Partant du
constat que le
système actuel est un casino tournant au profit de banques
irresponsables alors même qu’il provoque « de
rudes secousses et une somme énorme d’injustices »
pour cette collectivité, une réforme d’ampleur doit être conçue autour des
trois principes déclinés hier : mise au pas démocratique, fin du
laisser-faire et mise au service de la collectivité.
Mise au
pas démocratique
La mise au
pas démocratique passe par la remise en cause de la « docte ignorance des experts » dénoncée
il y a deux jours par Edgar Morin. Cela signifie que les hommes politiques
ne doivent plus abandonner les sujets monétaires et financiers à des aéropages
de technocrates apatrides et irresponsables. Il faut que le gouvernement
reprenne la main sur la Banque Centrale, comme
le recommande Joseph Stiglitz, qui doit exécuter la politique d’un
gouvernement élu sur une ligne décidée par les citoyens. Cela signifie
également que les politiques doivent reprendre la main sur les réglementations
financières qui ne doivent pas être établies par des aéropages du
type du comité Bâle 3.
Cette
reprise en main de la banque centrale doit aller de pair avec une reprise en
main de la monnaie. Soit la Banque Centrale est en charge de la totalité de
son émission, comme
dans le 100% monnaie. Soit des normes prudentielles beaucoup plus strictes,
de l’ordre de 20 à 25% de couverture par des fonds propres ou quasi-fonds
propres, sachant
que la Suisse vient d’imposer 19% à ses banques, contra-cycliques, et
couvrant naturellement l’ensemble des engagements (il ne doit plus y avoir de
hors bilan, de dark pools ou d’argent
placé dans des parasites fiscaux). Enfin, l’Etat doit pouvoir monétiser une
partie de sa dette publique, comme
le font la Fed, la BoE ou la BoJ.
De manière à
assurer une plus grande transparence, les grands choix de politique monétaire
(évolution de la masse monétaire, direction des taux d’intérêt, montant annuel
de monétisation…), doivent être discutés et votés au Parlement a minima
chaque année. Pour assurer la stabilité du système financier, il convient non
seulement de mettre en place un véritable Glass Steagall Act (séparant
banques de dépôt des banques d’affaires et pas seulement les activités),
voir même les banques de dépôts des banques de prêts (cf
100% monnaie), mais aussi de réduire la taille des banques restantes si
elles restaient systémiques (le bilan ne devant pas dépasser un pourcentage
du PIB).
La fin du
laisser-faire
L’effet de
levier doit être maîtrisé car il est au cœur des mécanismes de formation des
bulles, soit par un contrôle total de la création monétaire par la banque
centrale (de
type 100% monnaie) soit par une limitation beaucoup plus stricte (autour de
20 à 25% de capitaux propres). Les normes doivent agir contre les excès des
marchés et donc aller contre les cycles (en remontant les exigences de
capitaux propres en phase de croissance) et contre l’opacité (en
relevant les normes pour les produits les plus complexes). La titrisation
doit être, soit interdite, soit avoir un coût plus élevé (via les normes
prudentielles). Le hors bilan et les dark
pools doivent naturellement être interdits.
L’introduction
des innovations financières doit être contrôlée avec une infinie prudence étant
donnés les dégâts produits dans le passé (à l’origine de la crise de 1929 et de
celle de 2008). Le trading
à haute fréquence et ses dérivés doivent être interdits après les
paniques boursières qu’ils ont provoqué (flash
krach de 2010). Toutes les pratiques financières qui n’ont pas de réelle
utilité doivent être interdites, comme les LBO (où les fonds d’investissement font
payer leur placement par l’entreprise qu’ils rachètent), les rachats d’action,
les achats à découvert, aux « vertus » auto-réalisatrices, ou la
spéculation sur les matières premières (en limitant strictement les mécanismes
de couverture).
Une
finance au service de la collectivité
Aujourd’hui,
la collectivité est au service de la finance, notamment dans la zone euro où
la BCE ne vient en aide qu’aux banques et pas aux Etats. Pour parachever la
remise en ordre du système financier, il convient d’améliorer sa contribution à
la collectivité. C’est ainsi que Joseph Stiglitz défendait la mise en place
d’une taxe Tobin (une TVA sur la finance) dans
« La grande désillusion ».
