Il y a
quelques jours, ELLE
avait fait l’actualité en prenant position en faveur du « mariage pour toutes » et en mettant
en couverture un couple de jeunes femmes. Mais le dernier numéro tombe dans
les travers les plus scandaleux de la mode en mettant en scène un mannequin
maladivement maigre.
Le diktat
de la maigreur
Bien sûr,
une journaliste de ELLE pourrait répondre que la mannequin est très jeune et
que sa maigreur n’est que passagère, que la photo accentue la réalité, voir
même que Photoshop a permis de
tricher en allongeant plus encore son corps. Enfin, le journal pourrait aussi
s’abriter derrière ses unes avec des mannequins plus « rondes » (par
rapport aux standards de la profession s’entend) ou les quelques photographies
sans retouche qui avaient été mises en une.
Cependant,
le choix d’une couverture est engageant car c’est le visage que l’on donne à
son journal. Et là, comment ne pas être totalement scandalisé par ce choix ?
Car il ne s’agit pas d’une mannequin très mince, mais d’une jeune femme à la
maigreur maladive, qui semble tellement décharnée que les proportions de son
physique paraissent irréelles : des avant-bras squelettiques, des
chevilles et des poignets tellement fins qu’ils semblent fragiles, pas de
poitrine, pas de hanches. Bref, un physique qui donne envie de l’envoyer en
cure chez Maïté pendant un mois.
Mais le pire
est que les éclairages et les retouches du célèbre logiciel permettent très
probablement d’améliorer et d’unifier le teint de sa peau, pour qu’il soit
celui d’une personne en bonne santé, ce qu’elle n’est sans doute pas. Dans la
réalité, sa peau est sans doute beaucoup moins télégénique… Il est vraiment
lamentable qu’un magazine de mode choisisse de mettre une telle photo sur sa
couverture, faisant
de la maigreur extrême et maladive un modèle de beauté.
Mettre
fin au laisser faire
Et puisque
les industriels de la mode sont incapables d’auto-discipline, il revient aux
politiques d’agir. Car la situation se déteriorie. Il y a 15 / 20 ans, les
mannequins étaient nettement moins maigres. Aujourd’hui, la mode va trop loin, comme
je l’avais souligné en mai dernier avec des campagnes Christian Dior et
Yves Saint Laurent ainsi que la miss météo de Canal Plus. Cette course maladive
à la maigreur doit être stoppée, pour le bien être des mannequins mais aussi de
la population.
L’Espagne
a instauré un IMC minimum de 18 et impose de mettre en vitrine des
mannequins d’une taille 38 au minimum. En France, la députée Valérie Boyer
essaie de sensibiliser ses collègues et l’opinion à ces questions. En 2008,
elle avait déposé une proposition de loi « visant à combattre les incitations à l’anorexie », que
j’avais soutenue. En 2009, elle
souhaitait qu’on indique si les photos étaient retouchées. Une publication
des originaux serait intéressante.
Le laisser
faire aboutit à la promotion d’un modèle de beauté extrêmement malsain et
maladif qui a sans doute sa part de responsabilité dans certains comportements
anorexiques. Parce que le milieu de la mode est incapable de se raisonner, il
revient à l’Etat de mieux défendre l’intérêt général.
Dans d'autres domaines, on nous impose une forte pression. Comment expliquer cette passivité de la classe popolitique? J'ai vu des vedettes du cinéma américain ressembler à cela. L'avenir est là. Ce doit être intéressant que de comprendre ce phénomène. S'abimer le corps, ne pas être belle...pourquoi?
RépondreSupprimerIl est temps de ridiculiser les travers de la modernité. Le combat ne devrait plus essentiellement être les modernes contre les valeurs issues du cathlicisme.
Jardidi
Ce qui est amusant, c'est de regarder les clips de Polnareff au temps de sa gloire des années 70. Les filles qui dansent en arrière plan sont indubitablement normales (donc grosses au point de vue mannequin) et devaient s'habiller en 40 plutôt qu'en 36.
RépondreSupprimerSi on compare avec les pin-up des années 40 ou 50 (Monroe, Bardot), c'est également flagrant: il y a ce qu'il faut où il faut comme dirait élégamment mon mari ! (seule exception: Audrey Hepburn mais elle avait la classe et un charme fou !).
