C’est une
véritable saignée pour notre industrie automobile. Après
les 8000 emplois du plan social de PSA d’il y a six mois, Renault
double la mise avec 7500 suppressions de poste en France. Pire, le ministre
du renoncement productif, Arnaud
Montebourg juge cela « normal » !
L’effondrement
productif, c’est maintenant !
Il va
falloir penser à rebaptiser le ministère d’Arnaud Montebourg car l’actualité
fait plus que mettre à mal l’intitulé pompeux qui lui avait été donné il y a
quelques mois. Avec 15 500 suppressions de poste dans la première industrie
de notre pays (sans compter les emplois qui seront perdus par les
sous-traitants, ce qui peut facilement doubler la mise), la saignée est
violente et sans doute inédite à l’échelle de notre pays, à part si on la
compare à la sidérurgie dans les années 1980…
Il faut dire
que le
marché automobile européen a baissé pour la 5ème année consécutive
en 2012, avec un recul de plus de 8% par rapport à 2011 et de plus de 22%
depuis 2007. Les ventes sont tombées à leur niveau le plus bas depuis 1995.
Pire, le recul de 2012 a été plus marqué sur les marchés où PSA et Renault sont
forts: France (-14%), Italie (-20%) et Espagne (-13%). Encore pire, nos marques
généralistes sont coincées entre un haut et un bas de gamme plus dynamiques.
Alors que le
gouvernement avait fait mine de vouloir faire revenir PSA sur sa décision, avant
de reculer piteusement devant l’évidence des comptes dégradés de l’entreprise,
pas question de prendre des risques cette fois-ci. Arnaud
Montebourg a ainsi fait cette déclaration : « ces suppressions font partie du cadre normal dans lequel une entreprise
peut décider de gérer par avance ses effectifs et son personnel. (…) Il n’y a
pas de lignes rouges qui ont été franchies ».
Qui est
responsable de cette débacle industrielle ?
Comme
l’a bien noté Nicolas Dupont-Aignan dès mercredi, les raisons de cette
catastrophe industrielle sont pourtant simples. Tout d’abord, il y a l’effet
des plans d’austérité de François Fillon et Jean-Marc Ayrault, qui
pèsent sur la demande intérieure et donc logiquement sur les volumes de
vente de nos constructeurs automobiles nationaux. Ensuite, bien sûr, il y a
l’acceptation d’une mondialisation anarchique et déloyale par tous nos
gouvernements depuis 40 ans.
Car comment
espérer produire en France sachant que l’on peut trouver en Europe de
l’Est, en Afrique du Nord ou en Asie, des salariés payés 5 à 10 fois moins cher
qu’en France ? Il est bien évident que pour rester compétitif, un
constructeur automobile est contraint de délocaliser. C’est d’ailleurs ce que
l’Etat a laissé faire avec Renault, qui
produit moins d’un quart de ses volumes en France (contre plus de 40% pour
PSA). Pas étonnant que la
production automobile en France soit passée de plus de 3 à 3,5 millions de
véhicules en 2005 à moins de 2 millions depuis 2009…
Nous sommes d'accord sur la conclusion mais pas sur les emplois liés a l'automobile le poids des salaires ouvriers ne cessent de baisser grâce aux automates sauf dans le très haut de gamme ou des automobiles sont construites quasiment a la main , donc cette industrie est un combat d’arrière garde comme toutes les grosses industries de main d’œuvre il faut aller vers les industries de la santé de l’énergie de l'espace et des formations de plus en plus pointus pour les ouvriers pour fabriquer ce qu'on appelle bêtement le haut de gamme qui n'est que simplement la qualité
RépondreSupprimerFausse information : tous les postes sont manuels en Roumanie et Maroc. Les robots trop chers en entretien.
Supprimer@Patrice Lamy
RépondreSupprimerJe pense que c'est une erreur d'abandonner ce qe vous considérez comme du "bas de gamme". Dans un contexte de guerre ou de blocus ces productions peuvent s'avérer vitales et des lignes de production sont difficile et longues à remette en activité. Je pense donc qu'un Etat qui se veut indépendant et souverain doit garder, quitte à les nationaliser, au moins une ligne de production(même si elle n'est pas "rentable") de tout ce qui peut un jour faire défaut à son indépendance ou imposer, en cas extrême, des sacrifices trop important à sa population; transport, énergie, alimentaire, communications, etc...