Les transactions financières pèsent 70 fois le PIB mondial. En clair, une taxe
de 0,1% sur chaque transaction (et
pas uniquement sur les actions)
rapporterait théoriquement 7% du PIB ! Naturellement, cela
provoquerait une baisse du nombre de transactions, mais on peut aussi aller bien
au-delà de 0,1%.
La taxe
Tobin présente un triple intérêt. Tout d’abord, elle
peut apporter des recettes fiscales importantes (qui pourraient servir à
financer une partie de la protection sociale par exemple). Ensuite, elle
décourage la spéculation puisqu’elle intervient à chaque transaction : un
fonds qui fait tourner ses placements dix fois plus souvent qu’un autre paiera
dix fois plus de taxes. Enfin, en contribuant à réduire le montant des
transactions financières, elle contribuera puissamment à réduire la taille et
la puissance de la bulle financière par rapport à l’économie productive, ce qui
ne sera pas un mal.
Pour
favoriser le financement de l’économie, l’Etat doit constituer un pôle
public bancaire plus important (bien plus que la BPI de François Hollande,
dont le montant des prêts est de 1% du bilan de BNP Paribas). Sa mission sera
double : financer les entreprises (notamment les PME) mais aussi fournir
des services bancaires à prix raisonnable pour les particuliers. Ensuite, il
faut mieux réglementer les rémunérations de la finance pour
éviter de pousser aux comportements à risque, en repoussant le paiement des
bonus et en instaurant des malus. Enfin, il convient de sanctionner les
comportements délictueux, comme
cela avait été fait lors de la crise des caisses d’épargne.
Voici ce que
pourrait être une architecture de la réforme de la finance telle qu’il est
urgent de la mettre en place aujourd’hui. Il s’agit d’un projet infiniment plus
ambitieux que les
réformettes du gouvernement actuel ou que les projets européens, qui
sont surtout un nouveau moyen d’aider les banques. Tout commentaire est le
bienvenu. Demain, je reviendrai sur les conditions de cette réforme.
Alors là Laurent, pas du tout d'accord avec toi sur la necessité de renforcer les fonds propres des banques. C'est même une héresie totalement contre productive.Je me permets de renvoyer vers cet article :
RépondreSupprimerhttp://ecodemystificateur.blog.free.fr/index.php?post/Les-fonds-propres-nuisent-%C3%A0-la-sant%C3%A9-%E2%80%A6
dans lequel B.Vaalageas explique pourquoi les banques, contrairement aux entreprises, n'ont pas besoin de fonds propres.
Pour en revenir à un commentaire d'AJH sur ton billet précedent, il me semble effectivement que tu fais une confusion entre les reserves obligatoires et les ratios imposés par Bâle. Ce n'est pas du tout la même chose.
@ RST;
RépondreSupprimerConsidérez-vous que le capital d'une banque fait partie de ses fonds propres ou non?
@ RST
RépondreSupprimerJe vais regarder le papier cette fin de semaine. Mais ton papier introductif qui évoque le fait que les banques n'auraient pas besoin de fonds propres car elles peuvent créer de la monnaie ne me convainc pas du tout. En fait, pour moi, il y a deux solutions par rapport au système actuel :
- le 100% monnaie ou un système proche, où les banques privées ne pourraient plus créer la moindre monnaie (qui passerait sous le contrôle de l'Etat, ce qui me semble légitime)
- pour ne pas aller jusque là, un système où on relèverait les règles prudentielles (Morad El Hattab évoque le chiffre de 25%, qui avait court pendant les Trente Glorieuses il me semble)
Je veux bien des précisions sur les réserves obligatoires et les ratios imposés par Bâle. Dans mon papier, je parle des seconds et je ne comprends pas bien en quoi je ferai une confusion.
@Laurent (12:22)
RépondreSupprimerIl me semblait que tu faisais une petite confusion car dans le billet précédent tu as écrit " Sans aller aussi loin, on peut revenir à une couverture de 20 à 25% (au lieu des 8% de Bâle 2, qui pouvaient tomber à 1.6% pour les titres les plus sûrs)."
