La semaine
dernière, nous avons célébré le
cinquantième anniversaire du traité de l’Elysée entre la France et l’Allemagne.
Mais l’amitié franco-allemande, lessivée
par la création de la monnaie unique et la crise qu’elle provoque depuis trois
ans, est plus mal en point que jamais.
Le Monde en perd son latin
Il faut
vraiment lire la
tribune d’Arnaud Leparmentier dans le
Monde. Il parait un peu perdu car s’il semble dénoncer « l’antigermanisme et la critique contre le
supposé impérialisme économique allemand », il précise qu’il « est tentant de balayer le reproche d’un
revers de main ». A contrario, cela indique qu’il ne fait pas vraiment
et qu’il y a donc une part de vérité dans les critiques portées contre
l’Allemagne, et
dont Jacques Sapir a sans doute été un des meilleurs avocats.
Tout
d’abord, il souligne que « les
modalités d’application de l’Ordnungspolitik (politique économique générale) ne
sauraient se faire aux conditions allemandes », ce qui signifie aussi
tout d’abord que la France (de
Nicolas Sarkozy, comme de
François Hollande) cède trop aux exigences allemandes, mais également que
la construction européenne actuelle permet cela. Ensuite, il rappelle que
l’Allemagne a tendance à appliquer un deux poids deux mesures à l’échelle
européenne.
En effet, Arnaud
Leparmentier rappelle que « les
Allemands veulent imposer les règles européennes à condition de ne pas y être
complètement assujettis » et prend exemple sur l’union
bancaire, qui n’inclut pas les caisses d’épargne et les banques régionales
d’outre-Rhin. Il souligne également que l’Allemagne a refusé les règles
qu’elles imposent aux autres concernant la fusion EADS-BAE du fait du risque
que cela faisait porter sur les implantations industrielles allemandes…
En creux,
un discours néolibéral et contradictoire
Ensuite, quand
il dit que « l’Europe ne peut
pas se construire sur le principe que les usines allemandes sont protégées,
celles des autres soumises à la destruction créatrice du capitalisme »,
in fine, il reproche à l’Allemagne de ne pas suffisamment accepter la loi du
marché. La solution prônée par Arnaud Leparmentier et Le Monde, c’est donc de soumettre nos économies à « la destruction créatrice du capitalisme » !
Le masque tombe : il mériterait un Thatcher d’or !
Bien sûr,
Arnaud Leparmentier peut rassurer la partie « sociale » de sa
philosophie « sociale-libérale » en entonnant un remix politiquement
correct de « l’Allemagne paiera ! » : « Les Allemands doivent réinvestir dans une
Europe latine (…), faute de quoi l’Allemagne affrontera la révolte de ses
voisins ». Mais ce faisant, il ignore que c’est
cette construction européenne qui pousse les Allemands à se comporter de la
sorte, que l’Allemagne ne paiera pas, et qu’il n’a aucun plan B.
Voici un
article particulièrement réjouissant. En démontrant l’impasse complète dans
laquelle se trouve l’Europe et plus encore la pensée des partisans de cette
Europe, il indique l’essoufflement de nos élites politiques et, il faut
l’espérer, leur prochain renversement démocratique.
A partir du moment ou le pouvoir réel d'un journal passe de ses rédacteurs/lecteurs à ses actionnaires, ce n'est qu'une question de temps avant que sa ligne éditoriale ne suive et adopte l'idéologie néolibérale. Et si des journaux comme Libération tente de se donner un air "de gauche" sur certains sujets, sur les questions centrale de l'économie et de l'Europe, ils suivent la ligne de l'actionnaire.
RépondreSupprimerAcrimed a longuement analysé la dérive libérale du Monde, par exemple ici :
http://www.acrimed.org/article959.html
Cette tribune sans doute sincère d'Arnaud Leparmentier illustre bien ce qu'est devenu "le quotidien de référence".
@Laurent Pinsole,
RépondreSupprimer"L'Allemagne paiera": c'est le grand non-dit de la construction européenne, depuis l'avènement de l'euro!
Nos élites françaises européistes sont victimes de leur tropisme...typiquement français d'organisation du pays, où le principe de péréquation prévaut, et elles tiennent à plaquer ces conceptions sur l'organisation de l'UE.