Je suis partagé , l' hygiènisme me parait être la forme de dictature la plus inquiétante car c'est pour notre bien pas fumer pas boire pas gros pas maigre tous cela finit par blond aux yeux bleus les autres au mieux en psychiatrie au pire éliminé
RépondreSupprimerUn peu comme la parité, on va finir par imposer des très enveloppées, des moyennes et des maigres.
RépondreSupprimerCeci dit quelqu'un peut être maigre sans avoir de problèmes de santé. Difficile de juger de la santé à travers cette photo où de plus elle est en pantalon. Il n'y a pas longtemps, il y avait des défilés de très très rondes mannequins, personne ne s'en offusquait.
Je doute que l'origine de l'anorexie soit liée à des photos de maigres, ça me parait un peu simpliste. De plus il y a de nombreuses femmes dans les publicités, vedettes de la chanson, du cinéma qui présentent des images de physiques féminins assez variés, donc je vois mal comment les mannequins seraient seules à influencer et donner la norme dominante de comment il "faut" être.
En revanche, si le milieu de la mode pousse certains mannequins à devenir maladivement maigre, ça relève de la médecine du travail.
Les mannequins devraient être suivies par un nutritionniste qui tirerait le signal d'alarme en cas de dérive pathologique.
Laurent Pinsolle qui milite pour que les femmes se sentent bien dans leur peau... <3
RépondreSupprimerIl me semble que cette photo est extrêmement retouchée ( la perspective est déformée à plaisir ) pour mettre en valeur les pieds de la jeune dame pour correspondre au titre et rejeter tout le reste dans un lointain sans intérêt.
RépondreSupprimerCela dit, je suis d'accord avec vous quant aux dangers de cette mode des cadavres vivants.
Sancelrien
Ka foi, j'ai quand même du mal avec traiter quelqu'un de sac d'os
RépondreSupprimerDes images de femmes qui sont plutôt valorisantes sont celles de sportives, entre autres, comme celles qui pratiquent le beach volley, aux jeux olympiques, et on trouve toutes sortes d'exemples de femmes plutôt joliment faites dans d'autres domaines assez bien diffusés dans les médias. Je sais bien qu'on vient de rappeler l'accession au pouvoir d'Adolph le Furieux et des camps comme Birkenau avec ses prisonniers décharnés, mais ça relève d'un autre registre.
RépondreSupprimerA mon avis, les hommes et les femmes, notamment les plus jeunes, sont bien plus influencés par les chanteurs, acteurs, "nouvelles stars" et autre people que par les mannequins pour leur apparence physique ou vestimentaire. Je ne m'aviserai pas de parler de l'anorexie, qui est une maladie grave, mais je ne pense pas que les images de mode puissent produire beaucoup d'effets, négatifs ou positifs, sur celles et ceux qui voient les images de ces créatures à l'ego démesuré, comme cet inénarrable Lagerfeld.
RépondreSupprimerIl me semble qu'un risque plus grand frappe beaucoup plus de gens dans les domaines de l'éducation et de la culture sous la forme d'une sous-culture, qui envahit les écrans et les ondes, d'une désinformation permanente dans les médias et de la volonté de certains politiques, comme Sarkozy l'a démontré, qui ne seraient pas mécontents que les citoyens soient moins cultivés, avertis, donc plus dociles.
Comme disait Coluche "la seule façon pour qu'elle perde du poids, ça serait qu'elle perde un os"...
RépondreSupprimerPlus sérieusement, un sujets de bac de philo était (est encore ?) "la santé est le modèle de l'art".
Aujourd'hui je ferais probablement valoir que actuellement, vu le modèle de l'art, j'aurais plutôt tendance a chercher ailleurs la représentation de la santé, et Marx dirait probablement que "l'art est le soupir de la créature opprimée etc..." je lui donnerais raison.
Et je tomberait entièrement d'accord avec vous Laurent, la médecine scientifique a largement établi qu'il existe des limites normatives en terme de santé. Ces limites ont un impact psychologique, c'est indéniable, il suffit d'écouter les conversations : ca revient tout les jours dans les conversations, surtout chez les femmes. Ce n'est pas du sexisme, juste une observation (ou plutot une écoute), qui me désole à chaque fois...