On ne peut comparer la couverture des Réserves Obligatoires en monnaie centrale (actuellement 1% des dépôts) et les obligations de Bâle 2 ou 3 qui imposent des fonds propres à minimum 8% des crédits (pour simplifier car ces 8% sont comme tu le note, eux mêmes "redéfinis" avec des pondérations il me semble)
@ cliquet
RépondreSupprimerEn ce qui me concerne, je ne considère rien du tout mais je comprends que les spécialistes eux considèrent effectivement que le capital d’une banque fait partie de ses fonds propres. Sachant que, à la différence d’une entreprise industrielle qui a besoin de locaux, de machines et d’outils et donc d’un capital important, une banque n’a besoin pour fonctionner que d’un bureau et d’un ordinateur (et éventuellement un coffre) ce qui ne représente pas un gros montant.
@ Laurent
Il ne faut pas s’arrêter aux phrases « choc » mais il faut effectivement lire le papier. J’ai peut-être été un peu expéditif dans mon commentaire et je ne prétends pas que le texte de Vallageas est la vérité absolue mais il y a de nombreux éléments à prendre en compte. A l’époque où la monnaie était gagée sur l’or, ce qui importait été le stock d’or de la banque, pas les fonds propres. Aujourd’hui c’est pareil sauf que la monnaie banque centrale a remplacé l’or.
Je ne sais pas de quoi parle Morad El Hattab puisque sauf erreur de ma part les règles prudentielles dites de Bâle datent de la fin des années 70. Ne parlerait-t-il pas justement de relever les réserves obligatoires ? Entre le 1 % actuel et le 100 % rêvé, il y a de la marge.
De ce que j’ai compris, les règles prudentielles (qui en plus n’ont pas un caractère contraignant) ne sont qu’une cautère sur une jambe de bois. Elles sont au mieux inefficaces, au pire, nuisibles.
Le 100 % monnaie est peut-être la solution mais j’ai encore des doutes entretenus notamment par le fait que des gens comme F. Lordon ou M.Lavoie ne lui accordent aucun crédit (le mot est mal choisi). Et puis le 100% monnaie rendra la monnaie exogène alors qu’en théorie, son endogénéité actuelle permet qu’elle soit créée conformément aux besoins de l’économie réelle (je sais, c’est pas vraiment le cas)
Pour moi, il y a une troisième voie qui est celle d’un système socialisé du crédit comme proposé par Lordon et qui reste à définir dans le détail.
Quelques remarques en vrac
Supprimer- D'abord, l'orientation de ce texte est excellente, car il ne propose pas de s'égarer dans les méandres des réformettes négociées avec les lobbies, mais d'opérer d'emblée une rupture radicale. Pour être efficace, il faut être simple et brutal - car toute complication multiplie les effets pervers et les leviers pour les lobbies, et toute négociation préalable garantit l'enlisement et l'échec.
- (un détail : il me semble aussi que ces 20-25% cités doivent concerner les réserves obligatoires et non les fonds propres. Ceux-ci, au demeurant,ne me semblent pas non plus un levier essentiel.)
- En revanche je pense qu'il faudra introduire un dispositif de prise de contrôle automatique des banques en quasi-faillite, par exemple en imposant que le refinancement non conventionnel se fasse exclusivement par remise d'actions à la banque centrale.
- Je suis d'accord pour mettre l'accent sur une taxe Tobin universelle, même si je suis dubitatif quant à son rendement : si elle permet effectivement de réduire drastiquement les transactions financières, il serait imprudent de l'affecter au financement de la protection sociale, qui nécessite des ressources stables. La vertu d'une telle taxe serait de "gripper" la finance et de l'orienter vers des placements longs.
- Par ailleurs, je n'ai pas relevé de référence précise au contrôle des changes : le retour à un contrôle sévère des mouvements internationaux des capitaux est indispensable pour déconnecter la finance nationale du casino dérégulée de la finance mondialisée.
- Concernant la monétisation, et dans l'attente d'une discussion plus spécifique sur cette question, je crois qu'elle devrait prendre deux forme : une mesure d'urgence de monétisation du service de la dette existante, pour apurer le passé, et l'instauration d'un découvert permanent et gratuit de l’État auprès de la banque centrale, assorti d'une obligation d'équilibre sur huit ans (la durée du cycle). Je suis en revanche plus réservé sur l'idée d'une monétisation comme ressource fiscale permanente (proposition d'Allais). Une fois réglé le problème de l'action budgétaire de l’État, les grands projets qui nécessiteraient l'emprunt peuvent parfaitement être financés par appel à l'épargne privée.