Mais elles commettent deux erreurs graves: la première tient à l'attitude des Allemands, qui font valoir une conception peut-être bien plus "égoïste" mais plus responsable de l'organisation de leur pays, où chaque länder est comptable de l'état de ses finances, et où l'état fédéral n'intervient pas ou peu (cf ex-RDA) pour compenser les disparités à l'intérieur de pays. En résumé, il y a très peu de péréquation en RFA. C'est bien cette conception-là qui a été étendue à l'UE, car quand bien même elle serait moins "généreuse" que la conception française, elle est a priori la plus démocratique à l'échelle des nations souveraines: en effet, il n'est pas normal qu'une nation souveraine assume à la place d'une autre les conséquences financières (voire politiques) de décisions que cette dernière aurait prises de manière souveraine, sauf à autoriser une ingérence de la première nation dans les affaires intérieures de la deuxième, ce qui serait contraire à l'idée même de souveraineté.
La deuxième grande erreur de nos élites françaises européistes, qui en dit long sur leur idée de la démocratie, c'est qu'elles considèrent la nation française comme déjà dépassée, et qu'il faut désormais travailler au profit d'une nation européenne: en gros, pour elles, l'intérêt national, c'est l'intérêt européen (cf discours de fin d'année du président Hollande). Mais dans le cas de l'UE, ça ne tient pas car l'Union Européenne n'EST PAS UNE NATION car il n'y a pas de peuple européen! Les Britanniques sont en train de nous en administrer la preuve d'un point de vue politique, et la cour constitutionnelle allemande de Karlsruhe nous en a donné la confirmation juridique.
Dans toute cette histoire, les seuls à blâmer sont nos dirigeants car ils ont aliénés la France et ses intérêts à l'UE bien plus que leur voisins, et ils reprochent aux autres nations de ne pas en avoir fait autant!!! C'est probablement l'une des pires trahisons qu'on ait vue depuis...Vichy!
CVT
Cela est vrai pour des Nations ou des régions n'ayant pas la même monnaie. Si c'est le cas, il doit y avoir péréquation pour éviter que l’écart se creuse entre les régions riches et régions pauvres. Les zones riches en excédent profitent en effet d'une monnaie sous-évaluée du fait de la présence de la zone pauvre en déficit (et vice versa, monnaie surévaluée pour la zone la plus pauvre et la moins compétitive du fait des excédents de la zone riche). C'est exactement ce qui se passe dans la zone euro ou l'Allemagne à une monnaie sous évaluée et les pays du Sud des monnaies extrêmement surévaluées. On retrouve aussi ce genre de phénomène au Canada ou le boom économique de l'Alberta (pétrole) fait augmenter le cours du dollar canadien et rend difficile la survie des industries de l'Ouest au Québec et en Ontario.
SupprimerL'Allemagne a proposé plusieurs fois une intégration plus forte mais à la condition d'un contrôle budgétaire des états. Les politiciens français ne savent toujours pas sur quel pied danser...
RépondreSupprimerTodd parle depuis longtemps de "la névrose allemande des élites françaises", élites auxquelles appartiennent les journalistes du Monde.
RépondreSupprimerChevènement rappelle souvent la phrase de Mitterrand: "la France est mon pays, l'Europe mon avenir", soulignant par là que déjà la France n'avait dans son esprit plus grand avenir.
M.F. Garaud évoque souvent la différence entre une nation ancienne en Europe, la France, et un Etat récent, l'Allemagne. Le second ne peut donc se permettre de brader ou laisser dépasser sa souveraineté, y compris et surtout dans un grand bidule continental, d'autant plus que les Allemands pratiquent le fédéralisme depuis... des siècles, contrairement à la France pour laquelle la décentralisation n'est qu'un artifice importé qui fait ressurgir les féodalismes provinciaux.
Les élites de notre pays abandonnent la souveraineté par perversion de l'esprit universaliste français : à observer que les valeurs ou le modèle français ne suscitent plus que soupçons et hilarité, elles préfèrent pour se donner un dernier rôle organiser la dissolution du pays. Tantôt dans le capitalisme rhénan, tantôt dans l'anarchie libérale anglo-saxonne, c'est une question de cycle.
On imagine quelques journalistes du Monde osciller de l'un à l'autre, d'où le divertissement qui donne lieu au commentaire de Laurent aujourd'hui.
Francis Commarrieu.
Le problème, c'est que ceux qui montrent l'Allemagne en modèle ou en contre modèle, dans les deux cas ces représentations sont imaginaires.
