquer des conflits très durs, y compris avec des personnes proches politiquement.

Comment défendre ses idées ?

J’ai été particulièrement surpris par certaines réactions suite à ma prise de position en faveur de Julien Landfried. Bien sûr, il était le candidat d’une majorité présidentielle à laquelle nous sommes totalement opposée, mais il était aussi le candidat du MRC, un parti dont les proximités idéologiques avec DLR sont évidentes. Bien sûr, ses documents de campagne devaient largement au programme du président, mais cela était logique étant donné qu’il était investi par le PS.

Julien aurait pu, comme les trois cent candidats de Debout la République, se présenter comme un candidat MRC sans accord avec le PS. Dans ce cas, sa candidature aurait été une candidature de témoignage et il n’aurait pas passé le premier tour ni mis Patrick Devedjian en difficulté. Le chemin qu’il suit, comme beaucoup d’autres personnes qui pensent comme nous, est différent de celui que nous suivons à DLR. Mais faut-il pour autant le critiquer aussi vivement ?

Bien sûr, je suis absolument persuadé que le meilleur chemin à suivre est celui qu’éclaire Nicolas Dupont-Aignan, de manière totalement indépendante des grands partis. Ainsi, lors des prochaines échéances, nous ne seront pas teintés des échecs et des reniements des autres partis. Et je suis persuadé que la crise actuelle produira des mouvements dans l’opinion qui permettront à un grand parti gaulliste d’émerger de nouveau devant la faillite de l’UMP et du PS.

Tolérance pour les compagnons

Néanmoins, nous devons reconnaître deux choses. Tout d’abord, que le chemin que nous prenons est difficile, et, qu’aujourd’hui, notre poids dans le débat public et les élections est limité (ce qui peut vite changer). Ensuite, nous devons bien reconnaître qu’il y a des personnes qui sont proches de nous, au FG, au MRC bien évidemment, au Parti Socialiste, au Modem même, à l’UMP et y compris au FN. Pourquoi agresser ceux qui choisissent un autre chemin que le nôtre ?

Devant la rigidité de notre vie politique, qui alterne uniquement entre PS et UMP, il n’est pas illégitime de se demander s’il n’y a pas un sens à essayer de changer les choses de l’intérieur. A titre personnel, je pense que cela est totalement illusoire (d’où mon papier récent sur le Parti Socialiste par exemple) mais je crois qu’il faut respecter le choix de ceux, qui, pensant comme nous, font pourtant un choix différent du nôtre sur le véhicule du changement du pays. Et l’invective n’y apportera rien.

Bien sûr, quand on a une vision du monde, on souhaite forcément la faire partager à l’autre, mais ce faisant, on peut finir par ne plus respecter l’altérité de nos compagnons de pensée, le chemin différent qui les a menés à penser (presque) comme nous, et qui les pousse à envisager un chemin différent pour arriver au même endroit que nous souhaitons atteindre. Ce faisant, cela produit des querelles qui me désespèrent car nous devrions plutôt entretenir les liens de notre communauté de pensée.

Ces liens seront utiles quand la France en aura besoin. En se chamaillant les uns les autres, en ripostant de manière agressive à la moindre prise de position de l’autre qui n’est pas totalement alignée avec notre doxa personnelle, nous créons des rancœurs qui rendront plus difficiles le nécessaire rassemblement des patriotes républicains et progressistes que nous nous appelons de nos vœux. Plutôt qu’attiser les tensions, cherchons plutôt à susciter du dialogue et des liens.

Bien sûr, j’ai pu, moi aussi, céder à de mauvaises querelles (en revanche, pour moi, celle du FN est totalement justifiée), mais, en ce jour de Noël, je voudrais lancer un appel à la tolérance pour tous les compagnons, même s’ils n’empruntent pas le même chemin que nous. Et joyeuses fêtes à tous !