Toutes ces mesures, il faut le préciser, seraient favorable au marché en général, en procurant plus de transparence et de prévisibilité. Elles se substitueraient aux multiples et dispendieuses interventions de l’État contre les conséquences de la finance dérégulée. Le secteur bancaire et financier serait beaucoup plus conforme au modèle concurrentiel après ces mesures qu'aujourd'hui... et la stabilité de la demande et des taux d'intérêt permettrait aux entreprises d'opérer bien plus efficacement. C'est peut-être un paradoxe, mais je me sens parfois beaucoup plus libéral que nos actuels dirigeants...
@ RST "le 100% monnaie rendra la monnaie exogène"
SupprimerPas obligatoirement. Ce n'est le cas que si le volume de monnaie créé par la banque centrale est fixé a priori. Mais Fisher envisage aussi qu'on puisse fixer un objectif de taux, qui serait à mon sens beaucoup plus significatif. La monnaie nécessaire serait vendue par la BC en fonction des besoins révélés par les achats des banques de second rang.
Concernant la proposition de Lordon, je crains qu'elle ne dessine une effroyable usine à gaz ! Je ne vois pas comment un "système socialisé de crédit", géré par des conseils d'administrations ouverts à tous les groupes de pression, pourrait intégrer les contraintes tant micro que macro économiques...
Nous devons instituer un dispositif aussi simple et libéral que possible : interdire ou taxer les activités nuisibles, assurer une concurrence suffisante mais non destructive entre les banques, piloter les taux d'intérêt par des dispositifs appropriés. Aux pouvoirs publics d'assurer la compatibilité macroéconomique et de solvabiliser les investissements d d'avenir, mais aux agents privés de gérer les rapports microéconomiques (allocation du crédit, suivi de la clientèle, etc.).
D'accord sur cette rupture radicale pour la finance qui doit aussi s'appliquer a tous les domaines de la société Française qui est actuellement en sidération
Supprimer@ RST
SupprimerLe capital d'une entreprise témoigne de sa résistance.
Si une entreprise perd de l'argent et que son capital est faible, elle sera vite acculée à la faillite. Ce fut le problème des banques américaines en 2008 avec des effets de levier aberrants. Un simple retournement de tendance générant une perte de résultat de l'ordre de 3% a suffit à mettre en faillite un certain nombre d'entre elles en raison de la faiblesse de leurs fonds propres.
Sur le plan du fonctionnement pur d'une banque, il est vrai qu'elle peut ne pas avoir de fonds propres (cas de certains fonds de placement). Dans ce cas, la moindre perte sur l'exercice la fait disparaître.
@Laurent
RépondreSupprimerA propos des fonds propres.
S'il n'y avait que ce "blocage" à 8% les banques pourraient créer 12,5 fois le montant de leurs fonds propres. En cas de crash de la banque ou de banque run quelle sera la valeur *réelle* de la banque ?
Oui, Bâle III prévoit un tas de pondération sur ces fonds propres, selon leur solidité.. ils prévoient (wikipedia):
- le cash et les titres d'État sont pondérés à 100 % ;
- un certain nombre d'autres titres sont pondérés à 85 % (15 % de décote sur leur valeur de marché);
- les prêts aux clients sont supposés renouvelés à 50 %, les prêts interbancaires ne sont pas renouvelés ;
- les dépôts retail subissent des taux de fuite entre 5 % et 10 % selon la stabilité estimée du dépôt en question ;
- les dépôts des grandes entreprises subissent un taux de fuite entre 25 % et 75 % selon la stabilité estimée du dépôt en question (critères assez restrictifs) ;
- le refinancement de marché est renouvelé à 0 %.
Les réserves obligatoires sont une forme de garantie par la Banque Centrale au lieu d'être des garanties "privées", en plus de créer une limite technique aux banques: les RO ajoutent à la demande de monnaie fiduciaire (13% statistiques des dépôts) pour les banques une autre obligation de détention ou d'accès à la monnaie centrale: avec un taux de réserve obligatoires de 20% la capacité de création monétaire du réseau bancaire (par rapport à la monnaie centrale billets + R.O.) est réduit à #3,3 et avec 50% c'est aux alentours de 1,8 ... mais ce n'est pas le paramètre de régulation actuel des BC qui préfèrent jouer sur les taux.