RépondreSupprimerUn livre qui leur permettrait de mieux comprendre comment l'Allemagne fonctionne, que l'on préfère une Europe fédérale ou une Europe à la carte :
http://www.decitre.fr/livres/made-in-germany-9782021097795.html
Bien entendu.
SupprimerL'utilisation de l'Allemagne est à différencier de la connaissance de l'Allemagne réelle. Le grand voisin d'outre-Rhin est instrumentalisé dans une discorde franco-française.
Là où les dirigeants allemands ont une part de responsabilité, c'est qu'ils sont bien conscients de cette instrumentalisation à trois euros, et qu'ils en jouent pour avancer leurs pions en Europe. C'est de la realpolitik qui rend encore plus consternante la naïveté des élites françaises.
Francis Commarrieu.
Oui mais je ne crois pas a la naïveté mais a la complicité le système du bon et du méchant pour imposer l'ue federale
SupprimerL’économie Allemande profite aussi d'une monnaie extrêmement sous évaluée. Quelle serait la valeur du Mark aujourd'hui si l'euro n’existait pas? Avec 210 milliards d'euros d’excédent commercial en 2012, elle s'envolerait probablement remettant complétement en question la compétitivité du modèle mercantiliste de nos voisins allemands.
Supprimerhttp://www.lepoint.fr/economie/l-allemagne-epinglee-pour-un-excedent-commercial-trop-eleve-13-08-2012-1495642_28.php
Réjouissant débat hier soir chez Yves Calvi : E. Todd, B. Le Maire, M. Le Pen et S. Le Foll.
RépondreSupprimerPlusieurs fois, Todd a ahuri tous ses interlocuteurs, notamment sur l'Allemagne, tout simplement en rappelant que la profondeur historique des sociétés est une donnée qui existe.
Ce qui était aussi remarquable était la configuration de la table, avec notamment un Le Maire gagné aux idées protectionnistes (celles du protectionnisme européen, c'est-à-dire qu'il a encore un train de retard, mais c'est déjà ça...) et très critique de l'Europe telle qu'elle fonctionne (même s'il pense qu'il est encore l'heure de l'approfondir pour pallier ses tares). L'europhilie béate de Le Foll se trouvait du coup parfaitement isolée et ça faisait du bien de voir son désarroi que personne ne fasse seulement mine de croire que les mantras qu'il se racontait avaient un rapport avec la réalité (même Calvi ne pouvait rien pour lui).
Il était intéressant aussi de constater à quel point les élites françaises ont du mal à dépasser l'universalisme abstrait de l'homo economicus qu'elles ont appris dans les livres d'économie. Le cas du journaliste du Monde relève d'ailleurs exactement du même problème. Ce n'est peut-être pas tant une question de trahison qu'une question d'outillage conceptuel défaillant.
Même avec la meilleure volonté du monde, Le Maire ne comprenait pas vraiment ainsi pourquoi et comment les spécialisations industrielles allemandes pouvaient être déterminées par les structures historiques et anthropologiques allemandes. Le Foll, je n'en parle pas : c'était apparemment hors de sa portée , mais pour Marine Le Pen, qui faisait cependant visiblement provision d'arguments, la chose n'était pas non plus facile à avaler.
La seule chose qui est largement admise désormais à propos des différences nationales manifestes, c'est la question des différences démographiques. Todd, du coup, a préféré ne pas y insister. Peut-être à tort, car un des biais qui fonctionnerait sans doute pour toucher les consciences françaises tellement rétives à prendre en compte ce type de diérences se déduit très logiquement de là. Il est évident même pour une cervelle d'universaliste radicalement obtus que deux sociétés dont la natalité diverge dans les proportions qui sont celle de la France et de l'Allemagne n'ont pas les mêmes besoin tant en termes d'investissements éducatifs qu'en termes de création d'emploi, pour prendre ces deux exemples. De la perception de besoins massivement différenciés à l'idée d'une instrument monétaire différencié, la conclusion est alors on ne peut plus logique.
Emmanuel B
lire : "ce type de différence", bien sûr.
SupprimerEB
Je viens de voir ce débat en différé c'est vrai réjouissant a la limite de l’hallucinant Le Foll n'avait même pas l'air de croire ce qu'il disait c'est avec ce genre de débat que l'on voit le pas de géant qui a été franchit en peu d'année dans les mentalité malgré le pilonnage médiatique des zelites hors sol
Supprimer@ patrice lamy,
SupprimerN'est-ce pas?