On aura l'air bête lorsqu'on ne saura plus fabriquer un véhicule de transport de A à Z !
je suis d'accord qu'il ne faut pas perdre de savoir faire mais nous pouvons réduire une activité au nécessaire et en augmenter d’autres ce que doit être un état stratège
SupprimerNe faudrait-il pas aussi penser une industrie automobile qui tienne compte de la déplétion pétrolière ? Continuer à produire des voitures dans ce contexte semble une utopie suicidaire...
SupprimerLe faire dans un contexte protégé serait évidemment beaucoup mieux...
L'abandon par Peugeot de son plus grand marché à l'international, à savoir celui de l'Iran, peut également être évoqué.
RépondreSupprimerhttp://www.lepoint.fr/economie/l-iran-peut-il-sauver-psa-16-07-2012-1486125_28.php
Le problème de l'industrie automobile française, c'est le problème de l'industrie française en général. Positionnée sur le milieu, bas de gamme, un manque d'innovation et de valorisation des métiers de l'industrie, techniciens, ingénieurs, apprentis, un mode de management antédiluvien qui date du XIX ème siècle, une éducation qui focalisée sur la production d'une petite élite bourgeoise méprisante et imbue d'elle même, alignant les conneries stratégiques les unes après les autres, tout ça nappé d'arrogance et de pas mal de malhonnêteté et pour couronner le tout des syndicats arriérés tout justes bons à faire griller des saucisses un jour de grève :
RépondreSupprimerDe manière générale, si les Allemands produisent une grande partie de leurs modèles sur leur propre territoire, c'est parce que leur positionnement plus haut de gamme le leur permet. Dans le secteur automobile, la rentabilité est largement corrélée avec le prix, alors que les coûts sont en grande partie constants : étant donné qu'entre une Clio et une BMW la plupart des coûts sont du même ordre, plus vous montez en gamme, plus vous gagnez de l'argent et plus vous pouvez payer votre personnel. Or, le gouvernement de la République fédérale a toujours été plus favorable aux grosses voitures, par nature vendues à des prix élevés, alors que le gouvernement français a toujours privilégié les petits modèles populaires.
http://www.atlantico.fr/decryptage/renault-boit-tasse-volkswagen-ouvre-champagne-pourquoi-frederic-frery-608568.html
L'analyse de Laurent Pinsolle est claire et rappelle encore une fois l'inconséquence du PS et de l'UMP. Ceci dit, la stupidité des socialistes ne les empêche pas d'adopter une posture méprisante pleine de morgue envers les Français, comme sait si bien le faire Jean-Marc (Z)Ayrault. Aussi ridicule que ce concept de "juste échange". C'en est à pleurer.
RépondreSupprimerPour ce qui concerne l'industrie, les socialistes ont été les fossoyeurs de la sidérurgie lorraine dans les années 80 et ils seront ceux qui laisseront disparaître ce qu'il reste de notre industrie sans rien faire sauf de beaux rapports (Gallois) ou des opérations de communication dans la presse (un Ministre en marinière). Et que l'on ne vienne pas me sussurer à l'oreille que sans ces Français recroquevillés sur leurs avantages acquis, ces fonctionnaires nantis ..., il en serait autrement.
Dans le domaine de l'industrie, rien ne nous condamnait à être là où nous en sommes, à cette faillite économique (et morale), mais tout nous y conduisait : fatuité de nos élites, vision technocratique des problèmes et des méthodes, absence de dialogue social sérieux, peu d'innovations, aucun sens du commerce ....
Bref, que des atouts pour un pays qui a encore une vision dépassée de l'économie et des socialistes qui sont juste capables d'essayer de plagier l'économie allemande.
Pitoyable !
Tout ça me rappelle quelques souvenirs.
RépondreSupprimerDéjà mon père me disait de ne pas rester dans la technique, mais de passer rapidement au service commercial. Ensuite, quand j'ai commencé mes études techno-scientifiques, on savait, nous autres étudiants, qu'on serait considérés comme "les prolos des labos" et le salaire à l'avenant.
Puis, pendant une discussion avec le mari d'une cousine, de la riche bourgeoisie parisienne, cadre commercial dans une CAC40, je l'ai entendu employer la même expression pour qualifier les ingénieurs techniques.