Lordon n'aime pas Allais car c'est un libéral et (il me l'a dit devant témoins) il n'a donc jamais voulu se pencher sur l'idée 100% M. Ceci dit,le crédit socialisé sauf erreur impose de nationaliser TOUTES les banques sur le territoire, alors que le 100% M est un système très libéral (pas de nationalisation des établissements), même si l'idée de limiter la création monétaire à la BC peut faire penser le contraire.
Et puis après, il y a le néochartalisme et la finance fonctionnelle....
Ce qui ressort de tout cela c'est qu'au minimum une Banque Centrale doit pouvoir financer les besoins de "son" Etat, en dehors de toute idée d'indépendance: c'est une administration qui doit être "soumise" comme le considère également J-C Werrebrouck.
Laurent, vous établissez un diagnostic indiscutable et proposez des solutions pertinentes et aisées à mettre en oeuvre sur le plan technique.
RépondreSupprimerLa question qui se pose aujourd'hui est pour moi celle de la mise en oeuvre de ces solutions. C'est pourquoi je vous pose deux questions, qui, même si elles ne peuvent être traitées en quelques lignes, méritent des réponses concrètes : quel est pour vous l'état des "forces de progrès" et quelle pourrait être la méthode susceptible de nous faire avancer dans la bonne direction ?
Cordialement.
"Aux pouvoirs publics d'assurer la compatibilité macroéconomique et de solvabiliser les investissements d d'avenir"
RépondreSupprimerManifestement, l'état n'est jusqu'à maintenant pas très bon pour ça.
Toutes les caractéristiques de la chaîne de Ponzi sont réunies. Les Etats s'endettent pour payer les dépenses de fonctionnement et non celles liées à des investissements qui ont pourtant un effet multiplicateur plus important. Ce qui a deux conséquences. D'abord, les Etats s'endettent sans rien inscrire dans la colonne actif de leur bilan. Ensuite, chaque dollar emprunté n'induit quasiment plus de surplus de croissance. Pis ! Les Etats s'endettent pour rembourser les seuls intérêts de la dette.
http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20130102trib000740246/les-economies-developpees-sont-elles-devenues-des-chaines-de-ponzi.html
@Olaf
RépondreSupprimerRien ne permet d'affirmer " Les Etats s'endettent pour payer les dépenses de fonctionnement "
Au contraire, la présentation du budget ( solde primaire et solde budgétaire ) montre bien le contraire puisque la comptabilité publique isole, avec raison, les intérêts dans sa présentation finale: moi je dis "Les Etats s'endettent pour payer les intérêts de la dette"
De plus, sauf ces dernières années "de crise", les cumuls des soldes primaires des Administrations Publiques ont été sensiblement équilibrés et ce depuis 1959 : nous avons emprunté principalement pour payer les emprunts arrivant à échéance majorés des intérêts (ces derniers ayant eu évidemment seuls l'effet de faire croître la dette).
L'analyse première reste toujours identique: si nous avions pu, au fur et à mesure, monétiser directement - sans intérêts - les besoins de trésorerie des APu, la quantité de monnaie aurait pu rester identique et la dette serait minime : son montant calculé dépends évidemment de l'origine prise pour le calcul, mais par exemple la *croissance* de la dette sans intérêts entre 1994 et 2011 peut être estimée à seulement 327 Md€ (mais aussi faible que 27 Md€ fin 2007).
On peut ne pas être d'accord avec mes calculs, mais à ce moment là il faut les refaire... mais ceci dit d'accord avec le titre de l'article " les économies développées sont devenues des chaînes de Ponzi" ... mais au bénéfice de qui ?
L'info du matin
RépondreSupprimerLes petit chanteur a la Croix de bois menacent de partir en Russie pour rejoindre les cœurs de l'Armée rouge s'ils n'ont pas de pains au chocolat au petit déjeuné
plutôt "déjeuner" comme me dit l'ami ricoré
RépondreSupprimerAndré-Jacques
RépondreSupprimerEn fait, je ne parle que de couverture au sens de Bâle (fonds propres) et jamais des réserves obligatoires en monnaie centrale. Désolé pour la confusion.