Emmanuel B
a comparer par exemple a ce débat F Asselineau , M Here
Supprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=F0BFHWwH_I8
"En effet, Arnaud Leparmentier rappelle que « les Allemands veulent imposer les règles européennes à condition de ne pas y être complètement assujettis » et prend exemple sur l’union bancaire, qui n’inclut pas les caisses d’épargne et les banques régionales d’outre-Rhin." Ca l'étonne ? Ils ne sont pas fous, les dirigeants allemands : il ne vaut mieux pas qu'on découvre la fragilité extrême du réseau des banques régionales d'outre-Rhin...
RépondreSupprimerEmmanuel B
RépondreSupprimerExpliquer le fonctionnement de l'industrie allemande par la structure inégalitaire de la famille allemande comme le fait Todd montre qu'il ne connait pas le fonctionnement de l'industrie allemande qui fonctionne justement sur un système bien moins pyramidal/vertical que l'industrie française. Il en est de même pour l'état qui est fédéral versus le centralisme jacobin de l'état français. Tout cela montre à quel point les politiques, intellectuels, et français en général ne connaissent pas l'Allemagne et en ont des représentations erronées :
"Que ne lit-on et n’entend-on pas en France sur le « modèle allemand » ? On fait en particulier très régulièrement l’éloge de la rigueur budgétaire allemande, et de la capacité de nos voisins à accepter de lourds sacrifices pour restaurer la compétitivité de leur industrie. Or, explique Guillaume Duval, ce ne sont pas là les véritables raisons des succès actuels de l’économie allemande. Cette réussite est due surtout aux points forts traditionnels du pays : un système de relations sociales très structuré, un monde du travail où le diplôme ne fait pas tout, un pays où l’entreprise n’appartient pas aux actionnaires, un solide réseau de firmes de taille intermédiaire, une longue tradition de décentralisation qui permet de disposer partout d’un capital financier, culturel, social, humain suffisant pour innover et entreprendre, etc."
http://www.decitre.fr/livres/made-in-germany-9782021097795.html
J'ajouterais que cette structure moins verticale de la société allemande vient probablement plus du fait d'une union tardive des Länder, de la tradition de la ligue hanséatique et de l'influence du protestantisme bien moins hiérarchisé que le catholicisme.
On peut aussi comprendre qu'il y a une dialectique subtile entre principe hiérarchique et horizontalité en Allemagne, dans l'organisation économique entre autre mais pas seulement. Cette subtilité est assez délicate à appréhender en France.
SupprimerDans l'enseignement par exemple (il m'arrive de fréquenter mes collègues d'une école allemande qui va du primaire jusqu'au lycée et de me renseigner...), les élèves sont très tôt orientés, selon leurs compétences mesurée par les examens et devoirs. Puis les classes fonctionnent en petits groupes, où les professeurs sont plus animateurs que doctes enseignants comme en France. L'autorité telle qu'on la pratique ici y est rejetée, il y a une forme d'égalité dans les rapports entre élèves et enseignants. Tout cela aboutit à une hiérarchie professionnelle très nette, bien que dépourvue de rigidité puisque des employés peuvent gravir les échelons de l'entreprise plus facilement qu'en France.
Francis Commarrieu.
Pour ce qui est des 10 dernières années l'euro-Allemand sous évalué à aussi beaucoup participé à la réussite de industrie de ce pays (et dans la destruction de celle des autres pays de la zones notamment les pays du Sud de l'Europe) Une étude de Natixis avait montrée qu'en cas sortie de l'euro, l'euro allemand monterait de près de 20 % quand la monnaie espagnole par exemple baisserait de près de 20 %... De quoi rééquilibrer tout les différences de compétitivité!
Supprimerhttp://russeurope.hypotheses.org/414
Ce a quoi on pourrait rajouter l'effet de subventions mode "distorsion de concurrence" interdite en France par l'UE et permises en Allemagne.
Supprimer=> Exemple sur l’énergie :
http://www.bfmtv.com/economie/energie-lallemagne-subventionne-industriels-435636.html
On rappellera en France pas exemple la condition de nos producteurs d'aluminium condamnés du fait justement de l’arrêt de tarifs énergétiques préférentiels
http://www.lesechos.fr/27/03/2012/LesEchos/21153-066-ECH_la-fin-annoncee-de-l-aluminium-en-france.htm
=> Sur le chômage partiel payé au 2/3 par l’état Allemand.