Ensuite, une stagiaire dans une boite où j'étais, pédigrée cagne-hyopcagne, prestigieuse école de journalisme, sciences po, la sorbonne..., de la bonne bourgeoisie nantie, qui me disait avec des yeux effarés : "Mais tu vas faire ça toute ta vie !?"
Ce petit florilège d'exemples donne une idée assez juste de comment la classe dominante française considère considère les métiers techno-scientifiques, sauf si couronné du prix Nobel.
Droit, école de commerce, marketinge, science pot, socio, psycho, communication... ça oui c'est du beau monde, le reste c'est pour la piétaille.
Et maintenant, ça chiale dans les chaumières, bouhouhou..., nos produits se vendent de moins en moins, ouin ouin...et les prolos des labos se font la paire, eh oui, à force d'être pris pour des buses en forme de quiche :
"quand j'ai un(e) étudiant(e) talentueux intéressé par mes sujets de recherche, la plupart du temps, il ou elle n'envisage pas de rester en France pour une thèse, mais me demande conseil et recommandations pour aller aux États-Unis (et après, je les retrouve éventuellement en Suisse etc.). Il en est de même quand je tente de recruter des post-doctorants : les français, poussés en cela par les politiques de recrutement, veulent aller aux États-Unis ou autres lieux à forte valorisation (Oxford, etc.) et bien évidemment un américain ne viendra pas en France, sauf exception."
http://david.monniaux.free.fr/dotclear/index.php/post/2012/12/16/Le-d%C3%A9part-de-G%C3%A9rard-Depardieu
Il y a des sujets dont on entend jamais parler.
SupprimerDe tout façon, quand on n'a pas de miroir et qu'on reste entre soi, il n'y a aucun risque que, dans un éclair de lucidité, on perçoive quelque chose de la réalité, encore moins quand on est entouré de courtisans. Dans certains journaux, ils appelent cela "coupés des réalités". Aveuglement insupportable qui produit aujourd'hui autant de dégâts matériels et moraux dans la société française.
Bonjour,
RépondreSupprimerY a-t-il un risque quand le secteur primaire et/ou secondaire d'une économie sont diminués peu à peu comme cela a l'air d'être le cas en France?
Est-il, du coup, risqué d'avoir trop de tertiaire?
Cordialement,
GB
GB
RépondreSupprimerIci, une nouvelle méthode d'analyse des flux mondiaux par la VA :
Cette initiative conjointe sur les échanges en valeur ajoutée "rompt avec les statistiques commerciales classiques qui mesurent les flux bruts de biens et de services à chaque franchissement de frontière", affirment-elles.
"Elle cherche plutôt à analyser la valeur ajoutée par les pays dans la production des biens ou services exportés et offre ainsi une vision plus complète des relations commerciales entre les nations", estiment ces institutions.
http://www.la-croix.com/Actualite/Economie/Economie/Le-visage-du-commerce-mondial-transforme-par-de-nouvelles-donnees-_NG_-2013-01-16-899685
Comme l'a dit un jour Einstein on peut attendre des solutions à une situation de la part de gens qui en sont à l'origine.Dès que Montebourg est devenu ministre du gouvernement Ayrault il était clair qu'il ne pouvait être que le ministre des "plans sociaux" puisqu'il n'y a pas de rupture autre que formelle avec la gestion sarkozyste. Comme le déclare Eric Dupin Hollande inverse la formule de Gramsci "le pessimisme de l'intelligence et l'optimisme de l'action"
RépondreSupprimerMême Marine Le Pen risque d'être l'alternative politique pour détruire le consensus oligarchique UMPS
Démos
RépondreSupprimerRégulièrement on me propose des jobs en Suisse, aux US et en ce moment une prestigieuse société de consulting industriel anglaise me propose un gros package pour au choix bosser en Allemagne, en Inde ou au Japon.
Mais là où je suis, je suis pas mal, qui m'a permis de doubler mon pouvoir d'achat, tandis qu'en France c'était poignée de figues, management désagréable et parfois chômage à aller mendier un job auprès de cabinets de recrutement puants avec déplacements aux entretiens à mes frais.