Merci pour toutes les précisions. Je connaissais mal le principe des réserves obligatoires en monnaie centrale. Il faut que je lise le livre de JC Werrebrouck.
RST
Je n’ai pas encore lu l’intégralité de ton papier. Tu verras la précision faite à A-J. Je parlais des fonds propres. Morad El Hattab parlait des fonds propres dans son livre et recommandait, au regard de la crise de 2008, de les remonter au-delà de 20%, ce qui me semble assez logique étant donné les mouvements extrêmes des marchés.
Sur le 100% monnaie, je ne suis pas assez spécialiste de la question et la réforme est tellement radicale que du coup, il m’est difficile de prendre partie pour à 100%. C’est pour cela que je considère que c’est une option, mais pas la seule. Point intéressant sur son caractère endogène. Sur la troisième voie (tu as raison, elle existe), je manque un peu de détails et ma croyance, malgré tout, dans l’économie de marché, font que pour moi, cela vient après les deux autres voies.
J Halpern
Merci pour tous ces commentaires qui enrichissent la discussion.
Complètement d’accord sur le caractère radical de la réforme.
Pour l’instant, ma proposition de 20-25% concerne les fonds propres. Il faudrait que j’étudie la question en fonction des réserves obligatoires.
Très juste sur les prises de contrôle des banques. C’est un point qu’il faudrait ajouter
Juste sur la protection sociale. On peut imaginer dans ce cas qu’il ne faudrait qu’en affecter une partie au financement de la Sécurité Sociale de manière à garantir un financement stable.
Le contrôle des changes est évoqué aujourd’hui.
Sur la monétisation, c’est un bon point. A priori, l’obligation d’équilibre sur un cycle me semble délicate car si on imagine le cycle 2008-2016, ce serait impossible du fait d’une crise qui se prolonge. Ensuite, sur la ressource fiscale permanente, je suis ouvert à l’idée d’Allais car, après tout, chaque année, de la monnaie est créé et comme la monnaie est un bien commun, on pourrait penser qu’il serait juste que cette création soit versée au pot commun de la collectivité et non au bénéfice de quelques uns (les banques).
Bien d’accord sur la conclusion
Il est vrai que le volume de monnaie créé pourrait varier : moins en période de surchauffe pour calmer l’économie, plus en période de récession
Demos
C’est traité par le papier d’aujourd’hui, au détail près que je n’évoque pas la situation politique de la France. Je crois qu’il faut faire émerger ce débat car aujourd’hui, il a une position marginale
Olaf
Ce papier exagère lourdement. Certes, les Etats sont endettés, mais ils le sont principalement du fait d’un manque de croissance qui pèse sur les recettes et fait augmenter les dépenses et le niveau d’endettement n’est pas si exceptionnel par rapport aux recettes si on regarde dans le rétroviseur.
@ Laurent
SupprimerLa monétisation est en effet un des points les plus délicats.
Sous réserve de séparation des activités bancaire pour interdire aux banques de créer la monnaie pour leur propres opérations financières, la création monétaire ne s'effectue pas en principe "au bénéfice des banques" : celles-ci se contentent de rémunérer leurs activités de tenue des comptes et de sélection du crédit, et d'assurer leurs risques de prêteurs. Leurs gains proviennent du crédit, et non de la création monétaire. Ils sont la contrepartie d'un service utile, pas un "seigneuriage".
Il est contestable de les rémunérer pour le financement de l’État qui ne présente ni coût ni risque. Mais c'est une illusion de croire que leur situation serait modifiée avec la monopolisation de la création monétaire par l’État, puisque le crédit au secteur privé (donc le gain des banques) resterait inchangé toutes choses égales par ailleurs.
Le seigneuriage proposé par Allais représente donc un impôt qui pèsera sur l'ensemble de la société. Pourquoi pas ? Mais il faut alors en maîtriser les effets redistributifs, et poser de sérieux garde-fous pour que l’État n'abuse pas de ce pouvoir nucléaire qu'est la création de monnaie...
Concernant le financement du déficit. Vous écrivez : "l’obligation d’équilibre sur un cycle me semble délicate car si on imagine le cycle 2008-2016, ce serait impossible du fait d’une crise qui se prolonge". A crise exceptionnelle, moyens exceptionnels, c'est vrai. Mais concernant la période récente, si le système que je propose avait été en vigueur, l'équilibre initial du budget et l'absence d'intérêts aurait démultiplié la marge de relance budgétaire... et d'autre part cette proposition s'intègre dans un ensemble qui devrait prévenir des crises comme celle que nous vivons.