Je suis toujours un peu sceptique quand on parle comme d'un tout de la situation française et des pays du Sud de l'Europe. Quand on voit que nous avons des déficits commerciaux assez lourds avec l'Espagne ou l'Italie et que ces deux derniers pays réduisent leur déficit avec l'Allemagne assez rapidement, je me demande si la France n'est pas un cas un peu à part...
Supprimer@ Olaf
SupprimerVos exemples et ceux de Francis Commarieu vont dans le même sens et relèvent, en effet, d'une subtile dialectique.
La prégnance de la famille souche allemande (mais on pourrait aussi évoquer l'exemple de la famille souche auvergnate de ma propre région) n'implique pas nécessairement la diffusion de valeurs d'autorité et d'inégalité à tous les étages de la société, bien au contraire.
Pour prendre un exemple historique, celui de la Réforme. On voit bien comment les structures familiales allemandes peuvent produire dans le même temps une forme de religion plus "démocratique" à un certain niveau, avec la fin du monopole de l'église et du clergé sur l'Ecriture, et à un autre niveau la réaffirmation des valeurs d'autorité et d'inégalité à travers l'importance radicale donnée à la grâce dans l'économie du salut.
Ainsi, les entreprises allemandes peuvent bien avoir un fonctionnement avec beaucoup d'horizontalité à divers égards, tout en relevant de certains traits typiques des valeurs souche à d'autres. C'est le cas de l'importance de la notion de continuité de la transmission (du patrimoine comme des compétences), par exemple, qui est sans aucun doute une des clés de la grande réussite des PME allemandes.
On pourrait refaire le raisonnement avec les syndicats, etc., etc. et notamment avec la plupart des exemples donnés par Guillaume Duval.
Emmanuel B
"Cette réussite est due surtout aux points forts traditionnels du pays (l'Allemagne): un système de relations sociales très structuré, un monde du travail où le diplôme ne fait tout..." Ce que que note Guillaume Duval est exact et on retrouve les mêmes caractéristiques dans les pays de tradition germanique, comme dans les zones frontalières françaises. Les Allemands ont le sens de l'intérêt général et de la coopération, ils associent autorité et souplesse dans leurs relations, ils encouragent et récompensent ceux qui veulent progresser dans la hiérarchie des entreprises, contrairement à notre beau pays où les meilleurs postes sont acquis dès la sortie d'une grande école et où les carrières sont faites à vingt-cinq ans. On est du sérail ou on est en dehors du système, définitivement. La preuve en est que cette "élite" truste tous les postes dans la fonction publique, dans les entreprises privées jusqu'en politique, où les énarques sont omniprésents.
SupprimerDécidément, qu'est-ce qu'on est nul ! Ah, ils sont si forts, ces Allemands...
SupprimerNous ne sommes pas plus nuls, que les meilleurs sur Terre, contrairement aux fadaises nationalistes que l'on nous sert régulièrement.
SupprimerPour ce qui concerne la société française, ses lacunes ou ses travers, l'accent est, une fois n'est pas coutume, mis sur nos "élites" suivistes,
pleines de morgue et donneuses de leçons aux pauvres ignares que nous sommes censés être : incapables du moindre effort, inaptes à la compréhension des enjeux, aveuglés par des idées archaïques, corporatistes ....
Changeons de mode de pensée et refusons les étiquettes dont nous affublent nos "élites", qui sont les premières responsables de ce qui arrive. Soyons lucides et fiers plutôt qu'arrogants ou dépressifs.
La finance ne fait pas son travail, elle ne finance pas l'économie réelle, c'est donc à l'état
RépondreSupprimerde prendre le relais, en attendant que la finance soit réformée de fond en comble, ce qui n'est pas pour demain.