Mais par définition l'"équilibre" physique et psychologique n'est pas forcément facile a trouver entre risques de déviance psychotique et laisser aller intégral. C'est pourquoi ceux qui affichent les corps humains de membres de la société ont une responsabilité dans la psychologie collective, il faut qu'ils l'assument.
Age
La maigreur aujourd’hui est le symbole de la richesse et –très paradoxalement- de la « bonne vie ».
RépondreSupprimerLe héros cosmopolite citoyen du monde –ou sa version féminine- affiche son corps fin et son ventre plat, lequel lui permet d’autant plus facilement de planer au dessus des viles pesanteurs du monde.
Il faut dire que les liaisons aériennes dont il est friand offrent à leur clientèle des sièges de plus en plus étroits. Et puis au prix où est le kérosène, on ne lui en demande pas moins !
Le pauvre lui est de plus en plus lourd et obèse, sa bourse ne lui permettant que d’accéder à une nourriture riche en lipides, en sodium et en glucides, et son poids le condamne à piétiner éternellement sur son terroir.
D’ailleurs l’assimilation du fascisme –le visage par excellence de la déstructuration sociale pondérale- au cochon, au porc, voire au sauciflard, est un grand classique de l’imaginaire moderne citoyen.
Je ne sais pas si vous avez vu le dernier face à face Todd vs Le pen (j’ai la flemme de mettre le lien, tout le monde en parle), mais la lecture purement calorique du débat était flagrante.
Todd, la soixantaine quasi adolescente, possède l’agilité intellectuelle et la sveltesse corporelle d’un vrai décideur du siècle. La Le Pen, elle, au premier coup d’œil, est une grosse, une faf, une lourde pataugeant dans le passé fangeux.
Un moment, Todd a ricané à lèvres pincées d’une saillie de l’éléphante, ce qui a été justement interprétée par l’ensemble des médias comme une entorse intolérable au REGIME.
Ce traître potentiel avait probablement un saucisson de trois livres en réserve sous la table, cela dit sans intention scabreuse, prêt à en concéder une tranche conséquente à la brune pesteuse blonde qui lui faisait face.
Mais bientôt une aube radieuse (je ne vais pas dire dorée) va se lever sur l’ensemble des pauvres de l’Europe. L’agenda libéral qui souffle sur le continent a prévu les privations et la maigreur pour chacun d’entre eux, bouffée d’oxygène pour nos comptes sociaux, menacés par l’hypertension essentielle et le diabète gras.
Heureux donc les gueux qui vont aussi pouvoir se conformer à l’image de la bonne vie !
Et ainsi va la démocratie post moderne, la main dans la main avec son squelette.
La Gaule
@ Jardidi
RépondreSupprimerJe me pose aussi des questions sur les raisons d’une telle mode. Volonté de nier la réalité physique du corps (cf talons de plus en plus vertigineux) ? Volonté de maîtrise de son corps compensant le manque de prise dans un monde devenu fou ?
@ Claribelle
J’ai l’impression que cela devient de pire en pire.
@ Patrice
Il y a de la marge. Ici, je dénonce juste la maigreur maladive de certains mannequins.
@ Olaf
Quand même, on voit sur ce cliché (ou, au moins, il suggère), une maigreur totalement anormale et maladive. Bien sûr, l’anorexie n’est pas uniquement liée à ce genre de clichés, loin de là, mais ils contribuent aux désordres alimentaires.
@ Démos
Je crois que cela joue : inconsciemment, cela véhicule le fait que ce sont des modèles de beauté.
@ Age
Merci pour le complément.
@ La Gaule
Tristement juste.
La couverture est honteuse, comment un magasine peut-il faire ça en 2012 ? Après toutes les polémiques là-dessus ? Mettre des filles jolies et minces je veux bien mais des allumettes avec la peau sur les os c'est vraiment odieux et irresponsable. Je croyais que même les mannequins n'étaient plus anorexique, j'ai dû me tromper, visiblement ça revient.
RépondreSupprimerEt après c'est le même magasine qui fait son coup de com' une fois par an en mettant une "grosse" qui n'en est pas vraiment une en disant "regardez, nous on met pas que des minces". Gerbant.