Si on revient au 100% monnaie, pourquoi ne pas revenir carrément à l'étalon or ?
RépondreSupprimerEt/ou autoriser la création de nouvelles monnaies privées basées sur l'or si les Etats ne veulent pas en faire.
Je ne comprend pas pourquoi vous et Sapir et d'autres ne préconisez pas le retour à l'étalon-or.
La clef du probleme effectivement ; auquel un element de reponse est apporte par votre billet recent sur la loi de 1973, et le fil de discussion afferent. Les gouvernements pouvaient continuer vraisemblablement le financement de l Etat par la BdF mais ne l ont pas fait. Pourquoi ?
RépondreSupprimerMon intuition est que 73 est entre 71 (limite de la convertibilite fixe dans le systeme or-dollars) et 76 (ou l on enterine definitivement les changes flottants et la fin de toute reference a l or - Jamaique). Et cette loi adapte la legislation en consequence.
En 73, les changes flottants se mettent en place de fait. C est une nouveau monde qui se dessine. Les reflexes intellectuels des politiques budgetaire et monetaire perdent leur reference. Les changes evoluant sur les marches monetaires, personne n est encore familier avec ca. Cela ne semble avoir existe jusqu a lors que dans la tete de theoriciens comme Friedmann (qui les appelle a cors et a cris depuis les annees 50). Le fosse est grand pour le transfert de competences entre des specialistes qui etaient en route pour le Prix Nobel et l elu moyen arrivant aux charges d un Etat.
Je crois tout simplement que les gouvernements n ont pas compris, ont peut etre ete trop paresseux pour chercher a comprendre, ou bien etaient reellement depasses intellectuellement. Ils en sont restes aux reflexes plus terre a terre. << Je vais a ma banque. Ca me paraît encore tangible. >>. Je crois vraiment que c est l incompetence et la paresse intellectuelle vis a vis de la comprehension des mecanismes monetaires sans etalon qui s avancaient qui est la cause de tout ce gaspillage. Et si on peut encore comprendre la peur dans les annees 70, elle est beaucoup moins excusable a fur et a mesure que le temps avance et que l effort de comprehension devient plus abordable.
Les democraties sont en crise... de mediocrite et le prealable a vos vœux exprimes dans ce billet serait d avoir des peuples capables de detecter et de porter au pouvoir des gens de la trempe necessaire. Le constat laisse, en la matiere, un arriere-gout plutot deprimant.
-jb
@ J Halpern
RépondreSupprimerC’est très juste. La proposition de Allais ferait que les services bancaires auraient un coût tout autre qu’ajourd’hui. Cette question (et d’autres) font que je ne vois pas le 100% monnaie comme LA solution absolue, même si elle me semble une voie intéressante. Il faudrait une étude plus approfondie par des personnes plus spécialistes que moi de la question.
Sur le déficit, je me méfie des règles a priori qui représentent pour moi une entrave à la démocratie et dont des circonstances exceptionnelles démontrent les limites. J’ai tendance à préférer le libre-arbitre des gouvernements et des citoyens (même si je reconnais que les évènements récents peuvent plaider pour des contraintes plus dures…)
@ Flo Pat
Plusieurs problèmes pour l’étalon-or (comme dit ailleurs…) :
- c’est une matière première dont les ressources sont finies
- cela donnerait un avantage énorme à ceux qui la produisent
- cela revient à faire reposer le système monétaire sur une matière première cotée sur les marchés, donnant in fine un pouvoir énorme à des marchés irrationnels et exubérants
@ JB
Complètement d’accord sur le fait que les gouvernements n’ont pas compris ou ont été dépassés intellectuellement. Je crois que le contexte a aussi aidé, entre l’affaiblissement du communisme mais aussi la montée des idées monétaristes, du fait de l’inflation des années 1970. C’est un point que nous avons oublié de noter. Du fait de l’inflation des années 1970 et que les gouvernements ont fait de la lutte contre l’inflation un objectif majeur, il est aussi assez logique que la monétisation soit apparue comme dangereuse.