Cinq pour cent de dette en plus pour une relance via l’isolation thermique :
« Mais pour cela, il faudrait tordre la main aux Allemands et leur dire que c’est cela ou la sortie de la France de l’euro. »
http://www.marianne.net/L-austerite-seule-reponse-a-un-Etat-en-faillite_a226153.html?com&start=20#comments
Quant à la finance :
" J’ai développé de nombreuses propositions de réforme spécifiques :
Une réforme de l’utilisation réglementaire des notations qui quantifierait la signification des notations et rendrait les agences de notation agréées financièrement responsables en cas d’inexactitude flagrante de leurs prévisions ;
L’utilisation des écarts du taux d’intérêt sur les prêts comme indices de prêts non performants, afin de définir les capitaux nécessaires pour absorber le risque de défaut de paiement ;
L’établissement d’une obligation de fonds propre d’urgence transparente et simple conçue pour inciter les grandes banques à reconstituer en temps opportun tout capital perdu (plutôt que de maquiller les pertes et de se dispenser de remplacer les capitaux) ;
La mise en place, pour les banques, d’exigences simples en matières de fonds propres (cela ne ressemblerait pas aux récentes « réserves de liquidité » complexes et mal conçues créées dans le cadre des Accords de Bâle III) ;
La création d’une règle macroprudentielle simple pour régir la variation des besoins en fonds propres au fil du temps et qui n’entraînerait des changements que dans des circonstances extrêmes, sur la base de critères objectifs et observables ;
Une réforme des procédures de résolution (mise en faillite) des grandes institutions financières qui rendrait obligatoire une décote minimale prédéfinie appliquée aux créances non-garanties chaque fois que l’autorité de résolution aurait à utiliser l’argent des contribuables (à savoir chaque fois qu’on s’éloignerait de l’application de stricte priorité dans le processus de résolution) ;
La mise en œuvre, dans le cadre de « testaments » qui définissent les résolutions des institutions financières de taille mondiale, de lignes de démarcation claires pour ce qui est des compétences juridiques et réglementaires (« ring fencing » ou séparation des comptabilités) concernant la cession de tous les actifs et passifs d’une banque."
http://www.telos-eu.com/fr/globalisation/finance-mondiale/reforme-bancaire-indispensable-mais-improbable.html?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+Telos-FR+%28Telos-eu+%28FR%29%29
Emmanuel B
RépondreSupprimerLa notion de grâce, les élus de Dieu, fait partie du calvinisme donc du protestantisme suisse, et Calvin était un français d'origine picarde.
Le protestantisme allemand est luthérien, c'est autre chose, qui met en avant la récompense du mérite par le travail et par l'effort, pas par une élection divine.
Pour ce qui est de la dialectique, ce n'est pas par hasard que Hegel en fut un des maitre.
Un livre pour appréhender la culture allemande et comprendre un peu :
http://librairie-en-ligne.gibertjeune.fr/GIBERTJ/fr/BOOK/nuss-bernard/les-enfants-de-faust-les-allemands-entre-ciel-et-enfer,210103.aspx
Une possibilité, pour intégrer les thèses de Todd, est que la structure non égalitaire de la famille allemande a trouvé la nécessité d'une culture sociale plus égalitaire sur le plan social. Et inversement la structure égalitaire de la famille française a compensé par une structure sociale plus autoritaire pour faire face aux conflits militaires où il n'était plus question d'individualisme anarchique.
Deux formes sociales et familiales d'adaptations dialectiques inversées.
Comme écrivait Hegel, le faux est un moment du vrai.
@ Olaf,
RépondreSupprimerJe connais certes mieux le calvinisme que le luthéranisme, mais il me semble qu'un durcissement métaphysique est bien perceptible dès Luther, avant sa radicalisation par Calvin. C'est d'ailleurs une composante du christianisme qui remonte au moins à Saint-Augustin, mais qui ne s'épanouit pas avant le 16e siècle.
Je ne connaissais pas le livre de Bernard Nuss que vous indiquez.
L'hypothèse que vous formulez à propos de l'intégration "dialectique" des traits morphologiques des différents systèmes familiaux dans des types nationaux en perpétuelle recomposition correspond d'assez près à ce que dit Todd lui-même.
Tout ça n'a rien de fondamentalement contradictoire. Nous sommes en gros d'accord.
Emmanuel B.
Oui mais Todd inscrit les régimes familiaux comme des constantes intangibles. Là ça me gêne, ca devient racialiste au sens péjoratif d'un presque absolu génétique social. Comme si tout était déterminé depuis les origines, lesquelles d'ailleurs n'ont jamais que fait changer leurs sources.
RépondreSupprimer@ Olaf,
SupprimerVisiblement, vous n'avez pas suivi les dernières évolutions de la pensée de Todd, qui est passé d'une sorte de structuralisme qui fixait en effet les systèmes familiaux, à une histoire de ces systèmes qui explique leur origine et leur évolution.