Et aucun head hunter ne me contactait. Depuis que je suis sur le réseau international, tout a changé en nettement mieux à tous points de vue. Donc les français qui savent faire quelque chose ont souvent tout intérêt à aller voir ailleurs plutôt que de rester sur le carreau en France ou d'être pris pour des gogos quand ils ont la "chance" d'avoir un boulot.
Rien à dire, si ce n'est "regrets" pour celles et ceux qui vivent dans ce pays old regime enfermé dans ses certitudes, son mépris des autres et son manque d'imagination. Qu'est-ce-qui pourrait bien faire changer les choses ?
SupprimerDémos
RépondreSupprimerCe qui pourrait changer les choses, c'est la débâcle. La France ne réévalue ses idées que sous l'aune de la catastrophe. Il faudra un effondrement pour réviser les données.
@ Patrice
RépondreSupprimerPas d’accord. Il faut adapter la fiscalité pour ne pas pousser les entreprises à licencier à tour de bras. Le problème, c’est que tous les emplois que nous abandonnons sont autant de pertes de demande intérieure et d’affaiblissement économique. Il faut défendre ce que nous avons, lancer les emplois d’avenir et une fois que ces derniers génèrent suffisamment d’activité (et que le chômage aura bien baissé) alors on pourra laisser faire certains ajustements.
@ A-j
Bien d’accord. J’ajouterais, pour aller dans ta logique, que je pense qu’un minimum d’autosuffisance est nécessaire. Il n’est pas sain que pour tant de produits, nous importions plus de 90% de notre consommation.
@ Ovide
Oui, mais l’automobile a déjà commencé à s’adapter et nous allons finir par trouver des substituts au pétrole (algues ?)
@ David
Très juste, je l’avais noté dans un autre papier. Conséquence de la prise de participation de GM dans PSA et du scandaleux alignement de notre diplomatie sur Washington.
@ Olaf
C’est juste en partie, mais un peu caricatural aussi. L’Allemagne profite aussi de sa proximité avec l’Europe de l’Est pour y faire produire les composants de ses véhicules.
Tout le monde n’est pas comme cela tout de même. Le monde entier envie nos ingénieurs, qui sont reconnus comme étant de très bonne qualité.
Merci pour l’info (étude de la Croix).
Assez d’accord sur l’effondrement pour se remettre en question malheureusement.
@ Démos
La responsabilité du PS et de l’UMP est patente et révoltante.
@ GB
Oui, car on échange principalement des biens des secteurs primaires et secondaires et donc un pays qui les a abandonné risque d’être en perpétuel déficit commercial. En outre, les gains de productivité sont plus forts en général dans ces secteurs et les gains de productivité sont essentiels pour créer de la richesse.
@ Cording
Très juste. NDA aime cette citation. Pas d’accord en revanche sur MLP. Extrémiste, pas crédible…
C'est la première fois que je réagis sur ce blog et mon message concerne votre optique en général, ce billet m'ayant juste donné l'impulsion. Vous exprimez très justement des concepts et opinions économiques dont une critique du néolibéralisme, particulièrement dans le cadre de son application par le gouvernement Hollande, sans pour autant entrer dans les débats les plus fondamentaux (à mon sens).
RépondreSupprimerDonc en tant que jeune qui cherche d'où provient la déroute du système ma question tient en une phrase : que pensez-vous de la décroissance ?
Quand Montebourg dit que c'est normal de liquider des emplois je ne peux pas lui donner tort, on produit déjà trop et la technologie allant on devrait travailler de moins en moins pour un niveau de vie équivalent. J'ai plutôt l'impression que c'est la répartition des richesses qui pêche.
@ Whisno
RépondreSupprimerIl faudrait que je lise un peu plus sur la décroissance pour m'exprimer de manière plus informé. Néanmoins, je crois beaucoup à l'innovation et au progrès et je pense que l'homme est suffisamment ingénieux pour trouver des solutions aux problèmes posés par notre consommation excessive, notamment en adaptant notre fiscalité pour favoriser les comportements vertueux et pousser le système à agir dans le sens de l'intérêt général.
D'accord sur la répartition de la richesse également (cf mes nombreux papiers sur l'inégalité, notamment sur le dernier livre de Stiglitz).
Sur Montebourg, dans l'absolu, il n'a pas totalement tort. Le problème est que rien ne remplacera les emplois perdus et la baisse du nombre d'emplois dans l'automobile est aussi la conséquence de l'anarchie commerciale.