Emmanuel B
Par ailleurs, je pense que les races existent, du fait de la sélection naturelle de type darwinien à l'opposé de la sélection domestiquée darwinienne. Il est tout à fait incontestable que des races différentes existent en termes de résistance physiologique à certains environnements géographiques.
RépondreSupprimerCe qui ne signifie pas une supériorité générale ou intellectuelle, mais une meilleure adaptation physiologique locale.
Ceci n'empêche pas des migrations, mais n'empêche pas de prendre en compte ces éléments de compréhension.
Nous Français n'avons pas besoin de nous raccrocher a des modèle qui tombent les uns après les autres ( on nous a bassiné pendant des années avec les modèles Italiens Anglais Irlandais Allemands etc ) tous montrent rapidement leurs limites ; mais d'avoir des alliances avec des pays dont les structures mentales et l'art de vivre sont proches du notre et paradoxalement le Japon est un de ceux la , il n'y en a pas en Europe sauf peut être l'Italie c'est pourquoi notre destin n'est pas en cette poussiéreuse Europe sinon disparaitre
RépondreSupprimerLe Japon ? En quoi ? Parce que quand on voit rien que le système du travail au Japon, ça n'a pas grand'chose de commun avec la France. On a beaucoup plus de proximités avec l'Italie et l'Espagne, en effet.
SupprimerCe n'est pas ce que je veux dire ; quand je suis avec des Japonais il y a une communauté de pensée que je ne ressent absolument pas avec des Allemands ou des Espagnols ils sont de ma famille en quelque sorte il suffit de lire Murakami ses romans sont très Français ou Proust est très Japonais , cela n'a rien a voir avec une organisation du travail
Supprimer
RépondreSupprimer@ Olaf et Emmanuel B
Merci pour votre débat sur l’Allemagne, très enrichissant.
@ Leulier
Je ne pense même pas qu’ils suivent la ligne de l’actionnaire, c’est plutôt une croyance en TINA…
@ CVT
En effet, la conception allemande de la politique est beaucoup responsable que du côté du PS ou de l’UMP. Très bien dit sur l’intérêt général : nos politiques raisonnent à l’échelle européenne et non à l’échelle national, comme tous nos collègues européens. C’est une excellente analyse !!! Tout ceci montre qu’il n’y a pas de complot ou de volonté de nuire, simplement une distorsion de la pensée.
@ Olaf
Ils ne veulent pas entendre parler de « Transfer Union » il me semble également. Merci pour les précisions sur l’Allemagne et les liens.
@ Francis
Tellement juste… Après, je crois que les dirigeants allemands défendent juste leurs intérêts.
@ Red2
Pas d’accord sur l’euro sous-évalué. Pour moi, il est à un cours proche de celui qu’aurait un nouveau mark. En revanche, les autres pays européens ont une monnaie trop chère pour commercer avec l’Allemagne. Les déséquilibres commerciaux auraient du pousser à un ajustement des parités en Europe, ce que la monnaie unique ne permet pas. Les monnaies nationales (et les réévaluations) permettaient d’avoir des soldes commerciaux plus proches de l’équilibre.
@ Emmanuel B
Il faut que je regarde le replay. Le Maire, je suis perplexe. Parfois, il tient un bon discours, mais au final, qu’a-t-il fait depuis 5 ans de concret. Certes, il n’est pas au pouvoir, mais c’est comme Wauquiez qui reproche à Montebourg de ne pas être assez protectionniste. Venant de l’UMP, c’est un peu ridicule.
@ Anonyme
La baisse des déficits espagnols et italiens vient d’un double effet lié : tout d’abord, un décalage de croissance avec l’Allemagne mais aussi tous les efforts réalisés depuis quelques temps…
@ Patrice,
Intéressante remarque sur le Japon.
Les 2 études citées par Sapir à l'automne dernier semblent quand même montrer que l'euro allemand monterait de près de 20 % en cas de dissolution de la monnaie unique.
Supprimerhttp://russeurope.hypotheses.org/414
Ce qui est quand même logique car si une grande part de l’excédent commercial allemand se fait au dépend de ses voisins de la zone euro, ne pas oublier que 30-40% se fait aussi avec le reste du monde(Notamment plus de 50 milliard avec les États Unis) signe que la monnaie allemande est actuellement très sous évaluée. l'Allemagne à quand même fait 157,7 milliards d'euros d’excédent commercial en 2012, pour un pays qui importe la majorité de son énergie et ses matières premières c'est la mise en évidence d'un profond déséquilibre...